LA POLITIQUE PARLEMENTAIRE ET LE PARTI COMMUNISTE : L'ARèNE éLECTORALE, L'EXPéRIENCE ET LES LEçONS DE LA GRèCE ET DU KKE

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Giorgos Marinos membre du Bureau Politique du Comité Central du Parti communiste de Grèce (KKE) dans l'édition d'août 2018 d'African Communist - la revue théorique du Parti communiste sud-africain (SACP)
publié le 23 septembre 2018

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Nous aimerions remercier le Parti communiste sud-africain de nous avoir donné l'occasion de tenter de partager avec nos camarades quelques éléments fondamentaux de l'expérience du Parti communiste de Grèce (KKE). A notre avis, l'échange de vues sur les questions de la lutte de classe et du mouvement communiste renforce nos connaissances et notre expérience.

INTRODUCTION

Le KKE a été fondé en tant que parti de la classe ouvrière il y a un siècle, en novembre 1918, à la suite de la fusion du mouvement ouvrier avec le communisme scientifique, sous l'impact décisif de la révolution socialiste d'Octobre.

Dans les années 1920 et 1930, le parti faisait ses premiers pas tout en étant à l'avant-garde de la lutte populaire. Il fut confronté à la répression de l’état bourgeois, à la dictature en 1925 et 1936, à de sévères conditions d'illégalité, d'emprisonnement et d'exil.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre de la lutte pour la libération, il a joué un rôle de premier plan dans la fondation du Front de libération nationale (FLA) et de l'Armée populaire de libération nationale grecque (ELAS) qui ont libéré une grande partie du pays des forces d'occupation nazies, où des cellules du pouvoir populaire, des milices populaires, des structures de justice populaire, des gouvernements locaux furent formés.

Après l'éviction de la machine de guerre allemande et la libération du pays, le parti, en raison de sa stratégie erronée, n'est pas allé de l'avant pour affirmer le pouvoir d’état. Au contraire, il s'est enfermé dans un effort pour assurer un développement démocratique sans heurts ; il a signé des accords inacceptables avec les forces bourgeoises ; il a participé au gouvernement bourgeois en septembre 1944 avec 6 ministres et, en février 1945, il a rendu ses armes.

En d'autres termes, notre Parti n'a pas été en mesure d'utiliser la situation révolutionnaire créée fin 1944 et qui a pris fin en 1946 après une période de déclin.

Dans des conditions de dure répression, en 1946, notre parti s'est lancé dans la guérilla, il a fondé l'Armée démocratique de Grèce qui a combattu héroïquement pendant trois ans, une lutte qui constitue le point culminant de la lutte de classe en Grèce. La guerre civile a été gagnée par la classe bourgeoise soutenue par l'impérialisme britannique et américain et en 1949, les militants de l'ADG ont cherché refuge dans les pays socialistes.

Des milliers de communistes tombèrent sur les champs de bataille, furent exécutés par les pelotons d'exécution de la bourgeoisie, des milliers furent emprisonnés et envoyés en exil. Le KKE a été interdit de 1947 à 1974. Cette période a été la plus longue période d'illégalité pour notre parti.

Après la guerre civile et dans les dures conditions d'illégalité, le parti a maintenu des organisations du parti illégales. Dans le même temps, après 1951, le parti opérait dans les rangs de la coalition "Gauche démocratique unifiée" (EDA), une alliance avec un programme social-démocrate qui comprenait des forces communistes et sociales-démocrates. Malgré ses luttes pour les intérêts des travailleurs, l'EDA s'est révélée être un terreau fertile pour les positions opportunistes et les illusions.

En 1958, la direction du parti a décidé la dissolution des organisations du parti et l'adhésion des communistes à l'EDA, qui participait aux élections, et qui en 1958, occupa la deuxième place avec 24%.

La dissolution des organisations du parti a été une grave erreur du parti qui a eu des répercussions négatives sur l'indépendance organisationnelle, idéologique et politique du parti.

Les illusions parlementaristes ont encore été entretenues ; le parti a coopéré avec les forces sociales-démocrates bourgeoises "centrales", alors que ses forces n'étaient pas préparées lorsque la dictature militaire a été établie en Grèce en avril 1967. Néanmoins, les communistes, avec leurs activités illégales, ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre la dictature, et beaucoup ont été envoyés en prison et en exil.

Dans les années 1960, l'opportunisme s'est renforcé à l'intérieur du parti, conduisant à une intense confrontation politique idéologique. En 1968, après une dure bataille lors de la 12ème session plénière du Comité Central, dans des conditions d'illégalité, le groupe opportuniste de droite fut vaincu et le parti scissionna.

Le parti s'est relevé et a poursuivi sa lutte. Après la chute de la dictature en juillet 1974, il a imposé sa légalisation de fait.

Les années 1980 ont été marquées par le développement des organisations du parti, qui avaient été reconstruites sous la dictature, ainsi que par le développement de la Jeunesse Communiste de Grèce (KNE), fondée en 1968. Les communistes ont conquis de nombreuses positions dans le mouvement syndical et ont joué un rôle de premier plan dans la lutte des classes.

A une époque où les signes de contre-révolution et de renversement du socialisme étaient évidents, le KKE a coopéré avec les forces opportunistes qui avaient été expulsées du parti en 1968 ainsi qu'avec les forces sociales-démocrates. En 1989, il a formé la "Coalition de la gauche et du progrès - Synaspismós", prédécesseur de SYRIZA, qui est actuellement le parti au pouvoir dans notre pays.

Cette évolution a donné lieu à une nouvelle vague d'opportunisme. L'existence du KKE était en jeu étant donné la contre-révolution et le renversement du socialisme en Union soviétique et dans les autres pays de construction socialiste. Les communistes ont résolu le problème lors du 13ème Congrès du parti en 1991. Lors de ce Congrès, le parti a décidé de retirer ses forces de la "Coalition", il a clarifié ses lignes et a avancé sur la base du marxisme-léninisme, et s'est engagé dans le changement révolutionnaire.

L'étude de l'histoire du KKE à cette époque nous a permis de tirer des conclusions significatives :

Premièrement, sur la nécessité d'une stratégie révolutionnaire, qui doit être en phase avec le caractère de notre époque, une époque de transition du capitalisme au socialisme.
Deuxièmement, sur la préparation idéologico-politique et organisationnelle multiforme du parti pour faire face aux conditions complexes créées par la lutte de classe, sur la nécessité de rejeter les illusions parlementaristes et d'utiliser la situation révolutionnaire pour la révolution socialiste et la lutte pour le pouvoir ouvrier.
Troisièmement, sur la sauvegarde de l'indépendance organisationnelle, idéologique et politique du parti dans toutes les conditions, y compris dans l'illégalité, dans la guerre impérialiste, dans la dictature ou le fascisme, ainsi que sur le rejet de la participation aux alliances bourgeoises, aux "coalitions de gauche" (ou quelque soit leur nom) qui dans la pratique nient l'indépendance du parti et conduisent à des compromis au détriment de la lutte pour le pouvoir.
Quatrièmement, sur le refus de la participation ou du soutien à des gouvernements bourgeois et la sauvegarde du parti afin qu'il ne se retrouve pas sous la bannière de sections de la classe bourgeoise.
Cinquièmement, la lutte résolue et sans compromis contre l'opportunisme qui est un vecteur pour la pénétration de l'idéologie bourgeoise dans le mouvement ouvrier et communiste, ce qui peut conduire à la liquidation.

PéRIODE RéCENTE

Après la crise de 1990-1991, le parti a pris des mesures décisives pour reconstruire les organisations du parti ; il a renforcé son orientation vers la classe ouvrière, en gagnant des forces et des syndicats, et lors du 15ème Congrès en 1996, il a commencé l'élaboration de nouvelles directives programmatiques. Dans ce contexte, il a remplacé la stratégie des étapes de transition qui a abouti à la conclusion qu'en Grèce, pays occupant une position intermédiaire dans le système impérialiste, les conditions matérielles préalables à la nouvelle société avaient mûri et que la lutte devait donc viser à résoudre la contradiction fondamentale entre capital et travail.

Il s'agit là d'une réalisation importante qui s'est développée avec l'étude des causes et des facteurs qui ont conduit au renversement du socialisme en Union soviétique et dans les autres pays de construction socialiste, une question qui a été traitée par le 18ème Congrès en 2009, et par le débat pertinent qui a contribué à enrichir la stratégie du parti.

Sur la base de l'élaboration de ce matériel et de nouvelles études sur le développement du capitalisme en Grèce, ainsi que de l'expérience du mouvement communiste international, notre parti a approuvé un nouveau programme lors de son 19ème Congrès en 2013.

Le programme précise en outre que les renversements contre-révolutionnaires ne changent pas le caractère de notre époque, le caractère de la révolution comme élément clé de la stratégie du Parti communiste qui agit dans les conditions du capitalisme monopoliste, c'est-à-dire de l'impérialisme, n'est pas déterminé par la corrélation actuelle des forces mais par la maturité des conditions matérielles du socialisme et la contradiction à résoudre selon l'évolution historique (à savoir la contradiction entre capital et travail).

Le programme du parti stipule que le peuple grec sera libéré des liens de l'exploitation capitaliste et des syndicats impérialistes lorsque la classe ouvrière, avec ses alliés, mènera la révolution socialiste et ira de l'avant pour construire le socialisme-communisme avec le pouvoir ouvrier, socialiser les moyens de production concentrés, développer l'économie avec une planification scientifique centrale, désengager le pays des organisations impérialistes de l'OTAN et de l'UE.

Les forces motrices de la révolution socialiste seront la classe ouvrière comme force principale, les semi-prolétaires, les couches populaires opprimées des travailleurs indépendants urbains, les paysans pauvres, qui sont négativement affectés par les monopoles, et qui pour cette raison ont un intérêt objectif dans leur abolition, l'abolition de la propriété capitaliste, dans la chute de son pouvoir, dans les nouveaux rapports de production. Aujourd'hui, dans une situation non révolutionnaire, le KKE s'efforce de préparer le facteur subjectif à la perspective d'une révolution socialiste, bien que la période de son déclenchement soit déterminée par des conditions préalables objectives, à savoir la situation révolutionnaire ("ceux qui sont au-dessus" ne sont plus capables de gouverner et "ceux qui sont en dessous" ne veulent plus vivre comme avant).

La nécessité de la préparation du parti et du mouvement populaire ouvrier implique les tâches suivantes : le renforcement du KKE, le regroupement du mouvement ouvrier, l'alliance sociale qui exprime les intérêts de la classe ouvrière, les semi-prolétaires, les travailleurs indépendants dans les centres urbains et les agriculteurs pauvres, les jeunes et les femmes de la classe ouvrière et les couches populaires dans la lutte contre les monopoles et le capital.

Le travail du parti dans tous les domaines de la lutte de classe est guidé par la stratégie du parti et la ligne correspondante pour le rassemblement des forces. De même, par l'intervention des communistes dans le mouvement syndical, dans le travail parlementaire, dans l'administration locale, sur tous les fronts qui concernent les problèmes de la classe ouvrière, des couches populaires, de la jeunesse.

SUR LES TRAVAUX PARLEMENTAIRES

Notre parti participe aux élections en tant que KKE. Ses listes comprennent également des militants qui ne sont pas communistes mais qui coopèrent avec le parti et les organisations de masse soutenues par le parti, à savoir les syndicalistes, les travailleurs, les agriculteurs, les travailleurs indépendants, les artisans, les commerçants, les étudiants, les scientifiques, les anciens combattants.

Aujourd'hui, le KKE compte 15 membres au Parlement (députés), 2 membres au Parlement européen, 5 maires (dont la 3ème plus grande ville, Patras), 31 conseillers régionaux et des centaines de conseillers municipaux.

Le KKE intervient au parlement national en essayant d'empêcher l'adoption de mesures anti-populaires et en votant contre les projets de lois ou de directives anti-populaires et autres actes législatifs de l'UE. Il dépose des questions, des projets de loi et des amendements sur des questions sérieuses qui concernent la classe ouvrière, par exemple l’exonération des dettes et des impôts des familles populaires, les soins de santé, l'éducation, en parallèle avec la lutte des syndicats, du mouvement ouvrier et populaire.

Récemment, il a utilisé une initiative du PAME et de 513 Syndicats, Fédérations et Centres de travail concernant les conventions collectives et a déposé un projet de loi ouvrant un débat au Parlement. Cette initiative a été très utile malgré son rejet par le gouvernement SYRIZA-ANEL et les autres partis bourgeois.

Les positions du KKE sont de façon normale rejetées par les partis bourgeois et opportunistes. Néanmoins, ces interventions nous aident à révéler le caractère exploiteur du capitalisme et de la démocratie bourgeoise en tant que "dictature des monopoles".

Elles contribuent à la mise en lumière de la classe ouvrière, des couches populaires et de la jeunesse. Sur la base de ces informations, les travailleurs peuvent améliorer l'organisation de leur lutte.

Chaque fois que des mesures anti-populaires sont adoptées, notre parti s'efforce et lutte constamment pour qu'elles ne soient pas légitimées dans la conscience des gens.

Ces interventions, par exemple l'intervention avec une question dénonçant des mesures qui commercialisent les soins de santé ou imposent des taxes sur le peuple, peuvent être utilisées dans la lutte de masse générale en relation avec l'activité des organisations du parti et de la jeunesse communiste ou elles peuvent être adoptées par les syndicats et autres organisations de masse du mouvement du peuple. C'est le contenu même de la lutte de notre parti et de nos députés.

Les députés communistes entretiennent des liens forts avec les travailleurs des usines, des entreprises, avec les paysans pauvres et moyens, avec les travailleurs indépendants, avec les jeunes dans les écoles et les universités, avec les employés des services de santé et généralement avec tous les travailleurs sur les lieux de travail et dans les quartiers populaires.

En coopération avec les organisations du parti, ils recueillent des informations afin que les interventions au Parlement soient plus efficaces et plus révélatrices.

Ils sont à l'avant-garde des luttes ouvrières et populaires, contribuant à l'organisation de la lutte.

Les députés communistes ne sont pas détachés de la classe ouvrière et des couches populaires, pas même en termes de revenus. Ils donnent la totalité de leur salaire parlementaire au parti qui, dans la mesure du possible compte tenu des besoins de la lutte des classes, leur procure un revenu qui ne peut dépasser le salaire d'un ouvrier.

Notre parti tire également une expérience significative de la lutte contre l'organisation criminelle nazie "Aube dorée". Notre parti les affronte aussi bien au Parlement qu'au sein du mouvement ouvrier et populaire et tente de révéler le rôle dangereux de ces fascistes qui sont actuellement devant les tribunaux pour crimes, meurtres de militants et d'immigrés, attaques contre les communistes et les forces du PAME. Le KKE et la KNE, ainsi que les travailleurs militants, contribuent de manière décisive à la protection des luttes pour que la classe ouvrière isole la monstruosité fasciste.

Les membres du Parti qui sont élus ou nommés par le parti dans les organes législatifs, dans les organes représentatifs ou autres organes élus et plus généralement dans les institutions de l’état bourgeois mettent en œuvre la politique et les décisions du parti, sont engagés dans la cause de la classe ouvrière et la défense de ses intérêts et défendent constamment les intérêts du peuple.

Lorsqu'il est proposé à des membres du parti d'assumer ces fonctions, il faut tenir compte de l'avis de leurs organisations de base et de leurs organes respectifs. Cette position est à la disposition du parti. Les organes directeurs peuvent les nommer dans un autre domaine de responsabilité en fonction des besoins du parti. Les salaires, les allocations et les pensions ou tout autre avantage économique qui découlent de cette fonction appartiennent au parti et lui sont accordés. Les députés qui sont membres du parti constituent le groupe parlementaire.

Les listes du parti sont établies par le Comité Central, selon les propositions des organes directeurs des organisations du parti. Le Comité Central décide de la composition du groupe parlementaire et de son secrétariat qui coordonne ses travaux.

L'activité du Parti au Parlement sert les objectifs et les besoins de la lutte des classes.

LE KKE LUTTE CONTRE LES ILLUSIONS PARLEMENTARISTES

Le KKE dit au peuple que le travail parlementaire n'est qu'un aspect de la lutte. L'enjeu principal est l'accélération du regroupement du mouvement ouvrier, le renforcement des syndicats, la consolidation de l'orientation de classe, le changement de la corrélation des forces, la défaite des forces qui soutiennent l'UE et la politique bourgeoise ainsi que celle des forces réformistes et opportunistes qui favorisent la collaboration de classe et cherchent à désarmer le mouvement syndical.

Il explique la nécessité de construire l'alliance sociale pour renforcer la lutte anticapitaliste, anti-monopole et rallier les forces pour le renversement de la barbarie capitaliste.

Le KKE souligne que la lutte contre les forces bourgeoises et opportunistes au Parlement et au Parlement européen concernant tous les problèmes du peuple, face à la classe bourgeoise, à l’état bourgeois, à l'UE et au système capitaliste n'a rien à voir avec l'encouragement des illusions et de la confusion que la lutte parlementaire puisse conduire à une réforme du système capitaliste en faveur du peuple, ou à une réforme de l'Union Européenne, Union impérialiste qui est soutenue par les puissants groupes monopolistes, une position soutenue par le PGE, par SYRIZA et d'autres forces en Grèce.

L'expérience de notre parti démontre que cette position a causé de graves dommages à la conscience des gens. Elle est basée sur la dangereuse illusion que le capitalisme peut être humanisé, dans une période où le système capitaliste, dans sa phase impérialiste actuelle, devient de plus en plus réactionnaire et dangereux.

Notre position fondamentale est que nous ne pouvons pas parler de "démocratie en général" mais seulement de démocratie bourgeoise. De même, il n'y a pas de "dictature en général" mais une dictature de la classe opprimée, à savoir le prolétariat, sur ses oppresseurs et exploiteurs, à savoir la classe bourgeoise qui vise à vaincre sa résistance dans sa lutte pour la domination. "[...] La plus démocratique des républiques bourgeoises ne saurait être autre chose qu'une machine à opprimer la classe ouvrière à la merci de la bourgeoisie, la masse des travailleurs à la merci d'une poignée de capitalistes..." [1] et cette répression augmente lorsque le pouvoir du capital est en jeu.

A notre avis, ces questions sont fondamentales pour l'élaboration de la politique du PC ainsi que pour la lutte pour la conquête de la conscience du peuple ouvrier, pour la maturation du facteur subjectif.

Les partis bourgeois utilisent les mécanismes politiques, idéologiques du système, les mécanismes répressifs, l'intervention des employeurs. Ils trompent ; ils utilisent de faux dilemmes, la logique du "moindre mal" pour piéger les forces populaires.

La participation des communistes aux élections est basée sur d'autres critères. Les communistes défendent la vérité, ils ne "parlent" pas aux masses, ils luttent contre la logique du "sauveur" d'en haut. Au contraire, ils montrent la véritable voie révolutionnaire et, dans la mesure du possible, la bataille préélectorale s'organise autour de la mobilisation des travailleurs.

Sur la base de ce qui précède, notre parti s'est penché sur les développements compliqués de la période 2012-2015, une période marquée par l'essor de SYRIZA. SYRIZA était un petit parti opportuniste issu de la scission du KKE en 1991. Aux élections, il a obtenu 3-4% sans avoir de liens avec la classe ouvrière. Il a été transformé en un parti avec une stratégie sociale-démocrate et préparé à la gouvernance bourgeoise avec le soutien de sections puissantes de la classe bourgeoise.

SYRIZA a profité des dommages causés à l'ancien parti social-démocrate PASOK pendant la crise capitaliste. Il a rassemblé des dirigeants du PASOK et a utilisé des forces provenant de sa base de soutien. Faire affaire avec SYRIZA n'a pas été une tâche facile. SYRIZA a utilisé des "slogans de gauche", a exploité les luttes des communistes et a essayé de "baratiner" les travailleurs. En janvier 2015, elle a remporté la majorité et formé un gouvernement avec le parti nationaliste bourgeois "Grecs indépendants" (ANEL).

Notre parti avait prédit la transformation sociale-démocrate de SYRIZA bien à l'avance, sa promotion comme nouveau pilier social-démocrate du système politique bourgeois et du développement capitaliste et a révélé son rôle dès les premiers instants. Le KKE a résisté à la pression exercée sur lui lors de la discussion sur un gouvernement de gauche. Bien que cette position de principe ait entraîné une perte de voix et de sièges au parlement lors des élections de juin 2012, le KKE a suivi une politique qui a jeté des bases solides pour le développement de la lutte de classe dans un contexte de crise capitaliste profonde. Dans le même temps, au niveau international, il s'est confronté de manière décisive avec les forces opportunistes et en particulier avec le Parti de la Gauche Européenne qui a joué un rôle de premier plan dans le soutien à SYRIZA au détriment de notre parti, et a cherché à tromper les travailleurs.

La position du KKE a rapidement été confirmée et s'est justifiée dans la pratique.

Lorsque SYRIZA a pris le pouvoir en janvier 2015, elle a poursuivi la politique anti-populaire des gouvernements et partis bourgeois précédents. Ensemble (avec la Nouvelle Démocratie et le PASOK), ils ont adopté et mis en œuvre le troisième mémorandum qui a été élaboré conjointement par le gouvernement, l'UE et le FMI pour promouvoir un ensemble de mesures qui abolissent les conventions collectives de travail, imposent des réductions des salaires et des pensions, l'abolition des droits sociaux fondamentaux.

Cette période est marquée par des privatisations dans des secteurs stratégiques de l'économie (aéroports, ports, etc.) ; les travailleurs sont lourdement taxés, les services de santé et l'éducation sont davantage commercialisés.

SYRIZA soutient le grand capital par des financements, des exonérations fiscales, etc. Les taux de chômage restent élevés et dépassent les 20 % et les formes flexibles d'emploi, qui intensifient l'exploitation capitaliste, sont en expansion. Ces politiques se poursuivent aujourd'hui dans les conditions de la faible reprise de l'économie capitaliste. Les mesures anti-populaires sont maintenues et renforcées. Dans de nombreux cas, la lutte des peuples se heurte à la répression. Récemment, le gouvernement a adopté une loi qui mine le droit de grève tandis que 90% des grèves sont déclarées illégales.

Cependant, la contribution la plus importante du gouvernement SYRIZA-ANEL est le soutien à l'OTAN, aux états-Unis et à l'UE et l'implication du pays dans les plans impérialistes, l'utilisation et la création de nouvelles bases militaires US-OTAN qui sont utilisées dans la guerre contre les peuples de Syrien, de Libye et dans toutes les interventions impérialistes.

Le KKE et le PAME sont à l'avant-garde des luttes de la classe ouvrière, des paysans et plus généralement des couches populaires par des grèves, des manifestations, des occupations, et des luttes contre les guerres impérialistes, pour le développement de la solidarité internationaliste.

De plus en plus de gens ont compris aujourd'hui la position décisive du parti à l'égard du soi-disant gouvernement social-démocrate de gauche et le fait qu'aucun parti bourgeois, aucun gouvernement bourgeois qui sert les intérêts du capital ne puisse mettre en œuvre des politiques pro-populaires.

Sur la base de cette ligne, les communistes organisent la lutte sur les lieux de travail, dans les usines, dans les écoles et les universités, dans les quartiers, et renforcent leur influence dans le mouvement syndical et populaire.

Les forces du PAME gagnent des positions dans les syndicats. Le mouvement de classe occupe la deuxième place des syndicats avec 25%. Les listes soutenues par la KNE dans les universités arrivent également en deuxième position, avec plus de 20 %.

Il y a une question cruciale : que serait-il arrivé si le KKE s'était mis en retrait et avait coopéré avec le prétendu gouvernement de gauche, avec la social-démocratie et l'opportunisme ? Les dégâts auraient été dramatiques. Le prestige et le caractère du parti auraient subi un grand coup. Notre peuple aurait perdu sa confiance envers les communistes et aurait été privé d'une force forte qui lutte à l'intérieur et à l'extérieur du parlement pour les intérêts du peuple, concentrant et éduquant les forces pour le renversement de l'exploitation capitaliste.

Le KKE utilise son histoire centenaire, ses réalisations et ses erreurs ; il examine objectivement son histoire. Les communistes ne sont pas distraits par les succès. La complaisance est un grand ennemi. Il est nécessaire de s'attaquer résolument à nos faiblesses. La lutte de classe est dure, mais la voie est tracée et nous luttons pour un parti fort dans la lutte pour le renforcement du mouvement ouvrier, la consolidation de l'alliance sociale anticapitaliste et anti-monopole. Nous luttons pour un parti qui ait profondément assimilé la théorie scientifique u marxisme-léninisme, qui sera préparé à mener la lutte contre la guerre impérialiste, et pour le pouvoir ouvrier, c'est-à-dire le socialisme - communisme.

Note

  • [1]V.I. Lénine « Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne »

Source :Traduction en français NK pour Solidarité Internationale PCF

 

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