Chroniques de
la nouvelle guerre froide
Comaguer
Premier acte : L’ELECTION
PRESIDENTIELLE IRANIENNE
La campagne médiatique mondiale contre la réélection
d’AHMADINEJAD à la Présidence de la Ré »publique
islamique d’Iran avec fort grossissement électronique des manifestations
a été suivie d’aveux d’Hillary CLINTON reconnaissant
une forte implication des Etats-Unis dans les activités de l’opposition
iranienne. L’opération a fait long feu, AHMADINEJAD à peine
réélu a été accueilli chaleureusement au sommet
de l’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI tenu à Ekaterinenbourg
en Russie et les richissimes ayatollahs affairistes et pro-occidentaux conduits
par RAFSANDJANI sont, après quelques contorsions, rentrés dans
le rang en attendant peut-être des jours meilleurs.
Deuxième acte : L’ARCTIC
SEA
Le coup tordu monté par des services secrets étrangers
(israéliens ? Ukrainiens ?) avec des complicités chez leurs homologues
russes qui ne sont pas encore complètement guéris de la folle
période (1991-2000) où des pans entiers de ces services s’étaient
mis à leur compte et se préoccupaient plus de remplir leurs comptes
dans diverses oasis fiscales que de défendre leur pays, était
destiné à faire croire que l’Iran allait recevoir clandestinement
des missiles russes pour donner une ultime justification à l’attaque
militaire contre ce pays que l’actuel gouvernement israélien comme
le précédent trépigne d’impatience de lancer.
Un rapide regard sur une carte suffit à montrer le ridicule
de cette hypothèse. Cacher des missiles sous une cargaison de bois chargée
en Finlande et destinée officiellement à l’Algérie
et ensuite prolonger le voyage vers un port iranien du Golfe Persique est une
idée vraiment saugrenue. Si la Russie veut livrer des missiles à
l’Iran il lui suffit de traverser la mer Caspienne , mer fermée
où ne pénètre aucun navire de guerre ni des Etats-Unis,
ni de l’OTAN ni aucun sous-marin israélien alors que faire livrer
ce matériel dans un port de la côte iranienne du Golfe Persique
consiste à faire passer un navire d’abord dans le Golfe d’Aden
où la chasse aux pirates mobilise toutes les marines du monde (OTAN,
Russie, Inde, Chine) et ensuite dans le Golfe Persique mer sous haute surveillance
truffée de navires « ennemis » dans la mer la plus militarisée
du monde.
L’opération a fait chou blanc puisque c’est
la marine russe qui a récupéré, au nez et à la barbe
de toutes les flottes de l’OTAN, sur et sous l’eau, l’ARCTIC
SEA , sa cargaison et son ou ses équipages. (Cette question du ou des
équipages est encore obscure mais tous ces personnages sont entre les
mains des procureurs russes). Le navire a été pris en remorque
et arrivera sous peu dans le port russe de Novorossiysk sur la Mer Noire.
Le plan de « l’orchestre noir » était
de faire capturer l’ARCTIC SEA par les flottes de l’OTAN et de présenter
au monde éberlué des images bidonnées de faux missiles
russes sous la cargaison de bois. La Russie se serait retrouvée en position
d’accusé, de complice de l’Iran et le bombardement de l’Iran
aurait trouvé une nouvelle justification. Le coup, s’il avait réussi,
était de l’ampleur du mensonge sur les « armes de destruction
massive » irakiennes.
La rencontre officieuse entre NETANHYAOU qui s’est précipité
à Moscou après la capture du navire et POUTINE (bien que la partie
russe ait refusé de confirmer cette visite éclair du premier ministre
israélien) n’a pas du manquer de piquant.
Troisième acte : LA
NOUVELLE DONNE STRATEGIQUE
Ces deux loupés magistraux n’ont pas empêché,
voire même ont accéléré la nouvelle opération
anti-iranienne du couple USA-ISRAEL qui vient de débuter. Il s’agit
de l’annonce par OBAMA et par le secrétaire à l’ATTAQUE
(appelé aux Etats-Unis secrétaire à la Défense)
ROBERT GATES de la nouvelle politique anti-missiles des USA. Elle comporte deux
volets :
Premier volet : annonce de
l’abandon du projet de bouclier anti-missile qui devait être installé
en Pologne et en République tchèque. Cette annonce satisfera ceux
qui, dans ces deux pays, se sont mobilisés contre cette installation
et qui méritent un coup de chapeau. Elle satisfera aussi ceux qui, dans
l’appareil militaro-industriel US doutaient de la faisabilité et
de la fiabilité de ce bouclier. Enfin elle permettra à l’appareil
de propagande US de faire croire qu' OBAMA est moins belliciste que BUSH.
Second volet : l’annonce
du remplacement du bouclier anti-missiles statique au sol par un dispositif
de missiles anti-missiles SM3 embarqués sur des destroyers de la classe
AEGIS qui pourraient donc s’approcher au plus prés des objectifs
iraniens et au moins, comme l’a indiqué GATES, en Méditerranée
Orientale , c’est-à-dire au large des côtes de la Syrie,
du Liban et d’Israël, dés 2011. De quoi panser les plaies
moscovites de NETANYAHOU !
Les premières réactions russes sont mitigées.
Satisfaction d’un côté puisque la Russie a passé son
temps depuis l’annonce du projet de bouclier à dire que si l’Iran
était l’ennemi visé, comme l’affirmaient et continuent
de l’affirmer politiques et militaires US, OBAMA en tête, elle comprenait
mal pourquoi le bouclier était installé le long de la frontière
russe bien loin de l’Iran. Méfiance de l’autre car si les
destroyers AEGIS peuvent circuler en Méditerranée ils pourraient
aussi le faire au large des côtes russes de la Mer Noire et GATES laisse
entendre que dans une phase ultérieure les missiles SM3 pourraient être
installés au sol en Europe
La rhétorique d’OBAMA fait de plus en plus penser
à celle du Prince Salina dans le roman « LE GUEPARD » où
il explique comment doivent agir les conservateurs pour se maintenir au pouvoir
: « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout
change ».
Source : Bulletin n° 211– semaine 38– 2009
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