Intervention du Parti communiste de Gréce (KKE)
lors des rencontres internationalistes, à Vénissieux le 24 octobre 2009
NIKOS SERETAKIS

Chers amis et camarades,
D’abord, je vous remercie d’avoir invité
le Parti communiste de Grèce à ces rencontres internationalistes.
Dans un premier temps je présenterai le parti communiste grec, dans le
contexte politique grec actuel :
La Grèce se trouve dans un carrefour stratégique
où se déroulent avec une férocité particulière,
des concurrences impérialistes internes, entre les Etats-Unis, l’UE
et la Russie pour le contrôle des conduits de sources d’énergie.
Notre pays joue un rôle crucial aussi sur les visions agressives de l’impérialisme
vers le Moyen Orient. Dans son territoire se trouve une des plus importantes
bases militaires des Etats-Unis, sur l’île de Crète, à
Souda. L’évolution politique en Grèce est influencée
en grande partie par ces conflits.
Il ne faut pas oublier que la classe dominante et l’impérialisme
ont eu recours à deux reprises à l’intervention militaire,
d’innombrables fois pendant des dictatures militaires pour étouffer
le mouvement et son avancement. Le mouvement ouvrier et populaire dans notre
pays a vécu des expériences d’une lutte armée, d’une
guerre civile, des poursuites, des emprisonnements, des exécutions.
Le KKE a vécu la plus longue partie de son existence, dans la clandestinité
dure et traquée. Il n’a jamais nié les principes du marxisme
– léninisme, de l’internationalisme prolétarien et
révolutionnaire et du socialisme - communisme; il n’a jamais perdu
sa confiance à la classe ouvrière et c’est de là
où elle épuise sa principale force.
Le KKE a été présent dans toutes les luttes : Pour
les droits des travailleurs, des femmes et des jeunes, dans la lutte contre
la guerre et le fascisme, dans la lutte nationale de libération, et pour
les libertés démocratiques. Il s’est toujours opposé
au nationalisme, au chauvinisme, au racisme, à la session des droits
souverains du pays. Il s’est toujours opposé à la participation
de la Grèce aux guerres et aux interventions impérialistes. Il
a toujours fait preuve de la force humaine de s’offrir pour le bien du
peuple. Il a participé de sa façon à la solidarité
des peuples.
Pendant la période de la contre révolution de 1989 - 1991 que
les classes dominantes appellent : « effondrement du système
socialiste », nous aurions pu imaginer le scénario de l’intégration
du parti communiste à la « coalition de gauche »,
qui se fut appelé en Grèce : «synaspismos». Il
aurait ainsi perdu son autonomie, si il avait muté à un parti
d’orientation social-démocrate. Le coup aurait été
très dur pour le mouvement populaire. Mais le parti communiste grec a
préservé ses idéaux ses principes et son caractère
d’identité révolutionnaire. Ce fait est reconnu largement
à présent, par les masses populaires, les radicaux, les gens de
la gauche et les militants.
Suite à la crise aux seins du parti et la division, c’est la plus
grande majorité du KKE qui s’est prononcée au 13e congrès,
qui a conduit le 14e congrès (en décembre 1991). Ce qui en résulte
de ce congrès, c’est le rétablissement de la physionomie
idéologique et politique du parti communiste comme un parti révolutionnaire
de la classe ouvrière.
Le 15e congrès était également déterminant et a
élaboré le nouveau Programme et les statuts du parti, et la proposition
politique pour la composition du Front Anti-impérialiste, anti-monopoliste
et Démocratique. (AADM). Suite au 15e congrès la stratégie
du parti se fonde, pour une révolution socialiste dans les conditions
actuelles.
Le 16e congrès, en 2000 a élaboré plus largement les cibles
du front anti-impérialiste, anti-monopoliste et démocratique.
En parallèle il prend les mesures pour la reconstruction des forces du
parti, en donnant une priorité absolue à la création des
organisations dans les entreprises, au travail en général, dans
la classe ouvrière et la jeunesse.
Le 17e congrès a rendu plus large, l’expérience de la reconstruction
et s’est concentrée au renforcement de la capacité du parti
à travailler poursuivant sa propre stratégie.
Le dernier congrès, le 18e, (qui a eu lieu en février dernier)
a largement développé la question du socialisme, en rendant plus
concrètes les conclusions sur le fondement du socialisme à l’URSS
et les autres pays européens, suite aux causes du renversement et en
enrichissant la conception du programme du KKE pour le socialisme.
Le parcours de la reconstruction du parti communiste grec et sa montée
les dernières années, sont la preuve de la vivacité des
idées communistes. Il dément les opinions de la propagande de
« la fin de l’histoire », et de « la
mort inévitable » des partis marxistes – léninistes.
Aujourd’hui le KKE est la 3e force politique du pays, avec une influence
et une notoriété qui dépasse largement sa force électorale.
Aux dernières élections (le 4 oct.) a fait 7,54% et a élu
21 députés (sur un total de 300).
Eux élections européennes a fait 8,3% et a eu 2 députés
élus. Mais le point le plus important c’est sa présence
et son influence dans le mouvement ouvrier et dans le mouvement des jeunes,
des paysans et des femmes. Les communistes dans le mouvement ouvrier soutiennent
le PAME (Front ouvrier de luttes) qui réunit des fédérations
importantes et des syndicats de classes. Les forces de PAME représentent
le 21 % de la Confédération Générale du Travail
où tous les syndicats sont représentés.
Aux élections étudiantes ils accumulent le 15% des voix. A noter
que la participation et la politisation des élections étudiantes
sont très élevées. La priorité du KKE est le travail
politique dans les usines et les entreprises, le développement des luttes
et leur orientation de classes.
Ce que l’on peut en tirer comme analyse, en ce qui concerne le parti communiste,
c’est qu' à des conditions de récession et de crise
du mouvement communiste, à des conditions de contre-attaque impérialiste,
pour s’en sortir il doit avoir une fidélité stable à
l’idéologie marxiste et léniniste, aux fondamentaux et aux
principes de base du mouvement, au socialisme -communisme.
Il doit développer des réflexions et des élaborations modernes.
Il doit avec lucidité prévoir et découvrir à temps,
chaque tendance nouvelle.
Ne jamais perdre les principes du combat, qui est la lutte pour le socialisme
et la perspective d’une société communiste. C’est
sur ces principes qu' il doit adapter le travail au quotidien et les besoins
qui naissent par ce travail.
Le parti communiste, de par sa nature il doit tracer des chemins. Ne pas se
limiter à la condamnation de l’exploitation et de l’injustice,
de la guerre impérialiste et de l’oppression mais il doit montrer
le chemin que la classe ouvrière doit parcourir pour vaincre les forces
du capital.
Les dernières années des nombreux partis communistes et ouvriers
se sont trouvés mieux préparés pour affronter l’agressivité
impérialiste. Plusieurs tentatives ont vu le jour, pour la coordination
de l’action des parties communistes. Les initiatives multilatérales
se sont multipliées se renforcent et se stabilisent. Les rencontres internationales
des partis ouvriers et communistes qui ont démarré à Athènes
ont continué à Lisbonne, à Minsk, à Sao Paolo, et
cette année en novembre, elles auront lieu à New Delhi.
Malgré tout, le mouvement communiste international est toujours en crise.
A ses seins continue la lutte à travers les positions révolutionnaires
communistes et les opportunistes et réformistes.
Au centre de cette lutte idéologique se trouvent :
L’actualité du marxisme léninisme.
La défense du caractère révolutionnaire et l’autonomie
du parti communiste.
Le caractère de l’impérialisme.
La politique des coalitions et le positionnement envers la social démocratie.
La position face à la crise capitaliste et les contradictions intra impérialistes.
La politique face à des unions des états capitalistes telle l’UE.
Le rôle historique de la classe ouvrière.
Dans ces conditions la contre-attaque idéologique du mouvement communiste,
devient d’une importance vitale. Une idéologie qui se base sur
la nécessité et le réalisme de la lutte pour le renversement
du système capitaliste. La contre attaque idéologique avec comme
arme la théorie mondiale communiste, c’est une condition fondamentale
pour que le mouvement anti-impérialiste international se renforce, ainsi
que la coordination des luttes des peuples.
La création du PGE avec la participation de certains partis communistes
consiste pour nous une voie négative.
Nous mentionnons que le PGE renie la théorie du socialisme scientifique
et les fondamentaux communistes. Il devient ainsi le moyen pour l’attaque
de l’identité communiste, et la liquidation des partis communistes.
Notre parti ne participe pas à cette formation pour des raisons suivantes.
Il est bon de rappeler que la fondation des « Partis
Européens » n’est pas le produit d’une conception
des peuples et de leurs mobilisations : c’est l’idée
même de la CE qui se réalise suite à l’ordre de la
Commission.
L’opposition au parti européen de gauche, découle
du caractère révolutionnaire de notre parti et de l’issue
radicale qu' il propose, qui est la rupture avec les monopoles et l’impérialisme,
pour l’économie et le pouvoir du peuple, et le socialisme.
Lors de notre 18e congrès, nous avons estimé
que le parcours du Parti Européen de Gauche démontre qu' il
suit bien les directives de l’UE, et participe au renforcement de sa politique.
Il joue un rôle négatif au point de vue international, en cultivant
l’illusion que l’UE puisse se transformer à une force proche
du peuple et faire le contrepoids aux Etats-Unis pour le bien des peuples. Et
qu' il serait même possible que l’UE du capital se transforme
en une certaine « Europe sociale ».
La déclaration du PGE concernant les élections
européennes de 2009 est caractéristique : rénovation
(embellissement) de l’UE, dépénalisation du capitalisme.
Des propositions aussi pour des « transformations » qui
seraient sensées à « changer » le caractère
impérialiste et capitaliste de l’UE : Un peu de contrôle
de la Banque Centrale, un peu d’adaptation du pacte de stabilité,
et même dans des conditions de domination des monopoles et les problèmes
sont résolus !...
Le positionnement du PGE confirme aussi, notre position qu' il
consiste le point d’appui pour la mutation des partis qui conservent le
titre «communiste» ou ils ont conservé d’une façon
au d’une autre, même de manière formelle, quelques attributs.
Très ouvertement se déclare ennemi envers le
socialisme, tel que l’on a connu au 20 siècle en Europe et à
l’Union Soviétique. Ennemi aussi envers le mouvement communiste
et de libération. Elle anéantie leur combat et dénigre
leur rôle.
Le PGE met en exergue tous les problèmes, les faiblesses
et les retards que quelques partis communistes et ouvriers rencontrent pour
développer une stratégie révolutionnaire actuelle. Il a
pour but d’exercer une influence sur l’identité des Partis
Communistes pour qu' ils dénoncent au socialisme, et pour l’intégration
définitive à la collaboration de classes.
La structure même du PGE, mais aussi le fait qu' il
refuse le principe de base qui est l’égalité, et le respect
de la souveraineté des partis, rend plus faciles ses interventions à
l’intérieur de chaque parti membre. Et porte soutien à des
forces opportunistes.
Aujourd’hui, une attaque semblable se produit contre
l’identité des communistes. Le PGE consiste le levier de pression
mais son anticommunisme féroce se traduit à une politique d’état.
Comme modèle de la liquidation des partis communistes c’est la
formation du type die Linke (en Allemagne).
Condition imparable pour arriver à ce but, c’est
l’anéantissement de toute possibilité de la classe ouvrière
de poser son propre projet contre le pouvoir des monopoles.
C’est pour cela qu' une pression étouffante
se produit sur les partis communistes pour se soumettre à la stratégie
de l’intégration, pour se relier à des forces de l’opportunisme,
pour garder la porte grand- ouvert à la social-démocratie.
A notre avis, défendre l’identité communiste
c’est nécessaire. Aussi nécessaire que la lutte contre l’opportunisme.
Tant qu' il n’y aura pas un mouvement communiste fort et visible,
capable de mener une contre-attaque stratégique, et de constituer un
point de référence pour un large rassemblement des forces populaires,
les mouvements populaires seront plus vulnérables et menés à
la confusion et à la désorientation.
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