ITALIE : document final adopté par le congrès du
Parti de la Réfondation communiste
VII Congrès du PRC - juillet 2008
OdJ Conclusif
1
Le Congrès considère comme close et dépassée
la phase caractérisée :
par la coopération organique avec le PD au sein de
la désastreuse expérience de gouvernement de l’Union [de
Prodi],
par la présence aux élections dans la liste
La Gauche – L’Arc-en-ciel
et par la gestion majoritaire erronée de la direction
du Parti.
Le Congrès prend acte qu' aucune des motions proposées
au VII Congrès n’a été approuvée.
Il estime nécessaire et prioritaire une forte relance
culturelle, politique et organisationnelle du Parti de la Refondation Communiste.
Il repousse la proposition d’une Constituante de la
Gauche et toute hypothèse de dépassement du PRC ou de sa confluence
dans une autre formation politique. Cela posé, le thème de l’unité
à gauche reste un domaine ouvert de recherche et d’expérimentation.
2
La relance du PRC doit d’abord être caractérisée
par un tournant à gauche.
L’expérience dans le gouvernement de l’Union
[de Prodi] a montré l’impossibilité d’un accord organique
pour gouverner le pays, étant donnés la politique du PD et les
actuels rapports de force. Notre objectif dans cette phase est la défaite
des droites populistes et de la politique anti-ouvrière de Confindustria
[MEDEF d’Italie]. A cette fin, la ligne néo-centriste qui aujourd’hui
caractérise le Parti Démocrate est totalement inefficace ; la
proposition de reconstituer l’alliance de Centre-Gauche serait donc erronée
et nous réduirait à une position subalterne au sein d’un
contexte polarisé.
Au contraire, il faut construire l’opposition au gouvernement Berlusconi,
liant la question sociale et celles démocratique et morale dans un cadre
d’autonomie du PRC et d’alternative au projet stratégique
du PD. Il importe de recouvrer l’idée que l’opposition n’est
pas une simple façon de se situer dans le cadre politique, mais qu' elle
prend la forme d’une phase de reconstruction, d’enracinement et
de relations sociales, de bataille culturelle et politique.
Dans la crise de la globalisation capitaliste, on bâtit l’alternative
dans les luttes sociales et politiques contre le gouvernement Berlusconi, les
projets de Confindustria et les vues fondamentalistes et intégristes.
Dans cette perspective il est vital de renforcer la gauche alternative en lançant
une coopération entre les différentes identités anticapitalistes,
communistes ou de gauche en y impliquant les réalités collectives
ou individuelles agissant en-dehors des partis politiques, sur les différents
terrains social, syndical et culturel.
3
La relance du PRC commence par la reprise de l’initiative
sociale et politique. La promotion de luttes ou de négociations, la reconstruction
du lien social à partir de formes de mutualité sont indispensables
si l’on veut valoriser le rôle historique des communistes et de
la gauche du point de vue de l’utilité sociale. Aussi sont-elles
des éléments nécessaires pour évaluer l’efficacité
de notre présence dans les institutions et pour réaffirmer notre
différence, notre opposition intransigeante face aux dégénérations
de la politique. En vue des prochaines élections administratives, tout
en conservant la pleine souveraineté des différents niveaux du
Parti – notamment à cause de l’importance prise par les gouvernements
locaux dans le déploiement des politiques de subsidiarité, de
privatisation et sécuritaires – il faut vérifier la cohérence
des accords de gouvernement avec les objectifs généraux du Parti
en cette phase.
La lutte contre la politique économique antipopulaire
du gouvernement des droites, l’opposition face aux initiatives racistes
et discriminatoires contre les immigrés et les Roms, la bataille contre
les projets de démantèlement du fonctionnariat et de l’administration
publique, l’opposition à la contre-réforme de la justice,
la question morale, constituent autant de domaines décisifs d’initiative,
de mobilisation et d’élargissement d’une lutte de masse contre
les politiques du gouvernement.
Il est donc nécessaire que dès maintenant le
nouveau groupe dirigeant du Parti travaille à toute forme possible de
coordination de la gauche politique, sociale et culturelle afin de déployer
la plus large et forte mobilisation contre le gouvernement et Confindustria.
Dans ce cadre, il faut travailler pour parvenir à un nouveau 20 octobre
[2007, grande manifestation communiste de travailleurs contre les politiques
antisociales du gouvernement Prodi], une grande manifestation de masse et une
campagne politique d’automne qui, s’appuyant sur les participants
au précédent rendez-vous, y ajoute des forces nouvelles, en particulier
celles engagées dans des luttes. L’engagement d’organiser
pour l’an prochain la Conférence Nationale des travailleuses et
des travailleurs rentre dans ce parcours.
Or une manifestation ne saurait suffire ; la reprise des luttes
requiert en premier lieu une forte initiative pour sauvegarder la qualité
de vie et de travail des classes populaires, de la défense des Contrats
de Travail Nationaux à la question des salaires et des retraites, de
la question décisive de la lutte contre la précarité à
l’initiative contre le chômage dans le Mezzogiorno, de la lutte
pour l’habitation à la défense et au développement
de la sécurité sociale.
Le thème des rétributions est central, à
partir de la défense du pouvoir d’achat des salaires et des retraites,
qu' il faut assurer également à travers un mécanisme
de protection automatique de la valeur réelle des rétributions,
et de la revendication inéluctable du salaire social.
Ce sont là des terrains décisifs pour reconstituer
l’unité du monde des travailleurs, unir le Nord et le Sud, les
salariés du public et du privé, les Italiens et les immigrés
ainsi que pour éliminer l’actuelle séparation entre travailleurs
garantis et précaires. Il s’agit de décliner ces luttes
en leur intégrant le conflit des genres et les relations intergénérationnelles.
Seule la reprise du conflit de classe peut éviter qu' une guerre
des pauvres s’établisse dans notre pays en y enracinant racisme
et xénophobie.
Tout en respectant l’autonomie du syndicat, nous devons
souligner le besoin absolu que les logiques de concertation ayant rendu impossible
la défense des travailleurs et des bas salaires soient dépassées.
En réaffirmant donc la nécessité d’une pleine autonomie
du syndicat par rapport aux partis, au gouvernement et au patronat, nous souhaitons
la construction d’une puissante gauche syndicale qui mette au centre les
problèmes de la démocratie et de la reprise des luttes. De même,
nous saluons toute forme de coordination et de coopération au sein du
syndicalisme de base.
Nous jugeons opportun de favoriser tout élément
de conflit d’en-bas dans les lieux de travail, la renaissance du protagonisme
des travailleurs et des travailleuses, l’émergence de moments d’auto-organisation,
tous éléments décisifs pour que la bataille contre la concertation
prenne une dimension massive. Pour cela il faut un fort investissement dans
la construction d’une présence organisée du Parti dans les
lieux de travail.
Liés à la question sociale stricto sensu, d’importants
mouvements de lutte ont grandi dans le pays sur des thèmes vitaux tels
que la laïcité de l’Etat, la défense de la Constitution
républicaine et antifasciste, la relance de l’école et de
l’université publiques, le droit à la liberté d’orientation
sexuelle et la lutte contre toute forme de discrimination, homophobie, violence
contre les femmes et attaques à leur liberté, au droit de choisir
et de disposer de leur corps (voir la tentative d’attaquer la loi 194
[garantissant le droit d’avorter] et la loi sur la procréation
assistée) la défense de l’environnement dans des questions
locales mais qui posent des problèmes d’ordre général
touchant le modèle de développement. Que l’on pense aux
luttes contre le TGV [ligne Lyon-Turin], contre les grands travaux, contre la
prolifération d’incinérateurs et de regazificateurs. Il
faut appuyer activement ces luttes en travaillant pour une recomposition des
conflits dans une stratégie globale de transformation.
Les droits sociaux, civils, environnementaux sont pour nous
les diverses facettes d’un même projet : celui d’une autre
société.
Dans ce cadre, le VII Congrès du PRC estime nécessaire
le lancement d’une saison de referendums sur les thèmes de la précarité,
de la démocratie dans les lieux de travail, de l’anti-prohibitionnisme
à mettre en œuvre avec les alliances les plus larges possibles.
4
En reprenant le parcours entamé à Gênes
[G8 de 2001], le PRC réaffirme sa propre appartenance au mouvement mondial
contre la globalisation capitaliste et, dans ce cadre, sa volonté d’intensifier
sa coopération et ses relations avec les partis communistes et progressistes,
avec tous les mouvements révolutionnaires et avec les expériences
précieuses d’Amérique Latine, se rangeant contre les politiques
néolibérales et belliqueuses, à côté des peuples
en lutte contre l’occupation militaire et pour leur souveraineté.
En Europe notamment, le PRC travaille à consolider
l’unité des forces communistes et de gauche alternatives au Parti
Socialiste Européen, tant au sein de la Gauche Européenne qu' en
celui du Groupe Parlementaire Européen de la Gauche Unitaire Européenne
– Gauche Verte Nordique auquel les futurs élus adhéreront.
Pour cette raison, le Congrès donne mandat aux organismes
dirigeants pour qu' aux prochaines élections européennes
l’on présente le symbole et la liste de Refondation Communiste
– S.E. sur la base du programme à définir à l’automne
prochain. Cette décision doit être accompagnée de la recherche
de convergences à l’occasion des élections européennes
entre forces anticapitalistes, communistes, de gauche, sur la base de contenus
contraires au projet de Traité de Lisbonne et à l’orientation
néolibérale et belliqueuse de l’UE. Le congrès juge
gravissime toute modification de la loi électorale pour les élections
européennes et engage tout le Parti à se battre contre ce projet
par la plus grande mobilisation démocratique de masse.
En Italie, en vue du prochain sommet du G8, le PRC doit s’engager,
dans les instances des luttes contre la globalisation, à reconstituer
le déploiement de forces politiques et sociales qui dirigea le mouvement
contre le G8 de Gênes sans taire les responsabilités du gouvernement
Prodi ni sur la condescendance du gouverneur [sarde] Soru pour fixer le lieu
du sommet en Italie sur l’île de La Maddalena.
Le PRC doit s’engager au sein du mouvement pour la paix
dans toute lutte contre les guerres en cours dans le monde, contre l’OTAN
et contre toutes les bases militaires étrangères à partir
de celle de Vicence ; il doit s’engager pour le retrait des contingents
militaires italiens des théâtres de guerre.
5
Le Congrès estime nécessaire de relancer
le Parti et son projet stratégique de refondation communiste. Il engage
le nouveau groupe dirigeant à promouvoir et encourager un débat
politique et théorique à la fois réel et pluraliste qui
poursuive les innovations et la recherche. Dans ce contexte, la recherche autour
de la non-violence ne signifie pas, pour nous, un absolu métaphysique
mais bien une pratique de lutte à mettre en place dans le conflit de
classe et dans la critique du pouvoir.
De même il faut relancer l’analyse de la morphologie
du capitalisme contemporain, élargir le travail d’enquête
sur la nouvelles composition des classes et sur les formes d’organisation
du conflit.
La relance du Parti est impossible sans le soin pour le Parti
lui-même.
Le Congrès engage le nouveau groupe dirigeant à
procéder à la réforme du Parti, en particulier en remettant
en discussion le caractère sexiste et autoréférentiel de
la politique, en partant des indication émises par la Conférence
d’Organisation de Carrare.
Il faut empêcher toute dégénération
du Parti en sens leaderiste et plébiscitaire et toute subordination du
Parti aux représentants institutionnels et aux rapports hiérarchisés
avec les autres forces politiques.
La gestion unitaire du Parti dans le respect d’éventuelles
dialectiques internes aux organismes dirigeants à tous les niveaux, doit
être comprise en tant que participation aux procès de décision
et non pas comme simple droit de critique envers des décisions prises
par des majorités ou, pis, par des cercles restreints de dirigeants.
La démocratie n’est pas une forme quelconque
de fonctionnement du Parti. Elle ne saurait se réduire à la pure
dialectique entre positions différentes, ni être confondue avec
des formes de consensus plébiscitaires. La campagne d’adhésions
doit être l’instrument de la participation à la vie du Parti,
à son projet politique et à ses décisions. Elle ne doit
jamais se réduire à un outil bureaucratique pour dénombrer
les camarades de différents courants. La démocratie comporte une
participation libre et renseignée à la prise de décisions
touchant les orientations politiques de fond et les chois les plus importants.
Dans ce cadre, la démocratie des genres est un élément
essentiel de transformation de la société pour un monde où
égalité et différence soient des moments fondateurs de
la constitution de subjectivités critiques, conscientes, sexuées.
Les organismes dirigeants à tous les niveaux ne doivent
pas être régis par une logique élitiste ; ils doivent sur
fonder sur le principe de responsabilité. La rotation des charges, la
défense de mêler charges au sein du Parti et charges institutionnelles
de gouvernement, le renouveau constant des organismes et le dépassement
de leur caractère sexiste, l’introduction de codes éthiques
concernant les comportements liés aux privilèges sont autant d’objectifs
que le Congrès désigne comme étant prioritaires pour le
nouveau groupe dirigeant.
Enfin, le Congrès engage le nouveau groupe dirigeant
à travailler avec les instruments oppurtuns à l’amélioration
de la formation de tous les inscrits des militants de base jusqu' aux dirigeants
nationaux.
Fait à Chianciano, le 27 juillet 2008
(Traduction L.-A. S.) par
Vive le Parti Communiste Français http://vivelepcf.over-blog.fr/article-21667787.html
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