Un excellent livre sur la destruction de la Yougoslavie

Diana Johnstone, La Croisade des fous. Yougoslavie, première guerre de la mondialisation, Le temps des Cerises, 2005.

L'essentiel est dans le titre.
L'auteur, journaliste américaine qui vit depuis plusieurs années en France, démonte avec une clarté remarquable tous les mensonges dont on nous a abreuvés sur les guerres des années 1990, et analyse les motivations réelles des diplomaties allemandes et anglo-saxéonnes pour désigner, par tous les moyens, les Serbes comme des méchants et justifier leur "croisade" contre eux.
L'analyse est appuyée sur une documentation incontestable, mais que nul n'a songé ni ne songe à consulter, et une remarquable capacité à utiliser le droit, le vrai, pas celui d'ingérence.
Les horreurs sur la purification ethnique, le memorandum de l'académie de Belgrade (dont le texte est, enfin, cité), les viols systématiques n'y résistent pas.
L'utilisation du thème obsessionnel du nazisme et de la Shoah, de façon paradoxale mais très significative pour justifier ceux qui se réclamaient ouvertement des Oustachis contre les descendants de leurs victimes, est également remarquablement étudiée, et la façon dont on a créé des coupables en proférant des accusations si monstrueuses que personne n'osait les contester.
La continuité de la politique américaine de Bush père à Clinton puis de Clinton à Bush fils est clairement montrée, contre tous ceux qui voudraient nous faire croire qu'ils se sont réveillés anti-américain en 2002 non par opportunisme, mais parce que les Américains ont changé et que Bush fils est vraiment très méchant.
Ce excellent livre nous ramène quelques années en arrière, à l'époque où nous étions bien seuls, sur le pavé de Paris, à dénoncer la participation de la France de Chirac et Jospin à une guerre infâme, avec le PCF aux abonnés absents, la LCR en face et l'OCI dans le dos. Il nous montre, textes à l'appui, à quel point nous avions alors raison, plus même que nous le croyions peut-être. Il invite, c'est le titre de la remarquable préface de Jean Bricmont, à considérer "l'importance pour l'avenir de la gauche d'une réflexion sur la guerre de Yougoslavie".
à lire, donc.