Economie : La crise est mondiale, mais quelles en sont les
causes ?
Il faut « Eviter les « Experts »
étrangers. Si vous rencontrez des « consultants »
ou des « conseillers » officiels du Fmi et de la Banque
Mondiale, de l’OMC, de l’OCDE, dans les ministères de vos
gouvernements ou dans les Banques centrales communautés régionales,
cachez-vous, ou mieux, fuyez ».
Pr Yash Tadon,(1)
Au Sénégal, les « prêts
à répéter », les économistes socialisants,
ne se font pas prier, pour réciter les leçons et slogans éculés
de la Banque mondiale et du Fmi, genre : « La crise est un phénomène
mondial, elle n’épargne aucun pays». Relayant les entreprises
de désinformation mondiales, les « médiamensonges »,
pour reprendre les termes et le titre du livre de notre ami Michel Collon, ils
n’ont cessé d’être des caisses de résonance
des « thèses » creuses de ces institutions financières,
dans le contexte de nos Ppte (pays pauvres très endettés). La
thèse des « avantages comparatifs » : ( importez
du riz à bon marché au lieu de le cultiver », en faisait
partie. Nous avons vu ce que nous a coûté le fait d’appliquer
sans «discussion ni murmure » ces bêtises économiques.
Actuellement les conséquences sont là. Nous dépendons de
l’extérieur pour nourrir les populations. Alors que nous avons
l’expérience et disposons les mêmes facteurs de productions
que ces pays qui cultivent le riz.
La crise est mondiale, certes. Mais il ne suffit pas de s’arrêter
au constat. Ne faudrait-il pas en chercher les causes, les tenants et les aboutissants ?
Sur ce plan, nos ministres, nos statisticiens économistes, cafouillent,
balbutient lorsqu' ils communiquent sur la question. Pour ce « Damel »,
ministre du commerce, les « charretiers », les « spéculateurs »
arrêtés avec 67 tonnes de riz, sont à la base des pénuries
de riz, carburant, gaz etc. Au lieu de nous parler de vision politique, il verse
dans des accusations de ménagères déboussolées.
Même l’Unacois (l’Union Nationale des Commerçants et
Industriels du Sénégal) qui proposait un prélèvement
de 5000 francs, sur la tonne de riz à l’importation pour alimenter
un fonds de soutien à la culture du riz, a une vision plus patriotique,
que cet ancien maoïste devenu « Entrepreneurs politique »
libéral, pur et dur. Il y a quelques jours, ce confusionniste, perdant
les pédales à la Télé d’Etat, lors de ses
sorties intempestives sur le sujet il a fait cas de la « télé
en 1968 », avant de se rattraper, se rendant compte qu' à
cette époque il n’existait pas encore de télévision
au Sénégal. David Diop avait raison de dire, faisant allusion
à ces « maraudeurs politiciens »: « Mon
pauvre frère, tu me fais pitié »
(3).
Il convient de rappeler que c’est cet ex-idéologue et son mentor,
ce ministre d’Etat sans portefeuille (payé à ne rien faire),
qui proposaient aux masses : le « Folli économique »
(alternance), avec ce slogan : « Banque mondiale, Fmi ca bitti ! »(B.M,
Fmi, dehors !). Quant au ministre chargé de la pêche, il a
royalement esquivé la question du journaliste Diaby qui lui demandait,
à la suite des nombreuses interrogations, de l’immense majorité
des sénégalais, pourquoi les pays continentaux tels que le Mali
et le Burkina Faso qui viennent récupérer le carburant le riz
et autres denrées de premières nécessités au niveau
des ports africains situés sur l’Atlantique, pratiquent des prix
moins cher à Ouagadougou, Bamako qu' a Dakar ?
Le prix du baril de pétrole flambe, mais qui est responsable de ce phénomène
? Depuis la découverte du pétrole en Arabie Saoudite vers les
années 30’, c’est le gouvernement des Etats-Unis, à
travers la Société pétrolière, Aramco qui pour l’essentiel,
régente la production dans le Royaume. Qui en parle ?
Le cours du baril flambe, mais que le gouvernement des Etats-Unis arrête
les guerres qu' il mène ou fomente à travers le monde (Irak,
Afghanistan, menaces sur l’Iran, la Syrie, la Corée etc.) dans
le but de faire main basse sur les richesses des autres pays pauvres, si les
cours des prix du pétrole, l’indice de la misère et la pauvreté
ne vont pas chuter d’un cran. Voila les véritables questions que
nos grands économistes libéraux , « diplômés »,
et leurs conseillers ex- marxisants, à leur tête l’ex-champion
poids lourd du « Folli », se gardent souligner. Cela dit,
pourquoi le Président de l’Oci, « diplomate chevronné »,
ne cherche t-il pas à demander ses amis : l’Emir du Koweït
et le Roi d’Arabie Saoudite, d’user de leur influence auprès
de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et de
l’Opaep (Organisation des Pays arabes exportateurs de pétrole),
pour obtenir des prix préférentiels en faveur des Ppte (Pays pauvres
très endettés) et dont fait partie beaucoup de pays de la Ouma ?
Comme l’a fait le Venezuela pour Cuba, Haïti et les noirs des Etats-Unis,
représentés par le Révérend Jesse Jackson. Notons
à ce propos qu' en 2004, le prix du baril a été cédé
à Cuba, à 27 dollars. C’est dans cet optique qu' au
Venezuela, dès que le prix du baril dépasse 70 dollars sur le
marché mondial, le surplus est affecté à un fonds pour
les investissements sociaux. La position du Président Chavez, lors de
la récente conférence de l’Opep, allait dans le sens de
cette forme de solidarité envers les pays pauvres. Se conformant d’avec
la pratique dans le cadre de l’Accord Bolivarienne des Amériques
(ALBA).
Dans la dernière période, les Madani et Ségura, « Experts »,
de la BM et du Fmi au Sénégal, dont parle Yash Tandon, ont tenté
de s’ériger en donneurs de leçons de bonne gouvernance.
On peut se demander où est-ce qu' ils étaient ainsi que leurs
chefs, quand les décisions folles induisant des dépenses folles
(Sénat inutile, personnel de l’Assemblée et du gouvernement
pléthorique et oisif) ? Sans parler des remaniements ministériels
intempestifs. Mais aussi de véhicules et billets d’avion distribués
à des quidams ? où est ce qu' ils étaient, lorsque
l’ex-président Abacha, volait les (40 millions de livres sterling
sur le point d’être rapatriés, par le gouvernement britannique),
pratiquait des malversations ?
En tout cas, les discours sur la pauvreté et les « soins économiques
palliatifs » (opérations maîtrisards, mutuel, divers
projets) de « ces grands illuminés », ne manqueront
pas de faire retourner Cheikh Anta Diop et Thomas Sankara dans leurs tombe et
faire sourire nos amis Samir Amin, Casonava, Demba Moussa Dembélé,
Makhtar Diouf , Chomsky , Eric Toussaint, Casanova, Amady Aly Dieng,
Stieglitz, Michel Chossudovsky, Yash Tandon, Fidel Castro et autres économistes
d’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine, qui, depuis plusieurs
décennies, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme,
refusant d’être des complices de ces exploiteurs mondiaux, et montrer
que le capitaliste, excroissance de ces euphémismes, « mondialisation
et autre, néolibéralisme ne peut mener le monde qu' à
la catastrophe. En effet, le capitalisme, ce système du « Golo
di Bay baabun di dundé » (le Ouistiti cultive, le gorille
engrange la récolte à son compte), que l’on pourrait traduire
ainsi dans la langue de Kocc Barma, le wolof, est le système qui est
à la base du drame que vivent tous les pauvres de la planète,
que rare sont les philanthropes d’une semaine, qui le dénoncent.
après le rugissement des affamés, des « des damnés
de la terre », ces messieurs ont commencé à s’agiter
pour donner l’impression que personne n’a eu à chercher à
prévenir la tragédie que le monde est en train de vivre. En tout
cas en Afrique, Cheikh Anta Diop, avait déjà très tôt,
sonné le tocsin dans : « Les fondements économique
et culturels d’un Etat Fédéral d’Afrique noire »
(2), avant que Sankara ne
dise : « l’impérialisme est dans notre bol de
riz ». Récemment, au Sommet présidentiel sur la « Souveraineté
et sécurité alimentaire. Aliments pour la vie », tenu
à Managua au Nicaragua, le 7 mai dernier, Monsieur Esteban Lazo Hernandez,
Vice Président du Conseil d’Etat de la République de Cuba,
rappelait que : « Dès 1996, au Sommet mondial de l’alimentation,
Fidel avait lancé un cri d’alerte : « La faim, compagne inséparable
des pauvres, est la fille de la distribution inégale des richesses et
des injustices dans le monde. Les riches ne connaissent pas la faim. […]
Des millions de personnes sont mortes dans le monde en luttant contre la faim
et l’injustice.». Nous considérons que notre compatriote
Jaques Diouf, se prononçant sur la crise mondiale à la dernière
conférence de la Fao , n’a fait que marcher sur les pas de
ces devanciers, lorsqu' il soulignait: « En fait, le problème
de l’insécurité alimentaire est de nature politique (…)
les déchets alimentaires annuels atteignent 100 milliards de dollars
auxquels il convient d’ajouter 100 milliards de coûts indirects
résultats de morts prématurés et de maladie dérivées
(…) enfin, en 2006, 1204 milliards de dollars ont été dépensées
en armement. Est-il possible dans ces conditions, d’expliquer aux personnes
de bons sens et de bonne foi, que l’on ne peut pas trouver 30 milliards
de dollars par an pour permettre à 862 millions d’affamés
de bénéficier du droit humain le plus fondamental, celui à
la nourriture, donc à vie. »
En réalité les riches s’enrichissent de la pauvreté
des peuples qu' ils continuent d’exploiter depuis des siècles.
Dans tous les « Sommets , Colloques, Séminaires, Symposium,
il est question de développement, avec un grand « D ».
Mais on constate dans le même temps le manque de volonté politique
d’aller dans ce sens du vrai développement. Par exemple, depuis
nos indépendances (dans la zone de l’Afrique de l’ouest),
il n’a été implanté ni en Mauritanie, ou se trouve
la Miferma (Mines des Fers de la Mauritanie, ni au Sénégal avec
la Miferso (Mines des Fers du Sénégal Oriental), des industries
lourdes industrialisantes de la métallurgie et la sidérurgie.
Or sans industries lourdes comment peut-on parler d’emplois pérennes ?
Il n’est pas exagéré de dire qu' au Sénégal,
en Afrique, tout se fait contre la recherche du bien être des populations
qui deviennent de plus en plus pauvres. Au lieu de s’élever contre,
et faire pièces des thèses saugrenues de compétitivité
de l’Occident qui subventionne son agriculture, l’Umoa, la Ceao,
la Cedeao, en passant par lUnion Africaine acceptent son diktat. Au Sénégal
après la liquidation des banques sensées s’occuper de développement,
aucune banque n’accorde de façon significative des faveurs aux
« pasteurs, pêcheurs et paysans ». Mais une l’offense
inacceptable au Sénégal, c’est le bradage de ce qui reste
de rentable( Ics, Sonatel) économiquement pour le peuple. Sauf ceux qui
luttent pour le maintien du train de vie dispendieux du personnel de l’Etat,
personne ne comprend cette volonté des gouvernants de se désengager
(pour 25 milliards an) du capital de la juteuse société de télécommunication.
Quel paradoxe ! Au moment où il est question du bien être
des populations ! Quel gâchis ! 25 milliards, c’est combien
de salles de classes et de travailleurs de l’éducation ? Combien
de Centres de Santé et de travailleurs sociaux dans les communautés
rurales, par an ? Le retrait de l’Etat du Capital de la Société,
c’est 25 milliards de CFA qui émigrent du Sénégal
vers les paradis fiscaux tous les ans. Voila « le patriotisme économique »
sous les tropique. En tout cas nous ne pouvons que féliciter cette action
patriotique des travailleurs et cadres de la SONATEL qui ont eu le courage de
dénoncer très tôt, cette forfaiture.
A y regarder de près, on se rend compte que c’est la même
logique qui a prévalu au moment de la conférence de Berlin sur
le partage de l’Afrique, qui se perpétue de nos jours, par rapport
aux visées sur ses richesses de l’Afrique. Chacun des pays occidentaux
veut être ami et « l’Avocat » de l’Afrique
que pour l’exploiter. Au lieu de s’unir, s’organiser à
l’instar de ce qui se dessine en Amérique latine, l’élite
africaine préfère de continuer à « piailler
et ricaner dans les salons de la condescendance ».
(4)
Pour terminer, notons que tant qu' existera le système des « 20/80 »%
(20% d’individus qui accaparent 80% des richesses), le monde connaîtra
toujours des crises. C’est ce système qui génère
les guerres, charrie, le marasme économique (chômage, misère,
pauvreté), les anti-valeurs (banditisme, corruption, trafic en tout genre),
qu' est le capitalisme appelé de nos jours ; néolibéralisme,
mondialisation.
Ababacar
Fall-Barros
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(1) Economiste ougandais
(2) Ed. Présence africaine
(3) David Diop, Coup de pilon, Ed. Présence
africaine
(4) D.Diop
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