Irak. Plus de mercenaires que de soldats
MAURIZIO MATTEUZZI
En 2003, le président Bush s’était
mis à la tête de la croisade civilisatrice et avait donné
le signal de la charge à la « coalition des volontaires »
lancée dans la libération/démocratisation de l’Irak.
Quatre ans d’embourbement plus tard, « the coalition of the
willing » est devenue « the coalition of the billing ».
De la coalition des volontaires à la coalition des payeurs, dans le calembour
du reportage sur les contractors ( traduit dans cet article par mercenaires,
NDT), publié hier (4 juillet 2007, NDT) par le Los Angeles Times.
Le passage des willing aux billing – des grands chantiers national-idéaux
à ceux commerciaux-privés, plus prosaïques – réside
entièrement en deux données : en Irak les contractors
privés sont désormais 180 mille contre les 160 mille soldats étasuniens.
Dans les 180 mille mercenaires, parmi ceux préposés aux tâches
de soutien, sorte d’hommes de confort de notre époque[1],
et les security contractors (ceux qui sont armés) 21 mille sont américains,
43 mille étrangers, et 118 mille irakiens. Ces derniers sont les plus
chanceux et en même temps les plus couillonnés, parce qu' au
train où vont les choses, ce seront ceux qui se retrouveront comme les
vietnamiens sur le toit de l’ambassade Us à Saigon, tendus vers
un impossible hélicoptère du salut. En 2007, les Usa accorderont
l’entrée, sur le papier, à 7 mille irakiens. En réalité
les veinards n’ont été jusqu' à présent
que quelques rares dizaines. Cocus et blousés (cornuti e mazziati[2]).
Un ex-général étasunien à l’ancienne dit que
la pratique du Pentagone de « louer des fusils » est « une
obscénité ». En réalité c’est une
merveille. Pour Bush c’est la quadrature du cercle. Avec la guerre il
fait le bonheur du complexe militaro-industriel de toujours, en la privatisant
il répond aux préceptes de l’équation libéralisme-dérégulation.
Comme par hasard parmi les principales agences de mercenaires reviennent des
noms connus : KBR de Houston qui est –ou a été –
une succursale de Halliburton du vice-président de Bush, Dick Cheney ;
et cette vieille ITT de chilienne mémoire… Oh que la guerre est
jolie.
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/05-Luglio-2007/art6.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
1 Référence
ironique aux « femmes de confort », les esclaves sexuelles
coréennes que les japonais mettaient à disposition de leurs soldats
pendant la seconde guerre mondiale (indication de l’auteur)
2 Cornuti e mazziati : est une expression
courante, mais dont je n’ai pas l’origine (peut-être Totò ?)
je vous dirai ça une autre fois (m-a) (indications bienvenues)
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