« Un choix moral », le boycott secoue Tel Aviv
Comment se justifie le boycott contre l’Etat juif ?
Omar Barghouti :
Israël est un pays qui a violé plus de principes
et de lois internationales que l’Afrique du Sud pendant l’apartheid.
Le boycott est justifié par la violation de principes légaux (les
résolutions des Nations Unies). Politiquement il met l’accent sur
les droits, qui doivent être respectés par les deux communautés
si on veut une solution juste au conflit. Un des outils les plus efficaces dans
nos mains est la Convention de l’Onu contre l’apartheid. Exactement
comme dans l’Afrique du Sud ségrégationniste, il y a en
Israël des lois qui discriminent ouvertement les citoyens arabes de l’Etat.
La plus importante est celle sur la propriété de la terre, qui
n’attribue aucun contrôle sur cette dernière aux Palestiniens,
en en confiant entièrement la gestion à l’Agence juive.
Quels résultats avez-vous obtenu jusque-là présent
?
O. B.
Il n’y a que trois ans que nous avons commencé,
mais les institutions et les groupes de la société civile internationale
répondent très bien. La semaine dernière le Tgwu, un syndicat
britannique de 80.000 adhérents, a voté une résolution
très dure de boycott. Comme l’avait fait Unison, le principal syndicat
(1,3 millions d’adhérents), ou le Cupe en Ontario (200 mille membres),
qui est en train de préparer des cours pour éduquer ses adhérents
au boycott, sans parler du Cosatu sud-africain qui s’est mobilisé
en masse.
Quand il est mis au coin, Israël réagit durement.
O. B.
Vous européens, vous oubliez que même l’Afrique
du Sud, quand les campagnes de boycott sont devenues efficaces, a réagi
en intensifiant sa répression contre ses citoyens noirs. Le monde à
l’époque s’était demandé : peut-être
vous faisons-nous du mal au lieu de vous aider dans votre lutte ? La réponse
dans ce cas là fut : non, et nous continuerons jusqu' à à
ce que aurons abattu le système de discrimination raciale. Le boycott
est la pratique la plus morale et efficiente politiquement, parce qu' elle
n’aliène pas la part humaine de la population, des deux côtés.
Et de cette manière, elle prépare juifs Israéliens et Palestiniens
à la coexistence pacifique.
Vous parlez de boycott, désinvestissement, sanctions
(Bds). Quelles sont les différences ?
O. B.
On entend par désinvestissement le retrait
d’investissements aux institutions ou entreprises qui soutiennent l’occupation.
Toutes les entreprises israéliennes sont complices parce qu' elles
font une discrimination dès le moment où , pour un travailleur,
elles donnent la priorité à ceux qui ont servi dans l’armée.,
en excluant de cette façon la minorité palestinienne en Israël
(1,2 millions de personnes) qui ne fait pas le service militaire. Les sanctions
représentent le dernier degré et sont appliquées par les
Etats et la communauté internationale.
Le boycott individuel fonctionne-t-il ?
O. B.
Même ne pas acheter de fruits ou fleurs produits
en Israël compte, et beaucoup. Pour les produits agricoles israéliens
l’Ue représente un marché de milliards de dollars, et l’Etat
juif a avec Bruxelles un traité d’association qui en fait quasiment
un état membre. Les premières campagnes de boycott contre Pretoria
commencèrent dans les années 50, mais avant de devenir un phénomène
répandu il a fallu attendre 30 ans. Nous Palestiniens, nous sommes en
train de faire beaucoup mieux.
Omar Barghouti & Michelangelo Cocco, Madrid - il manifesto,
le 10 juillet 2007 http://www.info-Palestine.net/article.php3?id_article=2202
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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