Pays | Exportation des armes classiques en 2003 |
Russie | 6980 |
Etats-Unis | 4385 |
France | 1753 |
Allemagne | 1549 |
Canada | 556 |
Royaume Uni | 525 |
Italie | 277 |
Japon | Le SIPRI ne donne aucun chiffre pour ce pays |
Source : http://web.amnesty.org/library/index/frapol300072005
Note : Les chiffres fournis par le SIPRI indiquent simplement
le volume des transferts d’armes internationaux, et non la valeur monétaire
réelle de ces transferts. Ces chiffres ne peuvent donc pas être
comparés aux autres.
Tableau 2. La valeur
en dollars US des exportations d’armes légères effectuées
par les pays du G8 en 2001
Pays
La valeur en millions de dollars US des exportations d’armes légères
effectuées par les pays du G8 en 2001
Pays | La valeur en millions de dollars US des exportations d’armes légères effectuées par les pays du G8 en 2001 |
Etats-Unis | 741,4 |
Italie | 298,7 |
Allemagne | 156,7 |
Japon | 70,3 |
Canada | 53,6 |
Russie | 42,2 |
France | 33,7 |
Source : http://web.amnesty.org/library/index/frapol300072005
D’autres facteurs non négligeables, dans une perspective à moyen et à long terme, correspondent à la raréfaction attendue du pétrole et du gaz qui pourrait créer de nouveaux conflits : «Les régions riches en ressources énergétiques, pas seulement le Proche-Orient, mais aussi l’Afrique, l’Asie Centrale, l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est seront potentiellement des zones de conflit dans les décennies à venir (Berber. M., Juin 2007).
Le lobby des vendeurs d'armements et les salons de l’aérospatiale et de la défense, sans oublier les nombreux spectacles aériens organisés sur des bases militaires, se multiplient et amplifient leurs activités. On observe la tenue annuelle d’une trentaine de salons de l’aéronautique, de l’espace et de la défense dans le monde (25 au total en 2007) dont le calendrier de 2007 apparaît à l’annexe 1 (Strategis). On note qu' ils sont tenus dans tous les continents excepté l’Afrique, le plus grand nombre en Amérique du Nord et en Europe, puis en Inde, en Australie, à Dubai, à Hong Kong et en Chine. Rien n’est négligé pour promouvoir ce marché lucratif et les gouvernements y apportent leur soutien financier et logistique dans le cadre de leur politique nationale d’aide à la R-D et à l’exportation.
II. LES EFFORTS DE DÉSARMEMENT
Devant cette poussée sans précédent de réarmement de la planète comment réagit le mouvement pacifiste mondial? Quels sont les résultats des négociations du système des Nations Unies dans le domaine du désarmement? Quels efforts sont déployés pour stopper l’occupation armée illégale de l’Afghanistan et de l’Irak?
L’ONU et le désarmement
Les pourparlers de haut niveau relatifs aux différents aspects du désarmement mondial, notamment, ceux qui sont menés par la Commission du désarmement de l’ONU semblent en quelque sorte se poursuivre au ralenti.. En 2006, la commission a établi un programme étalé sur trois ans pour traiter des enjeux entourant l’élimination des armements nucléaires et leur prolifération, des moyens pratiques pour mettre en place des mesures de confiance concernant les armements conventionnels ou classiques, bâtir une compréhension commune des menaces posées dans l’immédiat par les armements nucléaires et procéder à une réflexion approfondie sur les manières de changer les perceptions que l’on a développées sur l’entreprise du désarmement et de la prolifération. Les propos du Secrétaire général adjoint des Affaires de désarmement de l’ONU, Nobuaki Tanaka, résument bien l’importance des discussions qui ont été amorcées en 2006: « L’état d’urgence, ressenti à l’échelle mondiale, posé par le risque de la prolifération imminente s’est avéré un fait évident, mais il ne faudrait pas oublier que, globalement, les armements nucléaires se comptent encore par milliers (note 2). Cependant, les préoccupations largement exprimées concernant la menace posée par les armes de destruction massive ne doivent pas détourner l’attention qui doit être portée sur les problèmes de contrôle et de réduction des armes conventionnelles et des forces armées. La prolifération de ces armes s’avère une menace sérieuse pour la paix et la sécurité dans trop de régions dans le monde et un traitement des symptômes et le recours à des solutions ad hoc n’ont pas donné jusqu' à maintenant de résultats concrets durables » (Nations Unies, 2006).
Selon Agir Contre la Guerre, «les résolutions prises à chaque année par l’Assemblée générale de l’ONU sur les divers projets de désarmement illustrent l’opposition systématique des États-Unis à tout projet en faveur de l’élimination des armements nucléaires ou autres engins de mort ou de destruction. En effet, selon cet organisme, Il est intéressant d’analyser les votes émis sur ses résolutions le 8 décembre :
-Résolution demandant l’interdiction de tous
les essais nucléaires : 173 voix pour, une voix contre: États-Unis;
-Résolution demandant d’établir un calendrier d’élimination
des armes nucléaires, proposée par le Japon : 164 voix pour, deux
voix contre : États-Unis, Inde;
-Résolution demandant d’établir un calendrier pour un monde
dénucléarisé, en renforçant le traité de
non-prolifération des armes nucléaires, en interdisant la militarisation
et la nucléarisation (mise en orbite d’armes atomiques) :Elle est
la plus ambitieuse et exprime la position des deux continents dénucléarisés
: Amérique Latine et Afrique, auxquels se joignent des voix minoritaires
: la Suède et l’Irlande dans l’Union européenne, et
la Nouvelle-Zélande dans le monde anglo-saxéon. Les oppositions à
cette résolution qui recueille 128 voix viennent de tous les va-t-en
guerre : États-Unis, France, Inde, Israël, Pakistan, Royaume-Uni;
- Résolution demandant l’ouverture de négociations pour
empêcher la militarisation de l’espace (« guerre des étoiles
») 174 voix pour, 4 abstentions : États-Unis, Israël, et deux
petits états vassaux des États-Unis : la Micronésie et
les Iles Marshall.
Ces votes très massifs en faveur du désarmement montrent bien qui sont les principaux acteurs de la course à la guerre, mais, en même temps, ils révèlent cruellement l’impuissance des Nations Unies ».
Le règlement des conflits armés
Selon les données de Project Plougshares, en 2006 des conflits armés ont pris fin en Angola-Cabinda, en Serbie et au Montenegro et en Indonésie (dans la province d’Aceh et dans les Îles Mollusques). L’Afrique est encore affligée par 12 conflits armés affectant directement 11 pays ( (voir la carte 1 et la carte proposée par Project Ploughshares intitulée : « Armed conflict in 2005 » ). Un appel a été lancé en mars 2006 en faveur d’un plan d’actions concertées en vue de prévenir les conflits. Il correspond au plan d’action de Dakar, Ce plan recommande une série de mesures propres à mobiliser toutes les forces vives de la société en faveur de la paix et surtout les leaders politiques. Quant à la situation catastrophique du Darfour le sommet pour la paix tenu à Paris en juin dernier n’a pas donné de résultats concrets. Tout au plus, des déclarations et des vœux pieux : "L'avenir s'est éclairci", a assuré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner à la fin de la rencontre. "La communauté internationale ne peut pas continuer à rester sans rien faire", a de son côté déclaré la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Le projet de l’envoi d’un contingent additionnel de soldats sous le commandement de l’ONU n’est certes pas la solution pour rétablir un climat favorable à la paix et au développement. Il nous semble donc que cet autre génocide qui a fait plus de 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés à l’intérieur du Soudan et au Tchad risque de se prolonger encore longtemps (NUMA GOUDOU, J., 2007).
Mettre fin à l’occupation armée de l’Afghanistan et de l’Irak
Mettre fin à cette occupation est la priorité actuelle du mouvement pacifiste mondial. Les manifestations populaires nombreuses (des centaines de millions de gens) dans tous les pays du monde contre le déclenchement de cette guerre qui ont marqué d’abord les préparatifs de l’invasion armée de l’Irak et puis son occupation ont fait prendre conscience à la majorité que le pouvoir des armes est amplement plus fort que celui des urnes. Les efforts diplomatiques ont échoué et les velléités des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont triomphé. La guerre comme telle a pris officiellement fin en 2003, mais elle s’est poursuivie avec son cortège de massacres de la société civile irakienne dont la responsabilité a été imputée officiellement par la Coalition comme étant des heurts interconfessionnels et non le résultat direct de cette intervention armée et ainsi de la présence de centaines de milliers de soldats engagés dans des combats contre la résistance irakienne, le tout sous le prétexte de maintenir l’«ordre» et la «sécurité» à l’instar des éléments qui justifient la présence des armées occidentales en Afghanistan.
Le bilan des victimes en Irak entre 2003 et 2005 fut de 24 865 personnes. En 2006, selon les sources officielles du gouvernement irakien, plus de 16.245 furent victimes de la guerre dont 12.000 civils, les autres étant des membres des forces de sécurité ou des groupes insurgés. Ces chiffres sont bien en deçà des statistiques souvent mentionnées par des organismes indépendants et, notamment, celles provenant d’un rapport des universités Johns Hopkins des USA et de Al-Mustansiriya de Bagdad qui atteindraient plutôt les 650 000 victimes au total depuis le début des hostilités.
Pour stopper cette aventure belliqueuse et faire en sorte que les troupes étrangères se retirent de l’Afghanistan et de l’Irak on ne pourrait compter sur le Conseil de sécurité des Nations Unies qui a autorisé, par de multiples résolutions, ces invasions au détriment du droit international. Devant cette situation il est toutefois possible de protester contre ces guerres en ayant à l’esprit les trois scénarios suivants. Le premier est le triomphe des mouvements de résistance déployés dans ces deux pays, soit une victoire sur l’occupant ou du principe de l’autodétermination. Est-il vraisemblable de croire que ces éléments peuvent vaincre par les armes les forces de la coalition? Il est difficile de l’imaginer dans les circonstances actuelles même si certaines méthodes de la guérilla peuvent parfois sembler efficaces. C’est le scénario du pire qu' il importe de ne pas retenir car il pourrait s’avérer très dévastateur à moyen terme.
Le second scénario. c’est la lassitude ou l’épuisement des forces de la coalition ne pouvant pas indéfiniment être remplacées pour des raisons tant logistiques que financières. Dans ce contexte, un grand nombre de militaires ne comprennent pas tout à fait la raison pour laquelle ils sont engagés comme combattants directement sur le terrain en Asie centrale et au Moyen-Orient. Pourquoi ces combats contre des sociétés qui n’ont jamais attaqué militairement les pays de l’Occident et qui ne manifestent aucunement une volonté d’hégémonie dans la région? Cet état de fait pourrait rendre plus difficile le processus de recrutement de nouveaux contingents, surtout s’il faut remplacer les autres forces de la coalition qui voudront tôt ou tard se retirer.
Le troisième réside dans un changement politique substantiel à la Maison-Blanche permettant d’envisager le scénario d’un retrait négocié redonnant à l’Afghanistan et à l’Irak leur pleine autonomie avec la tenue d’élections libres et démocratiques. Ce virage entraînerait le retrait immédiat des troupes étrangères. Est-il possible dans le contexte géopolitique mondial actuel? Pour les tenants des guerres d’occupation et des profits qu' elle génèrent, il semble absurde d’adhérer à une telle idée. Des gouvernements fantoches, pour le moment, font très bien l’affaire…
Pendant ce temps, les guerres font des ravages considérables dans l’ensemble des infrastructures de ces pays et créent un climat qui empêche tout espoir de reconstruire les régions dévastées. Quelle tristesse! Quelle réalité désolante qu' on ne peut que déplorer le plus souvent en silence, mais aussi qu' on doit dénoncer quand les circonstances s’y prêtent!
CONCLUSION
Reprenons les propos que nous tenions en 2004 au sujet de la course mondiale aux armements : «Ce spectacle auquel on assiste est désolant, désespérant. La course mondiale aux armements a repris de plus belle et ses protagonistes principaux sont ceux qui ont un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et même un droit de veto sur toute décision d'importance névralgique pour l'avenir de l'humanité. Il faut donc dire non! haut et fort à tous ces projets de réarmement qui s'inscrivent encore à l'intérieur des concepts de sécurité traditionnels et qui laissent peu de place pour celui de la sécurité commune ou coopérative, le concept à la base des engagements du Sommet du millénaire, du Consensus de Monterrey et du plan d'action du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg» ( Le Devoir ).
«La préparation à la guerre se poursuit non seulement aux États-Unis, mais dans tous les pays industrialisés qui assurent la production des armements et dans des dizaines d'autres qui continuent d'augmenter ou de moderniser leur arsenal. Dans ce contexte, il faut non seulement s'opposer à toute guerre, mais il est urgent de s'opposer à la production des armements et à leur commerce un peu partout dans le monde, travailler à la reconversion des usines d'armement et rendre les armées nationales inconstitutionnelles ou en modifier profondément le rôle et les missions. Quand les foules manifesteront en ce sens, on pourra penser qu'il sera possible de faire triompher la diplomatie préventive et oublier à tout jamais les conflits armés régionaux et les «interventions armées dites préventives».
En somme, le concept de sécurité commune ou coopérative à promouvoir dans toutes les instances est de :
- Procéder au désarmement général et complet. Il s'agit du transfert de budgets de la défense vers les autres secteurs de l'économie et de l'arrêt immédiat de la production et de la vente de tous les types d'armes.
- Sauver la biosphère par la restauration des écosystèmes dégradés ou détériorés et la protection de la diversité biologique et des zones les plus productives de vie ainsi que la sauvegarde des espèces vulnérables, rares ou menacées d'extinction.
- Promouvoir le commerce équitable de biens et de services produits dans le respect des conventions internationales sur le travail et le commerce, biens et services utiles et accessibles à toute l'humanité.
- Promouvoir une gouvernance responsable et imputable. Une réforme en profondeur de la gouvernance mondiale est nécessaire afin de donner une voix réelle à toute la population mondiale dans le concert des nations de manière à ce que l'Occident qui ne correspond plus qu'à peine à 10 % des habitants de la planète, ne soit plus celui qui dicte la conduite et qui établisse par la force l'ordre mondial qui lui convient (Dufour, J., 2002 et 2007).
- «Enseigner et protéger les droits humains et les libertés fondamentales. Ces éléments se retrouvent, pour l'essentiel, dans la déclaration finale des sommets mondiaux cités plus haut. Lors de ces sommets, des stratégies ont été proposées pour diminuer l'extrême pauvreté et la misère dans le monde qui affligent plus de la moitié de la population mondiale (Nations unies, Plan d'application du Sommet mondial pour le développement durable, 2002). Les plans d'action se sont donnés comme cible d'atteindre en 2015 certains objectifs comme réduire de moitié le nombre de pauvres et donner l'accès à l'eau potable pour le milliard d'habitants qui en sont privés. Il s'agit d'un appel lancé à tous les gouvernements du monde de se mettre à l'oeuvre et de relever le plus grand défi de l'humanité en ce début du troisième millénaire: sauver la biosphère et entreprendre le travail d'élimination de l'apartheid Nord/Sud. Seulement 10 % des dépenses militaires, pendant une décennie, permettraient d'atteindre ces objectifs» (Dufour, J., 2004).
Ces propos sont corroborés par les protagonistes
de l’établissement de la paix mondiale sans le recours aux armes.
Cette hausse des dépenses militaires mondiales constitue une menace grandissante
pour la survie de l’humanité. Le Mouvement de la Paix, notamment,
déplore cette situation. Selon les propos mêmes de Arielle Denis,
co-présidente du mouvement : «Pendant ce temps, des millions d’êtres
humains meurent chaque année de malnutrition, de maladies que l’on
sait soigner facilement, du dénuement total et des souffrances causées
par les guerres, ou les catastrophes climatiques. D’autres mieux lotis
souffrent de précarité, de chômage, du mal logement, et
sont souvent privés d’accès aux soins. Les Objectifs du
Millénaire pour le développement (ODM), fixés par l’ONU
et approuvés par tous les chefs d’État entendent réduire
de moitié la pauvreté en 10 ans. Il suffirait de 135 milliards
de dollars chaque année pour avancer dans la bonne voie et arracher la
majorité des habitants de la planète aux mâchoires de la
misère : 10% seulement des dépenses militaires». Est-ce
qu' il sera trop tard au moment où le politique aura pleinement
conscience de la signification de ce slogan à populariser davantage :
«Désarmer pour développer autrement»?
RÉFÉRENCES
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AUTRES SOURCES
Calendrier d’événements du secteur de l’aérospatiale et de la défense 2007-2008: http://strategis.ic.gc.ca/epic/site/ad-ad.nsf/fr/ad03575f.html
GROUPE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION SUR LA PAIX (GRIP). Les 40 principaux importateurs d’armements conventionnels.
Les objectifs du Millénaire pour le développement : http://www.un.org/french/millenniumgoals/
National Priorities Project.
World military expenditures, 1988-2006.
NOTES
1. Le SIPRI, une organisation financée par le gouvernement
suédois, est spécialisé dans l’étude du commerce
des armes et l’analyse des dépenses militaires.
2. On compterait au début de 2007 un total de 26 000 têtes nucléaires
à travers le monde selon le SIPRI.
ANNEXE . Calendrier d’événements
du secteur de l’aérospatiale et de la défense en 2007 http://strategis.ic.gc.ca/epic/site/ad-ad.nsf/fr/ad03575f.html
Jules Dufour, Ph.D., est Professeur émérite
à l'Université du Québec à Chicoutimi, Président
de l'Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, Membre chevalier de
l'Ordre national du Québec.
© Copyright Jules Dufour, Mondialisation.ca, Le 9
juillet 2007
Merci à Michel Collon http://www.michelcollon.info/