RÉALITÉS DE L’IMPÉRIALISME EN 2011 Collectif communiste polex Ce document sur l’impérialisme en 2011 a été réalisé grâce aux contributions de F. Arzalier, J. Levy, J.P. Le Marec, pour le Collectif Polex. Les analyses proposées, subjectives, se veulent une introduction au débat militant anti-impérialiste. Si certains aspects immédiats et récents ne sont pour des raisons évidentes de date pas traités son utilité n'en est pas pour autant amoindrie. Depuis trois siècles au moins, les bourgeoisies occidentales
ont profité de l'avance technologique de l'Europe pour exercer leur domination
sur les peuples d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Asie lointaine, de Méditerranée
et Atlantique jusqu'aux rivages lointains de l’Océan Indien. Cette
domination, commerciale et économique, militaire et diplomatique, a un
nom, l'impérialisme occidental, et des formes changeantes au fil du temps. DÉCOLONISATION (1945-70) 1945 et la défaite du nazisme ont créé
un nouveau rapport de forces mondial, favorable aux peuples dominés,
qui en vingt ans ont détruit les Empires coloniaux européens.
L'épuisement des métropoles (France, Royaume Uni, Belgique, Pays-Bas,
Italie, Allemagne) ravagées par la guerre, l'aide anticolonialiste de
l'URSS et du mouvement communiste sortis prestigieux d'avoir écrasé
l'hitlérisme, le rôle ambigu des USA désireux de prendre
la place des puissances européennes, tout à convergé vers
la décolonisation, l'indépendance nominale des pays d'Afrique
et de l'aire arabo-musulmane. Mais cette émergence du Tiers Monde"
suivant la formule d'alors, fut d'abord arrachée par les peuples en lutte
aux prix parfois de guerres meurtrières (Algérie, Indochine, etc..)
luttes guidées, organisées par des partis progressistes à
l'influence énorme, RDA d'Afrique Noire, FLN algérien, partis
nationalistes ou marxistes au Moyen Orient , partis communistes en Indochine
et Chine, etc… C'est parce qu'ils s'appuyaient sur des mouvements nationaux-
progressistes influents dans leurs peuples, que des pays nouvellement indépendants
ont pu connaître quelque temps des progrès évidents, dans
les domaines de l'éducation, de la santé etc.. L'impérialisme n'avait pas disparu pour autant dans la vague des indépendances du Tiers Monde : tout au plus a-t-il changé de visage. D'abord, parce que les dirigeants des métropoles occidentales ont généralement eu l'intelligence de placer leurs alliés locaux à la tête des nouveaux états indépendants. Ceux de la France, De Gaulle ou Foccart; surent ainsi confier les rênes de l'Afrique Noire morcelée à des politiciens africains, leurs clients, enserrés au surplus dans tout un lacis d'accords inégaux politiques, diplomatiques, militaires, économiques. Houphouët Boigny, Senghor, et les autres, "libéraux" ou sociaux-démocrates, furent durant des décennies les garants de l'ordre "néo-colonial" : une indépendance théorique, une allégeance de fait, et toujours le même partage des rôles: au dominé le rôle exclusif de fournisseur de richesses brutes à la métropole, et le sous développement maintenu aux limites de l'acceptable. Et chaque fois qu'un des poulains africains de Paris ne contrôlait plus son peuple, une expédition militaire française rétablissait l'ordre impérial : on appela cela la « Françafrique », qualificatif adapté au "pré-carré" franco-gaulliste Il ne doit pas cacher la réalité de l'impérialisme en mouvement : c'est ainsi qu'en son sein, le rapport des forces a changé; les USA, peu à peu, ont supplanté l'influence britannique en pays arabes, en plaçant aux gouvernes de pays riches de leur pétrole des monarques à leur dévotion, d'Arabie Saoudite en Irak, et grâce au rôle militaire de leur sentinelle avancée au Moyen Orient, l'état colonial d'Israël; en Afrique même, dès les années 70 du vingtième siècle, ils ont succédé à la Belgique dans le Congo de Mobutu regorgeant de richesses minérales, et grignoté peu à peu les positions du concurrent français. RECONQUÊTES IMPÉRIALISTES (1975-2000) La principale mutation de l'impérialisme a démarré vers 1975, et a profité de nouveaux rapports de force dans le monde: le "camp socialiste" , autour de l'URSS en querelle avec la Chine, entrait au fil des ans en crise et les mouvements communistes et nationaux-progressistes aussi .Parallèlement, la concentration inhérente au capitalisme donne naissance à une nébuleuse mondiale de sociétés privées transnationales, à forte dominante US, mais dont les actionnaires sont d'un peu tous les pays occidentaux. Cette "mondialisation "financière génère parallèlement une superstructure géopolitique "mondialiste", expression agissante de l'impérialisme comme l'armée US et l'OTAN, son bras armé. Ces organismes internationaux, théoriquement dépendants de l'ONU, et en réalité des grandes puissances impérialistes, états et banques, et d'abord, de Washington et Wall Street, sont le fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l'Organisation Mondiale du Commerce; le FMI et la BM financent à crédit les "pays du sud" en quête de développement, et les amènent à un endettement énorme, impossible à rembourser, puisque le prix des matières premières qu'ils produisent baisse parallèlement, Cela permet au FMI d'imposer aux pays débiteurs une "cure d'austérité", les plans dits "d'ajustement structurel": moins de salariés d'état, moins de dépenses d'éducation, de santé, de services publics. Le FMI est encore l’organisateur et le garant financier des politiques d’austérité et de régression sociale mis en place en 2010-2011 dans tous les pays d’Europe, Grèce, France, etc. En 2011, le secrétaire général de l’ONU et le conseil de sécurité (malgré quelques fugaces réticences de la Russie et de la Chine), font appliquer par les armes la stratégie de l’impérialisme en Haïti, Côte d’Ivoire, etc. L'OMC, créée pour assurer la liberté
des prix à l'échelle mondiale, leur interdit par ailleurs toute
protection des productions locales, ruinant peu à peu les agricultures
vivrières. La disparition de l'URSS et de ses alliés "socialistes", vaincus finalement dans la compétition dite de "guerre froide" par les puissances capitalistes, dirigées par les USA, bascule lourdement le rapport de forces dans le monde dès 1990. Les Etats Unis d'Amérique peuvent se présenter un temps comme la superpuissance unique, d'autant que ce leadership est accepté rapidement par les dirigeants l'Europe occidentale, du Japon, etc… cela notamment sur le plan militaire: l'énorme machine "de guerre US, disposant à elle seule de la moitié au moins de l'armement mondial, lui permet de jouer les gendarmes du monde, d'intervenir en Asie( Irak, Afghanistan, Caucase); en Afrique (Somalie), en Europe (Yougoslavie). Dans ce déploiement militaire mondial, les dirigeants US utilisent les autres états capitalistes grands ou petits en supplétifs ; dans les guerres yougoslaves et irakiennes, par le biais de coalitions (Alliance Atlantique et OTAN), c'est le cas des Britanniques, Allemands et d'autres membres de l'Europe des 27 ; mais c’est aussi et plus encore le cas d'Israël, première puissance militaire au Moyen Orient grâce au soutien des USA (80% des armes en proviennent), d'Arabie Saoudite et d'Egypte , d'Ethiopie et du Rwanda en Afrique, etc. (comme par ailleurs des Japon et Corée du Sud en Asie, ou de Colombie en Amérique). La seule puissance capitaliste occidentale qui a longtemps trainé les pieds pour accepter le leadership absolu des USA fut la France de Chirac, qui, encore en 2003, refusa de participer à l'invasion de l'Irak. Ce n'était qu'une ultime manifestation du nationalisme gaulliste, expression de la bourgeoisie française d' après guerre, qui tirait ses profits de l'exploitation des salariés de France et de ses investissements en Afrique et Asie; pour elle, l'impérialisme US était aussi un redoutable concurrent, bien qu'allié contre le communisme. La bourgeoisie française d'aujourd'hui a investi ses capitaux dans les sociétés transnationales dont le siège peut être à Chicago ou Tokyo, dont les activités peuvent être en Chine ou Roumanie, n'importe où on peut jouir des bas salaires et de taux de profit élevés. Cette évolution est perceptible en Afrique, où des firmes capitalistes relevant autrefois de familles françaises (Bouygues, Bolloré) muent en transnationales en d'autres continents : la société Areva, dont les dirigeants sont français, exploite le minerai d'uranium du Niger au profit d'actionnaires multinationaux dorénavant. D'où cette "mutation mondialiste" qui se traduit en France par la quasi disparition du nationalisme gaulliste dans une bourgeoisie de plus en plus américanisée dans ses comportements, adhèrent avec enthousiasme à la supranationalité européenne au détriment des états nationaux, et aux discours néo-colonial sur le droit d'ingérence occidentale, au nom des libertés et du marché, par le biais s'il le faut des bombardiers de l'OTAN. Cette version bourgeoise contemporaine de l'idéologie de l'impérialisme se traduit très bien dans la droite sarkoziste, son ralliement à l'OTAN et à l'Europe du marché unique, sa participation à l'encerclement américain de l'Iran par la base française d'Abu Dhabi, mais elle imprègne aussi une partie importante des "élites" social-démocrates françaises, dans la mouvance du PS ou des Verts genre Cohn-Bendit, ou des « humanitaires » genre Kouchner. Cet impérialisme guerrier "mondialiste", jamais à court de justification pour chacune de ses aventures (contre la dictature de Saddam Hussein en Irak, contre l'intégrisme en Afghanistan et Iran ,etc..) a toujours le même objectif qu'il y a un siècle : briser l'essor de pays qui cherchaient à sortir du sous-développement et ne se pliaient pas à la loi du marché unique, et leur interdire tout développement industriel. L'Irak envahi a perdu plus d'un million de citoyens, tués ou émigrés, et son PNB a été divisé par trois. Revenu à un stade pré-industriel dont il émergeait dans la décennie 90; il n'aspire plus qu'a être un fournisseur de pétrole brut à ses créanciers occidentaux. L'Iran, montré du doigt comme éventuelle menace atomique (alors qu'Israël a déjà les ogives que Téhéran n'a pas), se voit en fait reprocher par les dirigeants occidentaux d'être une puissance émergeante, et de développer l'industrie nucléaire civile qui est d'ores et déjà une des bases essentielles de l'économie des pays développés comme la France, les USA, etc.. LA "CONTRE –RÉVOLUTION CULTURELLE" .(1990-2010) La disparition de l'URSS a eu pour corollaire la déstabilisation des mouvements révolutionnaires et progressistes dans le monde entier , et le glissement progressif des opinions vers le conservatisme politique et social. En Afrique subsaharienne, les mouvements nationaux progressistes et syndicaux ont perdu leur influence dans les masse, la plupart des pays (RDC, Sahel) ont des dizaines de partis politiques, qui n'ont d'autre objectif que l'accession au pouvoir, et réunissent quelques membres sur des bases clientélistes ou ethnicistes; dans les pays arabo-musulmans, la plupart des organisations inspirées du marxisme sont réduites à peu de chose, et la contestation politique et sociale est la plupart du temps incarnée par des mouvements islamo-intégristes (comme en Tunisie, Egypte, ou Liban): C'est encore plus vrai évidemment , dans l'Irak ou l’Afghanistan occupés par les armées occidentales ; en Iran, l'opposition est organisée par des pro-occidentaux, en Arabie, par des islamistes, fort peu par des progressistes. Parallèlement, les organisations communistes ne parviennent pas à sortir de la crise qui les ravage depuis vingt ans: le PCI, le PCF, qui furent puissants, sont réduits à une influence minime, résultat de leur alignement sur la social-démocratie convertie au capitalisme. Cette décrépitude opportuniste a touché peu ou prou tous les autres partis communistes d'Occident, et les syndicats qui se rallient à la "culture du dialogue social", au détriment de la lutte de classes; parallèlement, le démantèlement organisé des grandes concentrations ouvrières, d'Occident, par le jeu des délocalisations vers les contrées à bas salaire et à fort taux de profit, leur enlève l'essentiel de leur ancrage populaire. Cette destruction du tissu révolutionnaire et progressiste, s'ajoutant à l'influence accrue de médias contrôlées par les réseaux mondiaux de l'impérialisme occidental, a plongé l'ensemble des opinions publiques, Occident, Afrique et Asie confondues, dans une véritable contre révolution culturelle, un foisonnement d'idéologies qui se rejoignent dans le culte du chacun pour soi, de la soumission aux inégalités sociales, et à l'injustice. Une comparaison suffit à percevoir le chemin parcouru : de 1936 à 39, des milliers de volontaires de tous pays allaient combattre par les armes le fascisme, dans les Brigades Internationales au service de la République espagnole; de 1941 à 45, des dizaines de milliers furent des soldats militants de la Résistance antinazie. Soixante dix ans plus tard, les seuls combattants volontaires internationaux sont les djihadistes intégristes d'Al Qaïda, et leurs motivations ne sont en rien l'égalité entre les hommes et les femmes. LES ARMES CONTEMPORAINES DE L'IMPÉRIALISME L'impérialisme occidental a toujours la même logique depuis trois siècles, et le même objectif, perpétuer l'exploitation des richesses des pays africains ou asiatiques, minérales ou énergétiques, et pour cela leur interdire tout développement industriel autonome. Seules les méthodes pour y parvenir ont évolué, et le monde actuel en compte de nouvelles, qui méritent d'être analysées pour les combattre mieux. IMPÉRIALISME ET INTÉGRISME L'idée complaisamment répétée par les médias occidentaux d'une guerre subie par les pays porteurs de liberté, menée par un Islam conquérant et intégriste, est une escroquerie, d'abord parce qu'elle confond délibérément des concepts différents, fait mime de pourfendre "l'islamisation", comme si le fait d'être ou de devenir de religion musulmane islamique , était en soi un danger social, comme si l'Islam était en lui-même un "intégrisme" , un "fondamentalisme", une idéologie de la théocratie (pouvoir autoritaire exercé au nom de Dieu, au lieu de la démocratie, au nom du peuple citoyen), et du terrorisme pour l'imposer, il est donc utile de rappeler une évidence : l'Islam a ses sectes intégristes, le salafisme, notamment, qu'expriment les burquas et autres hidjabs, symboles d'esclavage "volontaire" de la femme , et ennemi juré de l'égalité sociale et la démocratie, mais tout intégrisme est un mouvement politique qui utilise la religion ; si les salafistes se prétendent musulmans dans leurs agissements; c'est au sens où les tueurs franquistes prétendaient mener une Croisade au nom du Christ contre la république et le front populaire espagnol.. Il existe, ne l'oublions pas des intégristes juifs en Israël, et d'autres chrétiens ou hindouïstes, qui ne valent pas mieux. L'immense majorité des musulmans, en France et dans le monde arabo-islamique, sont victimes des "djihadistes " et non vecteurs de l'intégrisme. Par ailleurs, il est faux de faire de l'intégrisme en général l'ennemi juré de l'Occident: il n'en rejette que l'héritage rationnel et démocratique des révolutions d'autrefois, mais s'accorde très bien avec l'idéologie "libérale" de nos partisans de la loi du marché! Les intégristes wahhabites au pouvoir en Arabie Saoudite sont pro-occidentaux, et diffusent grâce à leurs "pétro-dollars" leur idéologie fondamentaliste et pro-américaine par tout un réseau d'écoles coraniques en Afrique. L'impérialisme occidental, lui, ne s'y trompe pas, et a souvent su utiliser les mouvements intégristes en pays d'Islam pour aboutir à ses objectifs, deux exemples sont particulièrement évidents: L'Algérie a subi, durant dix ans, à partir de 1992, un épouvantable bain de sang, du fait des groupes islamistes armés, FIS, GIA, etc. Des dizaines de milliers de citoyens ont été égorgés, massacrés, terrorisés, et, parmi eux avant tout les militants syndicalistes, communistes, démocrates, laïques ou croyants; les artistes, journalistes, imans, qui refusaient le credo théocratique. Durant ces longues années de guerre civile, les chefs du GIA étaient installés aux USA ou en Angleterre; aucun des résidents américains présents en Algérie pour leur entreprise n'a été touché par des attentats intégristes. Les fonds du GIA transitaient d'ailleurs par les banques anglo-saxéonnes. On dit parfois que les intégristes algériens ont perdu la partie, parce qu'ils n'ont pas accédé seuls au pouvoir politique; mais ils ont réussi, par le meurtre, la terreur, et l'émigration à détruire durablement le tissu démocratique du pays, militant, intellectuel, au profit du conservatisme arabo-musulman au pouvoir, et au profit de l'impérialisme occidental à dominante US , auquel le pouvoir algérien a fait allégeance. Autre exemple éclairant, l'Afghanistan, dirigé dès 1978 par un gouvernement communiste qui crut pouvoir compenser sa faible implantation populaire par le soutien militaire de l'URSS. C'est dans le cadre de l'insurrection anticommuniste et antisoviétique que s'est développé l'organisation intégriste armée de Ben Laden, avec l'aide financière et militaire de la CIA, et des dirigeants pakistanais pro-occidentaux. Al QaÏda, Ben Laden, le "parti des Talibans" sont au départ des créatures de l'impérialisme occidental à direction US, qui entrent victorieux à Kaboul avec son assentiment, en 1996. Les contradictions internes de cette alliance ont par la suite débouché sur la rupture; et l'attentat d'Al QaÏda contre les tours de Manhattan en 2001. Mais l'impérialisme sait, encore aujourd'hui, soutenir en sous main l'intégrisme qu'il dénonce auprès des opinions; ses ennemis sont les mouvements nationaux en Palestine, Liban, Irak, Iran, Afghanistan, et les dérives intégristes lui facilitent la tâche plus qu'elles ne le gênent. L’exemple le plus récent de cette instrumentalisation de l'intégrisme islamiste par l'impérialisme occidental est le rôle dévolu à l'AQMI (Al QaÏda au Maghreb islamique), ces quelques centaines de brigands d'origine diverse, parrainés par des terroristes algériens, de l'ex GIA, spécialisés dans la prise d'otages au Sahara, dans ces immensités désertiques, entre Niger, Mali, Mauritanie et Algérie : ils sont le prétexte rêvé pour des interventions militaires occidentales françaises ou nord-américaines dans cet immense désert africain aux richesses convoitées (uranium, gaz, pétrole, etc.). A l’issue des soulèvements populaires de 2011 en Tunisie et Egypte, la diplomatie US fait tout ce qu' elle peut pour installer de nouveaux pouvoirs à sa dévotion, avec l’aide des courants intégristes s’il le faut. MONDIALISATION , IMPÉRIALISME ET "BALKANISATION" En 1910, les bourgeoisies occidentales concurrentes étaient farouchement attachées à leurs frontières d'état et d'Empire colonial. Un siècle après, actionnaires de sociétés transnationales, elles ne rêvent que démantèlement des états nationaux garants des acquis sociaux, et supranationalité au profit du libre marché des capitaux, des marchandises et des hommes. Les plans d'ajustement structurel du FMI ont imposé, il y a longtemps, à l'Afrique, à l'Asie endettées, le moins d'état, les privatisations, la destruction des services publics, et des conquêtes sociales ; les peuples européens sont aujourd'hui soumis à la même "médication" drastique, de Grèce au Portugal, de l'Espagne à la France. L'impérialisme occidental depuis vingt ans utilise une autre méthode contre les états nationaux qui lui sont des obstacles, la manipulation des séparatismes et infra-nationalismes qui fleurissent un peu partout. il s'agit pour les stratèges impériaux de briser les capacités de résistance des peuples pour les soumettre mieux, de "balkaniser" les nations rétives aux diktats du marché unique, y compris par la guerre s'il le faut. En 1990-91, ce fut d'abord l'explosion de l'URSS, la manipulation ensuite des nationalismes concurrents et haineux, Géorgie, Ukraine, Lettonie etc., pour soumettre les peuples désarmés à l'influence occidentale: puis vint le dépeçage suscité, organisé, de la Yougoslavie, le financement de conflits meurtriers entre nationalistes serbes, croates, slovènes, albanais, et l'indépendance des kosovars grâce aux bombardiers de l'OTAN et à Monsieur Kouchner. Ensuite les guerres contre l'Irak, puissance émergente au Moyen orient, que l'invasion des USA et alliés a dépeuplé de plus d'un million d'hommes, et transformé en poudrière perpétuelle déchirée entre Kurdes, Chiites, Sunnites, etc. Partout, dans chaque continent, l'impérialisme occidental flatte, alimente les séparatismes actuels contre les nations, Flamands d'extrême droite contre la Belgique et Ligue du Nord raciste contre l'Italie, régions "hispaniques blanches" contre le gouvernement "indien" de Bolivie etc. Mais c'est surtout en Afrique et espace arabo-musulman que ce "grand jeu impérialiste" se déploie, et menace d'embraser des régions entières: après l'Irak ,le dépeçage du Soudan est programmé; le sud, animiste et chrétien, mais surtout détenteur de gisements pétroliers, doit devenir indépendant dès cette année, sous l'égide et la protection de l'Occident; après, ce sera le tour du Darfour peut être, à l'ouest du pays, de se séparer de la nation soudanaise, aux applaudissements de nos médias formatant l'opinion française. Déjà le même séparatisme suscité agite le sud Nigéria pétrolier, et l'est de la République du Congo, riche de ses minerais rares, qui déjà a connu des décennies de guerre, et des millions de morts. Et le soutien occidental aux séparatistes du Nord du pays (Soro) alliés du candidat du FMI en Côte d’Ivoire va dans le même sens. Que de bains de sang africain en perspective… « RAPPORTS NORD-SUD » ET IMPÉRIALISME Chaque fois qu' on aborde un concept historique, avec le souci de le comprendre, et parfois d’influer sur la réalité, il faut en dévoiler le mécanisme essentiel, et ne pas se perdre en verbiage creux, en détails anodins : c’est ce que fait le discours « humaniste » ambiant à propos des relations dites « Nord-Sud », de l’inégalité entre pays développés et sous-développés économiquement. Cette inégalité a un nom, « l’ordre » impérialiste du monde, qui régule les relations entre les peuples et les pouvoirs d’état depuis quatre siècles au moins. Sa forme la plus brutale fut la colonisation, jusqu' au 20e siècle, caractérisée par la gestion politique directe du peuple soumis par les représentants de l’état conquérant, l’éviction même des « indigènes » de leurs terres, et leur exploitation souvent féroce : les empires africains de France, Belgique, Royaume-Uni en furent l’exemple achevé jusque vers 1960 ; la Palestine occupée par l’état d’Israël en offre 50 ans plus tard un nouvel avatar ; le Sahara occidental occupé par la monarchie marocaine en est un autre exemple anachronique et scandaleux. Mais cette relation impérialiste est surtout répandue aujourd’hui sous la forme d’états « du Sud » dominés bien qu' indépendants, soumis militairement, politiquement, économiquement aux états d’Occident « impérialistes », grandes puissances industrielles et financières, adossées aux sociétés multinationales et aux organismes internationaux qui en sont les porte-voix (OTAN, FMI, Banque Mondiale, OMC, etc.). Sous la forme coloniale d’autrefois, ou impérialiste d’aujourd’hui, ce partage inégalitaire du globe a une réalité fondamentale : quels qu' en soient les mécanismes, qui évoluent, les pays et peuples dominés sont d’exclusifs fournisseurs d’hommes, matières premières, sources d’énergie non-transformées, non directement comestibles, aux puissances impérialistes industrialisées qui en tirent profit. Ce furent autrefois les esclaves de la traite transatlantique, aujourd’hui les travailleurs immigrés sans papiers et les cerveaux africains pillés par l’Occident. C’est encore l’arachide du Sénégal, le coton du Sahel, le pétrole du Nigéria, le minerai d’uranium du Niger, ou le coltan du Congo. Mais on doit acheter de l’huile française à Dakar, des vêtements tissés en Europe ou en Chine au Mali, de l’essence raffinée outre-mer à Lagos, des portables à Kinshasa. Dans tous ces pays « du Sud », faute d’industries de transformation, qui importent grâce aux royalties versées par les sociétés transnationales, la pauvreté est grande et le chômage immense, ne laissant d’autre solution que le rêve d’un départ vers l’eldorado illusoire d’Occident. LES CRITÈRES DE L’ANTI-IMPÉRIALISME Briser un jour ce carcan de l’impérialisme exige donc de lutter pour le développement endogène de chaque pays dominé, pour la création d’industries de transformation produisant pour la population vêtements, outils, machines, produits agricoles comestibles, etc. Les véritables militants anti-impérialistes dans les « pays du Sud » sont ceux qui ont ainsi pour objectif national l’industrialisation, l’autosuffisance alimentaire, et l’indépendance nationale qui en est le support nécessaire. Le militant malien de l’UM-RDA Faso Jigy Amadou Seydou Traoré l’a exprimé clairement dans une interview publiée par le journal l’Humanité du 09/10/2010 : « Il n’y a pas de pays développé sans industrie développée… L’industrie est, dans tous les pays, le « facteur dominant » du développement, même si l’agriculture en constitue la base de départ. » Le même critère vaut pour les militants européens, américains ou français, quand ils parlent du sort malheureux des peuples « du Sud ». Les gémissements humanitaires sur la pauvreté endémique, les guerres et les réfugiés condamnés à l’exode, ne situent en rien les responsabilités. Cette vision « humaniste », « caritative », des rapports « Nord-Sud » envahit trop souvent les discours les mieux intentionnés, et leur enlève toute pertinence. Passe encore que l’association « tiers-mondiste » Survie, où se retrouvent d’authentiques anti-impérialistes et des réformistes socio-démocrates et chrétiens, préfère dénoncer les seules responsabilités morales de dirigeants africains corrompus (à juste titre ; mais qui les corrompt ? dans le cadre de quel système international ?). Mais on peut s’étonner à la lecture du compte-rendu de la rencontre à Bamako d’une dizaine de partis progressistes d’Afrique « francophone » par le PCF, exprimant la position de sa direction : rien n’est dit de cette nécessaire industrialisation des anciennes colonies françaises, seul moyen d’éradiquer la fuite des capacités africaines vers l’Occident qui interdit tout développement aux pays qui en sont victimes. D’ailleurs, ce compte-rendu ne prononce pas le terme « impérialisme », comme s’il s’agissait d’un gros mot et non d’un concept scientifique. Ce décryptage de la réalité « Nord-Sud » est cependant d’usage courant chez les géographes français, quels que soient par ailleurs leurs affinités partisanes ; le bulletin de leur association, consacré aux « 50 ans d’indépendances africaines » (2010-1) s’exprime ainsi : La rente a constitué sur le temps long une modalité
majeure de relation de l’Afrique au monde … L’économie
[y] a été précocement orientée vers l’exportation
de matière premières brutes … Les échanges actuels
s’inscrivent dans l’héritage colonial, lui-même articulé
à l’économie de traite (esclavagiste puis licite) qui le
précède. (Gérard Magrin) Cette approche témoin des réalités de l’impérialisme est finalement logique, et révélatrice : le PCF de 2010 n’en est plus à la soumission servile aux diktats du PS qui le caractérisait du temps de la direction Robert Hue. Mais il n’a pas encore fait un choix clair en matière d’alliances et de programme. Les communistes ont toujours raison d’organiser quand cela se révèle possible des actions communes avec d’autres forces politiques sur des objectifs précis qui vont dans l’intérêt de ceux qui vivent de leur travail (défense des conquêtes sociales menacées, des services publics, etc.). Mais on ne peut combattre l’impérialisme dans le cadre d’une alliance stratégique à visée gouvernementale avec un parti socialiste, ou centriste « vert », qui approuve ledit impérialisme dans ses manifestations diverses, l’Europe supranationale, l’Alliance atlantique et l’OTAN, les directives du FMI et du l’OMC. Cet « impératif catégorique » n’est pas pour l’instant clairement assumé par le PCF, notamment dans le cadre du « parti de la gauche européenne » dont il est membre. LA RELATION IMPÉRIALISTE EN GRILLE DE LECTURE Analyser clairement les objectifs de développement, voir s’ils sont en rupture ou pas avec l’ordre « Nord-Sud » imposé par l’impérialisme, tel est le critère essentiel de jugement des diverses expériences politiques du monde actuel : quelques exemples suffisent à le prouver : 1) L’état algérien actuel, contrôlé par une bourgeoisie bureaucratique et corrompue, se prévalant d’un nationalisme arabo-musulman réactionnaire, encaisse des sommes énormes grâce aux prix élevés du pétrole et du gaz exportés. Cette « rente », pour reprendre le terme utilisé par certains économistes, enrichit les privilégiés du régime, paie les intérêts de la dette et les importations massives, mais ne finance aucun développement réel. Au contraire, le « libéraux » au pouvoir à Alger ont démantelé les industries d’ après l’indépendance, et l’Algérie achète tout à l’étranger : vêtements, nourriture, outils. Le chômage est massif, et le désir d’émigration aussi dans la jeunesse, notamment les diplômés sans emploi. Ce régime politique algérien, malgré son discours parfois nationaliste jusqu' à l’outrance, est le meilleur possible pour l’impérialisme mondial avec lequel il a partie liée. 2) Tout autre est le comportement des pouvoirs progressistes d’Amérique latine, qui ne cessent de provoquer la colère des impérialistes des USA, non seulement par leurs discours, mais surtout par leurs actes. Chavez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie, bénéficient du gonflement des prix des matières premières, pétrole pour Caracas, étain et autres minerais pour La Paz. Dans les deux cas, cette « rente » a permis de mettre en place des aides efficaces aux plus pauvres, source de popularité que répète chaque scrutin, malgré les efforts d’une droite bourgeoise qui contrôle souvent les médias. Reste à se poser une question essentielle pour la pérennité de ces expériences de « socialisme du 21ème siècle » : les bénéfices actuels de l’exploitation des ressources minérales et énergétiques exportées, au-delà de la redistribution égalitariste et clientéliste, serviront-ils à développer des industries de transformation qui assureraient la rupture avec la relation impérialiste toujours dominante ? Selon les observateurs, la Bolivie de Morales œuvre clairement dans cette optique, prévoit dès aujourd’hui les lendemains industriels et agricoles de ressources minérales non renouvelables, et dont les cours mondiaux peuvent un jour s’effondrer ; ils sont plus dubitatifs sur l’avenir industriel du Venezuela, un peu trop sûr peut-être de sa pérennité pétrolière. 3) On peut appliquer la même grille de lecture aux interrogations omniprésentes sur le rôle nouveau de la Chine en Afrique et dans le monde. En un demi-siècle, la Chine, arriérée économiquement et soumise à l’impérialisme occidental, est devenue la deuxième puissance industrielle au monde, grâce notamment à son énorme masse d’hommes et, ne l’oublions pas, à la Révolution communiste de 1949. « Atelier du monde », elle a, de ce fait, rompu avec le rapport de domination impérialiste. Mieux, son existence même de puissance « émergente » a entraîné la flambée du cours mondial des matières premières, au détriment des puissances impérialistes et au profit de certains autres pays du Sud qui en sont producteurs. Ces constats n’interdisent pas de juger discutables les méthodes utilisées par le pouvoir chinois pour parvenir ces dernières décennies à une croissance ultra-rapide : envolée d’un capitalisme chinois lié aux capitaux occidentaux investis dans le pays, inégalités sociales structurelles puisque ce sont les coûts très bas de la main d’œuvre qui permettent d’inonder le monde de produits bon marché. Les publications chinoises d’inspiration officielle se félicitent notamment d’une intervention massive en marchandises, en contrats divers, dans les pays africains, où jusque-là, seules les sociétés occidentales exploitaient richesses et minerais, en situation de monopole. Il est vrai que la concurrence chinoise permet aux états africains de négocier plus cher l’exploitation de leurs ressources, au Congo, Angola, Gabon, Niger, Soudan, etc. Il est vrai aussi que ce sont souvent des accords de troc, l’exploitation de minerais étant rétribué en réalisations d’infrastructures, routes, voies ferrées, ports, etc. (cf. Peter Franssen, « Où va la Chine », Études marxistes, Anvers 2007). Mais ces interventions chinoises en Afrique ne sont pas obligatoirement une rupture avec l’impérialisme antérieur : la plus-value des royalties ne profite pas toujours à la population, mais souvent à l’enrichissement des minorités privilégiées (par exemple, au Gabon, pays riche peuplé de pauvres) ; les colonialistes eux aussi construisaient des infrastructures ferroviaires et portuaires, pour permettre l’exportation des richesses minérales (Congo-Océan et port de Dakar datent des années 1930). Seuls des contrats apportant au pays africain partenaire des usines de transformation textile, métallurgique, etc., constitueraient une rupture avec le modèle impérialiste. L’inondation du marché local par des produits importés de Chine, dans le cadre de l’OMC, sont au contraire le meilleur moyen de tuer toute velléité de production manufacturière locale. Les petites motos chinoises qui se multiplient dans les villes comme Ouagadougou, Bamako ou Kinshasa peuvent être un excellent remède à l’engorgement automobile, mais l’objectif anti-impérialiste ne peut être que la fabrication sur place de ces véhicules. L’intrusion de la Chine en Afrique (comme d’ailleurs celle d’autres puissances émergentes :Inde, Corée, Brésil, etc.) peut être positive ou négative : tout dépend de la capacité de négociation du partenaire africain, et de son attachement au développement réel. Elle est, en tout cas, une chance à saisir pour le continent le plus maltraité par l’impérialisme depuis des siècles. LA RENCONTRE BENJAMIN NETANYAHU-MAHMOUD ABBAS :
UN MONTOIRE EN PALESTINE ? A la « conférence » convoquée par l’Empire US, se font face un Etat, Israël et le « roi nègre » de sa colonie. Nous sommes même loin de « l’autodétermination », proposée en 1959, par Charles de Gaulle aux Algériens en lutte. Netanyahou, lui, consent à converser avec un Palestinien à sa botte et se refuse à tout contact avec la Résistance, qualifiée « d’organisation terroriste ». Comment se présente en effet la situation ? D’un côté, il y a un Etat qui se
veut « Juif » et qui revendique, pour son peuple, un droit divin
à disposer de l’ensemble de la Palestine. Pour ce faire, l’armée
israélienne occupe tout le territoire, sauf une bande de terre encerclée,
soumise au blocus des plus rigoureux, un genre de village gaulois où
une bande d’Astérix locaux refuse la soumission à l’empereur.
PALESTINE, AFGHANISTAN, ETC… : UNE NOUVELLE STRATÉGIE US ? Obama est allé recevoir son prix Nobel de la Paix, en
chef de la première puissance militaire au monde, et juste après
l’annonce de nouveaux renforts à Kaboul. Piteusement, il s’est
posé en philosophe de la guerre juste, au nom de la lutte contre le nouveau
nazisme, camouflé en barbe et turban : du Bush dans l’idéologie,
sinon dans le style. Et certains de nos beaux esprits, du Figaro à Libération,
de TF1 à FR3, font mine de le découvrir, après l’adulation
béate : ce politicien chevronné peut lui aussi faire l’inverse
de ce qu' il dit, au point de perdre tout crédit parmi les millions
de jeunes américains rêveurs et pacifiques qui l’ont élu. Ces temps derniers encore, la « nouvelle stratégie
» mondiale d’Obama pouvait passer pour une démarche audacieuse,
freinée par les pesanteurs de « l’establishment » US.
Le bilan des faits aujourd’hui est cruel pour les naïfs impénitents
qui prenaient leurs désirs pour des réalités : au Moyen
Orient, où l’Etat colonial d’Israël, tenu à bout
de bras par les armes et les capitaux US et d’occident, impose plus encore
sa loi au peuple palestinien, par suprématie militaire et économique,
les USA interdisent tout progrès vers la paix en acceptant la multiplication
des colonies en Palestine. En Irak, dévasté, livré aux
conservateurs intégristes, le retrait de soldats US, partiel, laisse
place à la curée des grands pétroliers, charognards du
profit, qui vont pouvoir y exploiter l’or noir, à leur avantage,
sans que cela donne naissance à la moindre industrie de transformation.
L’Irak qui, il y a quarante ans, émergeait du sous-développement,
y retourne, redevient simple producteur de matières premières,
délabré, livré aux haines tribales et «religieuses
». Le peuple irakien a bien perdu la guerre que lui a imposé l’impérialisme,
et les vainqueurs sont la Shell, Halliburton, ou le français Total !
En Afghanistan, c’est bien pire. Tout en fixant le retour des forces US en juillet 2011 (avant les élections de mi-mandat aux USA, qui ont été gagnées par la droite républicaine), Obama a décidé d’envoyer dans l’enfer afghan 30 000 soldats de plus, et de « gagner la guerre » ( !). Retour en arrière d’un généreux pacifiste contraint par les événements ? Ce pourrait être vrai s’il n’y avait les précédentes décisions d’Obama, les 22 000 de février 2009 : sur les 100 000 GI déployés en Afghanistan, les deux tiers y ont été expédiés depuis l’élection du « Prix Nobel de la Paix », comme le souligne le New York Times. Par ailleurs, cette plongée en eaux profondes d’une guerre d’invasion qui ne peut être gagnée tant le peuple est acquis à ceux qui résistent aux occupants (et ne sont pas tous « taliban ») ne se fait pas qu' avec des renforts classiques en troupes régulières. Aux dernières nouvelles, plus de 70 000 employés des sociétés militaires privées ( Military Professional Ressources Incorporated) participent aux côtés des forces de l’OTAN, comme d’autres continuent de le faire en Irak. A côté d’eux, les contingents européens (10 000) ne sont qu' un apport moindre, limité géographiquement et d’une haute symbolique. Ajoutons, pour être plus clair encore, que la guerre d’invasion peut aujourd’hui prétendre parfois se passer de présence humaine sur le terrain, grâce aux drones de guerre, ces mini avions sans pilotes, bourrés de caméras, dont les images sont reportées en temps réel à des centaines ou des milliers de kilomètres, jusqu' à un poste de commandement d’où l’on peut alors détruire la cible, à l’aide d’un missile. Avec évidemment les quelques bavures d’usage, quand des Allemands de l’OTAN, au chaud dans leurs fauteuils, font par exemple sauter des dizaines de villageois en train de s’approvisionner à un camion citerne… Les « war drones » sont régulièrement utilisés par les forces US contre les villages afghans, soupçonnés de collusion avec les taliban (elles ne contrôlent en convois que les axéès routiers), mais aussi dans les régions dites « tribales » du Pakistan : on l’avoue moins, car c’est dans un territoire extérieur, dans un pays avec lequel les USA ne sont pas en guerre, et malgré les condamnations des dirigeants pakistanais, qui savent ces « actions pirates » contre productives politiquement. Notre monarque Sarkozy, un des ultras de l’OTAN, sait l’opinion française réticente à l’envoi de plus de chair à canon dans ce conflit perdu. Mais ses actes parlent pour lui : « pas de soldats, mais des gendarmes ( !), instructeurs des troupiers afghans » (qui très souvent ne rêvent que désertion). Et les drones français permettent de visualiser à la base de Creil, 80 kilomètres au nord de Paris, des cibles qu' on peut détruire sans quitter les bords de l’Oise : le préposé était il y a quelques semaines à la télé, tout fier de nous montrer quelques Afghans en train de courir se cacher, supposés être taliban, fuyant la menace aérienne, en insectes affolés… La guerre coloniale ou impériale ne fut jamais fraîche et joyeuse, malgré les chansons. Mais celle là est peut-être la pire jusqu' à présent : perdue déjà par l’occident, féroce et absurde, gouffre humain et financier, elle s’apprête à broyer les espoirs du peuple américain autant que ceux du peuple afghan.
après le retrait de l'Espagne en 1975, le Sahara occidental a été occupé par le Maroc en toute illégalité comme l'a confirmé la Cour internationale de justice de La Haye dans un avis rendu en octobre 1975. 35 ans après, aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En 1991, le Maroc et le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, ont conclu un accord, sous les auspices des Nations Unies, fondé sur un cessez-le-feu suivi d'un référendum d'autodétermination. Depuis, le Maroc refuse de respecter ses engagements et multiplie les manœuvres d'obstruction, avec le soutien du gouvernement français, pour empêcher ce référendum. En juin 2007, le pouvoir marocain a dû accepter des négociations directes avec le Front Polisario sous l'égide de l'ONU. Tout en participant à ces négociations, mais sans la volonté de respecter le droit international, le Maroc poursuit sa politique de répression contre la population sahraouie des territoires occupés. Le 8 novembre 2010, le jour même de l'ouverture d'une nouvelle rencontre Maroc-Polisario, le pouvoir marocain a lâché ses policiers, ses militaires et ses colons armés contre les Sahraouis. Le camp de Gdeim Izik, où s'étaient réfugiés plus de 20 000 Sahraouis pour protester contre la répression et la détérioration de leurs conditions de vie et de travail, a été encerclé puis incendié, les Sahraouis pourchassés et tabassés. Depuis le 8 novembre, la répression se poursuit avec de nouvelles arrestations. Plus de 160 militants sont poursuivis devant les tribunaux, dont 20 qui risquent la réclusion à perpétuité. Des observateurs internationaux, des journalistes, des avocats et des parlementaires sont expulsés. Le Maroc veut pouvoir réprimer et emprisonner sans témoin! La mobilisation internationale de soutien au peuple sahraoui a amené le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir en session extraordinaire mais la France a mis son veto à l'envoi d'une commission d'enquête internationale. Une fois de plus, le gouvernement français, qui reste sourd aux souffrances du peuple sahraoui, se fait le porte-parole du Maroc. Déjà, en avril 2010, il avait fait échec à l'extension du mandat de la mission des Nations Unies au Sahara occidental (Minurso) à la surveillance des droits de l'homme. Il ne se contente pas d'empêcher toute enquête sur les exactions de l'armée et de la police marocaines dans les territoires occupés, il appuie ouvertement le projet d'autonomie du Maroc qui bafoue le droit international comme le reconnaît ouvertement l'ambassadeur de France au Maroc: "Pour nous, la proposition marocaine d'autonomie, sérieuse et crédible, est celle qui doit permettre d'aboutir à un règlement de cette affaire". De son côté, l'Union européenne, sous l'impulsion de la France, maintient un "statut avancé" avec le Maroc et se contente de faibles protestations verbales sans acte concret qui pourrait être la suspension de l'accord d'association UE-Maroc ou le non renouvellement de l'accord de pêche. En étant l'avocat zélé des positions marocaines, la France empêche la résolution du conflit et devient le principal obstacle à la paix dans cette région du Maghreb. Ancienne puissance coloniale, elle veut garder le Maroc sous sa coupe. Les gouvernements français successifs, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont toujours eu le souci de défendre les intérêts économiques, commerciaux et financiers des firmes installées au Maroc ou exportatrices. Premier partenaire commercial du Maroc, la France est également le premier créancier public et le premier investisseur étranger (industrie, banques, immobilier, tourisme). Une grande partie de l'économie marocaine est sous le contrôle de capitaux français, notamment dans l'hôtellerie, l'automobile, les télécommunications, l'environnement, sans oublier les ventes d'armes. Comme l'a souligné fort justement le député communiste Jean-Paul Lecoq à l'Assemblée nationale: "Pour le gouvernement, le marché l'emporte largement sur les droits humains, le commerce l'emporte sur l'autodétermination". après 35 ans d'occupation marocaine ou d'exil dans des camps de réfugiés, le peuple sahraoui ne supporte plus ce statu quo. Il aspire à vivre normalement et à recouvrer sa souveraineté sur son territoire en menant à terme le processus de décolonisation. Cela passe par le référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de décider librement de son avenir. Aujourd'hui, il ne suffit plus d'adopter des résolutions, il faut des actes concrets d'une grande fermeté et exercer des pressions sur le Maroc, pouvant aller jusqu'à des sanctions, pour qu'il respecte ses engagements et applique le droit international. Si leurs droits continuent à être bafoués, les Sahraouis ne risquent-ils pas de répondre à l'inertie coupable des instances internationales et à la complicité des puissances occidentales avec le Maroc en choisissant d'autres moyens d'action que la diplomatie et la négociation, comme la reprise de la lutte armée? OÙ EN EST L’IMPÉRIALISME FRANÇAIS ? Il existe toujours, surtout en Afrique, multiforme et
prédateur comme il y a 30 ans. La dimension économique demeure importante. Les sommes versées par l’état français au titre de « l’aide publique au développement » (APD) tournent aujourd’hui autour de 0,33% du PIB, ce qui correspond à la moyenne des états européens, mais dépassent de loin celles consacrées à l’APD par les Etats-Unis (0,10 % du PIB). Ces aides ont pour but premier de créer des marchés aux entreprises françaises ; une partie de l’APD revient en France, dans les caisses de sociétés comme Bouygues, Bolloré ou Delmas, attributaires de grands travaux en Afrique. La France demeure le premier fournisseur et le premier client de l’Afrique , surtout de matières premières agricoles (arachide, cacao, coton) ou industrielles (minerai de fer, d’uranium, diamants, bois), qui ont perdu depuis 1980 une grande partie de leur valeur face aux produits usinés importés ; Dans certains pays d’Afrique (le « Pré-carré »), les sociétés françaises dominent l’économie (le tiers du capital en Côte d’Ivoire, le pétrolier Elf au Gabon et Congo-Brazza, etc.) Les privatisations en cours depuis 10 ans (eau, électricité, téléphone) ont accru cette emprise . Depuis 1960, l’impérialisme français en Afrique est militaire. Dès l’indépendance, une dizaine d’états ont avec la France des « accords de défense » qui donnent à l’ancienne métropole coloniale le droit d’intervenir militairement dans le pays africain signataire « pour sa défense intérieure et extérieure » ; à partir de 1960, la France dispose en Afrique de bases, au total plus de 8 000 hommes en 1997. Entre 1960 et 1998, la France a accompli 60 interventions militaires en Afrique, dont 6 seulement répondant à une agression extérieure. 23 de « maintien de l’ordre », 14 aboutissant à un changement de régime et 16 qualifiées, souvent abusivement, d’humanitaires. C’est dire que cet interventionnisme militaire a eu pour objectif essentiel d’assurer l’accession ou le maintien au pouvoir de gouvernements africains favorables à l’alignement sur la France. après un timide désengagement en 1998 par le gouvernement Jospin ( la désastreuse opération Turquoise au Rwanda en 1994 n’avait réussi ni à maintenir le régime en place allié de la France , ni à empêcher le génocide) a eu lieu le réengagement militaire de la France avec Chirac : en 2004, près de 10 000 soldats français sont en Afrique, le plus fort contingent occidental dans le continent. Au Tchad, l’intervention militaire directe de la France au service du dictateur Deby, lui a permis de conserver le pouvoir, et elle y est toujours présente en 2011. Par ailleurs la France, depuis l’indépendance,
forme les cadres des armées et gendarmeries de ses partenaires africains :
aujourd’hui encore, elle y consacre environ 30 millions d’euros
par an. L’impérialisme a toujours eu une dimension migratoire. Les énormes progrès de la société française durant le 20ème siècle n’ont pu être faits que grâce aux travailleurs émigrés venus du Maghreb et d’Afrique noire peupler les usines françaises (et parfois les bidonvilles !) ; Du fait des mutations de l’économie française à partir des années 80, cette émigration africaine a diminué en nombre et changé de nature en se perpétuant. La France se ferme aux migrants non qualifiés qui formaient autrefois le peuple des O.S. chez Renault ou Citroën, mais elle continue à ponctionner en Afrique des gens qu' elle n’a pas eu la peine de former, qualifiés et souvent attirés par le mirage occidental de prospérité générale que répandent en Afrique cinémas et télévisions. Les migrations actuelles, véritable pillage des cerveaux et des capacités africaines, sont une des formes de l’impérialisme aujourd’hui. LA POLITIQUE MIGRATOIRE DE LA FRANCE La politique du pouvoir de Sarkozy à l’égard
de l’immigration a deux aspects, qui peuvent paraître parfois contradictoires,
et qui sont en fait complémentaires. fricains ou asiatiques, de fuir le chômage ou les persécutions dans leur pays d’origine. Car depuis les indépendances, contrairement à ce que disent les nostalgiques de l’empire colonial, les pays autrefois colonisés ont fait d’énormes progrès en matière d’éducation : il y a aujourd’hui en Algérie, au Mali, au Sénégal, dix fois plus de professeurs d’université et grandes écoles qu' il n’y avait d’étudiants en 1960. Ces universités forment des milliers de diplômés scientifiques ou littéraires chaque année. Mais une bonne partie sera sans emploi, parce que leur pays est resté sans industries de transformation, et simplement fournisseur de matières premières pour l’occident industriel, comme à l’époque coloniale. Par ailleurs, le FMI et la Banque mondiale imposent aux pays du sud, s’ils veulent le moindre crédit, de limiter au maximum les emplois publics d’éducation de santé, etc… Le résultat de cette nouvelle forme de la traite, conséquence directe de l’impérialisme mondial est parfois effarant. Le journal algérien El Watan en donne la mesure pour son pays : depuis 1989, 80 000 diplômés ont quitté l’Algérie ; près de 50 000 cadres algériens font profiter de leurs compétences les USA ou le Canada ; 7 000 médecins et 3 000 informaticiens qualifiés sont établis en Europe. Selon le scientifique Abdelkader Djeflat, on peut estimer l’apport des compétences algériennes aux pays d’accueil à 45 milliards de dollars annuels. Savez-vous qu' il y a plus de médecins béninois à l’extérieur qu' au Bénin ? Dénoncer ce pillage des hommes des pays « du Sud », notamment africains, par les grandes puissances mondiales, y compris la France, ne contredit en rien notre attachement au droit de tout homme de se déplacer vers le pays de son choix, prévu par la Charte Universelle de 1948, même s’il est logique que chaque nation ait le pouvoir de réglementer les modalités de ces déplacements. Mais pour que ce droit ne soit pas vide de sens, il faudrait que chacun ait la possibilité de vivre dans son pays de son travail, et en sécurité. Ce n’est actuellement pas le cas pour des millions d’hommes et de femmes d’Afrique ou d’ailleurs, acculés à la misère, au chômage, aux persécutions, parce que leur pays a hérité de la période coloniale et des pressions impérialistes le sous-développement économique, l’absence d’industries et d’agricultures nourricières. Les hommes ne quittent pas leur pays d’origine par plaisir, ou caprice, mais parce qu' ils ne peuvent y vivre normalement. Le monde court à l’apocalypse, si les pays du Sud ne peuvent à terme développer industries de transformation et cultures vivrières. Notre devoir de citoyens des pays développés économiquement est d’exiger de nos gouvernements de les y aider. La France consacre chaque année environ 20 milliards
d’euros à des dépenses d’impérialisme militaire,
qui sont à la fois injustifiées, dangereuses pour la paix, et
coûteuses. Le bon sens voudrait au contraire : Enfin, l’impérialisme contemporain, se manifeste par des délocalisations vers les pays d’Afrique à bas salaires et forts taux de profits. Les salariés malgaches des « zones franches » fabriquent des tee-shirts qui se vendent à Paris l’équivalent de leur salaire mensuel. ! Ces délocalisations qui démantèlent la classe ouvrière en France, ne se font pas au profit des peuples d’Afrique ; on transfère des emplois, pas le centre de décision des entreprises, et ces créations de postes de travail sous-payés sont toujours temporaires : on trouvera toujours moins cher ailleurs… D’autre part, les entreprises délocalisées produisent à moindre coût pour la clientèle occidentale, pas pour les consommateurs du pays. L’impérialisme français est donc toujours très présent en Afrique, et tout aussi prédateur qu' autrefois. Mais le concept de « Françafrique » pour le caractériser est réducteur car il se réfère souvent à un système de réseaux ancien qui évolue très vite ; et surtout parce qu' il limite les responsabilités en Afrique au seul impérialisme français, alors que celui-ci agit dans le cadre d’un système impérialiste mondialisé, en concertation avec des organismes internationaux (Banque Mondiale et FMI, OMC, OTAN et Communauté européenne, ONU) et en compétition avec d’autres impérialismes, à commencer par celui, conquérant en Afrique, des USA. CÔTE D’IVOIRE : DES CENTAINES DE MORTS ; POUR QUI, POUR QUOI ? Les dramatiques évènements de la Côte d'Ivoire ont eu un curieux traitement médiatique en France; télévisions et journaux « bien pensants » ont claironné dès le départ le discours va t'en guerre de Sarkozy et ses ministres, sur la nécessité d'installer au pouvoir les paladins du monde occidental, Ouattara, ex-directeur adjoint du FMI, Soro, ex-chef des insurgés du Nord toujours en armes, élus, on vous le jure, avec une majorité certaine, puisque les intéressés le disent. Depuis un mois, le matraquage médiatique en faveur d'Ouattara a été indécent en France. Plus curieux a été, durant tout le mois de décembre, le mutisme presque total des analystes « progressistes », anti-impérialistes », appelons les comme on veut, qui, d'ordinaire, réagissent aux désastres africains avec célérité: pas d'analyses claires, ou peu, au PCF, dans l'Humanité, ou dans les multiples canaux internet qui foisonnent aujourd'hui. L'embarras était perceptible, on ne pouvait affirmer à Abidjan qui était le gentil agressé, qui le méchant agresseur, dans un conflit chaque jour plus hargneux: seul le perdant est évident, il se nomme le peuple ivoirien. Il a fallu attendre les communiqués de la plupart des partis progressistes de la région pour avoir enfin une dénonciation nette du jeu de l'occident et de ses alliés en Côte d'Ivoire. Il faut donc rappeler quelques évidences occultées par les médias: . Dans la compétition électorale enfin réalisée en Côte d'Ivoire, après 5 ans d'attente, le candidat de l'occident, d'autant plus fidèle aux prescriptions de l'impérialisme, du FMI, qu'il en fut un des dirigeants, était Ouattara, soutenu au surplus par Bedié, héritier de l'anticommuniste Houphouet Boigny, et par les sécessionnistes en armes du nord du pays, les « Forces Nouvelles », groupes armés toujours présent dans la région. Au second tour de l'élection, tout électeur anti-impérialiste ivoirien ne pouvait que voter pour le concurrent d'Ouattara, même sans illusions. Laurent Gbagbo, président sortant, a un passé de militant progressiste, des liens avec certains socialistes « de gauche ». Il a indéniablement tenté au début de son mandat quelques réformes socialistes progressistes (couverture médicale), mesures avortées du fait de l'effondrement économique du pays. Ses mauvaises relations avec la France officielle (dès Chirac et Villepin), et même le déclenchement de l'insurrection des « Forces Nouvelles » au Nord ont débuté quand il a ouvert par appel d'offres les grands travaux du port d'Abidjan aux concurrents extérieurs (Chinois), alors qu'ils étaient jusque là un marché réservé aux entreprises françaises (Bouygues, etc). Ceci étant, le nationalisme borné de Gbagbo et son entourage matiné d'évangélisme à l'américaine, a très largement dérivé vers le verbiage démagogique, voire xénophobe, et la volonté de se maintenir à tout prix au pouvoir, quelles que soient les conséquences pour la population. L'élection ivoirienne de fin 2010 montre les mensonges du discours occidental qui confond le pluripartisme et la démocratie, en Afrique et ailleurs. Qu'a de démocratique un scrutin où l'on n'a le choix qu'entre deux candidats néfastes politiquement? Quelle démocratie existe-t-il quand la majorité des électeurs sont si misérables qu'il suffit d'un tee-shirt ou d'un bol de riz pour acheter un vote? Est-ce un choix démocratique quand l'absence d'enjeux clairs sur les programmes aboutit à des votes suivant l'ethnie ou la religion (Nord musulman contre Bétés animistes ou chrétiens)? Les pressions, y compris physiques, n'ont pas manqué à Abidjan où les partisans de Gbagbo sont majoritaires; mais, contrairement à ce que dit la télé française, les résultats proclamés sont-ils si purs dans le Nord contrôlé par les militants en armes des Forces Nouvelles? On peut accorder un crédit limité aux affirmations contraires des protagonistes. Mais il est en tout cas certain que le peuple ivoirien a tout à perdre à une guerre civile, ou à une partition du pays, que certains en Occident souhaitent, comme ils le souhaitent au Soudan (indépendance programmée du Sud), voire au Congo, pour faciliter leurs affaires. Le problème ne peut être résolu que par les Ivoiriens, par la négociation entre protagonistes, éventuellement par l'arbitrage de l'Union Africaine, et pas de quelques chefs d'état pro-occidentaux de la sous-région (Wade, Boni et le CEDEAO). Mais toute intervention étrangère armée au profit d'un protagoniste ne peut que déboucher sur un sursaut nationaliste et un bain de sang. C'est à cela que risquent d'aboutir les proclamations irresponsables de Sarkozy, alors que la France et ses soldats -ex-puissance coloniale qui fit déjà tirer sur les manifestants ivoiriens à Abidjan sous Chirac- est totalement disqualifiée pour intervenir dans un conflit interne. Un des soutiens de Gbagbo, parfois moins bien inspiré, n'avait pas tort de rappeler que le Président ivoirien n'était pas un sous-préfet français aux ordres de l'Elysée. DES IMPÉRIALISMES QU'ON PEUT COMBATTRE Ce sont là les tendances inhérentes à
l'impérialisme, qui porte en lui la guerre et la mort autant qu'au début
du 20ème siècle, mais cette tendance peut être combattue,
et parfois stoppée. |