OBAMA, ou le nouveau visage de l'impérialisme américain
Même s'il comprend la joie et la fierté
de millions de pauvres, d'ouvriers, d'intellectuels progressistes, de Noirs,
de Latinos et d'autres progressistes états-uniens qui ont le sentiment
de "tourner la page" avec la victoire d'Obama, le PRCF invite les
progressistes de France à ne pas céder à l'obsédante
"obamania" journalistique. Celle-ci vise à masquer la nature
de classe du régime US, une ploutocratie capitaliste impitoyable, brutale
et belliqueuse, dont les partis
"démocrate" et "républicain" constituent le
parti unique à deux faces.
Certes il est positif que Mc Cain, sa colistière pré-fasciste
Pallin et à travers eux, le dangereux Bush, aient été balayés
par les électeurs. Comme il est positif que, même de manière
illusoire, des millions d'Américains exploités relèvent
la tête, affichent leurs aspirations sociales et pacifiques, ce qui obligera
Obama (au moins au début) à louvoyer avec son électorat
qui veut le "changement".
Il est également positif que le néolibéralisme
sous sa forme la plus brutale ait subi un début de défaite idéologique
suite à la crise financière qui n'est que la face émergée
de la crise du capitalisme. Ce recul de l"idéologie ultra-réactionnaire
du néolibéralisme et du néo-conservatisme est d'ailleurs
moins liée au "charisme" d'Obama, dont le programme est des
plus flous, qu'au courage des résistants irakiens, à l'intelligence
politique du PC de Cuba et des pays de l'ALBA qui ont tenu tête à
l'Empire, ainsi qu'aux courageux progressistes américains qui luttent
dans des conditions difficiles, voire dangereuses.
Mais les faits sont là: au fur et à mesure
que la campagne présidentielle avançait, les monopoles capitalistes
US ont massivement misé leur argent sur Obama qui n'aura rien à
leur refuser: qui paie les musiciens choisit la musique! Sans doute Obama prendra-t-il
initialement des mesures cosmétiques pour rogner les plus grossières
atteintes aux droits de l'homme de la dictature capitaliste US, mais remettra-t-il
seulement en question la condamnation injuste des Cinq de Miami ou de Mumia,
interdira-t-il à 100% l'usage indigne de la "question" par
l'armée US ou par ses affidés d'Israël, agira-t-il un tant
soit peu contre la peine de mort massivement utilisée contre les Afro-Américains?
Condamnera-t-il les licenciements de masse dans l'industrie américaine,
l'expulsion qui menace des millions de salariés victimes des prêts
hypothécaires, l'état d'abandon social où demeurent plus
de cinquante millions de travailleurs pauvres privés de couverture sociale,
et parfois de toit? Nous ne parierions pas là-dessus!
Sur le plan de la politique étrangère, Obama
va "prouver son patriotisme" en intensifiant la guerre impérialiste
en Afghanistan et en poursuivant le projet d'encerclement de la Russie de son
prédécesseur; son projet de retrait d'Irak n'engage en réalité
à pas grand chose. Et surtout, l'impérialisme US, son aristocratie
financière archi-milliardaire et son énorme médiatico-militaro-industriel,
continueront à tirer les ficelles derrière le carnaval pseudo-démocratique.
Pour que cela change vraiment, il faudra tout autre chose
qu'une élection à grand spectacle où les milliards ont
valsé plus que jamais, excluant par avance toute intervention indépendante
de la classe travailleuse. Il faudra surtout que les travailleurs s'organisent
par eux-mêmes indépendamment de ces appareils de la grande bourgeoisie
que sont les parti "démoblicain" et "répucrate",
ainsi que le haut état-major des syndicats acquis au capitalisme. Et
c'est pour cela que le travail des marxistes du WWP et du PC-USA, des mouvements
anti-impérialistes et des organisations luttant pour l'égalité
des droits, est historiquement si important.
Dans l'immédiat, il faut prendre garde que les illusions
sur Obama ne donnent un nouveau souffle à l'impérialisme US en
perte de vitesse; ne laissons pas le souriant Barak rendre à nouveau
présentables les projets impériaux que Bush n'arrivait plus à
"vendre": déstabilisation de Chavez et de Morales, subversion
douce et/ou brutale de Cuba socialiste, sans parler de l'entreprise indolore
et si menaçante pour l'avenir culturel de la planète, d'américanisation
(nous n'avons pas en vue la culture américaine d'avant-garde mais l'industrie
lourde de l'aliénation des esprits) de tous les pays du monde, de destruction
de leurs langues par le "tout anglais" d'uniformisation totalitaire
des manières de penser, de voir, de manger, de s'habiller, etc.; de cette
américanisation, Sarkozy est le principal vecteur en France et pour les
progressistes français, l'opposition à l'impérialisme américain
commence par la résistance à la clique au pouvoir à l'Elysée
et à ses pseudopodes Strauss-Kahn et Lamy, les "socialistes"
français qui pilotent de Washington les institutions financières
et commerciales du capitalisme parvenu dans son stade le plus régressif.
Donc, travailleurs et progressistes des Etats-Unis et de
tous les pays, pas "d'état de grâce" pour Obama qui sans
cela, comme Clinton naguère, ne sera pas long à renoncer à
ses vagues promesses sociales pour relancer la machine à tuer de l'impérialisme
le plus cruel qui soit.
Georges Gastaud , secrétaire national du PRCF
Daniel Antonini, responsable aux questions internationales