MANIFESTE de l' ACCA.
Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui ex-.Association
des Combattants de la Cause Anticoloniale
Février 2009
INTRODUCTION
Au cours des siècles passés, des millions
d’hommes, sur tous les continents, furent soumis à l’oppression
coloniale, ou à l’esclavage pur et simple dans le cadre de la traite
négrière.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, la plupart des peuples colonisés
ont secoué le joug colonial et reconquis leur indépendance au
terme de mouvements populaires et parfois de guerres longues et atroces.. Les
années 80 et 90 du siècle dernier ont vu la disparition des Etats
socialistes européens. après les attaques de septembre 2001 contre
les symboles de la domination des Etats-Unis, on a assisté, sous couvert
de « pacification », de « lutte contre le terrorisme et pour
la démocratie » à la reconquête militaire de territoires
qui n’ont pas accepté le contrôle imposé au monde
entier au cours de la période néocoloniale qui a suivi les indépendances.
Le combat actuel des anticolonialistes doit s’adapter
à cette nouvelle étape :
Il incombe à l’ACCA, association anticolonialiste
française, d’alerter le public sur les véritables raisons
de la réintégration de la France dans le commandement intégré
de l’OTAN. Cela ne saurait se résumer comme on le lit trop souvent
à la seule personnalité du président Sarkozy.
L’accélération récente, depuis les années
90, de la mondialisation capitaliste, a précipité l’intégration
forcée d’un certain nombre d’économies dans ce que
l’on appelle « le marché libre », dominé par
les Etats-Unis. Pour les pays anciennement colonisés, les programmes
d’ajustement structurel imposés par la banque Mondiale et le FMI
ont fait l’essentiel de ce travail de restructuration des habitudes économiques
locales. Dans le cas des pays développés, comme le nôtre,
cette globalisation des objectifs économiques et des centres de décision
s’est faite de la même manière par la désindustrialisation,
la destruction des politiques sociales et le bouleversement général
des équilibres économiques anciens. En accordant la priorité
à la finance, la mondialisation a fait régresser le degré
d’autonomie de tous les pays concernés par rapport à la
puissance américaine.
Depuis les années 80, aucun des gouvernements de notre
pays n’a tenté, même de manière timide, de retarder
l’invasion financière étasunienne. C’est pourquoi
en 2008 43 % des entreprises du CAC 40 sont sous le contrôle direct de
grands fonds dont le siège se trouve outre-atlantique.
C’est de cette manière qu' il faut analyser l’alignement
total de la politique étrangère française sur celle de
l’impérialisme depuis l’arrivée au pouvoir du président
Sarkozy. Non seulement, désormais, le sentiment de solidarité
des chefs d’entreprises français est de plus en plus grand à
l’égard de la domination économique américaine, mais,
en plus, les pressions émanant des cercles de décision des grandes
firmes étasuniennes sont de plus en plus fortes sur tous les pays dont
les intérêts économiques correspondent de plus en plus aux
leurs.
L’ACCA, tout en préservant sa référence aux combats passés (Association des Combattants de la Cause Anticoloniale) se définit désormais résolument, dans son titre même, comme une organisation tournée vers les combats actuels et à venir (Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui).
Rejoignez-nous !
I - LA COLONISATION : UNE HISTOIRE EN EVOLUTION
La colonisation, dans l'histoire moderne, des Grandes Découvertes
jusqu' au début du XXIè siècle a connu quatre grandes
phases, dont la dernière est encore en évolution : La période
mercantiliste, du XVIè au début du XIXè. La phase impérialiste,
de ce moment jusqu' au milieu du XXè ; l’étape néo-coloniale
ensuite, des indépendances jusqu'au déclin de l’Union Soviétique
au milieu des années 1980 ; enfin, et parallèlement dans diverses
régions, celle de la recolonisation appuyée par la force des armes,
dans laquelle nous nous trouvons depuis cette période, jusqu' à
aujourd’hui. .
Une première étape mercantiliste, celle de l’invasion, de
la conquête militaire et de l’implantation européennes sur
l’ensemble du continent américain, au cours de laquelle les occupants
envoyaient vers les métropoles des galions chargés d’or
et de denrées rares cultivées par des esclaves.(épices,
cacao, café, sucre). Elle a permis une phénoménale accumulation
de capital qui a donné à l’Europe une considérable
avance sur le reste du monde. C’est là un fait historique indiscutable.
Ce fut l’occasion de la première mondialisation économique,
qui a coïncidé, dès le XVIè siècle, avec les
premières entreprises coloniales menées par l'Espagne et le Portugal.
Puis le reste de l'Europe leur emboîta le pas : l’Angleterre, La
France, la Hollande, partirent à leur tour à la conquête
de nouvelles terres. La France, avec un peu de retard, prit cependant de solides
positions au Canada et dans les Antilles.
L'invasion européenne a été immédiatement accompagnée
par un crime de masse : l'exploitation sanguinaire de travailleurs dans les
mines et dans l'agriculture a fait disparaître plusieurs dizaines de millions
d'Amérindiens en deux générations. Au point qu'il fallut
que les exploiteurs aillent se pourvoir en main d'oeuvre gratuite en Afrique
: la traite négrière fut le second crime attribuable à
la colonisation : au moins 15 millions d' Africains furent réduits en
esclavage. Près de 20 millions périrent au cours des captures
et durant la traversée de l' Océan.
Mais dès le début du XIXè siècle
commence la deuxième étape historique, marquée par un changement
radical de la colonisation classique, qui prend un caractère impérialiste
: l’exploitation à grande échelle, de manière systématique
et rationalisée, des ressources minières agricoles et forestières
du monde entier, ainsi que la conversion forcée des économies
dominées à des productions destinées à l’exportation
vers les métropoles impériales ( Europe, Etats Unis, Japon) vont
permettre un essor industriel que la phase précédente de simple
accumulation du capital n’avait pu assurer.
L’ Angleterre, qui se trouve à la pointe du développement
du capitalisme, prône le « libéralisme économique
», qu' elle va chercher à imposer grâce à sa
supériorité maritime et commerciale, tournant le dos aux anciennes
formules purement mercantilistes et esclavagistes de l'exploitation coloniale.
Cette fois, pays européens, Japon et Etats-Unis vont conquérir
puis se partager le monde, tandis que la Russie, s'étendant vers l'Est,
conquiert l'Alaska, prenant ainsi pied sur le continent américain.
Marchés réservés, délimitation des zones d'influence,
les empires se tolèrent mutuellement, occupés qu'ils sont à
piller les territoires conquis en Afrique, en Asie, en Australie et dans le
Pacifique. Cette prétendue « mise en valeur civilisatrice »
s'accompagne en fait d'un surcroît de racisme à l'égard
des « indigènes », considérés comme des êtres
de rang inférieur.
Le développement spectaculaire de l'industrie des pays impérialistes
est à attribuer en très grande partie aux bénéfices
accumulés grâce à l'apport des matières premières
extorquées, de la main d'oeuvre réduite à la corvée,
des marchandises et objets précieux tout simplement volés.
La compétition entre puissances prédatrices bat son plein, mais
elle n'empêche pas l'entente : la Conférence de Berlin au cours
de laquelle l'Europe se partage le continent africain, permet des 1884 de réguler
les flux et d'organiser les pratiques, tout en définissant les règles
de partage des territoires conquis. L’Afrique, puis l’Asie sont
alors découpées comme au ciseau ; on trace les frontières
à la règle, sans tenir compte des réalités locales.
Au début du XXè siècle, aucun pays du monde n'échappe
à la tutelle de l'une ou l'autre des puissances impériales.
La troisième phase de la colonisation est caractérisée
par l’apparition d’un nouveau système d’exploitation
et de pillage, le néo-colonialisme, mis en place après l’accession
des pays anciennement colonisés à l’indépendance.
Car des rebellions armées ainsi que de puissants mouvements de masse,
parfois assez bien organisées pour provoquer le départ des colonisateurs,
ayant déclenché, a partir du milieu du XXè siècle,
des guerres de libération aboutissant à l’indépendance
de quelques pays, le danger d’une généralisation des conflits
coloniaux poussa les puissances impériales à accorder l’indépendance
à la plupart des pays colonisés. L’Angleterre évacua
l’inde et le Pakistan en 1947, le Japon et les pays occidentaux perdirent
leurs possessions en Chine entre 1945 et 1949. L’Indonésie fut
libérée dans le courant des années 1950 de l’occupation
hollandaise. La France accorda l’indépendance à l’Afrique
noire puis au Maghreb entre 1956 et 1962. Les Etats-Unis perdirent leur contrôle
sur Cuba en 1959. La Belgique évacua le Congo en 1960. Espagnols et Portugais
quittèrent leurs dernières colonies dans le courant des années
1970.
L’exploitation néo-coloniale est caractérisée par
une fausse coopération technique provoquant une forte dépendance
économique, organisée dans le but de diriger les flux financiers
vers les anciennes métropoles. A cela il faut ajouter les « programmes
d’ajustement structurel » de la Banque Mondiale et du FMI, qui ont
réintégré de force dans le « marché libre
»des économies fragilisées par la dette. On notera l’exception
de Cuba, qui est parvenue, par une résistance acharnée et exemplaire,
et en dépit du handicap que constitua pour elle la perte de l’aide
que lui accordèrent longtemps l’Union Soviétique et divers
pays socialistes à tenir tête aux Etats-Unis, malgré un
embargo particulièrement sévère.
Mais dans la plupart des cas des accords de coopération militaires permettent
à l’ancien colonisateur d’installer sur place des corps expéditionnaires
et des bases permanentes. Un très grand nombre d’opérations,
extrêmement meurtrières pour les populations, vont être menées
au cours de cette période néo-coloniale, afin de mettre un terme
par la violence à toute velléité de résistance populaire
locale à ce pillage organisé.
C’est au milieu des années 1980 que commence la recolonisation militaire des pays qui osent s’opposer aux menées du front impérialiste dirigé par les Etats-Unis ; elle coïncide avec le déclin puis l’effondrement de l’Union Soviétique. Les Etats-Unis, vainqueurs de la Guerre froide, se lancent dans une série d’opérations de reconquête destinées à assurer le maintien de leur contrôle sur les voies de transport, les sources d’énergie et les matières premières. De manière réitérée, sous couvert de « défense de la démocratie » ou de « lutte contre le terrorisme », les Etats Unis vont mener plusieurs actions militaires d’envergure (seul ou avec des troupes alliées, avec ou sans le soutien de l’ONU), pour pouvoir s’implanter durablement dans les territoires envahis.
A peu de choses près, les caractéristiques du processus colonial, tel qu' on le connaît depuis 1492, sont présentes dans le phénomène actuel de la recolonisation, même si pour des raisons géopolitiques les formes semblent légèrement atténuées : invasion violente, puis occupation militaire prolongée, politique de terreur, exactions contre les peuples occupés sous le prétexte de « pacification » ; mainmise économique et tutelle politique ensuite, avec organisation du transfert de richesses vers les métropoles impérialistes ; installation au pouvoir d’une bourgeoisie collaboratrice coordonnant le pillage économique et la répression politique aussi bien pour son propre compte que pour celui de l'impérialisme, ce qui va de paire avec l’agression culturelle, et l’imposition des modèles occidentaux artistiques et philosophiques.
II - LA COLONISATION FRANCAISE : EXACTIONS ET PROPAGANDE
L'Etat français prétend aujourd'hui avoir opéré la décolonisation de tous les territoires occupés jusqu'en 1962. De ce fait, beaucoup de nos concitoyens considèrent le phénomène colonial comme appartenant au passé. On assiste pourtant à une offensive de la droite (que la gauche traditionnelle n'a contré qu'avec mollesse), qui montre une volonté certaine de réhabiliter l'action colonisatrice de la France : une certaine forme de révisionnisme historique tente de remettre au goût du jour, avec la loi de février 2005, l'idée fallacieuse d'une « action positive de la colonisation »
1- Les exactions de la colonisation française
Et pourtant, la violence, l'injustice et l'exploitation sont inscrites dans l'histoire mondiale de la colonisation depuis ses débuts. La France ne fait pas exception. Aussi bien en Louisiane que dans les Antilles, puis à la Réunion, la France a eu recours à la traite négrière pour exploiter les ressources agricoles de ses possessions d’outre-mer. Ce crime ignoble, qui a enrichi bien des négriers et des planteurs, a battu son plein pendant trois siècles. Ensuite, dans la période suivante, une fois l’Afrique occidentale et le Maghreb conquis au XIXè siècle, la spoliation des peuples au profit de la métropole a été rendue possible par l'organisation dans l’Afrique colonisée d'une tutelle administrative et politique stricte. Celle-ci retira tout droit réel aux premiers habitants, réduits à l'état de sujets. Ce statut inférieur de « l'indigénat », particulièrement rigoureux et injuste, punissait avec la plus grande sévérité la simple désobéissance et toutes les formes de résistance. Violences corporelles, travail forcé, déplacements de population, dépossession, destruction de langues et de cultures locales au profit d'une assimilation contrainte, le bilan moral de la colonisation, d'un simple point de vue humaniste, est absolument catastrophique. Au crime initial de l’asservissement et de la conquête par la force s'est ajouté celui d’ une occupation militaire féroce et prolongée.
2. Les mensonges de la propagande colonialiste
après la seconde guerre mondiale, quelques concessions
furent accordées aux peuples colonisés, comme la suppression du
statut de l'indigénat et du travail forcé. Mais les révoltes
s'accumulant dans tout l'Empire, la répression s'abattit avec une sauvagerie
meurtrière, qui fit des dizaines de milliers de victimes civiles, aussi
bien à Sétif en 1945 qu'à Madagascar en 1947, en Côte
d' Ivoire en 1949, en Tunisie et au Maroc en 1951 et 1954, au Cameroun entre
1954 et 1960. En Indochine et en Algérie, les rébellions ne purent
être matées et devinrent des guerres coloniales.
Tous ces massacres sont mal connus. Les historiens doivent pouvoir obtenir le
libre accès aux archives politiques et militaires concernant ces crimes
de masse, car ces informations capitales doivent entrer dans le bilan humain
de la colonisation, que certains propagandistes tentent actuellement de présenter
comme une action « positive et civilisatrice ».
Cette vision idéalisée de l'occupation coloniale que la droite
et l'extrême droite française tentent d'accréditer au travers
de la loi de février 2005 n'est fondée que sur des mensonges.
Ainsi, par exemple, la scolarisation primaire n'a jamais concerné plus
de 5% des enfants noirs de l'Afrique Occidentale Française. En Algérie,
après cent ans d'occupation, en 1940, seuls 114 000 enfants autochtones
(pour une population totale de sept millions de personnes) bénéficiaient
d'un enseignement primaire. Quant à la soi-disant action sanitaire, elle
n'a jamais atteint les campagnes. L'infrastructure ferroviaire et routière,
conçue seulement pour acheminer aisément vers les ports les matières
premières et le produit des récoltes, n'a jamais profité
aux peuples colonisés, relégués sur les sentiers, marchant
sur le talus des routes stratégiques de la colonisation.
III – LA REMISE EN CAUSE DES INDEPENDANCES PAR
LA NEO-COLONISATION (1960-1990)
après avoir accordé, parfois à la suite de conflits longs et coûteux, leur indépendance politique aux anciennes colonies, toutes les anciennes puissances coloniales mirent en place un système d'exploitation et de pillage d'un type nouveau : le néo-colonialisme : tutelle politique, grâce à des pressions et des chantages incessants, tutelle économique avec la complicité de bourgeoisies locales, plus intéressées à s'enrichir qu'à défendre les chances de développement de leur peuple ; mais aussi tutelle militaire, assurée par le maintien sur place de corps expéditionnaires agressifs et menaçants.
1. FMI et Banque Mondiale, organisateurs de la dépendance
Par ailleurs, tout ayant été fait pour
que les différentes nations, souvent divisées par des frontières
artificielles et fantaisistes, entrent en conflit, l'ancien colonisateur se
plaça en arbitre et en profita pour mener une politique de réimplantation
militaire lourde de conséquences au plan local. Sous couvert d'assistance
militaire, on fit la chasse aux opposants des dictateurs « amis »,
sous couvert de coopération technique, on rationalisa l'exploitation
des marchés exclusifs du « pré carré ». Quant
à l'aide financière, elle aboutit à un endettement dont
les pays nouvellement indépendants ne purent jamais sortir : en tentant
tout d'abord de rembourser en nature, avec des matières premières,
les anciennes colonies se sont appauvries, ont désorganisé leur
production locale. Le marasme général a ensuite jeté des
millions de travailleurs sans emploi sur le cruel chemin de l'émigration
vers l'ancienne métropole. La France, L’Angleterre, le Portugal
et les Pays-Bas ont tous connu ce phénomène.
Car les politiques agressives imposées par le FMI et la banque mondiale
ont pris le relais de l'exploitation ancienne. Dans le courant des années
80 et 90, les programmes « d'ajustement structurel » ont contraint
la plupart des pays décolonisés à privatiser les services
publics, à vendre à l'encan d'immenses zones fertiles, à
livrer clés en main à la finance internationale usines et exploitations
minières ou forestières.
Malgré les bouleversements douloureux que cette réorientation
économique a imposé aux peuples des anciennes colonies, il n'a
pas été possible de rembourser les dettes accumulées au
cours des trente premières années de la décolonisation,
du fait du rééchelonnement permanent des paiements.
La réalité est donc terriblement sombre et absolument négative
en deux sens : au plan économique, les flux de matières premières
exportées (monoculture de cacao, d'arachide, minerais, pétrole
et gaz) ajoutés aux flux financiers du remboursement de la dette, correspondent
à un pillage encore plus important que celui qui avait lieu dans le cadre
de l'ancien système colonial. Au plan politique, le bilan est pire encore
: l'indépendance n'existe que sur le papier. Derrière les discours
et les déclarations, il n'y a que des dictateurs et des politiciens corrompus
ou timorés qui se contentent de mener dans leur pays une politique élaborée
à Paris, à Londres, à Washington ou dans d’autres
anciennes capitales coloniales.
Algériens, Malgaches, Ivoiriens, Sénégalais, Tchadiens,
et la plupart des autres peuples qui sont parvenus à se débarrasser
de l'ancien pouvoir colonial ne se sentent encore réellement indépendants.
D'une certaine manière, la décolonisation a sauvé les empires.
Car l'impérialisme français est toujours présent sur les
anciennes terres colonisées dont il a tout pour annuler les indépendances.
L’Angleterre continue de dominer le Commonwealth, tout comme les Etats-Unis
contrôlent encore plus de la moitié du monde.
2. Quarante-cinq ans d’ingérence militaire française en Afrique
La France est intervenue militairement vingt-sept fois
en quarante-cinq ans sur les territoires de pays d’Afrique officiellement
indépendants. Cela revient à une opération militaire tout
les vingt mois environ, sans compter le fait que la présence de l’armée
française est par endroit prolongée ou permanente. L’essentiel
de l’ingérence en Afrique depuis 1962 se résume à
trois types d’interventions armées : des opérations de répression
et de maintien de l’ordre destinées à rétablir ou
à renforcer les régimes qui collaborent avec l’ancien colonisateur
; des opérations de sauvetage et d’évacuation de personnels
militaires ou de civils menacés par des troubles sur place ; enfin, l’interposition
entre des pays en guerre ou des forces engagées dans des conflits internes
à ces pays.
Aucune de ces opérations ne se fait pacifiquement ; un grand nombre d’Africains
ont été tués au cours de ces combats, des dizaines de milliers
sans doute sans qu' il soit possible d’avancer des chiffres précis.
A cela il faut ajouter le travail des services secrets français, et de
l’espionnage militaire qui ont renseigné les dictateurs «
amis » sur l’activité de leurs opposants.
Il y a dans le vocabulaire qu'utilisent les militaires français pour
donner un nom de code à leurs opérations une recherche de termes
« poétiques » destinés à camoufler la réalité
des actions meurtrières menées contre les populations africaines.
Parfois ils font appel à leur connaissance en zoologie : « Lamentin
» (Mauritanie, 1977), « Barracuda » (Centre Afrique, 1979),
« Tacaud », « Manta », « Epervier » (Tchad,
1978, 1983 et 1986) ; « Pélican », « Antilope »
(Congo-Brazzaville, 1997), « Licorne » (Côte d’Ivoire,
2002). Parfois encore c’est à la botanique qu' ils empruntent
leurs dénominations : « Azalée » (Comores, 1995),
« Amaryllis » (Rwanda, 1994). Ils peuvent encore choisir des pierres
précieuses : « Turquoise » (Rwanda, 1994), « Malachite
» (Congo, 1998) ; parfois c’est un vent : « Noroît »
(Rwanda, 1990 à 1993) ou une déesse grecque : « Artémis
» (République Démocratique du Congo, 2003).
Mais un certain nombre d’actions armées d’envergure n’ont
pas reçu de nom de code : ainsi les opérations au Sénégal
en 1962, au Gabon en 1964 et 1990, au Tchad entre 1968 et 1972 qui prirent pourtant
le caractère d'une véritable guerre), au Zaïre en 1978 et
1991, au Togo en 1986, en Centre Afrique en 1997.
La période néocoloniale postérieure aux indépendances
politiques a donc été marquée par la mise en place de pouvoirs
corrompus et dictatoriaux favorables à l’ancienne métropole.
En contrepartie de cet appui militaire, les pouvoirs locaux ont accepté
la vassalité politique (à l’ONU, par exemple, en appuyant
systématiquement les positions françaises) mais aussi la dépendance
économique à l’égard des menées des grandes
entreprises de l’ancien colonisateur : ELF, TOTAL, RENAULT, et bien d’autres.
Cette assistance militaire a été violente et répétée
depuis 1960. A l’heure actuelle, encore vingt-trois pays d’Afrique
sont liés à la France par des accords de coopération militaire.
Huit d’entre eux ont même signé des accords de défense.
L’histoire de ces quarante-cinq ans d’ingérence criminelle,
l’évaluation des dizaines de milliers de victimes africaines (la
France reconnaissant avoir perdu 613 soldats au cours de cette longue période),
tout comme celle des immenses profits accumulés par le capitalisme français
et les dictateurs « amis » restent à faire. Cet aspect des
choses ne peut être sérieusement laissé de côté
pour quiconque prétend effectuer un bilan général de l’action
post-coloniale de la France, surtout s’il prétend en décrire
les « aspects positifs » !
IV – RECOLONISATION MILITAIRE ET REVISIONNISME HISTORIQUE (DEPUIS LES ANNEES 1980)
Depuis le début des années 1980 une nouvelle
étape historique du processus colonial a commencé. On assiste
au retour de l’action militaire directe, sous l’impulsion de l’impérialisme
américain. Ce phénomène a été rendu possible
par l’affaiblissement puis l’effondrement de l’Union Soviétique
et d'autres pays socialistes.
Ainsi l’attaque de Panama, l’invasion de la Somalie, le bombardement
de la Serbie, les opérations militaires en territoire afghan, puis la
conquête par les armes du territoire irakien et son occupation prolongée
montrent que les agressions militaires se sont multipliées depuis une
vingtaine d’années.
Ces agissements du front mené par les Etats-Unis ne peuvent être
interprétés autrement que pour ce qu' ils sont : des opérations
militaires de reconquête et d’implantation destinées à
préserver une maîtrise totale sur les réserves d’énergie.
De ce point de vue, le seul pays encore hors de contrôle étant
l’Iran, on peut observer que dix bases militaires stratégiques
l’encerclent désormais presque totalement : aucune ville importante
iranienne n’est située à plus de quatre cents kilomètres
d’une base de missiles hostile. Il ne manque plus que se construise la
base française d’Abu Dhabi, prévue en 2011, pour que le
verrouillage total soit opéré, ouvrant la possibilité d’une
nouvelle aventure militaire à l’issue de laquelle les puissances
alliées pourraient faire main basse sur les immenses réserves
des champs pétrolifères iraniens ainsi que les installations de
raffinage des ports du Golfe persique.
1. Le credo pro-colonial du révisionnisme historique
Ce processus de recolonisation militaire a besoin d’une
idéologie pour se légitimer, en construisant une manipulation
de l’histoire de la colonisation passée, dans le but de justifier
par avance la recolonisation actuelle et à venir.
Cette idéologie, qui a pris concrètement en France la forme de
la loi du 23 février 2005, on peut l’appeler « révisionnisme
historique ».
Justifier les entreprises des anciens colonialismes pour faire la promotion
de la recolonisation par les armes ne peut se faire qu' au prix de l’énonciation
de grossières contrevérités et de clichés usés.
L’ensemble de cette piètre construction théorique élaborée
par des historiens et des économistes acquis, même s’ils
s’en défendent, à l’idéologie coloniale, tient
sur trois notions : libération, modernisation, intégration.
a) Selon ces thèses, on aurait donc colonisé dans le passé
(et dans l’avenir, on recolonisera) pour le bien des populations envahies
: c’est pour les libérer que l’on administre le pays à
leur place ! Ainsi, par exemple, les Européens ont envahi au XIXe siècle
la totalité du continent africain sous le prétexte officiel d’y
abolir l’esclavage et d'y faire régner la liberté! C’est
donc pour mettre fin à la traite interne, à la barbarie des potentats
locaux, que le continent entier a été officiellement asservi.
Voilà qui est plutôt cocasse surtout si l’on considère
qu' au cours des deux siècles précédents la traite
négrière avait précisément été suscitée
puis organisée au seul bénéfice de ces mêmes puissances
européennes qui ont prétendu ensuite y mettre un terme par les
armes.
On remarquera au passage que c’est tout aussi officiellement pour libérer
les Irakiens de la dictature de Saddam Hussein et les femmes afghanes de l’oppression
talibane que ces deux pays ont été reconquis militairement…
b) Deuxième justification du fait colonial : la modernisation, prétendument
synonyme de progrès et de civilisation. Ce serait pour aider les peuples
conquis ou reconquis à mettre en valeur leur pays qu' on les a colonisés
dans le passé ou qu' on les recolonisera dans l’avenir. Ainsi
ils pourront extraire les richesses de leur sol, apprendre à produire
plus rationnellement, profiter du progrès technique apporté par
les envahisseurs, ainsi que des connaissances que ceux-ci prétendent
leur apporter. Cette fable ancienne de l’impact positif de la colonisation
a été au cœur du credo du colonialisme au XIXe siècle
dans le monde entier. On en connaît les suites au XXe : pillage systématique
des richesses du pays, exploitation forcenée de ses populations, sous-développement,
endettement, exportation de ses forces vives sous forme de main-d’œuvre
émigrée.
La chanson est la même aujourd’hui en Irak, en Afghanistan : les
discours des conquérants de 1880 sont interchangeables avec ceux des
années 2000.
c) Enfin, le bouquet final : la promesse d’intégration. Une fois
acquis le bénéfice politique de la « libération »,
ainsi que celui de la « modernisation », l’occupant promet
l’accession à une égalité totale par « l’intégration
dans le marché libre ». Par exemple, la puissance britannique promettait
cette égalité dans le cadre du Commonwealth, la France dans celle
du « pré carré » africain. Il est significatif de
voir que là encore, c’est en travestissant la réalité
historique des formes antérieures de la colonisation que l’on cherche
à en légitimer les manifestations actuelles.
Un jour peut-être, donc, suprême récompense, la Serbie, l’Irak,
l’Afghanistan intégreront le « marché libre »
dominé par les Etats-Unis…
Toutes les idéologies colonialistes anciennes ont théorisé
à leur manière le modèle « libération, modernisation,
intégration ». L’objectif idéologique du révisionnisme
historique est aujourd’hui d’accompagner avec les mêmes principes
le processus de recolonisation qui est en cours et que l'on appelle plus couramment
« intégration dans le marché libre » ou « mondialisation
».
Il incombe à l’ACCA, association anti-colonialiste, de contester
la validité historique de ce révisionnisme en le combattant et
en le démasquant partout où il se manifeste. Car à aucun
moment, ni dans son projet, ni dans sa réalisation, aucune colonisation
n’a présenté d’ « aspect positif », sauf
bien entendu pour les auteurs des rapines et des crimes coloniaux, en tous points
et en tous lieux condamnables.
2. La réintégration de la puissance militaire française dans le dispositif impérialiste
Cette offensive pro-coloniale de l’extrême
droite française, nostalgique et revancharde, coïncide avec le retour
au premier plan du candidat puis du président Nicolas Sarkozy. Son élection
marque une étape nouvelle, celle de l’alignement complet de la
politique extérieure de la France sur celle des Etats-Unis : une véritable
instrumentalisation de la capacité d’intervention militaire française
est en train de s’établir. L’ancienne et relative autonomie
d’action dont faisaient preuve les gouvernements français depuis
1960 (date à laquelle le général De Gaulle fit sortir la
France du commandement intégré de l’OTAN) laisse place à
une franche et officielle réintégration dans l’appareil
militaire d’agression dirigé par les Etats-Unis d’Amérique.
Amorcée avec la participation française à l’attaque
contre la Serbie, après celle de la première guerre du Golfe en
1991, renforcée sous Chirac avec l’intégration des forces
françaises dans la réplique militaire de 2001 contre l’Afghanistan,
cette collaboration semblait avoir reçu un coup d’arrêt au
moment du veto français contre la seconde invasion de l’Irak en
2003.. Mais le « virage Sarkozy », amorcé dès 2007,
officialise la vassalisation de l’armée coloniale française.
Désormais, elle ira là où les Etats-Unis lui demandent
d’aller, précisément dans les zones où l’armée
américaine redoute désormais de se rendre : au Liban face au Hezbollah
et à la Syrie, au Tchad face au Soudan. Enfin, dernier signe de la participation
française à des menées coloniales de reconquête,
une très grande base militaire doit être construite face à
l’Iran, assurant dès 2011 l’encerclement stratégique
de ce pays. De la Turquie au nord, puis à l’Irak à l’ouest,
en Arabie Saoudite au sud-ouest puis au Pakistan, à l’Afghanistan
et au Turkménistan à l’est et au nord-est, la tenaille impérialiste
ne demande qu' à se refermer grâce à cette base française
d’Abu Dhabi prévue pour accueillir de 10 000 à 15 000 hommes.
A elle seule, elle représente une force militaire projetée égale
à l’ensemble du corps expéditionnaire actuellement présent
en Afrique. Financièrement elle constituera un effort colossal et un
poids insupportable pour l’équilibre budgétaire de notre
pays, avec des dépenses prévues jusqu' à la hauteur
de 15 milliards d’euros.
Avec un budget militaire de 37 milliards d’euros en 2008, la France est
le cinquième pays du monde après le groupe USA, Chine, Russie,
Angleterre, pour ce qui est des dépenses militaires. On ignore le coût
réel des vingt mille soldats français actuellement placés
en alternance sur les théâtres d’opérations extérieures,
pour un corps expéditionnaire permanent de 12 000 à 15 000 hommes.
La base d’Abu Dhabi à elle seule aurait un coût de construction
de 10 milliards d’euros auxquels il faudrait ajouter une autre dizaine
de milliards pour entretenir sur place plus de 10 000 soldats. Ceci dans un
moment ou la droite au pouvoir impose des sacrifices et des efforts considérables
au pays en organisant le recul des services publics et de l’investissement
public en général.
3. La riposte nécessaire des anticolonialistes : dissolution de l’armée coloniale
Avec la réintégration des forces militaires
françaises dans le dispositif américain de reconquête, les
missions de l’armée française se sont profondément
modifiées depuis 2007 : on est passé du simple maintien de l’ordre
dans la zone d’influence exclusive de la France en Afrique (le fameux
« pré carré ») à l’action militaire comme
force supplétive à l’intérieur d’un front impérialiste
global.
La riposte s’impose : aucune guerre coloniale ne peut se mener sans troupes
coloniales. Nous demandons donc la dissolution de cette armée. Toutes
les bases militaires françaises installées à l’étranger
doivent être évacuées et démantelées. Le matériel
doit être démonté et rapatrié, les installations
doivent être rendues inoffensives, les personnels doivent tous rentrer
en France. Aucun pouvoir politique local ne doit hériter de ces bases.
Quant à celle d’Abu Dhabi dont la construction peut provoquer une
guerre en refermant le dispositif hostile encerclant l’Iran, elle ne doit
pas être mise en chantier.
Afin de priver les forces qui y ont intérêt de la capacité
de mener ces guerres de reconquête, il faut leur retirer la possibilité
d’utiliser l’armée française, dont la mission doit
être strictement limitée à la défense du territoire
national sur le territoire national, et non à aller mener des opérations
aventuristes qui iront à l’échec du fait de la résistance
acharnée des peuples des pays envahis.
V - LES DIFFICULTES DE L’IMPERIALISME
La récente crise bancaire qui frappe le capitalisme financier et industriel montre sans doute la fragilité du système, et ses limites apparaissent clairement : fondé sur des relations de domination, il a aussi besoin de confiance en lui-même. L’échec de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, la montée en puissance d’une vague progressiste en Amérique Latine, la persistance de l’héroïque résistance palestinienne à l’occupation, comme l’ont encore illustré avec force la lutte menée contre l’agression israëlienne dans le zone de Gaza, l’émergence de la Chine et le retour en force sur la scène politique internationale de la Russie, autant de signes qui laissent prévoir un fléchissement du dispositif impérialiste, qui chancelle aussi bien au plan militaire qu' au cœur même de Wall Street et des autres places financières internationales.
1. L’échec militaire en Irak et en Afghanistan
Trois mille soldats américains tués en
cinq ans, une dizaine de milliers de blessés et de mutilés, c’est
beaucoup plus que prévu pour un résultat médiocre. La société
irakienne rejette quasi unanimement la présence militaire des Alliés.
On est très loin de la liesse populaire que les envahisseurs pensaient
rencontrer en 2003. Chômage, corruption, enlèvements, attentats
interconfessionnels, répliques aveugles de l’armée d’occupation
constituent le visage sanglant d’une opération qui échoue
sur l’essentiel de sa mission officielle : l’éveil démocratique
et le redémarrage économique. Même les puits de pétrole
et les raffineries ne peuvent être exploités convenablement et
tournent au ralenti. En Irak, l’impérialisme est défait
par une résistance populaire massive et organisée.
En Afghanistan la situation est comparable. Le bourbier qui avait enlisé
les Britanniques puis les Soviétiques engloutit aujourd’hui l’énergie
de l’Alliance et de l’OTAN. La fatigue du corps expéditionnaire
est telle que la France a été rappelée en renfort, montrant
une inexpérience et une méconnaissance meurtrière, le même
mépris colonialiste pour les aspirations du peuple afghan. En privé
et même parfois en public, les généraux de l’OTAN
affirment que la guerre contre les Talibans ne peut être gagnée.
Le danger est peut-être ailleurs : le président Obama n’a
pas caché son intention de redéployer vers l’Afghanistan
une grande partie des troupes qu' il dit vouloir retirer d’Irak.
Rien de bon pour la paix du monde.
2. L’Amérique Latine vire à gauche
Depuis quelques années la plupart des peuples d’Amérique Latine ont mis au pouvoir des gouvernements qui appliquent une politique d’émancipation à l’égard de la tutelle des Etats-Unis. Une certaine forme de coordination se fait jour, dans un esprit de solidarité internationaliste, pour tenter d’appliquer des projets de développement autonome. La lutte anticoloniale se traduit par la récupération des sources d’énergie et de matières premières, malgré les efforts concertés des multinationales qui cherchent avec l’appui des Etats-Unis à susciter des troubles armés. Mais ni le Brésil ni le Venezuela ni la Bolivie, pas plus que Cuba, ne sont décidés à reculer. La fondation de l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) montre que le modèle colonial et néocolonial a du plomb dans l’aile en Amérique Latine. L’Argentine et le Chili semblent tentés par l’expérience. Seuls la Colombie et le Mexique constituent, mais pour combien de temps, avec l’Uruguay, des points d’ancrage pour l’impérialisme.
3. L’obstination palestinienne à construire un Etat indépendant
2008 est l’année qui voit les palestiniens
commémorer le soixantième anniversaire de la « Nakba »
(la « catastrophe »). En 1948, en effet, 800 000 habitants arabes
de la Palestine ont fui la politique d’épuration ethnique appliquée
par les sionistes conquérants : villages rasés ou affublés
d’un nom hébreu, populations déplacées qui ont fui
dans les états arabes voisins. après la conquête de territoires
supplémentaires en 1967 autour de Jérusalem, en Cisjordanie, dans
le Golan et à Gaza, des colons israéliens se sont installés
durablement dans de petits îlots de prospérité arrachés
à la terre palestinienne.
La situation actuelle, malgré le retrait d’Israël de quelques
grandes villes, demeure inchangée quant au fond. L’injustice coloniale
persiste, l’occupation l’amplifie par endroits car de conférence
en plan de paix, le territoire accordé à l’Autorité
palestinienne a été lentement grignoté par des enclaves
appelées « colonies », reliées entre elles par des
routes dites « stratégiques » infranchissables aux Palestiniens.
La construction du mur « antiterroriste » sépare la Palestine
dépendant d’Israël de la Palestine arabe au mépris
du droit, des traités et de la géographie elle-même, tandis
que par ailleurs persistent les « check points », et que se multiplient
les implantations sauvages de colons israéliens extrémistes..
Gaza quant à elle, étouffe, encerclée, comme une gigantesque
prison à ciel ouvert.
Et pourtant le peuple palestinien survit en dépit des bombardements,
des destructions, des deuils, et la résistance armée demeure active.
La population, malgré les dangers auxquels elle est quotidiennement exposée
et toutes les difficultés liées à une occupation prolongée,
continue de croire en l’avenir.
Cet entêtement est le gage d’une réussite future et certainement
un échec cuisant pour l’impérialisme des Etats-Unis et le
colonialisme israélien. Ni vaincus ni convaincus, les Palestiniens continuent
de camper sur leur imprescriptible volonté d’indépendance
nationale. Quant au véritable intérêt du peuple israélien,
il n’est pas dans la poursuite d’une politique de terreur et de
spoliation à l’égard des Palestiniens mais dans l'instauration
d'une paix véritable , seule condition de possibilité à
la fois de l'existence d'Israël et du développement d'une Palestine
indépendante.
4. L’émergence de puissances nouvelles
Le krach de 2008 marquant la fin de la suprématie
financière absolue des Etats-Unis, un certain nombre de puissances émergentes,
riches en devises du fait de leur commerce extérieur fortement excédentaire,
semblent se placer en successeurs désignés de l’ancienne
superpuissance. Il ne fait aucun doute que la Chine, l’Inde, les pays
du Golfe et la Russie cherchent à tirer profit de l’affaiblissement
actuel de l’influence des Etats-Unis d’Amérique.
Par principe les anticolonialistes ne peuvent que se féliciter de ce
coup d’arrêt décisif, conséquence de plusieurs décennies
d’économie ultralibérale prédatrice, dominée
par la spéculation et la politique du plus fort. Mais, par principe également,
les anticolonialistes doivent demeurer vigilants à l’égard
de ces puissances émergentes qui pourraient se laisser tenter par l’idée
de profiter à leur tour de la faiblesse des pays moins avancés
pour les coloniser à leur manière. L’attitude du Maroc à
l’égard du Sahara occidental en montre un exemple. L’occupation
militaire marocaine,depuis 1975, de ce territoire évacué par les
Espagnols a un caractère nettement colonialiste. Elle doit prendre fin
et laisser la place à une solution négociée par la voie
d’un référendum d’autodétermination.
Février 2009
CONCLUSION
ÉTABLIR DE NOUVEAUX RAPPORTS INTERNATIONAUX : UNE TACHE PRIORITAIRE
Les capacités d’adaptation du colonialisme sont
très grandes. Historiquement, à chaque fois que les colonisateurs
ont observé un essoufflement dans la progression de leurs profits, ils
ont trouvé une solution de rechange. Lorsque l’exploitation coloniale
des débuts a atteint ses limites, le libéralisme s’est imposé
à toute la planète sous la forme des grands empires coloniaux.
Ensuite, lorsque le fait d’accorder l’indépendance parut
une solution moins coûteuse, le néocolonialisme s’installa.
Enfin quand celui-ci arriva en bout de course, les dettes du monde pauvre ne
pouvant plus être remboursées, on en revint à la reconquête
militaire des pays les plus récalcitrants par des actions armées
de grande envergure.
L’ACCA a pour objectif la fin du processus colonial. Et c’est pourquoi
elle combat pour la dissolution des armées coloniales qui constituerait
un immense pas en avant.
Quel que soit son masque du moment, la colonisation a toujours
le même visage : occupation militaire, exploitation des ressources locales,
administration dans le sens de la dépendance économique, politique
et culturelle, usage cynique des populations pauvres par l’organisation
de l’émigration au seul profit des pays riches, « sommets
» à répétition (G7, G8…).
L’ACCA, organisation hostile à tous les aspects de la colonisation,
quel que soit le nom qu'elle prenne et les nouveaux noms dont elle s'affuble,
lui dénie tout caractère positif. Elle poursuivra sa lutte pour
que s’établissent entre les peuples de nouveaux rapports, des relations
fondées sur le principe de l’égalité entre Etats.
Le droit à réparation des injustices commises, l’annulation
de la dette, l’évacuation immédiate de toutes les armées
étrangères sont des préalables à une vraie coopération
future, à des échanges mutuels authentiques, seuls gages de paix
et de progrès pour les peuples du monde.