ALERTE
DES VILLAGES DE CORSE A CEUX DE PICARDIE, DE DRESDE A COPENHAGUE,
LE BALLET DES IDENTITéS AGRESSIVES
Si on en croit nos médias quotidiens, ces temps
derniers, l'identité se parfume à
la haine de l'autre.
Juin 2015: alors qu'un été flamboyant se déploie
sur les collines corses, le village de Prunelli di Fiumorbu fait
durant quelques jours les titres des journaux à son corps défendant:
des parents d'élèves y ont refusé de laisser leurs enfants chanter
à la kermesse de l'école une chanson en langue arabe ( celle des
quelques immigrés du lieu ), a côté du français, du corse, de l'anglais.
Dans la foulée, de courageux anonymes, par le biais des " réseaux
sociaux ", ont menacé les institutrices au nom leur identité
", menacée d'invasion ", sont venus taguer les murs de
slogans anti-Arabes, et les ont contraintes à annuler la fête. Ne
nous méprenons pas: ce lamentable fait local n'est pas, contrairement
aux assertions de la " grande presse " française, symptomatique
d'une " société corse en crise " ( Le Monde ), mais l'indice
parmi bien d'autres d'une xénophobie fort répandue de Mediterranee
à la France du Nord, voire a l'ensemble du continent européen.
Le pire en matière d'identités agressives vint
en novembre, a l'issue d'une arrière saison si ensoleillée qu'elle
incitait à l'optimi
DES VILLAGES DE CORSE A CEUX DE PICARDIE, DE DRESDE A COPENHAGUE,
LE BALLET DES IDENTITéS AGRESSIVES
Puis vint le coup de massue des elections du 5
decembre: Maître en démagogie, le Front National a su engranger
les conséquences traumatisantes des politiques " d'austérité
", de l'afflux organisé de migrants, et des attentats djihadistes.
Parti de tous les Nationalistes, des résidus du Petainisme aux Gaullistes
oublieux des temps d'Algerie, il réunit les sectateurs d'une nation
qui serait expurgée de toute lutte de classes entre exploiteurs
et exploités, au profit de dérives "identitaires". Il
a su habilement se poser en défenseur des petites gens contre les
" technocrates européens", sans mettre en cause le moins
du monde l'idéologie " libérale " et le Capitalisme qui
les anime. Mais la fille Le Pen et sa nièce savent tout aussi bien
que l'ancêtre OAS quels fantasmes agitent leur électorat. Marine
conclut sa campagne en Nord-Picardie en félicitant " les Français
qui ne veulent pas porter la djellabah ".Et Marion en Provence
ajoute pour sa part: " nous ne sommes pas une terre d'Islam...qui
n'a pas vibre au Sacre de Reims n'est pas vraiment français ".Et
c'est sur ces énormités dignes des temps de pogrom ou de camps de
concentration qu'elles recueillent 40 pour cent des voix en Nord-Picardie,
la region demeurée la plus ouvrière de France, et sur les rivages
lumineux de Méditerranée....
Une vison pathologique, irrationnelle, d'une identité
fière de sa peau blanche, de ses " valeurs " chrétiennes,
humanistes, qui seraient menacées de "remplacement" par
les immigrés à peau sombre, musulmans de culture ou de pratique
religieuse, est devenue habituelle aux propos de comptoir. Elle
sert de substrat tacite au geste électoral de ces 40 ou 50 pour
cent d'electeurs de certains villages picards, milliers de braves
gens meurtris par la société qu'ils ne comprennent plus, et qui
traduisent leur rancoeur en votant pour le Front National: Il leur
offre un bouc émissaire responsable de tous ses maux, chômage, délinquance,
l'envahisseur bronzé qui menace son univers. Le phénomène est de
tous les états européens ( interviews du journal Present, horssérie
nov/dec 2015 ): Il se traduit par la croissance en Suisse de l'UDC,
dont le leader Oskar Freysinger veut défendre " le drapeau
national ( qui ) porte une croix, et notre hymne national ( qui
) à la forme d'un cantique ". En Pologne, il gonfle l'électorat
du FIS, dont le député Marek Jurek dit refuser " l'islamisation
de notre pays ". Il vote en Italie pour la Lega, qui n'est
plus seulement du Nord, et dont le Sénateur Volpi affirme clairement
s'opposer au "déferlement migratoire " et défendre les
" valeurs ancestrales ". Les pays nordiques voient à chaque
échéance électorale croître les mêmes défenseurs hargneux d'une
identité prétendument menacée, Vrais Finlandais à Helsinki, "Démocrates"
de Suède ou de Norvège, Parti du Peuple Danois à Copenhague, qui
se définissent tous comme " identitaires ". Comme les
partisans de l'universitaire britannique John Laughland, proche
du parti UKIP, qui pourfend le " Londonistan ":("seulement
44,9 pour cent de la population de Londres se déclare blanc britannique
". Et les manifestants de Pegida à Dresde en Allemagne ne sont
pas en reste, pour lesquels la formule " Nous sommes le Peuple
" exprime la volonté de défendre " le sang germanique",
comme il y a 70 ans....
Identités clamées comme une insulte à la face du
monde, pour lui signifier qu'on est différent, et généralement supérieur,
par sa race parfois, sa couleur de peau, sa religion, sa langue,
sa culture, que sais je encore... Identités prétendument menacées
par les Arabes ou les Noirs, les Musulmans ou les Chrétiens, les
Roms ou les gens du voyage, les plombiers polonais ou les migrants
syriens, qui sais je encore....
Ces bulles de colère xénophobe qui viennent exhaler
leur puanteur à la surface des sociétés d'Europe, révélent les tensions
et frustrations qui les agitent en profondeur. Faudrait il craindre
de les voir envahir le monde, provoquer partout le chaos et la haine?
Ce phénomène xénophobe n'est pas nouveau en Europe,
il était présent un peu partout au années 30 du XXeme siècle, il
y féconda les fascismes européens en Allemagne, en Croatie, et en
France les Ligues, au coeur d'une crise économique et sociale qui
n'avait rien à envier à celle de notre siècle. Mais, différence
fondamentale de contexte, les mouvements progressistes et rationalistes
étaient en 1936 très forts, adossés à des organisations ouvrières
actives en luttes de classe sans concessions: Cela a permis par
exemple à la France d'échapper au naufrage fasciste, et de gagner
quelques étapes de progrès par le Front Populaire. Ce bloc de forte
résistance antixenophobie - antifascisme est en 2015 émoussé et
parfois moribond: le Capital transnational a décimé les " forteresses
ouvrières", " les Gauches " souvent converties aux
dogmes du " Marché ", à la guerre impérialiste au nom
des " Droits de l'Homme ", et à l'opportunisme carriérisme,
ont oublié que l'action politique n'était que le moyen de changer
le monde, et n'y voient plus qu'un objectif, conquérir les pouvoirs
et leurs prérogatives. Les organisations " rouges ", qui
se voulaient en 1936 de Solidarité avec les militants étrangers
persécutés pour leur combat anti-fasciste ou leur "race ",
se déclarent en 2015 "humanistes ", et ne sont plus que
caritatives.... Les ripostes rationnelles ou moralisatrices aux
dérives xénophobes sont certes nécessaires, mais en aucun cas suffisantes.
les xénophobies contemporaines ne seront vaincues que grâce à la
reconstruction d'un mouvement révolutionnaire, arme de ses idéaux
d'égalité entre les hommes et les peuples. Car dans le tryptique
que nous a légué 1792, Fraternité, Liberté, égalité, les deux premiers
préceptes sont conditionnés par le troisième.
RIEN DE PLUS ACTUEL EN 2016 QUE LE RASSEMBLEMENT
DE TOUS LES COMMUNISTES éPARPILLéS EN CHAPELLES CONCURRENTES, INEFFICACES
DE CE FAIT, ET LE DéBAT ENTRE EUX: COMMENT, SUR QUELLES BASES, CRéER
UNE ENTITé COMMUNISTE UNIQUE ET ACTIVE, RESPECTUEUSE DE NOS DIFFéRENCES
LéGITIMES, AU SEIN DE LAQUELLE CHAQUE MILITANT COMPTE POUR UN, éVITANT
LE CAPORALISME DES DIRIGEANTS ET LE LEGITIMISME DES ADHéRENTS QUI
ONT FAIT TANT DE MAL AUX ORGANISATIONS ANTERIEURES?
Face au déferlement d'idées d'extrême-droite qui
menace, face à la destruction programmée par les tenants du Capital
transnational des quelques acquis sociaux qui nous restent, ce débat
ne relève pas du sexe des anges, il est d'une urgence absolue.
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