La guerre arrive et les préparatifs doivent commencer
Abdel Bari Atwan
Le Golfe et la troisième guerre mondiale
Al-Quds Al-Arabi : 22 /10/07
Le mois de Ramadhan est fini, ainsi que les fêtes de
l’Aid et les capitales arabes, notamment du Golfe, ont commencé
à sortir de leur torpeur et à se préparer à la mobilisation
psychologique et médiatique que l’administration américaine
a préparée dans ses moindres détails, à la veille
de la guerre, exactement comme elle l’avait fait avant l’invasion
et l’occupation de l’Irak.
Dick Cheney est le maître à bord à Washington.
C’est lui qui avait pris la décision de la guerre contre l’Irak.
Plusieurs journaux américains ont rapporté récemment qu' il
vient de mettre au point les derniers détails d’un nouveau plan
d’attaque de l’Iran parce qu' il voit dans les ambitions atomiques
de ce pays, une menace pour la domination américaine des plus grandes
réserves pétrolières du monde. C’est ce qui explique
la déclaration de Nancy Pélosi, présidente de la majorité
démocrate, sur la nécessité pour l’administration,
d’obtenir l’aval du Congrès avant toute nouvelle guerre contre
l’Iran. Cheney ne menace pas dans le vide. Il a choisi l’Institut
de Washington pour la politique du moyen orient, connu pour son soutien à
Israël, pour lancer aux arabes et aux israéliens, ses partenaires
dans cette nouvelle guerre, son avertissement : la guerre arrive et les préparatifs
doivent commencer.
La guerre contre l’Iran continue celle contre l’Irak
dans le but de garantir qu' Israël reste l’unique puissance
régionale dotée de l’arme atomique et, de dominer les champs
et les réserves du pétrole. Quand le ministre de la défense
Australien a dit que le pétrole était une des causes essentielles
de l’invasion de l’Irak, il n’avait pas fait un lapsus lingue.
Il n’était pas surprenant non plus que Allen Grispan, président
de la réserve fédérale durant dix ans, dise la même
chose dans son nouveau livre.
Les estimations officieuses des réserves pétrolières
de l’Irak qu' on s’ingénie à garder secrètes,
de l’ordre de 115 milliards de barils, sont au fait bien inférieures
au chiffre réel qui est de l’ordre de 300 milliards de barils.
C’est ce qui explique que les troupes américaines aient permis,
aux premiers jours de l’invasion, de piller tout sauf le ministère
du pétrole. C’est ce qui explique aussi l’entêtement
des Etats-Unis à faire voter la loi sur les hydrocarbures par le nouveau
parlement irakien, laquelle réduit le contrôle de la compagnie
nationale irakienne du pétrole à 18 puits sur les 80 qui existent
actuellement, laissant les autres aux compagnies américaines et britanniques
et ce pour les 30 ans à venir. On estime qu' au cours de cette période
1000 nouveaux puits seront forés dans ce pays sinistré.
L’administration américaine sait parfaitement
que la poursuite de sa domination sur les réserves pétrolières
du Golfe est le seul moyen de contenir le danger Chinois rampant. La Chine consomme
actuellement 13 millions de barils par jour dont la moitié est importée
de la région du Golfe précisément. Sa consommation croît
de 7,5% par an ce qui veut dire que ses besoins vont doubler en moins de 15
ans, période à la fin de laquelle les experts estiment que les
réserves de pétrole seront taries partout ailleurs hors de la
région du Golfe et principalement en Irak.
Les gouvernements des pays du Golfe connaissent parfaitement
les détails des plans de la guerre américaine contre l’Iran
comme ils ont connu ceux contre l’Irak. Ils ont commencé à
la « commercialiser », en insistant sur le caractère, éminemment
plus grand, du danger iranien que le danger américano-israélien
et, en s’apprêtant à acquérir les armes les plus sophistiqués.
Ainsi, le Koweït a annoncé l’achat de fusées
Patriot anti-missiles et l’Arabie Saoudite a fait de même.
Mais pourquoi le Koweït achèterait-il donc ces
fusées alors qu' il héberge 30.000 militaires américains
et que 30% de son territoire servent de base à un arsenal américain
sophistiqué et diversifié ?
Dans une réunion privée, un haut responsable
d’un pays du Golfe a déclaré que son pays connaît
parfaitement le danger iranien sur sa sécurité et sa souveraineté
et qu' il ne tient nullement compte des surenchères des groupes
islamistes et nationalistes qui voient en Israël le danger suprême,
ajoutant textuellement « que peuvent pour nous l’Egypte, la Syrie
ou le Yémen au cas où nous sommes attaqués par l’Iran
ou pris en otage par son arsenal atomique, si les américains ne le détruisent
pas ? Israël ne représente pas un danger pour nous et son programme
nucléaire n’est absolument pas une source d’inquiétude.
Israël possède un arsenal nucléaire mais il ne l’a
jamais utilisé ».
Une personne présente dans ce cercle privé a
rétorqué à ce haut responsable du Golfe « qu' Israël
n’avait pas à utiliser ses armes nucléaires puisqu' il
dispose d’un arsenal d’armes conventionnelles destructrices, fournies
par les USA, mais ces derniers ont été le seul pays au monde à
avoir utilisé l’arme atomique, et ils servent de modèle
pour Israël ».
Le grand malheur est que certains pays du Golfe qui poussent,
tout comme Israël, l’Amérique à attaquer l’Iran,
ne veulent pas réfléchir aux conséquences désastreuses
de toute guerre et ne demandent pas à leur grand allié le sort
qu' il réserve à L’Iran et à toute la région
à l’issue de cette guerre attendue.
L’administration Bush a réussi à détruire
l’Irak et à changer son régime mais elle n’a pas réussi
à construire la paix et la stabilité dans la région et
c’est ce qui peut se passer de nouveau à l’issue de toute
nouvelle guerre contre l’Iran.
Le Commandant de la Garde révolutionnaire iranienne
a déclaré hier que son pays lancera 11.000 fusées à
la première minute d’une attaque américaine contre son pays.
Cet homme ne ment pas même s’il a peut-être exagéré
le chiffre. La moitié de ces fusées suffit à détruire
complètement les villes du Golfe. L’Iran ne pourra peut-être
pas affronter le tapis de bombardement de ses infrastructures, mais il se prépare
sûrement à la phase postérieure à la première
frappe pour répliquer, tout comme il a fait en Irak.
Les pays du Golfe et les Etats-Unis seraient-ils en mesure
de résister à une guerre d’usure terroriste de la part de
l’Iran pour les années à venir ?
La démission de Ali Larijani, responsable du dossier
atomique et l’un des rivaux du président Mahmoud Ahmadinejad ,
est un signe supplémentaire que l’Iran prépare ses plans
pour les lendemains de l’attaque et que « l’aile dure »
du régime est parvenue à avoir la haute main sur les affaires.
La question est de savoir si les dirigeants arabes ont des plans et des projets,
surtout ceux qui se sont alignés sur l’Amérique et battent
les tambours de sa guerre ?
http://www.alquds.co.uk/
traduit de l’arabe par Ahmed Manai : www.tunisitri.net/
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