La
guerre qui change de nature ?
MICHEL COLLON
Guerre pour le pétrole ou
pour la démocratie ? Avant, ça semblait bien clair : le pétrole
était le but de Bush. Mais voici que la « mauvaise guerre »
semble changer de nature...
Les médias européens nous parlent à présent d'un combat
pour la démocratie. Il s'agirait de « mettre fin au terrorisme
». L'Europe enverra donc des experts former les policiers et soldats
de la « jeune démocratie irakienne ». Former à briser
les manifestations ?
Double manipulation. D'abord, Zarquaoui
et les attentats-suicides abondamment montrés en télé ne
représentent que 0,3% des actions de la vraie résistance qui,
elle, cible les forces d'occupation et leurs instruments. L'image médiatique
qu'on nous offre de la guerre est archi-fausse puisque le célèbre
journal médical Lancet
estime à 100.000 le nombre de morts provoqués par l'occupation.
Plus précisément :
- 48% dus à la dégradation des soins de santé (détruits
et non reconstruits par l'occupant)
- 44% dus aux agressions (bombardements surtout) US et britanniques
- 2% dus aux actions de la résistance
- 4% dus au gangstérisme, lui-même produit par l'occupation.
« Rétablir la démocratie
» en Irak ? Curieux slogan dans la bouche des USA qui violent les
conventions de Genève, bombardent des civils, torturent leurs prisonniers.
Et qui rétablissent la 'charia' alors que l'Irak avait émancipé
les femmes.
En fait, contrairement à la propagande, le scrutin a été
boycotté : moins de 30% à Bagdad et Bassora, 18% à Mossoul,
2% à Anbar. Sans parler des trente villes qui échappent au 'gouvernement'
central. Le vote n'a été massif qu'au Kurdistan et dans les
villes religieuses de Najaf et Kerbala (pour des candidats promettant
de mettre fin à l'occupation).
S'il y avait demain une véritable
élection, quel en serait le résultat ? Les Irakiens voteraient
pour que le pétrole soit entre leurs mains. Mais c'est justement
ce que l'occupation veut empêcher.
Toute guerre étant économique, les pétro - dollars serviront
ou bien à rétablir le niveau de vie du peuple irakien, ou bien
à grossir les bénéfices d'Esso et Chevron.
Le pillage pourrait-il être démocratique
?
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