A Paris, Chavez parle de la révolution et salue le travail

de notre campagne « Pas touche au Venezuela ! »

 

Lors de la récente visite en France d’Hugo Chavez, les militants de notre campagne internationale ont eu l’occasion d’assister au discours qu’il a donné, le 19 octobre, dans la mairie du 11ème arrondissement parisien, ainsi qu’à la conférence de presse qu’il a tenue le lendemain.

 

La première réunion était organisée à l’instigation de Georges Sarre, maire MRC du 11ème arrondissement. Le nationalisme réactionnaire qui constitue le fonds politique du MRC n’a évidemment rien à voir avec les aspirations des masses vénézuéliennes. Mais dès qu’une figure comme celle de Chavez émerge, elle attire toujours toutes sortes d’« amis » politiques en mal de prestige et de popularité. Sarre son mentor Chevènement sont des représentants typiques de cette variété d’opportunisme.

 

Dans ses remarques introductives, Georges Sarre a demandé à Chavez quelle était la « formule de [son] succès politique… Car après tout, vous êtes au pouvoir ! » Au cours d’un discours remarquable,  Chavez a répondu d’une façon qui n’a certainement pas été du goût de Sarre : « La formule, a dit Chavez, c’est le mouvement des masses, organisées et conscientes. C’est la mobilisation révolutionnaire des pauvres, de la jeunesse et des exploités. »

 

Chavez a raconté une anecdote très significative. A l’époque du lock-out patronal (fin 2002), il est descendu dans les quartiers pauvres de la capitale, afin de se faire une idée de l’humeur de la population. « Je me croyais déguisé, mais pas mal de gens m’ont reconnu » a-t-il dit. Une femme assez forte s’est approchée de lui et, s’accrochant à son bras, lui dit : « Viens, Chavez, viens voir comment nous vivons ! » Chavez l’a suivie jusqu’à un foyer pauvre et délabré. Une maigre soupe se chauffait sur un feu de bois, faute de gaz ou de charbon. « Tu vois comme nous vivons ici ? » lui répète la femme, « mais je te dis quelque chose, Chavez : tu dois tenir bon. On te soutiendra quoiqu’il arrive, mais s’il ne nous reste rien du tout, même s’il faut brûler le bois de nos lits pour chauffer nos foyers, même si nous devons manger des pierres, mais tiens bon, Chavez, tiens bon ! »

 

Ceci, au fond, est la « formule » qui explique l’arrivée et le maintien au pouvoir d’Hugo Chavez, à savoir la volonté irrépressible des opprimés de changer leurs conditions de vie, leur détermination à lutter jusqu’au bout afin d’y parvenir.

 

Au cours de son discours, Chavez a expliqué les étapes successives de la révolution, en s’attardant sur les circonstances du coup d’Etat du 11 avril, 2002, dans lequel plus de 100 généraux, le patronat, les médias, l’Eglise, une partie importante des hauts fonctionnaires et plusieurs puissances étrangères, dont les Etats-Unis et l’Espagne, étaient impliqués dans le renversement du gouvernement démocratiquement élu. « Nous devons jamais perdre notre confiance dans le pouvoir révolutionnaire du peuple » a déclaré Chavez. « Mais je dois avouer que moi-même, je l’ai momentanément perdu au cours de ces événements. Pendant le coup d’Etat, j’étais prisonnier, loin de la capitale. J’étais persuadé que j’allais mourir. Je savais que l’ordre avait été donné de ne me pas laisser en vie au-delà du lendemain du coup d’Etat. Un groupe hommes est arrivé. C’était les tueurs engagés pour faire le travail. Tout ceci était organisé en connivence avec Washington. A ce moment-là, des sous-marins américains se trouvaient dans les eaux territoriales vénézuéliennes. J’avais le sentiment que tout était perdu, que tout espoir de changement au Venezuela avait été balayé, et que j’allais mourir sans avoir rien accompli. »

 

« Mais cet état d’esprit n’a pas duré longtemps » a précisé Chavez. « Parfois, il suffit d’un petit incident, un détail, pour redonner espoir. Au moment de l’arrivée des tueurs, un homme qui se tenait non loin de là, peut-être un pêcheur, s’est écrié « Si vous tuez cet homme, vous devrez nous tuer tous ! » » Peu après, un lieutenant de l’armée est venu m’informer des événements révolutionnaires à Caracas, de la scission dans les forces armées et de la mise à l’écart des putschistes ».

 

Chavez a évoqué les conséquences politiques et sociales des activités des ennemis de la révolution. « Comme l’a expliqué Léon Trotsky », a-t-il dit, « le processus révolutionnaire n’avance parfois que sous le fouet de la contre-révolution. Il en a été ainsi au Venezuela ». Il a également évoqué la possibilité d’une intervention militaire de la part de l’impérialisme américain. Il savait que des plans précis avaient étaient établis en préparation d’une invasion. « Je suis un militaire » a dit Chavez, « mais je veux la paix. Notre but, au Venezuela, est de mener une révolution pacifique et démocratique. Nous ne voulons faire la guerre à personne. Cependant, si nous sommes attaqués, alors là, mes amis, ce sera la guerre. Le Venezuela saura se défendre, mais s’il faut une guerre de cent ans, pour sauvegarder sa liberté. »

 

Le lendemain, lors d’une conférence de presse, un journaliste particulièrement borné de L’Express a demandé à Chavez s’il ne suffisait pas à un chef d’Etat « de faire un discours anti-américain ou anti-britannique pour qu’il devienne un ami d’Hugo Chavez ». Chavez a répondu que cette question était « une insulte à l’intelligence humaine ». Ensuite, un représentant de La Riposte et de sa campagne Pas touche au Venezuela ! a demandé à Chavez d’expliquer son attitude envers les menaces qui pesaient contre sa vie et, plus généralement, contre la révolution vénézuélienne, notamment en provenance des Etats-Unis. Avant de répondre à la question, le Président a salué vivement la campagne Pas touche au Venezuela ! et souligné son importance dans la lutte pour faire comprendre le signification des événements au Venezuela. Il a applaudi la campagne, accompagné par les nombreux amis de la révolution vénézuélienne dans la salle, mais non pas, comme on pouvait s’y attendre, par le journaliste de L’Express et ses semblables.

 

Ce n’est pas la première fois que Chavez a publiquement reconnu l’importance du travail accompli par La Riposte en France et par les animateurs dans d’autres pays de Pas touche au Venezuela ! (Manos fuera de Venezuela !) Nous poursuivrons notre activité en solidarité avec la révolution vénézuélienne, avec, dans les semaines à venir, une nouvelle série de réunions publiques, à Toulouse, à Toulon, à Grenoble et à Bayonne. Quelques jours seulement après la visite de Chavez, nous avons organisé une réunion publique particulièrement réussi dans les locaux du PCF dans le 10e arrondissement de Paris (voir le compte rendu qui suivra).