Venezuela : Une
défaite peut apprendre davantage que dix victoires
Michel
Collon
1. On n'a pas
voté pour ou contre « Chavez président
à vie ». Ca, c'est un mythe
fabriqué par les médias internationaux pour
diaboliser. Si demain, il y avait une élection
présidentielle, Chavez gagnerait à nouveau. La
toute grande majorité des pauvres et des gens du peuple lui
sont reconnaissants d'employer l'argent du
pétrole non plus pour enrichir les multinationales et
l'élite
vénézuélienne, mais pour les sortir de
la pauvreté, leur apporter des soins de santé,
l'éducation et la formation, à manger.
Et la dignité face à l'Empire.
2. L'Empire, justement, est intervenu avec
tous ses moyens dans la campagne. Ford, General Motors,
DaimlerChrysler, Bridgestone Firestone, Goodyear, Alcoa, Shell, Pfizer,
Dupont, Cargill, Coca-Cola, Kraft, Novartis, Unilever, Heinz, Johnson
& Johnson, Citibank, Colgate Palmolive, DHL et Owens Illinois
ont apporté huit millions de dollars pour distribuer des
tracts du genre « Si vous êtes une Mère,
VOUS PERDREZ. Vous perdrez votre maison, votre famille, vos enfants
(les enfants appartiendront à l'Etat) ! Des tracts
spécifiques visaient les paysans, les étudiants,
les petits patrons, etc. méthodes déjà
employées pour faire paniquer les Chiliens en 1973 et
préparer l'écrasement
d'Allende et la dictature de Pinochet.
3.
L'impact de la télé privée,
aux mains des milliardaires
vénézuéliens, a joué
à fond sur cette peur du communisme, matraquée
depuis des années.
4. La menace
très réelle d'un coup d'Etat
made in CIA (voir nos articles précédents sur
l'Opération Tenaza) a certainement fait
hésiter beaucoup de gens (et cette menace existe toujours).
L'opposition n'a pas augmenté son score.
Mais trois millions de gens qui avaient voté Chavez
l'an passé, se sont abstenus cette fois-ci.
5. Les facteurs externes ont donc joué
à fond. Mais c'est pareil à chaque
élection ou référendum. Le livre
d'Eva Golinger Code Chavez - CIA contre Venezuela montre
qu'il s'agit d'un investissement
permanent. La raison de la défaite devra donc être
cherchée à l'intérieur.
Quelles faiblesses ont joué dans le camp
révolutionnaire ?
6. D'abord,
la bureaucratie et la corruption. Le Venezuela n'est pas
l'enfer décrit par Bush & C°, mais
ce n'est pas non plus le paradis où tout va bien.
L'appareil d'Etat et aussi le mouvement bolivarien
sont gangrenés par la bureaucratie : ceux qui sont chavistes
pour s'approprier une part du gâteau.
Quantité de réformes engagées par
Chavez ne se réalisent pas sur le terrain à cause
de cette bureaucratie. Le logement, par exemple, reste un
problème dramatique.
L'insécurité aussi pose tout le
problème de la corruption dans la police. Il est hypocrite
de dire que tout cela est de la faute à Chavez. Les
mêmes maux règnent dans toute
l'Amérique Latine et depuis longtemps. Mais ici
l'opposition les exploite à fond.
7. La question centrale de la réforme
était justement de donner plus de pouvoir aux conseils
communaux de base afin qu'ils puissent contrôler et
contourner la bureaucratie. C'est pour cela que certains
bureaucrates n'ont pas mobilisé comme
d'habitude. L'ennemi le plus dangereux est
à l'intérieur.
8.
A-t-on voulu aller trop vite sur certaines questions ? Est-il correct
de définir le Venezuela comme socialiste ou faut-il
plutôt proposer un Etat avec un large front uni pour assurer
la démocratie, le développement
économique et l'indépendance face
à l'Empire ? Nous reviendrons sur cette question,
et les autres, dans notre prochain livre « Les 7
péchés d'Hugo Chavez ».
9. Les médias de la révolution
ont-ils trouvé la parade et le style correct face au
bourrage de crâne des médias de
l'élite et de l'Empire ? Beaucoup de
chavistes pensent que non.
10. En tout cas, la
guerre médiatique se livre aussi sur le plan international.
Diaboliser Chavez fait partie d'une campagne des
multinationales pour contrôler le pétrole et le
gaz partout dans le monde : Irak, Iran, Afrique, Russie et…
Amérique Latine. La Bolivie aussi est sous la menace. Mais
les peuples ont le droit de décider eux-mêmes de
leur avenir. Cette bataille de l'info, c'est donc
à chacun de nous de la mener là où il
peut. Dans les semaines et les mois à venir, nous essaierons
de vous apporter les moyens de lutter pour le droit à une
véritable information. Livre, film, test-médias,
débats contradictoires, forums vous seront
proposés. Nous avons besoin de vous. Vous pouvez nous
écrire : michel.collon@skynet.be
Michel Collon
www.michelcollon.info
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