soutien au peuple vénézuelien dans sa lutte pour le pluralisme de l'information

Depuis plusieurs semaines, la décision qu' a prise le gouvernement du Venezuela de ne pas renouveler la licence d’émission qui venait à échéance le 27 mai d’une chaîne privée de télévision, Radio Caracas Television (RCTV), soulève dans la grande presse française un tollé général. Ladite chaîne n’a cessé d’appeler au renversement d’un gouvernement démocratiquement constitué et a activement secondé le coup d’État militaire soutenu par le gouvernement des États-Unis tenté contre Hugo Chavez en avril 2002. Cette tentative eût pu valoir à cet organe interdiction immédiate sans que la démocratie fût menacée, bien au contraire. Le non-renouvellement récent de son privilège d’émission ne l’empêchera d'ailleurs pas de poursuivre ses activités.
Nos grands media sont contrôlés par les maîtres de l’aéronautique, du bâtiment et par les successeurs du Comité des Forges. Ils jugent intolérable, ici et ailleurs, que le monopole de l’argent sur l’ensemble de moyens de communication soit ébréché, fût-ce à peine : au Venezuela, le secteur privé, violemment hostile au gouvernement de « ceux d’en bas », continue à contrôler la quasi totalité des moyens d’information.
Au Royaume-Uni et aux États-Unis, des intellectuels et acteurs du mouvement social (www.medialens.org/bookshop/guardians_of_power.php, texte du 13 juin 2007) se sont prononcés en faveur des droits du gouvernement du Venezuela confronté, sur ce dossier comme sur bien d’autres (à commencer par la maîtrise de ses sources d’énergie), à une très puissante coalition nationale et internationale. Il n'y a pas de honte à soutenir ceux qui veulent affecter une partie des gains de la production pétrolière aux besoins pressants de la population. C’est plus utile et efficace que de verser des pleurs sur le sort des victimes des putschs militaires liquidées d'emblée ou entassées dans les stades avant tortures et assassinats comme au Chili en 1973 – exemple de « guerre civile étrangère » dont on n’ignore plus rien, concernant la contribution étrangère, depuis un certain temps. Il conviendrait donc en France d’agir de même, et de résister aux sirènes d’un prétendu « soutien à la liberté d’expression », formule masquant en l'occurrence l’interdiction de tout droit d’expression à ceux qui ne possèdent pas les grands media.
Voilà pourquoi nous nous rallions à la lettre pleine de bon sens que plusieurs députés, syndicalistes, universitaires et personnalités du monde culturel britannique, tel Harold Pinter, ont publiée dans le journal The Guardian du 26 mai 2007.

« Comme nos homologues britanniques, dont nous citons le texte, « nous croyons en la légitimité de la décision du gouvernement vénézuélien de ne pas renouveler la licence d'émission de RCTV qui expirait le 27 mai étant donné que la RCTV a usurpé son accès aux ondes publiques pour appeler à maintes reprises au renversement du Président Hugo Chavez, un gouvernement démocratiquement élu.
La RCTV a fourni une aide pratique essentielle au renversement du gouvernement élu du Venezuela en avril 2002, au cours duquel au moins 13 personnes ont trouvé la mort. Pendant les 47 heures au cours desquelles les conspirateurs ont été au pouvoir, ils ont violé en grande partie la Constitution démocratique du Venezuela – notamment en dissolvant l'Assemblée Nationale, la Cour Suprême et d'autres institutions de l'État. La RCTV a incité le public à manifester et à renverser le gouvernement et a été complice du coup d'État en déformant délibérément la réalité de ce qui se passait et par la suite en faisant un black out des medias. Son directeur de production André Izarra, qui s'est opposé au putsch, a immédiatement donné sa démission pour ne pas devenir complice de ce coup d'État.
Il ne s'agit pas là d'un cas de censure. Au Venezuela, plus de 90% des media sont contrôlés par le secteur privé et s'opposent de manière virulente au gouvernement de Chavez. La RCTV, loin d'être réduite au silence, est libre de continuer à émettre par satellite et par le câble. Au Venezuela comme en Grande Bretagne [en France et ailleurs], les stations de télévision doivent adhérer aux lois et règles qui régissent la diffusion. Imaginez les conséquences si la BBC et ITV [et toutes les chaînes de France] avaient été partie prenante d'un coup d'État contre le gouvernement. Le Venezuela mérite la même considération.” »


Premiers signataires
Annie Lacroix-Riz, historienne, université Paris 7-Denis Diderot
Florence Gauthier, historienne, université Paris 7-Denis Diderot
Georges Gastaud, professeur de philosophie
Maurice Cukierman, professeur d’histoire et géographie
Gilda Landini-Guibert, professeur d'Histoire
Suzy Oberlin, ancienne présidente de l'association des Pilotes Françaises, fille de deporté-résistant et de professeure d'histoire révoquée par les nazis
Michel Collon, écrivain
Bernard Guerrien, maître de conférences, université Paris 1
Daniel Maisonnave, secrétaire des Amis de Karl Marx, Boucau
André Faroppa
collectif communiste polex

Signatures à adresser à : annie.lacroix-riz@orange.fr

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