XIII
ème Congrès du Parti communiste sud-africain : un parti
de masse et de classe confronté à la question du pouvoir
et de l'unité
AC

Le congrès a réaffirmé l'engagement
du Parti dans l'Alliance tri-partite avec son partenaire syndical privilégié,
la COSATU, ainsi qu'avec le parti au pouvoir, l'ANC, dans le processus
d'approfondissement de la révolution national-démocratique
que le Parti analyse comme la phase précédant la construction
du socialisme.
Cet engagement a néanmoins fait l'objet d'un débat virulent
sur le soutien mais aussi la participation du Parti communiste au gouvernement
dirigé par l'ANC.
En effet, si les liens entre le SACP, l'ANC et le COSATU furent historiquement
tissés dans la lutte contre le régime d'apartheid, le tournant
libéral de l'ANC après 1994, amplifié sous la présidence
de Thabo Mbeki a conduit à une critique de plus en plus nette dans
les rangs communistes et syndicalistes du gouvernement mené par
l'ANC.
Si l'arrivée au pouvoir de Jacob Zuma en 2007 a soulevé
l'espoir d'un virage à gauche, depuis les organisations représentatives
de la classe ouvrière ne cachent pas leur déception. Les
transformations structurelles attendues n'ont pas eu lieu, le pouvoir
du capital reste intact en Afrique du sud, les travailleurs subissant
précarité, chômage et bas salaires.
Or, le soutien du Parti communiste en 2007 au courant de Zuma a conduit
aussi à l'entrée d'un communiste au gouvernement, Blade
Nzimande, secrétaire du Parti, devenu ministre de l’Éducation
supérieure. Les communistes comptent par ailleurs 62 députés
au Parlement national.
Les débats les plus vigoureux, bien que fraternels, ont porté
sur la question du maintien ou non des communistes au gouvernement.
Des liens forts avec les syndicats de classe, des débats fraternels
sur la question de l'unité
La critique est venue des rangs syndicaux alors que le lien entre SACP
et COSATU reste plus fort que jamais.
Selon le secrétaire du Syndicat national des métallurgistes
(NUMSA) Irvin Jim, la participation au gouvernement de communistes prive
ces derniers de l'expression d'une voix plus critique vis-à-vis
du gouvernement dans les luttes que mènent les travailleurs sud-africains,
notamment dans les mines et la métallurgie.
L'intervention du secrétaire-général de la COSATU
Zwelinzima Vavi reflète ces préoccupations mais aussi l'engagement
sincère et profond de la direction du syndicat aux côtés
du Parti communiste :
Vavi a d'abord salué la croissance irrésistible du Parti
: « C'est bien la preuve que le communisme,
le communisme révolutionnaire dans les meilleures traditions marxistes-léninistes
sont bien debout et vivantes ».
Il a ensuite, dans le contexte d'une Afrique du sud toujours plus inégalitaire,
posé la question nécessaire de la politique d'unité
avec l'ANC : « Nous voulons conserver l'unité
de l'Alliance. Mais l'unité dont nous parlons, c'est une unité
véritablement révolutionnaire, c'est-à-dire l'unité
autour d'un programme révolutionnaire d'action en faveur de la
classe ouvrière et des pauvres ! »
Ce qui mène le dirigeant syndical à questionner la stratégie
de participation du SACP au pouvoir : « Nous
craignons que cette stratégie conduise à un affaiblissement
du parti, et à atténuer ses caractéristiques de parti
luttant pour le socialisme ».
« Il doit y avoir un équilibre entre
la nécessité de construire un SACP fort et indépendant,
capable d'offrir une direction à la classe ouvrière, et
la nécessité pour les communistes de prendre le pouvoir
et de l'influence dans chaque sphère de transformation. »
Zwelinzima Vavi conclut en réaffirmant la nécessité
de renforcer le parti dans les luttes :
« Le Parti communiste est confronté
à la tâche difficile de s'immerger dans les luttes populaires
et dresser ces luttes comme une arme potentielle pour faire tomber cette
bête qu'est le capitalisme ».
« Le socialisme est l'avenir, construisons-le maintenant ! »
En dépit de ces débats animés sur
la question du pouvoir, le lien entre le Parti et les syndicats de classe
sort renforcé de ce congrès avec l'élection notamment
du secrétaire du Syndicat national des mineurs (NUM) comme président
du Parti.
Les principes généraux de l'action du Parti firent l'objet
d'un certain consensus : la réaffirmation de l'engagement du Parti
à construire le Socialisme, la nécessité d'approfondir
la phase transitoire constituée par la Révolution démocratique
et national, enfin le besoin de renforcer le Parti communiste, parti d'avant-garde
de la révolution, pour mener à bien ce processus.
Le mot d'ordre « Le socialisme est l'avenir,
construisons-le maintenant ! » conclut ainsi la réalisation
finale du plus grand Congrès qu'ait connu le Parti communiste sud-africain
en 91 années d'existence.
Source : http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-xiii-eme-congres-du-parti-communiste-sud-africain-un-parti-de-masse-et-de-classe-confronte-a-la-qu-108463777.html
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