Evasion fiscale et pauvreté
Points de vue du Sud Editions Syllepse - Centre Tricontinental
Volume XIV (2007), n° 1
Estimées à quelque 255 milliards de dollars,
les pertes annuelles dues à l’évasion fiscale à l’échelle
mondiale poursuivent leur progression contre toute logique éthique et
sociale. Elles sont le reflet tant de l’ampleur du phénomène
des paradis fiscaux (secret bancaire, taxéation faible ou nulle, tolérance
à l’opacité, sociétés-écrans…)
que de la sophistication des stratégies, licites et illicites, des grosses
fortunes et des grandes entreprises pour échapper à l’impôt
et aux mécanismes nationaux de redistribution. L’industrie de la
fraude fiscale et de la consultance financière et juridique privée
abuse et se joue de la technicité des mécanismes et des instruments
de la fuite des capitaux. En dépit des immenses besoins sociaux, de l’accroissement
des inégalités et du défi de la lutte contre la pauvreté,
les Etats, du Sud en particulier, ont intégré l’existence
des centres offshore – ces « bas-fonds de la finance internationale
» – et internalisé la nécessité de protéger
de l’imposition tant les multinationales que certaines élites nationales
rompues aux détournements de fonds. La concurrence fiscale que ces pays
se livrent pour « attirer les investissements » est devenue à
la fois le principal accélérateur de la mondialisation de l’économie
néolibérale et l’origine de la crise majeure du financement
public. Les alternatives sont à élaborer au niveau mondial. Elles
passent par la remise en cause des paradis fiscaux, l’harmonisation des
systèmes de taxéation nationaux et l’établissement d’un
cadre international de réglementation et de coopération entre
autorités fiscales.
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