S’ils
étaient honnêtes avec eux-mêmes, les hommes politiques et les journalistes
qui accusent la Syrie d’être derrière l’assassinat de Rafic Hariri se
poseraient la question qui vient automatiquement à l’esprit au début d’une
enquête : « A qui profite le
crime ? ».
On le sait aujourd’hui, les
Etats-Unis et Israël ne tenaient pas à ce que Rafic Hariri dirige la
campagne électorale aux prochaines élections législatives au Liban parce
qu’il aurait ensuite gêné la mise en oeuvre de leurs projets dans
Il faut savoir qu’un projet de
partition du Liban circule dans les milieux néo - conservateurs américains
et libanais. Il est soutenu par Elliott Abrams, nouveau n°2 du Conseil
national de sécurité, chargé de destabiliser
Comme Rafic Hariri ne voulait
pas entendre parler de démembrement, il ne fallait surtout pas qu’il
prenne la tête d’une opposition susceptible de gouverner le pays. Sa
déclaration au quotidien libanais Daily Star (15/12/04) en faisait aux
yeux des néo-conservateurs, un « pro- palestinien »
indécrottable. « Un Etat palestinien avec Jérusalem comme
capitale », avait-il dit, « est le droit du peuple
palestinien ». Ses contacts avec des hommes politiques européens pour
empêcher l’inscription du Hezbollah sur la liste des organisations
terroristes, ne leur avaient pas échappé. Il rencontrait discrètement
Sayyed Hassan Nasrallah toutes les semaines pour le tenir au courant de
ses démarches. Quelques jours avant l’attentat, il s’était entretenu à
deux reprises avec le cheikh chiite et s’était dit « optimiste sur le
résultat » (AFP - 15/2/05). Il avait peut être signé là son arrêt de
mort.
De toute évidence, s’il y a un
pays qui n’avait pas intérêt à assassiner Rafic Hariri, c’est bien
La revendication de
l’opération par un groupe inconnu appelé « La victoire et le Djihad
en Grande Syrie » n’est pas crédible. On voit mal comment le
Palestinien Ahmed Abou Adas aurait pu disposer des moyens logistiques et
techniques nécessaires à sa réalisation, comment il aurait pu camoufler
Selon la résistance irakienne,
l’attentat de Beyrouth ressemble à ceux dont l’origine demeure inexpliquée
à Bagdad. Pour Rime Allaf, de l’Institut royal des affaires
internationales de Londres (Reuters - 14/2/05), il est « l’oeuvre de
services secrets, pas d’une petite organisation ». Il a pour but,
dit-elle, de « plonger le Liban dans le chaos » et de
« faire accuser la Syrie ». Mustafa Al-Naser, conseiller de
Rafic Hariri, va plus loin : il accuse le Mossad de l’assassinat
(Iran News Agency - 15/2/05). La presse arabe est quasi unanime à montrer
Tel Aviv du doigt, mais on cherche en vain un article développant cette
hypothèse dans la grande presse occidentale...
Demander le
retrait des troupes syriennes du Liban est une chose, mais en profiter
pour accuser les services secrets de ce pays - sans la moindre preuve et
contre toute logique - d’être coupable du meurtre de l’ancien Premier
ministre libanais n’est pas admissible. Cela relève de la mauvaise foi et
du complot.
Les pressions exercées sur le
Président Bashar Al-Assad n’ont pas seulement pour objectif de lui
interdire de soutenir la résistance irakienne. Le vote de la résolution
1559, l’assassinat de Rafic Hariri, le chaos annoncé au Liban, et la mise
en application du Syrian Accountability Act, sont les dents d’un engrenage
dont le but ultime est le renversement du régime baassiste et la partition
du pays. Quand on lit que la Syrie soutient le terrorisme, menace les
forces américaines et celles de leurs alliés avec ses missiles, on se dit
que le Cabinet Benador Associates et le Rendon Group, liés au Pentagone et
spécialistes en médias- mensonges, sont à nouveau à l’œuvre. Un ami
libanais me disait que l’assassinat de Rafic Hariri lui faisait penser à
celui de l’Archiduc François- Ferdinand à Sarajevo en juin 1914.
L’attentat avait servi de prétexte au déclenchement de ce qui deviendra le
premier conflit mondial. Faut-il en déduire que la Quatrième guerre du
Golfe a commencé ?
·
Sources :
Rafic
Hariri tué dans un attentat à Beyrouth par Nadim Ladki
(Reuters - 14/2/05)
Thierry Oberlé - Qui a
tué Rafic Hariri (17/2/05)
Les souvenirs de la guerre civile
soudain réveillés, par
Gilles Paris (Le Monde - 16/2/05)
Israel and/or America implicated
in killing of Rafik Harriri, par Sam Hamod (Information
Clearing House - 14/2/05)
Hariri : “Le Mossad ou Al
Qaïda », par Barah Mikaïl
(TF1 - 14/2/05)
1701Epargnez à ma patrie vos fâcheuses
expériences, par
Karim Pakradoumi (France-Pays Arabes, février
2005)