État
des résistances dans le Sud - 2008
Points de vue
du Sud
A de rares exceptions près, l’ensemble des pays
du Sud ont connu un réveil et une dynamisation de leurs sociétés
civiles ces vingt dernières années. L’ouverture, franche
ou timide, d’espaces d’expression, les secousses de la mondialisation,
la persistance d’inégalités scandaleuses ou de discriminations
ancestrales cumulent leurs effets et alimentent les mobilisations. Paysans en
faillite ou expulsés de leurs terres, indigènes historiquement
marginalisés, employés dégraissés, couches urbaines
précarisées, intellectuels las de se censurer prennent possession
des espaces publics pour y exposer leurs griefs et leurs revendications. Bien
sûr, l’intensité et la forme de ces mobilisations sont hautement
dépendantes des régions concernées : elles s’assimilent
tantôt à une lame de fond, tantôt à un simple frémissement
selon que l’on porte le regard vers l’Amérique latine, où
de larges mouvements populaires ont joué un rôle de premier plan
dans l’avènement de gouvernements progressistes, ou que l’on
scrute le Monde arabe, la Chine ou l’Asie centrale, où des réseaux
fragiles et semi-clandestins s’emploient courageusement à réclamer
le respect des libertés et des droits sociaux de base. Ces mouvements
de la société civile méritent d’être salués,
pour constituer un vecteur de démocratisation politique et sociale de
première importance. Pour autant, leur juste appréhension exige
de tenir compte des menaces tant internes (fractionnements, manque d’ancrage
populaire, corporatisme) qu' externes (répression sous couvert de
lutte contre le terrorisme, cooptation sous couvert de participation) qui pèsent
sur leur action.
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