Le nucléaire israélien ? « Des
enfants atteints de cancers »
MICHELE GIORGIO
Ehud Olmert sera aujourd’hui (18 octobre, ndt)
à Moscou pour une rencontre à surprises avec Vladimir Poutine,
qui bien sur n’est pas un hasard après la visite du président
russe à Téhéran. Le premier ministre israélien,
indiquaient hier ses proches collaborateurs, entend discuter avec le président
russe d’une série de questions régionales de première
importance, à commencer évidemment par le programme nucléaire
iranien. Olmert, cependant, au lieu de désigner Téhéran,
ferait bien de prendre en considération aussi les conséquences
de son propre programme atomique, couvert depuis des décennies par le
voile impénétrable du secret : et ceci à la lumière
des nouvelles dénonciations sur les risques causés par les scories
atomiques sur la santé des habitants dans les Territoires occupés.
Le professeur Mahmud Saada, expert palestinien et membre d’une
commission internationale de médecins chargés de la « sauvegarde
à l’égard des guerres nucléaires et des radiations »,
a annoncé hier, dans une interview publiée dans le quotidien arabe
al-Hayat, que les radiations émanant du réacteur israélien
de Dimona, et les scories nucléaires de trois dépôts souterrains
adjacents, seraient la cause de cas rares de cancer dont sont atteints des enfants
palestiniens du district de Daheriyeh, au sud de Hébron (Cisjordanie).
Saada a rapporté les cas d’enfants palestiniens affectés
de « très rares formes de tumeurs aux yeux et au cerveau »
et d’analyses de laboratoire qui affirmeraient que « les radiations
et les scories nucléaires enterrées dans trois zones limitrophes
à la zone de Daheriyeh » sont « la cause principale
de cancer, en augmentation de 60% ces derniers temps». A l’ouest
de Daheriyeh, a ajouté l’expert palestinien, ont été
enregistrés des pourcentages de césium 137 semblables à
ceux que l’on trouve à trente kilomètre du réacteur
de Tchernobyl. Saada a demandé que les institutions internationales fassent
les démarches nécessaires pour obliger Israël à « arrêter
le stockage souterrain des scories dans les zones habitées »,
pour « installer une station de surveillance des radiations nucléaires »
et « construire un hôpital pour soigner les maladies dues aux
radiations ». De son côté al-Hayat a dénoncé
« la négligence des autorités israéliennes »
qui selon le quotidien, « n’auraient pris aucune mesure pour
examiner la présence de radiations dans la zone intéressée ».
Il y a deux ans d déjà, un groupe de médecins
palestiniens avait dénoncé l’augmentation de cancers et
avortements spontanés dans cinq villages au sud de Hébron, trouvant
un appui auprès de leur collègue et expert israélien Michael
Shapira, qui n’avait pas exclu, comme cause des maladies, la présence
de dépôts de scories nucléaires. Des affirmations qui mériteraient
une vérification que les agences internationales compétentes,
cependant, ne semblent pas vouloir effectuer. Dans le passé pourtant,
le Programme pour la protection de l’environnement des Nations Unies (Unep)
a mis en évidence à plusieurs reprises que le programme atomique
et de dépôt des scories nucléaires poursuivi depuis des
décennies par Israël continue à se dérouler sans aucun
contrôle. Il n’est par ailleurs pas insignifiant que les autorités
israéliennes, il y a quelques années, aient fait distribuer des
médicaments pour atténuer le risque du aux radiations dans certains
centres habités du Neghev, proches de la centrale de Dimona : là
où Israël – selon les révélations faites en
1986 par l’ancien ingénieur nucléaire israélien Mordechai
Vanunu et les études d’experts internationaux- a produit le plutonium
nécessaire à la construction des cent à deux cents engins
atomiques qui constitueraient son arsenal.
Les dénonciations sur les conséquences des radiations
n’induisent cependant pas Israël à une reconsidération
du processus ; au contraire l’Etat hébreu entendrait se doter
de la première centrale nucléaire civile (celle de Dimona officiellement
n’est qu' un « centre de recherches avancées ».
Des indiscrétions révélées ces dernières
semaines dans la presse locale et internationale parlent du choix imminent du
gouvernement israélien de réaliser une centrale électrique
atomique dans le but de satisfaire, en partie au moins, la demande nationale
croissante d’électricité.
Dimona, entre- temps, continuera-t-elle à produire des bombes et des
tumeurs ?
Edition de jeudi 18 octobre de il manifesto http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/18-Ottobre-2007/art59.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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