Fascisation rampante!

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publié le 20 juillet 2019
mis à jour le : 3 Août, 2019

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Sous ce titre "Fascisation rampante" nous publions quatre article. Leur regroupement se justifie par le fait que s'ils concernent cinq pays différents (Espagne, Grande-Bretagne, USA, Allemagne, France) dans tous les cas il s'agit d'une volonté partagé de faire taire tout ce aui peut d'une façon ou d'une autre alimenter la réflexion critique, l'esprit de résistance et la résistance elle même, ainsi que tout esprit de solidarité.

Une accusation visant à réprimer la solidarité internationaliste

Angeles Maestro est militante de Red Roja, ex-députée de IU au Congrès des Députés (1989 et 2000), médecin, communiste, militante antifasciste et contre la guerre. Elle a fait de l’internationalisme une cause permanente.

Le procès contre Nines Maestro et deux autres militantes camarades [pour avoir collecté de l'aide solidaire destinée à la Palestine] représente une mesure légale de criminalisation d’un acte solidaire. Quand, au début de l’année, une telle accusation de financement du terrorisme semblait déjà sans précédent, voilà que le 14 juin dernier on apprenait que l’Audiencia Nacional avait rejeté la demande de non-lieu formulée par la défense. Dans des déclarations adressées à la presse, Nines Maestro a clairement déclaré : "Nous n’avons fait que collecter des fonds pour l’aide humanitaire en Palestine après les attaques israéliennes à deux reprises. Une mi-2014 et une fin 2015. Rien de plus. Nous avons d’abord remis les fonds recueillis à Leila Khaled, puis à un représentant de l’Autorité nationale palestinienne. Nous n’avons jamais pensé que nous aurions un procès pour financement du terrorisme. ça n’a aucun sens".

PLATEFORME DE SOUTIEN à NINES MAESTRO ET LA PALESTINE

Divers collectifs et individus s’organisent contre la criminalisation de Nines Maestro et de deux autres camarades pour avoir collecté de l'aide solidaire destinée à la Palestine. La Plateforme de soutien à Nines Maestro et à la Palestine a pour objectif de coordonner et d’encourager les activités d’appui à Nines Maestro et à deux autres militantes (qui ont préféré rester anonymes) accusées de financement du terrorisme pour avoir collecté des fonds pour la reconstruction d’installations sanitaires à Gaza après les bombardements de 2014 et 2015. Après les attaques israéliennes contre Gaza, une première collecte de 5300 euros a été réalisée en 2014, et envoyée via Leila Khaled, et une seconde, de 3085 euros en 2015, qui a été acheminée par un représentant officiel de l’Autorité nationale palestinienne.

L’Audiencia Nacional a maintenant ordonné l’ouverture de poursuites pour collaboration avec une organisation terroriste, infraction qui pourrait entraîner des peines de deux à dix ans d’emprisonnement et des amendes représentant le triple du montant envoyé. Le prétexte invoqué par le tribunal - l’acheminement de l’aide solidaire par l’intermédiaire de la dirigeante palestinienne Leila Khaled, membre d’une organisation, le Front populaire pour la libération de la Palestine, que l’UE considère comme une organisation terroriste – est inacceptable. Leila Khaled est un symbole de la résistance de son peuple et elle est fréquemment invitée – comme à cette occasion-là – par des municipalités comme celles de Barcelone et Madrid et d’autres institutions universitaires et sociales.

La Plateforme de soutien à Nines et à la Palestine a été créée pour fournir des informations et diffuser l’affaire, ainsi que pour rechercher un appui aux niveaux national et international et contribuer au financement des frais de justice.

Parmi les groupes intégrés dans la plateforme, on peut citerAnticapitalistas, BDS, CGT Corredor del Henares, Iniciativa Comunista, IU Madrid Ciudad, La Comuna, Madres contra la Represión, Movimiento Antirrepresivo de Madrid, Nodo50, Paz con Dignidad, Red Roja, Sindicato Asambleario de Sanidad-Madrid. Elle est et sera toujours ouverte à l’adhésion de nouvelles organisations et de personnes désireuses de faire passer ce message clair : la solidarité internationale n’est pas un crime.

Premières actions

Une collecte de signatures de soutien a été lancée autour du Manifiesto Contra la criminalización de la solidaridad con el pueblo palestino [Manifeste contre la criminalisation de la solidarité avec le peuple palestinien] et des contacts ont été engagés avec diverses municipalités, des juristes et des artistes de tout le pays.

La Plateforme dispose déjà d’un site Web https://www.conninesporpalestina.org/ (en construction), un profil de Twiter (@PNinesPalestina) et une image d’identification qui sera diffusée dans les prochains jours :

Au cours de l’été, l’objectif de la plateforme est de faire connaître l’affaire et de mobiliser des appuis afin d’entamer une deuxième phase de diffusion et des activités coordonnées au niveau de l’état à partir de septembre, qui aboutiront à un événement de soutien plus vaste avant décembre 2019.

Au cours de la semaine prochaine, des actions de diffusion auront lieu lors des prochaines fêtes de La karmela, à Vallecas (Madrid), centralisées sur un stand d’information permanent.

Sur l’« hitlerisation » des opposants au système néolibéral

C.J. Hopkins

Publié le 13 juin 2019

Chaque fois que vous pensez que l’hystérie de l’antisémitisme fabriqué par la « corporatocratie » a déjà atteint le sommet de l’absurde, elle réussit d’une certaine façon à se surpasser. OK, suivez-moi bien maintenant, parce que c’est bizarre.

Hitler

Apparemment, l’Hitler américain et ses acolytes conspirent avec un groupe secret de « hauts personnages juifs » pour empêcher l’Hitler britannique de devenir premier ministre et d’exterminer tous les Juifs de Grande-Bretagne. Bizarre, non ? Mais ce n’est pas le plus bizarre, parce qu’il se pourrait que l’Hitler Américain veuille exterminer lui-même tous les Juifs de Grande-Bretagne, plutôt que de laisser à l’Hitler britannique le soin de le faire… Les Hitlers étant notoirement jaloux de leurs actes génocidaires.

Non, le plus bizarre est que tout le monde sait que l’Hitler américain ne fait rien sans l’approbation de l’Hitler russe, qui est lui aussi obsédé par l’extermination des Juifs et la destruction du tissu démocratique occidental. Alors pourquoi l’Hitler russe voudrait-il laisser l’Hitler américain et ses hommes de main contrecarrer la montée en puissance de l’Hitler britannique qui, en plus de vouloir exterminer tous les Juifs, veut aussi détruire la démocratie en renflouant, de manière fasciste, la sécurité sociale, en renationalisant le système ferroviaire, etc.

Tout cela n’a pas beaucoup de sens, n’est-ce pas ? Pourtant, c’est bien l’histoire officielle.

Dans « un enregistrement qui a fait l’objet d’une fuite au Washington Post », puis largement monté en mayonnaise par le reste des médias grand public, le Reichsminister des Auswärtigen, Mike Pompeo, a déclaré à un groupe de « hauts personnages juifs » anonymes que l’Hitler américain (c’est-à-dire Donald Trump) va « repousser » (c’est-à-dire intervenir) contre l’Hitler britannique (Jeremy Corbyn) pour protéger la vie des Juifs en Grande-Bretagne, au cas où l’Hitler britannique deviendrait Premier ministre (et il est fort possible qu’il le fasse déjà). L’identité de ces « hauts personnages juifs » n’a pas été révélée par les médias grand public, vraisemblablement pour les protéger d’assassinats perpétrés par l’escouade nazie dirigée par Corbyn. Qui qu’ils soient, ils voulaient savoir si l’Hitler américain et son cabinet fasciste étaient « prêts à travailler avec eux pour prendre des mesures si la vie devenait très difficile pour les Juifs » après que Jeremy Corbyn ait pris le pouvoir, se déclare Führer de la Grande-Bretagne communiste et ordonne l’invasion immédiate de la France.

Pour quiconque a suivi de près la couverture médiatique implacable du Culte de la mort nazi de Jeremy Corbyn (c’est-à-dire le Parti travailliste britannique) et de la pandémie mondiale d’antisémitisme, il n’est pas vraiment surprenant que ce groupe de « hauts personnages juifs » (qui qu’ils soient) veuille l’empêcher de devenir Premier ministre. En réalité, je doute que leurs motivations aient beaucoup à voir avec la lutte contre l’antisémitisme, ou quoi que ce soit d’autre spécifiquement « juif », mais… enfin, je suis un peu démodé de penser de cette façon. Je pense encore qu’il existe une différence fondamentale entre « les Juifs » et les classes dirigeantes capitalistes mondiales.

Je me rends compte que tant l’establishment néolibéral que la frange néo-fasciste ne sont pas d’accord avec moi, et que les deux sont déterminés (pour des raisons différentes) à confondre les deux dans l’esprit du public, mais c’est mon opinion, et je m’y tiens. Je ne pense pas que le monde soit contrôlé par « les Juifs ». Je pense qu’il est contrôlé par le capitalisme mondial.

Allez-y, dites que je suis un complotiste. Voici à quoi me fait penser la panique antisémite au Royaume-Uni.

Après près de 40 ans de privatisation et de restructuration, la société britannique est sur le point de se transformer définitivement en un cauchemar sauvage, néo-féodal et ploutocrate, comme les états-Unis le sont déjà. Les classes dirigeantes capitalistes mondiales sont extrêmement satisfaites de cette situation. Elles aimeraient maintenant terminer la privatisation de la Grande-Bretagne, afin de pouvoir privatiser le reste de l’Europe. La dernière chose dont elles ont besoin en ce moment critique est que Jeremy Corbyn devienne premier ministre et commence à essayer de transformer leur marché néolibéral naissant en une société… vous savez, où les soins de santé sont garantis à tous, où vous n’avez pas besoin d’une hypothèque pour acheter un billet de train et où les gens n’ont pas à manger dans les poubelles.

Contrairement aux états-Unis, où il n’y a pas de gauche politique fonctionnelle et où le « système biparti » non parlementaire est presque totalement contrôlé par la « corporatocratie », au Royaume-Uni il y a encore quelques socialistes démodés et ils ont repris le contrôle du Parti travailliste aux néolibéraux partisans de Blair qui avaient géré la transformation de la Grande-Bretagne en ce cauchemar néo-feodal mentionné ci-dessus. Jeremy Corbyn est le leader de ces socialistes. La « corporatocratie » doit donc le détruire, reprendre le contrôle du Parti Travailliste pour qu’il reste un faux parti de gauche, comme le Parti Démocrate aux états-Unis, et se concentre sur la lutte contre les populistes de droite. Ainsi, ils doivent « hitleriser » Corbyn, afin de pouvoir le faire rentrer dans leur récit officiel, Démocratie Vs. les Poutino-Nazis.

Et, voyez-vous, c’est ce qui rend la guerre de la « corporatocratie » contre le populisme si visiblement psychotique… au moins pour quiconque y prête attention.

Aux états-Unis, l’insurrection populiste est avant tout un phénomène de droite (parce que, encore une fois, il n’y a pas de gauche pour parler). Ainsi, les classes dirigeantes néolibérales « hitlérisent » Donald Trump, stigmatisant les millions d’Américains qui ont voté pour lui en les faisant passer pour une bande de nazis. « Hitlériser » Trump a été ridiculement facile (il s’est presque hitlérisé lui-même), mais le but ultime est de délégitimer le sentiment populiste qui l’a mis au pouvoir. Ce sentiment est avant tout néo-nationaliste. Il s’agit donc d’une opération contre-insurrectionnelle à front unique (c.-à-d. le néo-libéralisme contre le néo-nationalisme).

Au Royaume-Uni, les choses ne sont pas si simples. Là-bas, les classes dirigeantes néolibérales mènent une opération anti-insurrectionnelle contre les forces populistes sur deux fronts majeurs : (1) les Brexiters (c’est-à-dire le nationalisme) ; et (2) les Corbynistes (c’est-à-dire le socialisme). Ils sont attaqués par la gauche et la droite, ce qui fout en l’air le récit officiel (selon lequel les « ennemis de la démocratie » sont censés être des néo-nationalistes de droite). Aussi contradictoire et absurde que cela puisse paraître, ils ont donc dû mélanger le populisme de gauche et de droite en un grand ennemi hitlérien effrayant. Ils ont donc eu besoin « d’hitlériser » Corbyn. Et hop… une crise d’antisémitisme au Parti travailliste !

Maintenant, quiconque n’est pas un idiot complet sait que Jeremy Corbyn n’est pas antisémite et que le Parti travailliste n’est pas un essaim de nazis. Le fait qu’une telle déclaration doive quand même être faite témoigne de la puissance des médias grand public… mais, bien sûr, c’est le but de la campagne de dénigrement menée par ces médias néolibéraux au cours des trois dernières années.

Les campagnes de diffamation sont simples et efficaces. Le but est de forcer votre cible et ses alliés à proclamer des choses comme « Je ne suis pas antisémite », « Je n’ai jamais eu de rapports sexuels avec des garçons mineurs », ou n’importe quelle calomnie que vous voulez les forcer à nier. Vous n’avez pas à prouver la culpabilité de votre cible. Vous essayez simplement de créer une « réalité » dans laquelle chaque fois que quelqu’un pense à votre cible, il l’associe immédiatement au contenu de vos diffamations.

C’est exactement ce que les médias grand public ont fait, ou font, à Jeremy Corbyn, à Donald Trump, à Poutine et à d’autres personnages moins connus. Ils l’ont fait à Sanders en 2016. Ils le font maintenant à Tulsi Gabbard. Le but n’est pas seulement de salir ces cibles, mais aussi, et surtout, de conjurer un « monde » qui réifie le récit de ces diffamations… un monde binaire du « bien contre le mal », un monde dans lequel tout ce à quoi ils veulent accuser leurs cibles d’être liées (terrorisme, fascisme, racisme, ou autre) est l’ennemi officiel du bien.

Depuis le référendum sur le Brexit et l’élection de Trump, les classes dirigeantes racontent un monde où la « démocratie » est perpétuellement attaquée par une conspiration mondiale de « Russes » et de « nazis » (tout comme elles évoquaient auparavant un monde où elle était perpétuellement attaquée par des « terroristes »). Ils ont créé une réalité post-orwellienne où la « démocratie » (c’est-à-dire le capitalisme mondial) est la seule alternative au « néofascisme » (c’est-à-dire à tout ce qui s’oppose au capitalisme mondial).

Et c’est pourquoi Corbyn a dû être « hitlérisé », et pourquoi Poutine ; Trump ; Assad ; Gabbard ; Assange, les manifestants Gilets jaunes en France, et quiconque s’oppose au néolibéralisme mondial doit être « hitlérisé ». Le socialisme, le nationalisme… cela ne fait aucune différence pour les classes dirigeantes capitalistes mondiales. Il n’y a toujours que deux camps dans ces « mondes » que les classes dominantes nous évoquent, et il ne peut y avoir qu’un seul ennemi officiel. L’ennemi officiel du moment est le « fascisme ». Par conséquent, tous les « méchants » sont des Hitler, des nazis, des racistes, des antisémites, ou une autre variante « hitlérienne ».

Le fait que cette « réalité » qu’elles nous ont fabriquée est complètement psychotique ne la rend pas moins réelle. Et cela ne fera que s’aggraver jusqu’à ce que la « corporatocratie » rétablisse la « normalité ». Alors, allez-y, si vous vous considérez « normal », et essayez de forcer votre esprit à croire que les Juifs ne sont plus en sécurité en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France, ou aux états-Unis, et que Donald Trump est un agent russe, mais aussi, littéralement, un Adolf Hitler, et un antisémite suprématiste blanc qui conspire pourtant avec Israël et l’Arabie Saoudite dans leur campagne pour détruire l’Iran et la Syrie, qui sont pourtant des alliés de son maître russe, comme le Venezuela, qu’il menace également, et que le plan secret de Jeremy Corbyn est de transformer le Royaume-Uni en Allemagne nazie, avec le soutien de Trump, qui pourtant essaie de le détruire, que les Gilets Jaunes sont des fascistes soutenus par la Russie, que Julian Assange est un espion violeur qui a conspiré avec la Russie pour que Trump soit élu, c’est pourquoi Trump veut le poursuivre en justice, dès qu’il aura fini d’exterminer les juifs, avant de les protéger de Jeremy Corbyn ou de l’Iran, puis enfin de laver le cerveau des Noirs américains pour qu’ils le réélisent en 2020, avec l’aide d’une poignée de pubs russes sur Facebook.

Allez-y, essayez de concilier tout ça… ou peu importe, laissez tomber. Prenez n’importe quel médicament, allumez CNN, MSNBC, ou n’importe quel autre chaine médiatique grand public, et signalez-moi à la police de l’Internet pour avoir posté du contenu dangereux et « extrémiste ». Tu le sais, au fond de ton cœur, je le mérite probablement.

Source : UNZ Review Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

L’Allemagne menace un journaliste de prison s’il prend la parole sur la Palestine

Riri Hylton

publié le 11 Juil 2019

Les autorités allemandes ont interdit au journaliste palestinien-canadien Khaled Barakat de prendre la parole lors d’un meeting à Berlin de solidarité avec la Palestine, affirmant que ses discours « antisémites » constituaient une menace pour l’ordre public et pourraient nuire aux relations entre le pays et Israël.

Le militant s’est vu interdire d’assister à de futurs événements politiques et a été menacé d’un an de prison, ce qui constitue un autre succès pour le lobby israélien qui cherche à réprimer toute critique à l’étranger.

Barakat avait été invité à prendre la parole lors d’une manifestation de la communauté arabe à Berlin le 22 juin pour discuter de la libération de la Palestine et de ses conséquences pour d’autres communautés arabes, ainsi que du prétendu « accord du siècle » du président américain Donald Trump.

Mais il a été abordé par la police dès son arrivée.

« Dès que nous avons quitté la station de métro la plus proche du lieu de la réunion, mon épouse et moi-même avons constaté une forte présence policière dans le secteur, avec plusieurs fourgonnettes remplies de policiers », a déclaré Barakat à The Electronic Intifada.
« Un groupe de policiers m’a approché et un agent m’a interpellé. Il a dit : « Vous avez une réunion ici ce soir et vous êtes l’orateur … Vous ne pouvez pas prendre la parole. »
La police a conduit Barakat et son épouse à un poste de police où des représentants du gouvernement lui ont remis un document de huit pages lui interdisant toute activité politique.

Le document, publié par le Bureau d’enregistrement des étrangers de Berlin et vu par The Electronic Intifada, indique en allemand que Barakat est interdit de participer à des événements spécifiques et qu’il « impose une limite générale à votre activité politique jusqu’à votre départ de la République fédérale d’Allemagne ».
« Ils [les représentants du bureau des étrangers] m’ont dit qu’il m’était interdit de prendre la parole lors de tout événement public à Berlin et même d’assister à des réunions ou à des rassemblements », a expliqué Barakat. Il a également déclaré avoir reçu l’ordre d’éviter les événements sociaux de « plus de 10 personnes » au risque de faire face à une peine d’un an de prison.

L’épouse de Barakat est également une militante de la défense des droits des Palestiniens, mais elle n’est pas Palestinienne et elle n’a pas été inquiétée. « Après m’avoir dit de reconnaître que j’avais reçu le document, nous avons été libérés du poste de police. Nous avons également constaté une présence policière importante sur le chemin du retour », a ajouté Barakat.

Israël « Über Alles »

Le cas de Barakat est similaire à celui de la militante palestinienne Rasmea Odeh, qui a été critiquée par les médias allemands avant d’être interdite de prendre la parole lors d’un événement organisé à Berlin plus tôt cette année à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Elle a finalement été forcée de quitter le pays.

Le document officiel indique que les activités politiques de Barakat « constituent une menace pour la sécurité publique », que ses propos nuiraient « à la coexistence pacifique d’Allemands et d’étrangers », et que les relations de l’Allemagne avec Israël pourraient être « considérablement mises en danger » s’il était autorisé à parler. Le document indique également qu’il est supposé que Barakat pourrait travailler pour le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qui est répertorié dans la liste des organisations « terroristes » par les USA, Israël et l’Union européenne. Cependant, le même document reconnaît que le groupe n’est « pas interdit » en Allemagne. Israël considère pratiquement tous les partis et organisations politiques palestiniens qui résistent militairement à l’occupation comme des groupes « terroristes ».

« Si vous regardez les campagnes menées par Israël et le ministère des Affaires stratégiques contre des organisations BDS du monde entier ou Students for Justice in Palestine aux USA, ils font de leur mieux pour criminaliser tous les mouvements de soutien à la Palestine ou même simplement de défense des droits humains, en imaginant de soi-disant relations avec le Hamas et le FPLP », a déclaré Barakat. Barakat a observé que, dans le film tourné secrètement par Al Jazeera, The Lobby – USA, qui avait été rendu public, « des représentants de la Foundation for the Defense of Democracies ont plaidé ouvertement en faveur de cette tactique et nous la voyons maintenant en pratique ».

BDS est synonyme de boycott, désinvestissement et sanctions – une campagne mondiale pour les droits des Palestiniens inspirée de celle qui a permis de mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980. La Foundation for the Defense of Democracies est un « tank à idées » néoconservateur basé à Washington et dépendant du ministère des Affaires stratégiques d’Israël. Le document énumère ensuite un certain nombre de discours prononcés par Barakat en Allemagne, mais ne cite aucun exemple d’antisémitisme. Barakat estime que c’est parce que les autorités doivent « exagérer pour justifier leurs mesures répressives ».

Bien qu’il n’ait donné aucun exemple de sectarisme anti-juif de la part de Barakat, le gouvernement allemand insiste sur le fait que l’interdiction définitive de ses activités politiques est justifiée, car « le public doit être protégé des déclarations antisémites et anti-Israël auxquelles on peut s’attendre de votre part».

Crainte d’un front uni

Barakat réfute fermement l’affirmation selon laquelle son discours aurait causé des tensions entre les communautés juive et arabe à Berlin et affirme plutôt que les autorités tentent d’empêcher l’émergence d’un front uni. « Les mêmes forces qui militent pour cette interdiction politique contre moi sont impliquées dans la répression des voix juives critiquant le sionisme, la politique israélienne et la politique allemande à l’égard d’Israël », a-t-il déclaré. Barakat a noté que sous la pression du lobby israélien, le directeur du Musée juif de Berlin avait récemment été contraint de démissionner.

De plus, le compte bancaire de l’organisation Jewish Voice for Just Peace in Middle-East a été fermé. De plus, deux militants juifs de nationalité israélienne sont jugés pour des accusations criminelles aux côtés d’un militant palestinien de Gaza pour avoir interrompu un homme politique israélien qui avait soutenu l’attaque israélienne de Gaza qui avait tué plus de 2200 Palestiniens, dont 550 enfants.

Ces dernières années, les festivals de musique allemands ont également interdit les artistes internationaux qui refusent de dénoncer la campagne non-violente du BDS pour les droits des Palestiniens. Ces faits, ainsi que la récente résolution du Parlement allemand dénonçant le mouvement BDS comme antisémite, rendent de plus en plus difficile la tâche des militants de défendre les droits de l’homme des Palestiniens. Les personnes qui font face à ces attaques sont les Palestiniens eux-mêmes.

Barakat n’a pas été découragé par le racisme, les interdictions politiques et la répression croissante: « Je suis fermement convaincu que la grande majorité des Allemands est en faveur de la justice pour le peuple palestinien et rejette les crimes de guerre et l’apartheid israéliens, mais ils vivent dans la peur et je le comprends ».

Source : chronique palestine

Propos sur un colloque censuré : le révélateur d’une fascisation rampante

saïd Bouamama

Publié le 14 juillet 2019

Devant participer à la présentation les 3 et 4 juillet dernier des résultats d’une recherche sur les « Mécaniques de l'extrémisme violent » au cours d’un colloque international à visée comparative, je me suis vu interdire de participation et de parole par l’institution porteuse suite aux pressions du ministère de l’intérieur.

Cette recherche pluridisciplinaire à laquelle je contribue depuis son début s’est étendue sur 4 ans et était adossée à un dispositif d’accompagnement pour des jeunes considérés comme « radicalisés ». L’accompagnement et la recherche ont touchés 105 jeunes français et les conclusions de l’investigation devaient être mises en comparaison avec des expériences de Belgique, du Canadienne, du Brésil, des Etats-Unis et du Tchad.

La censure qui m’a touché fait suite à une « lettre ouverte à Castaner » du Rassemblement National relayée immédiatement par le Figaro, Valeurs actuelles, Français de Souche, etc., présentant les « intitulés des tables-rondes » comme faisant « transparaître une idéologie laxiste et l’éternelle culture de l’excuse chère à l’extrême-gauche » d’une part et moi-même comme « islamo-gauchiste » d’autre part.

Cette interdiction n’est pas la première. Au cours de ces dernières années plusieurs débats et un colloque ont été reportés et/ou annulés en raison de campagnes de diffamation menées par l’extrême-droite ou par le Printemps Républicain.

Cette fois-ci la capitulation immédiate à une injonction de l’extrême-droite porte sur une recherche (dont on peut certes ne pas partager la méthode ou les conclusions et en débattre) ce qui est lourd de signification. Avec les violences et arrestations subies par les Gilets Jaunes (qui sont déjà depuis de nombreuses décennies une réalité meurtrière dans les quartiers populaires), les pressions sur certains journalistes, les restrictions au droit de manifester, etc., cette censure est un révélateur d’une logique de fascisation qu’il est urgent de contrecarrer.

Je publie ci-dessous la première intervention que je devais présenter au colloque restituant quelques axes méthodologique de l’équipe de recherche. Chacun pourra ainsi se rendre compte par soi-même de son pseudo « islamo-gauchisme » et de sa « complaisance avec le djihadisme ». Les participants aux colloques ne s’y sont pas trompés en applaudissant chaleureusement mon intervention lue en mon absence. Je remercie vivement les 130 personnalités qui m’ont apportés leur soutien dans une tribune à Médiapart intitulée « En soutien à Saïd Bouamama ». Transformée en pétition celle-ci peut être signée ici

Nous reviendrons dans notre prochain article à la fois sur les résultats de la recherche et sur notre analyse de cette censure dangereuse. Voici cette intervention

Un « bricolage méthodologique » au service d’un objet complexe

Tenter, comme nous avons tenté de le faire, de saisir le processus du « devenir extrémiste violent » ou la « mécanique de l’extrémisme violent » est une épreuve redoutable dont on ne sort pas entièrement indemne en dépit des protections et garde-fous absolument nécessaire mais toujours insuffisant que nous pouvons et que nous avons posés.

L’épreuve en question n’est, en effet, rien de moins que la confrontation à l’innommable et à l’impensable : des enfants envisageant de tuer et de se tuer. Une partie de nos enfants en arrive donc à réduire leur champ des possibles qu’à une seule unique perspective mortifère.

Face à une telle épreuve nous avons formalisée de manière transdisciplinaire quelques éléments de postures méthodologiques dès l’enclenchement de notre expérience.
Celles-ci avaient pour vocation et objectifs de nous écarter des tentations par soucis de protection à savoir : la tentation de recycler sur notre objet des savoirs acquis pour d’autres objets ; la tentation de la mise en typologie inadéquate à des trajectoires aussi diverses et aussi complexes ; la tentation de la recherche de la causalité unique ou déterminante ; la tentation du choix d’un système de conceptualisation définitif.

Sans être exhaustif nous pouvons formaliser ces postures méthodologiques comme suit :

Notre première posture est celle de l’humilité. Nous sommes devant un objet et un chantier entièrement inédit sur lequel le champ des savoirs existant nous dit peu de chose quelle que soit la science sociale ou humaine mobilisée. La prétention au savoir préexistant sur un tel objet est heuristiquement inefficace, elle produit de la cécité et de la surdité aux bruits et aux vacarmes de notre réel contemporain inédit et elle rend indisponible à l’écoute d’une souffrance qui n’a plus de mots pour se dire. Le pari était dans l’Inversion de la RA en AR.

Notre seconde posture fut celle du refus de l’essentialisation. Nous ne sommes pas en présence d’un groupe humain homogène, ahistorique, sans mouvement et sans interactions avec les autres groupes sociaux. Nous sommes bien en présence de sujets divers ayant été et s’étant bricolés à partir d’une histoire, d’un héritage, d’épreuves, de rencontres et de non rencontres, etc. Bref ces enfants, nos enfants, sont une production « made in France » constituant un analyseur de notre société et de ses failles, de notre protection de l’enfance et de ses limites, de notre système éducatif et de ses manques, etc.

Notre troisième posture fut celle du choix du déséquilibre. Notre objet et sa complexité nous confronte aux limites de chacune de nos disciplines. La réalité sociale qui affleure avec de tels objets ne se laisse pas découper dans les frontières de chaque discipline. Il fallait donc que chacun d’entre nous accepte de sortir de sa zone de confort pour entrer, non pas dans un mélange désordonné des disciplines mais dans l’acceptation d’une alternance permanente entre les disciplines. Le pari était de rester sociologue ou psychologue par moment tout en soumettant les résultats et questionnements acquis aux autres approches disciplinaires.

Il est vrai que nous avions un point d’appuis préalable pour ce faire. Tous les membres de l’équipe pluridisciplinaire ont croisé Frantz Fanon dans le processus de formation intellectuel, dans la fabrique de leur subjectivité, dans le choix de leurs sujets d’étude. Or ce dernier est sans doute, un des penseurs qui a le plus maintenu l’interrogation permanente pluridisciplinaire tout en étant centré en permanence sur son approche scientifique.

Sur la base de ces postures que vous trouverez détaillés dans le rapport intermédiaire et le rapport final de l’étude nous nous sommes donné quelques repères méthodologiques provisoires. Ces repères étaient en effet, tout comme nos concepts d’ailleurs, comme pouvant évoluer à l’épreuve de l’avancée de notre travail d’investigation.

Ces repères étaient conçus comme des hypothèses en mutation ouvertes sur la remise en cause en fonction de l’écoute du réel et de sa complexité. Le premier repère méthodologique était le refus d’une centration sur l’offre de « djihadisme » pour nous intéresser à la demande de « djihadisme ».

Nous ne sommes pas en présence de sujet ayant simplement été contaminé par « un virus extérieur » qu’il s’agirait d’éradiquer pour régler le problème. L’offre quand elle a existée a rencontré une demande préexistante que nous voulions tenter de comprendre dans toutes ses dimensions. Cette offre a même fréquemment été recherchée et parfois longuement avant d’avoir été trouvée. La centration unilatérale sur l’offre, encore souvent trop fréquente en sciences sociales empêche d’aborder notre objet en termes de « processus de devenir extrémiste violent ».

Pour paraphraser Simone de Beauvoir nous pourrions dire que l’on ne nait pas « extrémiste violent, on le devient ». Formulé ainsi, cela peut sembler une banalité mais c’est alors une banalité trop souvent oubliée.

Notre second repère a constitué en la distinction permanente des notions de causalité et de déclencheur tant dans l’analyse de chacune des trajectoires que dans la l’analyse transversale constituant notre recherche. Les évènements ou rencontres déclencheurs actualisent et accélèrent des processus préexistant, donnent chair à des tendances déjà-là, coagulent des mouvements profonds déjà présent antérieurement.

Notre troisième repère méthodologique a été la vieille et classique distinction hégélienne trop souvent oubliée entre apparence et essence, forme et fond. Cela nous a conduits à une posture de méfiance à l’égard des approches privilégiant le facteur religieux. Nous n’avons rencontrés que très peu le religieux en général et l’Islam en particulier et nous avons rencontrés fréquemment un mode spécifique du religieux en général et de l’islam en particulier ayant comme fonction de soigner, de combler, de raccrocher, de soutenir. C’est la raison pour laquelle nous avons adoptée dès le début une démarche comparative avec d’autres extrémismes violents et nos séjours de confrontations au Brésil, au Canada et aux USA sont venus confirmer nos convictions.

Notre quatrième posture méthodologique se résume dans la figure de l’iceberg. Les jeunes avec lesquels nous avons vécu cette expérience constituée, selon nous, le haut d’un iceberg porté par une base beaucoup plus large constituée par une partie non négligeable de notre jeunesse caractérisée par une fragilisation insoutenable des assises et des stabilités individuelles, familiales et sociales. C’est dire l’ampleur du chantier de prévention qui s’ouvre, selon nous, à l’issue de cette recherche.

C’est dire également l’ampleur des mutations que nos institutions doivent parcourir pour apporter à temps les espaces de consolidation dont cette jeunesse a besoin. Les jeunes rencontrés font ainsi fonction d’analyseur, non pas de l’ensemble de la jeunesse mais da sa partie désaffiliée. Ils sont également, selon nous, un analyseur de nos institutions de jeunesse (éducation nationale, protection de l’enfance et bien d’autres.

Ces repères étant posés nous pouvions alors opérer les choix de méthode de recueil des données, d’entrée dans les trajectoires et d’ordonnancement de ceux-ci. Nous pouvons restituer ces choix comme suit :
Le choix de la rencontre signifiante du sujet : Il s’agissait pour nous de partir de lui et sa non-demande, de ses besoins et non des besoins de notre recherche, de ses temporalités et non des nôtres, de ses priorités et non des nôtres. De ce premier choix en découle de nombreux autres :
le choix d’une première rencontre avec la compétence psychologique et psychanalytique ;
le choix d’une rencontre progressive du reste de l’équipe et des autres compétences scientifiques ;
le choix de nous adapter aux espaces et au temps du sujet ;
le choix de travailler sur les questions concrètes et/ou matérielles marquant la quotidienneté du sujet ; etc.

C’est ce travail de disponibilité qui est, selon nous, créateur des conditions nous permettant l’accès aux trajectoires tant pour construire l’accompagnement que pour mener à bien la recherche. Il s’agissait pour nous de partir du regard incarné pour aller vers le regard distancié pour ensuite construire un aller-retour permanent entre les deux regards.

L’interrogation systématique de trois niveaux historiques dans chaque trajectoire. La première histoire interrogée est celle de l’histoire longue et des effets de cette macro-histoire sur les trajectoires familiales. La seconde est celle de la trajectoire familiale, de ses déterminants, de sa connaissance plus ou moins explicite, de ses évènements marquants, de ses bifurcations, etc. La troisième est chronologique et aborde les processus de bricolage identitaire du sujet. Ces histoires sont, bien entendu, en interactions et ce sont ces interactions que nous voulions analyser dans chaque trajectoire d’une part et en termes de récurrences transversales d’autre part.

La recherche des données sur les modalités du lien social qui relie le sujet au socius dans le passé, dans le présent et dans l’idéal qu’élabore et que recherche le sujet consciemment ou non. Nos travaux antérieurs sur les jeunes issus des classes populaires dans un contexte de déstabilisation sans précédent de la culture d’affiliation et de socialisation qu’était la culture ouvrière, avait en effet attiré notre attention sur les processus d’affiliation et de désaffiliation. La proportion non négligeables des mal-nommés « convertis » et les crises du lien que révèlent leurs trajectoires sont venues confirmer notre choix.

La recherche de données sur les identifications dans l’histoire passée, présente et dans l’idéal du sujet a été une autre orientation. Les identités sont à la fois toujours plurielles et bricolées, contradictoires et en mouvement. Elles constituent un état d’équilibre entre stabilité et mouvement, invariance et mutation, héritage et production de soi.

Nous recherchions en conséquence dans chacune des trajectoires les points de tension identitaire éventuel, les moments et évènement de déséquilibre, les facteurs empêchant la stabilisation minimum. Le recueil de toutes ces données s’est mis en place en diversifiant au maximum les espaces-temps de collecte et leurs modalités : lors des séances d’accompagnement psychologiques, dans des espaces collectifs, lors des démarches diverses effectués avec le sujet, lors d’entretien sociologiques, etc.

De cette façon accompagnement thérapeutique et démarche de recherche se sont alimentés en permanence au prix il est vrai d’un coût humain considérablement plus élevé que dans une recherche classique. Plus élevé en termes de temps et de disponibilité certes mais aussi en termes d’épreuves existentielles pour chacun d’entre nous.

Ces données recueillies pour chaque trajectoire convergent ensuite vers l’espace d’analyse et d’élaboration qui structure notre recherche. Au sein de cet espace, il est demandé à chaque participant de se centrer sur sa discipline dans un premier temps et de fournir une lecture des données spécialisée disciplinairement.
Dans un second temps les analyses disciplinaires sont soumises à l’interrogation des autres disciplines présentes dans l’équipe ou sollicitées de l’extérieur selon les besoins. Progressivement ainsi prend forme une analyse commune résultat de l’ensemble du processus.
L’analyse des récurrences entre trajectoire peut alors se mettre en place, de même que la correction de nos concepts et de nos points de méthodes. Pour ne citer qu’un exemple nous avions formalisée initialement le concept de « basculement nihiliste » que nous avions ensuite abandonné ; d’abord du fait que le mouvement progressif est beaucoup plus prégnant dans les trajectoire, qu’il est fait d’essais et d’aller-retour et qu’en conséquence le terme « bascule » est inapproprié ; Ensuite parce que la dimension nihiliste est certes présentes mais au côté d’autres tout aussi prégnantes : altruiste ou recherche de liens par exemple.

L’analyse transversale des récurrences a également confronté à une analyse seconde de données recueillis à d’autres fins. Ainsi en est-il des données recueillies dans l’expérience mené au lycée avec une classe expérimentale et de celles recueillis dans notre animation de séances de formation à destination des acteurs de terrain sur thème de la dite « radicalisation ».
Ces données sont dites seconde parce qu’elles ont été recueillis à d’autres fins : formative dans un cas et dans une logique de prévention dans l’autre. Toutefois la même équipe étant mobilisée pour ces trois pratiques (formation, prévention et accompagnement-recherche) nous avons pu par cette confrontation revisiter nos concepts et nos méthodes à plusieurs reprises au cours de l’expérience.

La démarche méthodologique que je viens de résumer s’est déployé dans un contexte difficile. Elle allait à contre-courant d’un certain nombre de tendances dans notre société productrices de bruits et d’attentes immédiates auxquelles nous avons due résister. Cela n’a pas été sans difficulté avec notre institution porteuse ayant des exigences nous semblant parfois contradictoires avec les conditions posées par nous pour notre recherche.
Nous avons due également résister à l’attente de résultats exploitables en termes de ce qui est mal nommé « déradicalisation » rapidement alors même que nous étions persuadés que nous étions devant un objet complexe nécessitant la durée pour commencer à être intelligible.
Nous avons due enfin apprendre à travailler en pluridisciplinarité sans jamais confondre celle-ci avec la simple juxtaposition d’approches disciplinaires. A l’issue de cette expérience nous ne pouvons qu’en appeler à la mobilisation de tous tant les souffrances humaines des enfants que nous avons rencontrées, de nos enfants sont importantes.

Je cède maintenant la parole à ma collègue Elisa pour restituer comment s’incarne concrètement notre approche complexe dans les interactions sociales avec le sujet accompagné.

saîd bouamama

En soutien à Saïd Bouamama

publié le 11 Juillet 2019

Après le boycott d’un colloque par des représentants de l’Etat pour seul motif que le sociologue Saïd Bouamama y participait, 130 personnalités communiquent leur solidarité à l’universitaire face à une «campagne de diffamation» islamophobe.

Ils déplorent que le pouvoir ait «obtempéré aux injonctions de l’extrême-droite». Le colloque de deux jours, organisé à Bobigny sur le thème « Mécaniques de l’extrémisme violent », a été troublé par l’absence d’un de ses organisateurs, le sociologue Saïd Bouamama, conséquence d’un veto émanant du ministère de l’intérieur.
Cette intervention relaie une campagne expresse initiée par le Rassemblement national, aussitôt suivi par le FigaroVox et Valeurs Actuelles. Les officiels qui devaient introduire le colloque, le président du conseil départemental, la préfète déléguée à l’égalité des chances du 93, la procureure de la République du 93 ainsi que la secrétaire générale du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), ont « boycotté » ce colloque, pour reprendre la formulation du Parisien.

L’oukase contre Saïd Bouamama est d’autant plus étonnant qu’il est co-animateur depuis quatre ans du projet dont ce colloque est l’aboutissement, et qu’il s’agit d’un projet soutenu par l’état et en particulier la préfecture de Seine-Saint-Denis. L’intervention qu’il devait faire a été lue et chaudement applaudie ; quand elle sera publiée, chacun·e pourra constater, outre sa qualité, qu’elle est à mille lieues de constituer une «complaisance envers le djihadisme» comme l’en ont accusé ses détracteurs sans s’être donné la peine de l’entendre.

La question du djihadisme est donc instrumentalisée pour tenter de discréditer un sociologue dont les opinions politiques de gauche sont publiques, ses références intellectuelles se situant du côté du marxisme, à l’opposé de l’islam politique.

Cette campagne de diffamation contre Saïd Bouamama émane de milieux islamophobes et d’extrême droite devant lesquels le pouvoir a cédé. La volonté destructrice de ces lobbys va donc jusqu’à tenter d’anéantir des structures et projets visant à réinsérer des personnes dites « radicalisées » dans une vie sociale partagée plutôt que de poursuivre une trajectoire dangereuse pour les autres comme pour elles-mêmes.

Nous, signataires, sommes solidaires de Saïd Bouamama et dénonçons l’attitude de ce pouvoir qui obtempère aux injonctions de l’extrême-droite, preuve éclatante de son double discours qui prétend la combattre en la renforçant quotidiennement. liste des signataires

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