SYRIE: MUTATIONS ET RISQUES D'UNE CRISE MAJEURE

Jacques Fath Responsable des relations internationales publié le : 20 octobre, 2012

Cet article est une pièce du débat en cours : un débat s'ouvre sur les positions du pcf

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Dans son exceptionnelle gravité et de par la nature des enjeux, la crise syrienne est maintenant au cœur des confrontations du Moyen-Orient. Au point où elle fait passer à l'arrière-plan -au moins temporairement- d'autres problématiques qui restent essentielles pour l'avenir, en particulier la question de Palestine.

C'est 25 000 morts, des destructions considérables dans les principales villes, plusieurs centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins et plus d'un million de déplacés en Syrie même (les chiffres restent approximatifs)...C'est un engagement militaire massif du régime de Bachar El Assad. Les bombardements font de très nombreuses victimes, en particulier des civils, des familles. Les ONG de droits humains dénoncent des crimes de guerre, des tortures, des exécutions sommaires... Elles pointent aussi les exactions de certains groupes armés de l'opposition.

L'inquiétude se nourrit de ce niveau inouï de violence mais aussi de la mutation de cette crise en confrontation géopolitique globale, avec des ingérences multiples sur le terrain, un antagonisme de puissances régionales... et de grandes puissances jusqu'au Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis cherchent à briser l'axéè Damas/Téhéran/Hezbollah libanais qui fait figure pour Washington d'alliance hostile à sa stratégie et à son hégémonie.

Autant dire que tout le monde joue gros en cette affaire dramatique. Et la configuration du Proche-Orient qui en sortira sera bien différente.

Mesurons les risques. On parle beaucoup de «zones tampons», de «couloirs sécurisés», de «zones d'exclusion aérienne partielles» pour la protection des civils et de l'opposition armée. De telles entreprises impliquent des dispositifs et des interventions militaires d'envergure. Jean Fleury, ancien chef d'Etat major de l'armée de l'air, signale (Le Monde du 24 août 2012) que «pour venir à bout aujourd'hui de l'aviation de Bachar Al Assad il faudrait employer toute la machine de guerre américaine et utiliser les aéroports de Grèce et de Chypre, voire du Moyen-Orient». Ce qui veut dire faire la guerre. On ne peut envisager une telle perspective qui se traduirait par une déstabilisation majeure ou une catastrophe dans toute cette région déjà très militarisée. Les dirigeants israéliens en profitent, qui menacent de plus en plus explicitement l'Iran d'une attaque aérienne pour la destruction des installations nucléaires de ce pays parce qu'elles sont considérées comme faisant partie (ce qui est plausible) d'un programme militaire d'accession à la maîtrise de l'arme atomique. Israël, puissance nucléaire reconnue, étouffe la question de Palestine mais jette de l'huile sur le feu régional...

Il faut une solution politique et toutes les initiatives possibles doivent être prises par la France pour y contribuer. Par exemple en soutenant la mission Brahimi de l'ONU, qui prend la suite de la mission Annan. Il faut laisser ouverte la possibilité d'une telle issue politique. L'opposition, dans sa diversité, en discute les conditions. Celles-ci passent par la fin d'un régime qui a montré son cynisme et sa férocité. Le PCF est solidaire du peuple de Syrie, des démocrates et des progressistes de ce pays qui agissent pour la démocratie, la souveraineté et la paix, pour un autre avenir au Moyen-Orient.

Transmis par l'auteur Publié dans planète syrie le 5 septembre 2012

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