Amérique Latine, zone des tempêtes.

L'Amérique Latine est aujourd'hui le seul continent où le niveau des luttes anti-impérialistes et anticapitalistes menace l'ordre ancien. Les dirigeants des USA, mais aussi ceux d'Europe font tout ce qu' ils peuvent pour éteindre l'incendie, mais chaque mois, de nouveaux pays sont touchés par des mouvements populaires, divers, mais tous puissants.

Cuba, d'abord, résiste, malgré la guerre économique imposée par les USA, les menaces de guerre et les mensonges déversés sur elle par la presse d'Amérique et d'Europe. Malgré ses imperfections, la société cubaine reste pour les autres peuples d'Amérique un exemple d'égalité sociale, de réussite en matière de santé et d'éducation, d'indépendance nationale. Cuba n' est plus seule, elle a réussi à éviterl' asphyxie grêce êl' aide notamment du Venezuela, elle peut persister à choisir elle-même son avenir, à refuser les diktats de l' impérialisme , qu' il soit yankee ou européen.

Le Venezuela du président Chavez a été aussi insulté, déformé par notre grande presse :dictature, populisme, démagogie ; on a tout reproché à ce peuple d'Amérique centrale, qui a l' audace de défendre le gouvernement qu' il a choisi, et qui surtout prêtend employer les revenus de son pétrole à vaincre la pauvreté etl' analphabétisme, plutôt qu'à distribuer des profits aux spéculateurs de New York ou Paris. En usant de formes nouvelles de démocratie, et les luttes populaires, en lançant réforme agraire et réforme sociale en faveur des plus pauvres, le peuple vénézuélien a engagé une véritable révolution politique, sociale et nationale ; elle est déjà un exemple, non seulement en Amérique, mais pour les militants progressistes de pays pétroliers livrés au capitalisme étranger, en Algérie notamment.

Le peuple de Bolivie, vit une pauvreté croissante malgré les richesses énormes de son sous-sol (gaz naturel, pétrole, minerais), contrôlés pourl' essentiel par les sociétés capitalistes étrangeres. Depuis des mois, un mouvement populaire massif formé pourl' essentiel d' ouvriers et paysans indiens a imposé la démission d' un président pro US, et arraché la propriété de l' eau potable aux capitalistes français qui se l'étaient appropriée ; ils continuent de se battre pour que les richesses du pays deviennent la propriété de la nation bolivienne et profitent aux citoyens de Bolivie. La lutte sera encore rude et meurtrière, les enjeux politiques et sociaux sont très élevés.

Au Pérou, en Colombie, au Chiapas, etc. des guérillas arméees persistent sans issue perceptible pour l'instant.

Dans beaucoup d'autres pays d'Amérique latine, les alliés locaux de l' impérialisme ont subi des échecs devant les mouvements populaires qui durent depuis des années. Souvent, cela s'est traduit par la défaite électorale de la droite au profit de coalitions mêlant gauche et extrême gauche. Ce fut le cas en Uruguay où le nouveau gouvernement dénonce les dominations étrangeres, refuse les politiques ultra-libérales de chômage et destruction des services publics décidés par la Banque Mondiale. En Argentine voisine, le gouvernement de Kirschner, pourtant fort modéré, cède à la pression populaire et refuse lui aussi les ordres du Fonds Monétaire International. D'autres pays sont susceptibles de basculer électoralement à gauche, le Chili, le Nicaragua, le Mexique même : des millions de manifestants y ont protesté contre la décision incroyable par des juges au service de la droite d'interdire une candidature de gauche aux présidentielles mexicaines (cf. nos photos à Mexico, la plus grande ville du monde, sur notre site). Aux prochaines élections , le maire de Mexico, Lopez Obrador, est en mesure de battre les politiciens corrompus de la droite et du PRI, fidèles aux désirs de Washington et à la loi du profit.

Dans l'immense Brésil, à l'issue de multiples luttes populaires, des paysans sans terre, des salariés, des communautés des quartiers pauvres et des villages, les élections ont porté au pouvoir le président Lula et son gouvernement de gauche.

Mais rien n' est joué, les mouvements populaires latino américains sont à la croisée des chemins : soit l'impasse social-démocrate, beaucoup de mots, peu de réformes et une immense déception populaire. C'est la voie que semble prendre Lula et déjà les acteurs de l' alternance Brésilienne commencent à dénoncer son ralliement aux thèses du FMI ; c'est aussi ce qui menace le Mexique, si Lopez Obrador, une sorte de Mitterand mexicain finit par incarner seul, les espoirs populaires.

Rien n' est joué, car en dernière analyse, ce sont les luttes populaires et pas seulement les élections qui décideront de l' avenir du continent et de ses peuples, au Brésil, au Mexique et ailleurs ; avec pour enjeu la domination de l' impérialisme dans cette partie du globe et les autres.

F.A.