Sur la Lutte Contre l'Impérialisme et la Nécessité d'une Condamnation Internationale de ses Crimes

Parti Communiste de la Fédération Russe

http://kprf.ru

Moscou, le 20 février 2006


Aux Partis Communistes et de Gauche

Chers camarades:

L'année écoulée peut entrer dans l'histoire contemporaine du mouvement communiste comme l'année de puissantes actions conjointes contre la campagne anticommuniste déchaînée par les forces d'extrême-droite à l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (PACE). Dans le cadre des nombreuses activités organisées par les communistes se déroulèrent de nombreuses actions de protestation, piquets, discours. Les partis communistes et ouvriers exprimèrent publiquement une condamnation ferme de cette provocation politique. A la PACE les députés communistes agirent selon les seules positions possibles. Au Parlement Européen aussi, les députés des partis communistes et de gauche ont participé à la lutte.

Grâce à nos actions conjointes nous sommes parvenus à faire échouer les plans des provocateurs de la PACE et à empêcher qu'ils atteignent définitivement leurs objectifs. En même temps, cela n'exclut pas de nouvelles tentatives pour que cette hystérie anticommuniste se poursuive.

Au cours des rencontres internationales, régionales et bilatérales des partis communistes et ouvriers, de nombreuses propositions et opinions sur la nécessité de révéler au grand jour les crimes de l'impérialisme et de les condamner à un niveau international ont été exprimées dans les déclarations de protestation.

Le mémorandum que nous vous présentons est fondé sur les propositions et opinions des partis, organisations, mouvements, politiques et hommes publics, scientifiques et activistes du parti. Ce mémorandum ne prétend pas du tout imposer la vérité en dernière instance. Nous proposons de soumettre ce document à un large débat. Chacun peut apporter des ajouts et des propositions. Nous avons besoin d'élaborer collectivement les principales directions et les voies concrètes de lutte contre l'impérialisme international, nous devons faire en sorte que nos actions acquièrent un caractère offensif et il faut que nous opposions une ferme résistance à l'anticommunisme.

Guennadi Ziuganov

Président du CC du PCFR

Mémorandum Sur les Travaux de la Lutte Contre l'Impérialisme et la Nécessité de la Condamnation de ses Crimes

 

I La menace de l'instauration d'une dictature globale exercée par quelques puissances impérialistes menées par les Etats-Unis plane sur le monde moderne. Son objectif consiste à imposer le pouvoir du dénommé "milliard doré" [pays impérialistes] sur la périphérie exploitée, condamnée pour toujours à la dégradation sociale et économique. C'est pourquoi l'Humanité n'a pas de tâche plus impérieuse que celle de la lutte à livrer contre l'impérialisme et sa modalité moderne, la globalisation. Cette lutte ne sera couronnée de succès que si s'additionnent au niveau mondial les efforts de la classe ouvrière, des paysans, des intellectuels démocratiques et de ceux qui luttent pour la libération nationale.

Cette lutte se poursuit et se renforce malgré le recul provisoire du socialisme sur le continent européen. L'influence qu'exercent dans le monde entier les forces de gauche augmente à nouveau. Les communistes ont toujours été et sont à l'avant-garde de la lutte contre l'impérialisme. Il n'est donc pas fortuit que les provocations anticommunistes se multiplient dernièrement. Un exemple flagrant en est la résolution adoptée par l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (PACE) lors de sa session de janvier de cette année.

Ce qui est sûr, c'est qu'aucune résolution n'est capable d'effacer le mouvement communiste de l'histoire, d'amoindrir son apport au progrès de la civilisation humaine. Mais cela ne nous exonère pas de l'obligation d'apporter une réponse de poids aux provocateurs. Car la résolution de la PACE n'est pas qu'une manifestation de l'amnésie historique et de la pire ingratitude envers l'Union Soviétique qui a sauvé l'Europe du joug fasciste. C'est une politique dont l'orientation est d'assurer la revanche et la "renaissance" fasciste.

Le monde vit un moment décisif : ou bien l'Humanité avancera un "non" résolu à la restauration fasciste, ou bien elle sera condamnée à de nouvelles souffrances pendant de nombreuses années. C'est pourquoi le Parti Communiste de la Fédération de Russie, tous les communistes russes considèrent que leur devoir international et social consiste à lancer l'initiative d'une élaboration de la stratégie et de la tactique d'une lutte active de l'Humanité contre la menace globalisatrice.

Cette tâche exige la présentation d'une évaluation internationale recouvrant de multiples aspects et la condamnation des crimes commis par l'impérialisme et la globalisation. Nous n'avons pas la prétention de présenter une liste exhaustive de leurs crimes. Le Mémorandum que nous offrons à la considération de l'opinion publique internationale est ouvert au débat, aux perfectionnements, modifications et ajouts. Nous considérons qu'il est nécessaire de créer une commission internationale composée de membres prestigieux pour mener à bien cette tâche.

II Les auteurs du rapport du parlementaire suédois Lindblad ont abordé de façon présomptueuse et sans la qualification requise la très importante question théorique et pratique du rôle de la violence dans l'histoire.

Si l'histoire universelle est envisagée selon des critères petits-bourgeois, il faut la condamner dans sa totalité, depuis le jour où l'homme primitif est descendu des arbres et a commencé sa vie sociale. L'histoire universelle est, en de nombreux aspects, celle de guerres interminables, de pillages et de violence. Comment les communistes évaluent-ils ce fait lamentable mais indiscutable?

Le Marxisme n'a jamais exagéré le rôle de la violence dans l'histoire. Au contraire, ses fondateurs se moquaient de façon sarcastique des "penseurs" comme Dühring qui croyaient que la violence est la source principale du développement mondial. Et c'est évident : l'apologie de la violence est un indicateur de l'idéologie des classes réactionnaires et exploiteuses.

Mais le Marxisme n'a jamais diminué le rôle de la violence lorsqu'il a compris qu'à la violence des exploiteurs, les opprimés peuvent et doivent répondre en ayant recours à la violence de l'autodéfense. Or il y eut et il y a des raisons pour se défendre. Le capitalisme naissait peu à peu du processus de ce que l'on appelle l'accumulation primaire du capital, qui consiste en la séparation forcée du travailleur des moyens de production. Les horreurs de l'accumulation primaire sont inscrites pour toujours en lettres de sang dans l'histoire.

Le capitalisme est venu au monde éclaboussé des pieds à la tête de sang et de boue. Son histoire présente une infinité de raisons à la pénitence. Pour que le capitalisme s'affermisse dans sa patrie, l'Angleterre, il fut nécessaire de ruiner complètement et de liquider la paysannerie libre, propriétaire de la terre, en faveur des orgueilleux "yeoman" de Shakespeare. Et il fallut implanter les lois terroristes contre les "vagabonds" expulsés de leur terre, lois qui punissaient de peine de mort ceux qui portaient atteinte, ne serait-ce que de façon mineure, au "droit sacré" de la propriété privée. On utilisait largement le travail esclave de ces mêmes vagabonds reclus dans les dénommées "maisons du travail". La Révolution bourgeoise, qui n'est restée ni maladroite ni paresseuse au long de deux siècles et demi en Allemagne dévasta littéralement, en plusieurs occasions, le pays, réduisant de plus de moitié sa population. La Révolution française recourut sans hésiter à des mesures de terreur massive contre les ennemis du peuple. Les Etats-Unis d'Amérique du Nord construisirent l'édifice de leur civilisation sur les cadavres de millions d'indigènes et d'esclaves noirs. La satiété de l'Europe jusqu'à aujourd'hui est due à l'exploitation féroce des anciennes colonies et des semi-colonies actuelles.

Les guerres cruelles de l'époque de formation du capitalisme sont entrées dans l'histoire des pays européens comme une tache ineffaçable. Parmi elles figurent : la Guerre de Trente Ans au XVII° siècle, pendant laquelle près de la moitié de la population de l'Allemagne fut exterminée, et au cours de laquelle le régime royal de Gustave II Adolphe de Suède joua le rôle principal. La Guerre de Succession espagnole entre la France, l'Espagne et l'Autriche. La Guerre de Sept Ans initiée par le roi Frédéric II de Prusse. Les guerres napoléoniennes, qui plongèrent l'Europe entière dans le chaos et semèrent la mort parmi les populations civiles, furent accompagnées d'assassinats et d'exécution de millions de personnes, et de la destruction de mouvements culturels, etc.

Comment devons-nous qualifier cette chaîne de brutalités appelée Histoire universelle? L'humanisme bourgeois classique s'en remet au postulat suivant : la voie vers le bien passe par la violence et cherche à se réconcilier avec ses contradictions, grâce auxquelles le mal intervient comme la force motrice du progrès. Cette position a été exprimée de façon plus sincère et complète par les pères spirituels de la civilisation bourgeoise, l'économiste Ricardo et le philosophe Hegel.

Nous, communistes, ne sommes pas des petits bourgeois pleurnicheurs et nous connaissons le prix du progrès social. Il faut payer pour tout. Tant que l'Humanité vit la "préhistoire" (selon Karl Marx), elle est obligée de payer le progrès avec du sang. La doctrine communiste n'essaie pas de nier la réalité ni de l'embellir. Elle a à l'esprit toutes les brutalités de la vie et ne rejette pas les fruits du progrès acquis à un prix terrible. Mais elle se refuse à accepter un tel état des choses en fonction d'une éternelle norme et elle explore des voies menant à des formes différentes, plus humaines, de développement, vers l'histoire de l'Humanité proprement dite, à la différence de sa "préhistoire". Le communisme scientifique est l'unique doctrine sociale de l'histoire qui montre l'issue de cette impasse politique, économique et morale.

Oui, le socialisme, tout comme les précédentes formations sociales, surgit de la violence et des sacrifices. Les "longues douleurs de l'accouchement" dont parlèrent Marx et Lénine ne sont pas une métaphore creuse. Mais en même temps, c'est le premier régime de l'histoire qui inclut en soi de façon objective le refus d'une voie sanglante "normale" du progrès. Et il met le refus de cette voie à portée de main de la conscience des masses.

Il faut différencier le sang répandu par les révolutionnaires en faveur du progrès social du sang versé par les réactionnaires lors de la lutte contre le progrès, avec pour dessein de le freiner et de l'inverser. Il existe une violence révolutionnaire juste qui veut conquérir la liberté et l'indépendance. Mais il existe aussi la violence réactionnaire, celle qui est utilisée dans la lutte contre la liberté et le progrès, en défense des intérêts égoïstes des classes exploiteuses réactionnaires.

Les révolutionnaires ne se sont pas repentis et ne se repentiront jamais de la juste violence exercée par les opprimés contre les oppresseurs. Ils considèrent que renoncer à faire la différence entre tuer un oppresseur et tuer pour piller conduit au pharisaïsme. Les grandes révolutions socialistes du XX° siècle en Russie et en Chine firent comprendre cette vérité simple, même à de fervents défenseurs du capitalisme comme Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et Charles de Gaulle. Bien plus, ils furent dans l'obligation de créer une alliance avec la Russie socialiste pour la lutte contre le fascisme. Cependant, les anciennes amitiés s'oublient. A la place des alliés des années 40 arrivèrent "ceux qui ont la mémoire courte et qui oublient leurs racines".

C'est pourquoi nous recommandons aux états occidentaux de jeter un regard critique à leur passé et de le juger honnêtement. En finir avec la pratique du "deux poids deux mesures". Les crimes doivent être blâmés, tout en distinguant ce qui a été positif et impérissable.

Il existe un critère précis pour établir la différence entre les crimes et la violence révolutionnaire nécessaire. Dans le "Manifeste Communiste" on dit que la bourgeoisie a joué dans l'histoire un extraordinaire rôle révolutionnaire. Et les communistes ne doivent pas sous-estimer ou passer sous silence ce rôle. Mais l'époque du caractère révolutionnaire de la bourgeoisie s'est achevée depuis longtemps. Le capitalisme est entré dans la phase de l'impérialisme et de la globalisation. Ses objectifs se sont complètement séparés de ceux du progrès social. Les communistes considèrent comme un crime historique tout acte de violence à l'encontre du progrès social. Et l'impérialisme est taché depuis déjà bien longtemps de ce type de crimes.

III L'impérialisme existe sous deux versions : la libérale et la fasciste totalitaire. Elles se distinguent par leur forme d'organisation politique, mais leur base économique est la même : l'assurance de leur propre bien-être au travers de l'exploitation d'autres pays et peuples. L'histoire témoigne que le libéralisme dégénère facilement en fascisme de type allemand ou italien, ou bien en maccarthysme nord-américain. Très souvent les régimes fascistes coexistent bien avec l'économie libérale et jouissent de toute sorte d'appui de la part des libéraux ; un exemple en est le fascisme de Pinochet au Chili.

Les crimes du nazisme et du fascisme furent condamnés et punis par la communauté internationale. Les crimes des dénommés régimes libéraux n'ont pas été estimés jusqu'à présent à leur juste valeur, la communauté mondiale étant souvent mal informée des forfaits qu'ils commettent.

Les crimes de l'impérialisme diffèrent en fonction du pays et de la période historique. Ils incluent les assassinats et exécutions massifs, la création des camps d'extermination, la faim, les déportations, tortures, travaux forcés, ainsi que d'autres formes de terreur. Sa responsabilité est énorme aussi dans la destruction des ressources vitales de nombreux états et nations. Dans la violation des principes fondamentaux de la morale sociale, des traditions nationales et valeurs culturelles. Dans la création de situations de crises socio-politiques et spirituelles dans le monde.


Crimes contre les travailleurs, contre la classe ouvrière, la paysannerie et les intellectuels démocratiques.

Le capitalisme s'est toujours efforcé d'écraser avec une cruauté extrême les soulèvements des travailleurs et du peuple exploité. Il convient de rappeler le sanglant massacre de la Commune de Paris, la fusillade de la manifestation du 1° mai à Chicago, les horreurs de la guerre civile en Russie.

Mais les principaux instruments de la lutte contre le peuple travailleur ont été l'esclavage direct ou indirect, la faim et les tortures. En particulier, l'utilisation du travail forcé des esclaves dans les conditions des régimes "démocratiques" de Grande-Bretagne, France, Hollande, Espagne, Etats-Unis, pendant la période de leur expansion coloniale et néocoloniale.

Les conséquences de la politique de globalisation impérialiste sont catastrophiques. Les coûts civils et sociaux de ce que l'on appelle politique libérale de marché des pays occidentaux ont des répercutions sur le reste du monde, ce qui provoque une augmentation brutale des souffrances de milliards d'habitants de notre planète. L'injustice flagrante des relations internationales s'aggrave, avant tout dans la division du travail, imposée d' après les préceptes des puissances occidentales. Cela a mené au cours des dix dernières années à l'aggravation sans précédent du problème de la faim. Les indicateurs de la mortalité infantile provoquée par la faim ont atteint, selon les statistiques de l'ONU, un niveau jamais vu auparavant : 17 000 morts chaque jour. Au total, 25 000 personnes meurent de faim chaque jour. Aujourd'hui, 777 millions de personnes, de pays dépendants de régimes libéraux, et 38 millions, de pays dans lesquels ont été instaurés des régimes à l'instar des démocraties occidentales, souffrent de sous-alimentation. Même aux Etats-Unis "libres et démocratiques", pas moins de 18 000 Nord-américains meurent chaque année, simplement par défaut d'assurance médicale.

Les données du Rapport de l'ONU sur le développement humain en 2005 sonnent comme une condamnation de l'impérialisme. Les revenus conjoints des 500 personnes les plus riches au monde dépassent les revenus des plus pauvres de la population de la planète, qui totalisent 416 millions de personnes. Entre ces deux extrêmes se trouvent 2.5 milliards de personnes qui vivent avec moins de 2 $ par jour. Ils constituent 40% de la population de la Terre, mais ils représentent à peine 5% des revenus mondiaux. Parallèlement, 10% des plus riches ont, quant à eux, 54% des revenus mondiaux. La politique des régimes occidentaux a pour conséquence que plus d'un milliard de personnes sur Terre vit dans des conditions de misère. Chaque année, 10.7 millions d'enfants n'atteignent pas l'âge de 5 ans. En même temps, d' après les calculs des experts de l'ONU, si l'on dépensait à peine 4 milliards de dollars, il serait possible de réduire la mortalité infantile de quasiment deux tiers dans les 75 pays les plus pauvres.

Jusqu'à aujourd'hui on a exploité le travail forcé à très grande échelle. Selon les données de l'ONU et de l'OSCE, sur les 2.5 milliards d'esclaves, jusqu'à 500 000 personnes vivent dans des pays occidentaux, et jusqu'à 200 000 dans des états qui ont une économie libérale en "transition".

L'imposition de la "démocratie" et des modèles libéraux en Russie sous la pression des Etats-Unis et des entités internationales qui se trouvent sous leur contrôle a provoqué des pertes humaines de l'ordre de 10 millions de personnes sur le territoire de la Fédération de Russie, dont 9 millions de nationalité russe. Le génocide du peuple russe et d'autres peuples de Russie comme étant le résultat d'une telle politique, a été traduit dans les pièces de la commission pour la destitution du président B.N. Ieltsine et a reçu l'appui de la majorité des députés de la Douma de la Fédération de Russie en 1999.

2. Crimes contre la liberté et l'indépendance des peuples.

Le capitalisme a une immense culpabilité dans les cruautés de l'époque coloniale. A l'époque de la lutte coloniale, les populations de l'Inde, de l'Algérie et du Cambodge, de l'Indonésie et de l'Ethiopie subirent l'extermination de la part des nations "libérales", telles que la Grande-Bretagne, la France, la Hollande, la Belgique, l'Italie. Il en est de même pour les peuples de Corée, Vietnam, Yougoslavie, Afghanistan et Irak au cours des agressions lancées par les Etats-Unis.

Le capitalisme s'est servi et se sert largement de la destruction des ressources vitales, et du génocide des peuples autochtones, des tueries et exécutions de masse :

Des indigènes d'Amérique du Nord par le régime des Etats-Unis.

Des minorités slaves d'Autriche-Hongrie au début du XX° siècle.

Des Chinois au cours des "Guerres de l'Opium" que menèrent les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et d'autres états européens, ainsi que le Japon.

Des peuples des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine par les états de l'actuelle Union Européenne et des Etats-Unis aux XIX° et XX° siècles.

Des peuples biélorusse et ukrainien pendant la politique de "pacification" en Pologne, à l'entre-deux-guerres.

Le génocide des peuples russe, ukrainien, biélorusse, juif et autres, lors de la période de l'occupation de l'URSS par les troupes de l'Allemagne, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Croatie et de la Slovénie, ainsi que par les détachements de S.S. qui enrôlèrent des nationalistes et de riches paysans contre-révolutionnaires lettons, estoniens, lituaniens et de Galicie (Pologne).

Depuis la moitié du XIX° siècle, les Etats-Unis, guidés par la dénommée "Doctrine Monroe", mènent d'interminables interventions armées contre les pays d'Amérique Latine. Les arrestations et exécutions sans jugement de révolutionnaires comme Ernesto Che Guevara sont devenues depuis longtemps une caractéristique inaliénable de la "démocratie" nord-américaine et de l'"Etat de droit". Le coup d'état militaire au Chili inspiré par la CIA, l'assassinat du président Allende sont entrés dans l'histoire comme l'un des crimes les plus cyniques de l'impérialisme. Aujourd'hui le blocus contre Cuba se poursuit ainsi que les provocations interminables contre le Venezuela, dont les peuples ont opté pour la voie de développement socialiste.

Sous prétexte d'implanter la démocratie on mène une guerre impitoyable contre le peuple d'Irak, dont l'unique "faute" est le désir de vivre selon ses propres lois et de décider de son destin. Sous le couvert d'arguments hypocrites sur la défense de la liberté, on prépare des agressions contre l'Iran et la Syrie, on soutient la politique annexionniste d'Israël, on use de représailles contre tous ceux qui s'opposent aux prétentions des Etats-Unis et de leurs alliés hégémoniques dans le monde actuel.

En Europe, en Lettonie et en Estonie, grâce au consentement silencieux de l'Union Européenne, on ressuscite le système d'apartheid, qui pour des raisons ethniques prive de leurs droits politiques presque la moitié de la population.


Crimes contre la paix et la vie sur la Terre.

L'impérialisme est responsable du déclenchement des deux guerres mondiales qui prirent les vies de presque 100 millions de personnes. Le plus grand crime de guerre de l'histoire de l'Humanité fut le bombardement atomique nord-américain contre les villes d'Hiroshima et de Nagasaki. L'usage d'armes de destruction massive contre les organismes vivants ne fut pas moins mortifère. Par exemple, la dissémination d'agents défoliants en Indochine par l'aviation nord-américaine.

Les guerres ont été accompagnées de déportations, tortures et de l'extermination de personnes dans les camps de concentration. Extermination de Russes dans les camps de concentration anglais sur l'île de Mudyuk, lors de l'intervention de l'Entente. Extermination de Russes, d'Ukrainiens, de Biélorusses et de représentants d'autres peuples, en tant que prisonniers de l'Armée Rouge, dans les camps de concentration polonais au début des années 20, et où furent tuées presque 20 000 personnes. Extermination d'Ukrainiens, de Biélorusses et de Juifs dans le camp de concentration polonais où étaient enfermés et où furent assassinés les dissidents qui défendaient les idéaux communistes, et qui luttaient pour la réunification des peuples ukrainiens et biélorusses.

20 millions de civils d'URSS tombèrent victimes des travaux forcés, de la faim, des pénuries de la guerre, des exécutions massives. Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Juifs et Gitans exterminés lors de l'occupation du territoire de l'Union Soviétique par les troupes de l'Allemagne, de l'Italie, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Slovaquie, ainsi que par les légions nationales S.S., sans oublier celles venant de Finlande, de Norvège, de Lettonie, d'Estonie et de Lituanie. Le blocus auquel fut soumise la population civile de Leningrad, qui provoqua la mort de plus d'un demi-million de ses habitants, représente l'un des plus terribles crimes de lèse-humanité.

Les guerres impérialistes sont le produit de provocations cyniques. L'incendie du Reichstag, l'explosion d'habitations à Moscou, le 11 septembre 2001 à New-York. La coopération active des services secrets occidentaux avec les terroristes internationaux, leur entraînement et leur équipement, le choix de leurs objectifs, cela n'est pas du tout un secret.

4. Crimes contre la culture.

Nous pensons que les crimes de l'impérialisme contre la culture universelle et la culture nationale méritent d'être l'objet d'une recherche rigoureuse et indépendante. Car tous les forfaits mentionnés ci-dessus sont le résultat direct de la "mission civilisatrice" de l'impérialisme, de l'imposition violente de la "démocratie", des conceptions du "manque de besoins" des cultures et civilisations nationales des peuples autochtones d'Asie, d'Afrique, d'Amérique et même d'une partie de l'Europe. Sur ces attitudes idéologiques s'est fondée la nécessité d'"éliminer" non seulement les personnes concrètes mais des peuples entiers qui, d' après ce qui était affirmé, entravaient la construction de la société "libre" et étaient même catalogués comme des "sous-hommes" inaptes à vivre dans les conditions de l'idéologie et de la politique démocratique libérale. Nous considérons que l'opinion internationale doit exprimer sa position et dénoncer de telles théories qui diffusent la haine parmi les hommes, telles que le malthusianisme, le darwinisme social, la doctrine de Nietzsche, le racisme, la mondialisation, etc.

Nous considérons aussi que les multiples guerres déclenchées par l'impérialisme dans les Balkans, qui durent depuis déjà un siècle et demi, poursuivent non seulement des objectifs économiques mais sont aussi destinées à détruire la Grèce comme berceau de la civilisation européenne, et la Serbie comme foyer de la religion orthodoxe en Europe.

IV  Les cercles des gouvernants et les partis politiques des pays occidentaux ont été liés dans de nombreux cas aux crimes du passé et à ceux qui sont commis aujourd'hui. En Europe, sous couverture de "démocrates" se déguisent souvent les partisans des régimes dictatoriaux en Espagne et en Italie, les nazis en Autriche, les partisans de Pilsudski en Pologne, de Stepan Bandera en Ukraine, des nains fascistes dans les républiques baltiques.

L'évaluation politique et morale des actions passées et présentes des impérialistes est nécessaire justement aujourd'hui, alors que les pays qui professent cette idéologie et ces objectifs tentent de présenter leur activité comme une sorte de modèle que devrait suivre toute l'Humanité. Le devoir de la communauté internationale est d'effectuer une évaluation juste de "l'apport" de ces régimes à l'histoire universelle et d'alerter les gens sur la répétition des crimes commis par les libéraux. L'évaluation objective de l'histoire de l'impérialisme est d'une extrême importance afin d'éduquer les jeunes générations, d'asseoir les bases d'une véritable coopération entre les états et peuples qui ont une histoire différente et appartiennent à des civilisations différentes.

Nous considérons que les victimes des crimes des régimes impérialistes, leurs familles et descendants méritent un dédommagement matériel pour leurs souffrances. Nous proposons la création d'un Jour international en mémoire des victimes des crimes de l'impérialisme. Ce pourrait être le 1° septembre, anniversaire du début de la Deuxième Guerre Mondiale.

Mais la condamnation seule est insuffisante. Il faut offrir une réelle alternative à l'Humanité.

L'impérialisme et la globalisation sont des formes réactionnaires, déformées de l'intégration mondiale. Mais l'intégration comme telle est inévitable. Ce n'est pas grâce à la bonne ou mauvaise volonté de quelqu'un, mais bien de façon objective et indéniable que l'Humanité avance vers une unité de plus en plus intense et diversifiée. C'est un fait positif et irréfutable. Toute tentative pour renverser ce mouvement, pour faire resurgir l'isolationnisme, est réactionnaire. Mais pour le destin de l'Humanité, pour le destin de toute l'espèce Homo sapiens, il est essentiel de savoir par quelles voies et vers quel type d'unité on est en train d'avancer.

Et si elle avance vers la subordination successive du travail et du capital ou vers l'émancipation du travail du capital et la conversion du travail en un besoin vital et naturel?

Et si elle avance vers l'unité dans la diversité, vers une association dans laquelle "le libre développement de tous est la condition du développement libre de chacun", ou vers l'unité de l'uniformité, vers un cartel mondial vers lequel le pouvoir du capital pousse l'Humanité?

Et si elle avance vers l'instauration du pouvoir oligarchique d'un cercle étroit de personnes ou vers l'interaction démocratique et la coopération des pays et peuples souverains?

Seul le socialisme peut offrir une alternative réelle, qui ne soit ni utopique ni réactionnaire, à la globalisation et au "nouvel ordre mondial". Voici la thèse des communistes russes : l'unité de la lutte des classes des travailleurs en faveur de l'émancipation sociale et la lutte des peuples pour l'indépendance, pour un développement libre, démocratique et original.

Nous sommes convaincus que le mouvement anti-impérialiste et anti-globalisation acquerra un essor encore plus grand et renforcera son unité sur les bases des objectifs de sa lutte conjointe. Ces objectifs sont les suivants :

Pour l'émancipation du travail issu de l'exploitation et pour la justice sociale.

Pour l'internationalisme et le patriotisme comme valeurs fondamentales de cohabitation entre hommes et à niveau international. Contre le chauvinisme et le cosmopolitisme.

Pour l'indépendance nationale et étatique.

Pour les droits humains, non seulement civils et politiques, mais aussi les droits sociaux et économiques tels que le droit au travail, au repos, à l'éducation, à l'assistance médicale, à la protection sociale.

Pour la liberté de l'information et de l'expression. Contre le totalitarisme de l'information et l'impérialisme culturel.

Pour la défense de l'environnement contre l'effet destructeur de la "course consumériste" et de l'actuelle division internationale du travail.

Pour le droit des peuples au soulèvement, à l'autodéfense face à l'agression, à la lutte armée contre les oppresseurs et les occupants.

Contre le terrorisme international. Pour une différenciation nette entre le terrorisme et la lutte de libération nationale.

Contre la discrimination raciale ou nationale, contre toute forme d'apartheid.

Contre le joug de la dette extérieure.

Pour la suppression du contrôle policier total sur les individus.

Pour la dissolution des blocs politico-militaires agressifs.

Nous pensons que la plate-forme que nous proposons pourrait constituer la base d'actions conjointes pour la lutte anti-impérialiste.

Chaque parti, chaque organisation et mouvement choisiront, en prenant en considération les particularités de chaque pays, les formes concrètes de lutte pour l'obtention des objectifs posés. Mais la réalisation de ces objectifs est extraordinairement nécessaire. Ils se réaliseront obligatoirement, avec les efforts associés de l'Humanité progressiste, si celle-ci aspire non seulement à survivre mais aussi à avancer sur la voie du progrès, de la paix, de l'égalité et de la justice.

Il faut se tourner vers le futur et ne pas régler nos comptes avec le passé.

Il faut aller de l'avant avec courage et détermination!

Guennadi ZIUGANOV Président du CC du PCFR


texte traduit en français par E.C., à la demande du PTB