Washington et les pétromonarchies continuent leur bras
de fer avec le "printemps" yéménite
F. Delorca
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Le 2 mars dernier (http://www.trust.org/alertnet/news/us-security-team-attacked-in-aden-no-injuries-pentagon/)
un "officier de la CIA" aurait été tué lors d'une
attaque dans la province d'Aden par le groupe Ansar al-Charia. Ansar al-Charia
(les "supporters de la charia") est un groupe nouveau, dont on ignore
s'il est distinct d'Al Qaida, qui controle dans le sud Shawa et Abyan, et fournit
dans ces zones une aide importante aux pauvres (http://www.lavoixduyemen.com/2012/01/25/ansar-al-sharia-au-yemen/1651/)
tout en imposant une version dure de la loi islamique. Le Pentagone a reconnu
qu'une "équipe de sécurité" américaine
a été la cible de tirs, ce qui pose la question d'une présence
militaire américaine cachée, alors qu'Obama a toujours démenti
toute intention d'envoyer des troupes dans ce pays.
La nouvelle intervient alors que les Etats-Unis et leurs alliés
saoudiens et qatariens poursuivent leur bras de fer avec le mouvement populaire
yéménite.
Le 27 février dernier, après un an de manifestations
populaires (et d'une répression qui a fait plus de 2 000 morts -http://en.wikipedia.org/wiki/2011%E2%80%932012_Yemeni_uprising-),
le président sortant Ali Abdallah Saleh a démissionné,
en application d'un accord signé avec ses voisins et alliés, les
pétromonarchies du Golfe, du 23 novembre dernier, en échange du
maintien de son impunité judiciaire. Une transition en douceur bien différente
de celle que l'OTAN a imposée en Libye. Tandis que les Occidentaux s'indignaient
de voir Bachar-El-Assad organiser un référendum constitutionnel
en Syrie, ils faisaient avaliser par le peuple sur un mode plébiscitaire
l'élection à la présidence du Yémen pour deux ans
d'Abd Rabbo Mansour Hadi, un officier originaire du Sud formé par les
britanniques et qui a été le vice-président de Saleh depuis
1994 Abd Rabbo Mansour Hadi - il a été élu avec 99,8 %
(http://www.aljazeera.com/news/middleeast/2012/02/2012219133034774204.html)
des voix, et une participation de 65 % (officiellement).
Les Etats-Unis, qui ont reproché à Saleh de laisser
Al-Qaida et Ansar-al-Charia gagner du terrain dans le Sud et l'Est pour se donner
le rôle du défenseur de l'unité menacée du pays,
espèrent ainsi orchestrer une remise en ordre du pays.
Mais le peuple yéménite ne l'entend pas forcément
de cette oreille. Les séparatistes du Yémen du Sud (ancienne république
communiste qui a rejoint son voisin du Nord il y a vingt ans) et les rebelles
chiites Zaidi (Houthis) du Nord ont boycotté le scrutin. Et le peuple
à Sanaa lui-même continue de protester contre le fait que les forces
de sécurité restent entre les mains des fils et neveux de Saleh.
Selon la TV iranienne (http://www.presstv.ir/detail/229487.html)
le 1er mars 2012, des soldats sont descendus dans la rue pour demander la démission
du brigadier-général Hussein Khairan et du commandant de l'aviation
Mohammed Salah al-Ahmar (le demi-frère de Saleh) accusés de corruption.
Les manifestants scandaient aussi des slogans anti américains et antisaoudiens.
Une dépêche occidentale (http://www.qatar-tribune.com/data/20120302/content.asp?section=gulf1_3)
confirme la manifestation qui réunissait 500 soldats, mais fait l'impasse
sur les slogans anti-occidentaux que la presse iranienne rapporte.
Selon l'expert panafricaniste Abayomi Azikiwe (http://www.presstv.ir/detail/229419.html),
le gouvernement américain va désormais payer directement les militaires
yéménites pour contourner la corruption des généraux
ce qui est une étape supplémentaire dans le processus d'ingérence.
Les soldats ne sont pas les seuls à manifester. Le 29
février(http://www.presstv.ir/detail/229192.html)
, photographies à l'appui, la TV iranienne faisait état de manifestations
à Sanaa brûlant le drapeau américain l'éphigie de
l'ambassadeur Gerald Michael Feierstein et exigeant son départ. En décembre
Feierstein, qui se comporte en proconsul au Yémen, comme l'avait fait
Anne Patterson (http://atlasalternatif.over-blog.com/article-l-assemblee-generale-des-nations-unies-condamne-la-syrie-mais-le-caire-s-eloigne-de-washington-99526032.html)
au Pakistan, s'était déjà attiré les foudres du
peuple en qualifiant de "non pacifique" (http://afrahnasser.blogspot.com/2011/12/us-ambassador-to-yemen-feierstein.html)
une marche populaire entre Taiz et Sanaa. Une manifestation anti-américaine
se serait aussi déroulée à Taiz ville-martyr au Sud-Ouest
du pays, qui est le coeur (http://fr.globalvoicesonline.org/2011/12/05/90468/)
de la révolution yéménite. Le nombre de participants n'est
pas connu. Par ailleurs juste avant les élections (http://www.calgaryherald.com/business/Strike+action+stops+Yemen+exports/6150189/story.html)
un millier d'employés du pétrole de Petro Masila s'étaient
mis en grève bloquant la production dans l'Hadhramout (Sud-Est) - mais
l'activité a repris le 29 (http://ca.reuters.com/article/marketsNews/idCAL4E8DT60720120229).
Les Etats-Unis se heurtent à un véritable casse-tête
au Yémen aussi bien pour neutraliser les mouvements populaires non-violents
que pour liquider les guérillas. Leur volonté de miser sur les
ONG financées par USAID a échoué car aucun expert (http://www.csmonitor.com/USA/Military/2010/0112/US-won-t-send-troops-to-Yemen.-How-will-it-defeat-Al-Qaeda-there)
occidental ou pro-occidental n'accepte de se rendre au Yémen. Donc aucun
programme de "smart power" ne fonctionne. Sur le plan militaire la
seule alternative à l'intervention au sol est l'envoi de drones, une
spécialité américaine désormais, mais qui, comme
au Pakistan, tue beaucoup de civils innocents et ne fait qu'accroître
l'hostilité à Washington dans ce pays.
Pour mémoire (http://yemenpost.net/Detail123456789.aspx?ID=3&SubID=4602&MainCat=7)
au Yémen la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars
par jour.
Source http://atlasalternatif.over-blog.com/article-washington-et-les-petromonarchies-continuent-leur-bras-de-fer-avec-le-printemps-yemenite-100793819.html
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