Blair recopié sans problème : "Mentez, mentez..."
Jean Bricmont
Les crimes de Saddam Hussein
Downing Street a admis à The Observer que les assertions
répétées de Tony Blair selon lesquelles « 400 000
corps ont été trouvés dans des charniers irakiens »
était fausses et que seulement 5 000 corps ont été trouvés
jusqu' à présent.
Extrait du livre l'Impérialisme humanitaire...
Les assertions de Blair faites en novembre et décembre de l’année
passée (2003) ont été largement acceptées, citées
par des membres du parlement et publiées entre autres dans l’introduction
d’une brochure du gouvernement américain sur les charniers irakiens.
Le 14 décembre 2003, suite à l’arrestation
de Saddam Hussein, Blair a répété cette assertion dans
un document mis sur le site du parti travailliste : « Les restes de 400
000 êtres humains ont déjà été trouvés
dans des charniers »...
Le site de l’USAID [l’agence américaine
pour le développement international], qui cite l’assertion de Blair
dit : « Si ces chiffres sont exacts, ils représentent un crime
contre l’humanité dépassé seulement par le génocide
rwandais de 1994, les champs de la mort de Pol Pot au Cambodge dans les années
70 et l’holocauste nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale »
Ces citations illustrent comment fonctionne le système
de propagande occidental. Une assertion parfaitement factuelle (« Les
restes de 400 000 êtres humains ont déjà été
trouvé ») mais fausse (et mensongère étant donné
que les gens qui l’affirment sont les mêmes que ceux qui ordonnent
les fouilles dans les charniers) est lancée par un gouvernement et répétée
à grande échelle (par le parti travailliste, une agence américaine,
etc.). Il est vrai qu' elle est rectifiée, mais une seule fois,
et sans qu' aucun écho de cette rectification ne parvienne à
l’étranger, en France ou aux États-Unis.
Donc, le mensonge reste dans la conscience populaire et a bien
entendu un effet : si quelqu' un souligne que la guerre a fait 100 000
morts civils, la réponse sera immédiatement : « ah, oui,
mais on en a trouvé 400 000 dans les charniers de Saddam ».
Ce genre d’aveux devrait en plus encourager le scepticisme vis-à-vis
d’autres assertions gouvernementales. C’est rarement le cas.
Finalement, une réaction fréquente est de dire
que ce genre de contre information n’a pas d’importance : de toute
façon, « Saddam est un salaud, un assassin, etc. ». Mais
là n’est pas la question. Que dirait-on si un dirigeant d’un
pays du tiers monde multipliait par 80 le nombre de morts à Sabra et
Chatila (« 160 000 »), ou lors de la guerre du Vietnam («
240 millions ») ou de l’invasion de l’Irak (« 8 millions
»). Quelle crédibilité garderait-il ?
Jean Bricmont
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