VERITES SUR LA « MENACE ISLAMIQUE »   27 juillet 2005

EUROPE, CHAMP DE BATAILLE?

    Les deux tiers des Britanniques pensent que les attentats de Londres sont la conséquence directe de la guerre d’Irak. Ils ont raison. Mais savent-ils que ce qui les attend risque d’être pire que ce que les Français ont vécu à l’époque de la guerre d’Algérie ?

    Pourquoi pire? Parce qu’aujourd’hui les résistants irakiens sont seuls. La plupart des peuples arabes sont muselés par leurs gouvernements. L’URSS qui aidait l’anti-impérialisme à condition de ne pas dépasser certaines limites, n’existe plus. La solidarité internationale se révèle inopérante. A quoi servent la modération et le dialogue, se disent certains, quand la force brutale prévaut partout ?

    Leurs exemples : en 1973, l’OLP a abandonné les opérations hors de Palestine sur les conseils de ses amis étrangers : pour quel résultat ? Il y a toujours plus de colons israéliens et de destructions.

    Des millions de personnes ont manifesté contre l’agression américaine contre l’Irak. Pour rien. Dans les démocraties, le poids des opinions est maintenant sans effet sur les décisions gouvernementales. Aucun tribunal n’ose même se déclarer compétent pour juger les criminels de guerre américains.

    Alors, certains résistants irakiens, baasistes ou non, se sont posé la question que se posent tous les résistants : quand un pays est agressé, est-il légitime de porter le feu sur le territoire ennemi ? Le débat semble tranché. Les victimes à Londres seront moins nombreuses, mais pas moins innocentes qu’en Irak, quand les bombardiers US déversent à l’aveuglette leurs cargaisons.

    On a comparé la guerre d’Irak à celles du Vietnam, d’Algérie ou du Liban. Elle est toutes ces guerres à la fois, la mondialisation en plus. Avec les TV satellitaires, l’appel contre l’injustice est plus prégnant que dans les années 50. Les volontaires prêts à combattre l’Occident sur place n’ont pas besoin d’ordres venus d’ailleurs. Ils sont nombreux et disposent de moyens bien supérieurs à ceux des Algériens.

    Aujourd’hui, les pires craintes énoncées avant l’agression de l’Irak sont réalité. Le terrorisme est par nature injustifiable mais, pour sortir du bourbier, il ne faut pas confondre une cause avec ses effets, ou accuser ceux qui cherchent une issue à la guerre d’approuver le terrorisme. Face à des chefs de gouvernement butés, on se demande avec horreur si les cris des victimes de Londres n’ont pas plus d’influence que les opérations lointaines de résistance. Le bruit des bombes pèsera-t-il autant que celles du FLN en « métropole » le jour où le général de Gaulle décida d’accorder l’indépendance à l’Algérie ?

 

 23/7/05                                                                                                                      Gilles Munier

VERITES SUR LA « MENACE ISLAMIQUE »

par Mohamed Salah Hermassi

 

    Ce que recherche l’Occident, c’est d’imposer aux musulmans une conception amputée et dénaturée d’un islam débarrassé de ses valeurs humanistes de liberté, de justice et d’égalité et qui n’aura plus de puissance mobilisatrice pour ne plus pouvoir affronter les agressions contre les pays musulmans. Il prétend que c’est une religion qui n’a aucune relation avec la politique et que les musulmans n’ont d’autre choix que d’adopter le modèle occidental de progrès, vu qu’il en est la forme supérieure et définitive. (1)

    L’invitation fiévreuse que fait l’Occident aux modes arabe et musulman à séparer la religion de la politique, sous prétexte que c’est la condition essentielle du progrès et de la renaissance, ne peut tromper personne. Ce n’est en vérité qu’une tactique voilée pour faire échouer toute action politique de l’islam pour le renforcement de son identité, et pour briser toute velléité de résistance à l’Occident. L‘objectif principal en est l’éradication à tout prix des raisons islamiques de l’opposition à la domination occidentale. Nous ne pensons pas que l’Etat religieux soit aujourd’hui un objectif islamique. Il y a une différence, à notre avis, entre un Etat religieux et un Etat dont la politique est dirigée selon les valeurs spirituelles et les acquis historiques qui sont les siens.  Le rejet de la première formule – l’Etat religieux – ou l’impossibilité de son instauration ne pourrait signifier le rejet du second. L’arrière-plan religieux et culturel demeure – malgré les tentatives de l’occulter – l’un des facteurs de décision dans les divers pays du monde, y compris ceux qui se qualifient de laïques.

    Et n’est-il pas du droit des musulmans, non seulement ceux de l’islam politique, de demander à l’Occident si, vraiment, la séparation de la politique et de la religion est effectivement totale dans les sociétés occidentales ? Et pourquoi ne dit-on pas du Vatican qu’il mêle religion et politique ? Et qui ignore aujourd’hui le rôle du pape dans de nombreuses régions du monde et son rôle dans la chute du bloc socialiste ? Et pourquoi l’Occident apprécie-t-il que Ronald Reagan eût tenu l’Evangile dans une main et le programme de la guerre des étoiles dans l’autre et eût dit : voici la solution ! Pourquoi donc l’Occident s’offusque-t-il lorsque les musulmans tiennent à la main le Coran ? Et pourquoi estime-t-il que le fondamentalisme judaïque est légitime quand il pense que la religion doit se tenir loin de la politique ?

    Et comment peut-on expliquer le silence de l’Occident au sujet de « ces rabbins fondamentalistes qui, en brandissant la Thora comme la preuve d’une propriété accordée par Dieu, donnent un prétexte idéologique à l’expulsion et à l’assassinat des Palestiniens, musulmans et chrétiens, habitants originels de la Palestine ». (2)

    Le sujet ne mérite peut être pas un large débat : la position occidentale est totalement claire. Elle signifie que la politisation de la religion est désirée lorsqu’elle sert les intérêts et les plans de l’Occident et elle est interdite lorsqu’elle s’y oppose.

(…)

    L’islam représente-t-il vraiment un danger pour l’Occident ? La réponse est contenue dans les raisons de la question. La renaissance de l’islam contribuera à la concrétisation d’un projet culturel et politique qui pourra constituer un danger pour la domination de l’Occident et ses prolongements politiques et culturels dans les mondes arabe et islamique. Prétendre que l’islam représente un danger effectif et direct pour l’Occident est une supposition fallacieuse qui réfute des évidences qui n’ont pas besoin d’être débattues. D’une part, l’islam politique (3) n’a pas dépassé jusqu’à l’heure actuelle le cadre de mouvements de protestation, réprimés et encerclés. D’autre part, l’Occident est une forteresse imprenable en raison de ses moyens économiques, militaires et technologiques. Et ce ne sont pas des forces naissantes dépourvues de tous les moyens de lutte qui vont pouvoir l’abattre ! (4)

    Nous devons, pour bien définir, prendre les preuves en Occident même. Il apparaît dans les déclarations des responsables et dans les médias occidentaux que ce qu’on entend par le danger est le terrorisme et la peur qu’il atteigne les frontières de l’Occident. Le prétexte en est le choix fait par certains mouvements pour la violence dans leur combat contre les régimes qui les répriment. La vérité est que « l’islam n’est pas responsable de l’extrémisme dont souffrent sous le slogan de l’islam certains Etats arabes et islamiques. L’islam n’est ici qu’un slogan de mobilisation et le véritable responsable est la politique impérialiste et exploitrice de l’Occident ».

    La vérité infirme toutes les thèses qui veulent convaincre de ce danger. L’islam ne fait aujourd’hui que défendre son existence et son identité. Il n’attaque personne ni n’est un danger pour quiconque.

 

Extraits de « Une approche de la problématique d’identité », par Mohamed Salah Hermassi – Ed. L’Harmattan – Islamoccident – 2004 –  (pages 150 à 152 et 156-157).

 

(1) cf . Francis Fukuyama : Nihadat al tarik, trad. Hussein Ahmed amin, Markaz Al Haram lil nachr wal tarjama, Le Caire, 1993 – (2) Roger Garaudy : al oussoulyat al mouassira, trad Khalil Ahmed Khalil, Dar am alfayne, Paris, 1992, p.209 – (3) Nous utilisons le terme d’islam dans cette étude dans un sens figuré. Nous ne cherchons pas une analyse ample de ce terme, ni de ses courants, ni de ses conceptions. – (4) cf. Fred Hallyday : Al islam wal gharb. Khourafat al mouajaha, trad. Abel Ilah Noeïmi, dar Al Saqi, Londres, 1997.

 

REVUE DE PRESSE

 

·        « Les Américains pissaient sur le Coran

       et abusaient de nous sexuellement »

           (Interview de Mohamed Mazouz, rescapé de Guantanamo)

Le Marocain Mohamed est un rescapé de Guantanamo. après plus de trois ans et demi de détention entre le Pakistan, Kandahar, Bagram et Guantanamo, il a été renvoyé dans son pays où il a été placé en liberté provisoire. Il est interviewé ici par Abdelhak Najib de La Gazette du Maroc (11/4/05). Un témoignage terrifiant qui permet de mieux comprendre la colère des musulmans contre l’Occident. Extraits :

 

Vous avez été arrêté au Pakistan, les accusations affirmaient que c’était en Afghanistan. Qu’en est-il réellement ?

La réalité que tout le monde connaît est que j’ai été arrêté au Pakistan. J’y suis allé pour me marier. C’était exactement le 26 août 2001. J’habitais alors à Londres depuis quelques années et je n’avais pas de papiers. Il fallait me marier avec une Anglaise de nationalité qu’elle soit d’origine pakistanaise, indienne ou marocaine. C’était le seul moyen pour avoir mon permis de résidence en toute légalité. Le destin a fait que je me suis lié d’amitié avec un Pakistanais. Avec le temps, j’ai su qu’il avait une sœur en âge de se marier et j’ai demandé sa main. La famille a accepté et nous avons décidé de partir au Pakistan pour célébrer cette union. Le mariage a eu lieu et les choses allaient normalement. Il faut préciser ici que j’avais un visa d’un mois. Quatre jours avant notre retour, j’ai été arrêté sur un boulevard de Karachi alors que je marchais avec mon beau-frère pakistanais.

 

Pour quelles raisons avez-vous été arrêté au Pakistan?

(…) Nous avons été abordés de façon inopinée par la police pakistanaise qui m’avait demandé mes pièces d’identité. Les policiers ont pris mes papiers et ayant compris d’où je venais, ils m’ont demandé de les accompagner pour un léger interrogatoire. Je me suis exécuté sans opposer la moindre résistance. On m’avait bien précisé que ce passage par leurs bureaux ne prendrait que 15 petites minutes. Les 15 minutes sont devenues 4 ans d’enfer entre Kandahar, Bagram et Guantanamo. (…)

 

Quels types de tortures avez-vous subi ?

J’ai tout vécu de la part des autorités pakistanaises. Sans que la police m’ait adressé la moindre accusation. J’étais torturé et je ne savais même pas pour quelles raisons j’étais arrêté. Personne ne m’a dit quoi que ce soit sur le motif de ma présence dans cette prison horrible. Nous avons été frappés, foulés aux pieds, sans nourriture, sans eau, sans pouvoir nous laver, sans pouvoir nous couper la barbe et les cheveux, agglutinés les uns sur les autres dans des conditions inhumaines. Le plus important à soulever ici est que nous avons tous été enchaînés avec du fer à l’aide d’un bâton en acier qui liait nos pieds à notre ceinture. Ceci nous paralysait littéralement. (…)

 

Quand avez-vous été transféré à Kandahar ?

Je me souviens du jour où la police pakistanaise nous avait dit qu’une délégation d’Amnesty International est venue nous voir. Etant donné que je parle Anglais, j’ai eu plusieurs fois à vérifier que les gens qui étaient là pour nous interroger n’étaient pas du tout les représentants d’une organisation humanitaire. C’étaient des agents du FBI et de la CIA qui venaient faire des vérifications avant l’étape ultérieure. Le même jour, vers dix heures du soir, ils nous ont pris un à un, nous ont donné d’autres habits, une espèce de combinaison bleue. Nous avons été parqués vers l’aéroport et une fois sur place, nous avons été livrés à d’autres hommes. à l’odeur que j’avais sentie sur l’homme qui m’avait pris, j’ai su que ce n’était pas un Pakistanais. Là, nous avons été encapuchonnés à l’aide de sacs en toile. Mais avant cela, laissez-moi vous expliquer comment ils avaient couvert nos yeux. Ils mettent un tissu au début sur lequel ils passent une deuxième bande très serrée puis ils scotchent sur les deux bandes un rouleau de sparadrap avant de mettre le sac en toile sur nos têtes. Et là, ils serrent au niveau de la gorge avec un fil très résistant. Je n’arrivais plus à respirer et j’entendais la voix d’une femme nous ordonner de bien nous tenir et de ne rien tenter qui puisse les déranger. Dans l’avion, nous avons été mis les uns à côté des autres, attachés avec des fils de fer liés à nos bras avec force. Ligotés directement à l’avion par le bas, écartelés pour ne laisser aucune chance au moindre mouvement. Au bout de quelque temps, l’avion a atterri à Kandahar: la cité de la torture.

 

Dans quelles conditions êtes-vous arrivé à Kandahar ?

Nous sommes arrivés la nuit. Nous avons été traînés comme des bêtes, l’un tirant l’autre dans sa marche. On nous avait ôté nos sandales et nous avait jetés par terre, à plat ventre. Nous sommes restés plus de 4 heures dans cette position. C’était l’hiver, il faisait glacial et nous étions à poil sur le sol à grelotter. Et il ne fallait pas bouger ni trembler. Ils nous avaient bien précisé de ne pas esquisser le moindre mouvement. "Don’t Move" c’était l’ordre de ne pas bouger d’un poil. Evidemment, c’était impossible avec ce froid. C’était plus fort que nous tous. On tremblait tous de la tête aux pieds. Et là, les soldats nous sautaient littéralement dessus, les brodequins sur le visage ou sur le dos, nous écrasant sur le sol. J’ai bougé comme tout le monde et un soldat m’avait asséné un coup de brodequin entre les cuisses. J’ai bien vu qu’il voulait faire éclater mes testicules. Mais le coup a épargné mes organes génitaux de quelques centimètres. Dans toute cette panoplie de torture que j’ai vécue depuis quatre ans, ce coup-là, je ne l’oublierai jamais de ma vie. après quatre heures sur le sol, ils nous ont jetés dans des cellules sans habits. Nous avons été fouillés à poils dans des conditions humiliantes et les soldats se marraient et nous provoquaient. après, ils avaient entamé les interrogatoires. Ton nom, d’où viens-tu, ce que tu fais ici, fais-tu la prière, qui tu connais, que penses-tu des attaques, as-tu rencontré Cheikh Oussama…

 

Avez-vous été visité par la Croix rouge à Kandahar ?

Oui, c’était le lendemain de notre arrivée à Kandahar. Mais je tiens à souligner un point que vos lecteurs et l’opinion publique doivent savoir. La Croix rouge n’a rien fait du tout pour nous durant toute cette période de détention en Afghanistan ou à Guantanamo. Sa présence était inutile. La seule chose qu’elle ait réalisée, c’était de nous faire parvenir quelques lettres. Je suis même sûr qu’ils étaient là pour servir les Américains et leur apporter l’aide. En somme, la Croix rouge a rempli son rôle de facteur et c’était tout. (…)

 

Et les interrogatoires ?

Les interrogatoires étaient quotidiens, faits par des Américains avec la collaboration de traducteurs arabes. Cela avait lieu dans les tentes en présence de tous les autres détenus et souvent, nous étions frappés au début, face contre sol, par des soldats fous, avant de commencer à répondre aux questions. Il y avait une technique précise qui consistait à jeter le détenu par terre, lui sauter sur le dos, lui éclater l’épaule avant de le frapper. Beaucoup d’entre nous avions les omoplates fracturées et avons dû faire face au froid et la faim, sans médication jusqu’au départ pour Guantanamo. Et l’interrogatoire pouvait durer des heures interminables. Et là, ils sortaient la grosse artillerie pour la torture. Il y avait d’abord les décharges électriques qui faisaient un mal sans pareil. Et ensuite, ils nous jetaient dans de gros barils d’eau pour nous étouffer. (…)

 

après cela, vous avez été transféré à Bagram ?

La prison de Bagram est la sœur jumelle d’Abou Ghraïeb en Irak. Sans donner trop de détails, nous avons vécu les mêmes tortures, les mêmes sévices physiques et psychologiques que les détenus en Irak. Vous savez, quand je suis entré au Maroc et que j’ai pu avoir accès aux journaux, j’ai découvert ce que les prisonniers irakiens avaient vécu à Abou Ghraïeb, c’étaient les mêmes techniques et les mêmes abus. Je pense aujourd’hui que Bagram a été le laboratoire qui a préparé Abou Ghraïeb. Nous étions dans des cellules individuelles et c’est là le plus grave puisqu’ils pouvaient tout essayer sur les prisonniers sans que personne ne sache ce qui se passait. Nous avons été humiliés dans nos corps, obligés à nous dénuder les uns devant les autres. Pire encore, on nous envoyait des femmes soldats qui provoquaient les détenus en les touchant sur leurs organes génitaux, en se mettant à poil devant eux ou alors en couchant avec d’autres soldats devant nous. Nous avons vu pire que cela et beaucoup de détenus ont été violés et faisaient tout pour le cacher. Mais nous savions ce qu’ils avaient subi de la part des soldats. (…) après, ils en sont venus à l’étape des injections. à tour de rôle, on nous administrait des produits qui nous rendaient fous. On a appris par la suite que c’étaient des injections pour provoquer l’hystérie. Beaucoup avaient perdu la tête. D’autres ont contracté des maladies de peau, des infections dermiques, des maladies rénales, des complications au foie, des migraines…

 

Quel traitement était réservé au Coran ?

Ici, je tiens à faire savoir au monde entier à travers ce que je dis jusqu’où les Américains sont allés pour nous humilier et bafouer nos principes les plus élémentaires. Il s’agit du traitement infligé au Coran. Tout ce qui pouvait le réduire à néant était utilisé. Ils ont pissé dessus, ils l’ont déchiré, ils l’ont coupé aux ciseaux devant nous, ils ont déféqué dessus en badigeonnant nos visages avec. Oui, il faut dire tout ceci pour que le monde musulman réalise quel degré de haine ce livre sacré leur inspire. Parce que je ne vois pas pourquoi en arriver là. Un jour, et en présence de la Croix rouge, ils avaient pris tous les corans de la prison pour les déchirer devant nous tous. Ils se comportaient à l’égard du Livre sacré comme s’il s’agissait d’un vulgaire objet. Quand on protestait, nous étions torturés à mort. Et à chaque fois qu’ils agissaient de la sorte à l’égard du Coran, nous nous soulevions et évidemment nous étions punis en conséquence. C’était un cercle vicieux. L’autre forme de torture consistait à lâcher des chiens sur nous alors que nous sommes nus, dans des douches, en groupes. (…)

 

Avez-vous été victime d’injections forcées ?

Nous acceptions tout de leur part. Je me disais que c’était mon destin et je patientais. Mais ce sont les maladies qui avaient le plus fait de mal. à cause de ces injections, beaucoup d’entre nous avons été malades. Qui souffrait du foie, d’autres des reins, d’autres sont devenus hystériques et d’autres asthmatiques comme je le suis depuis mon séjour là-bas. D’autres étaient constamment anémiés et à chaque injection, ils étaient au plus mal. Je ne vous parle même pas des problèmes de peaux dont presque tout le monde souffrait ainsi que le rhumatisme à cause du froid et de l’humidité.

 

Et ce problème d’hémorroïdes. Est-il vrai que beaucoup ont eu des poussés hémorroïdale graves ?

Absolument. Tous, nous avons eu ce type d’infections et je pense que c’était voulu pour nous humilier davantage. Certains ont eu des opérations pour éviter la douleur. Les Américains se moquaient de nous en parlant de la façon dont ils manipulaient les organes génitaux des détenus. Ils savaient que c’était la plus grande humiliation pour un musulman que de se laisser toucher l’anus et faisaient tout pour que nous soyons tous malades. Certains ont eu des injections anales à l’aide de longs tubes que l’on introduisait par l’arrière. Nous avons tous eu des complications suite à ce type d’injections et jamais on n’a su pourquoi nous avons été les cobayes d’un tel laboratoire secret. (…)

Source : http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?id_artl=6272&n=415&sr=852&r=2

 

·        Ken Livingston, maire de Londres,

        dénonce 80 ans d’intervention occidentale

        au Proche-Orient  (L’Orient – Le Jour  - 22/7/05)

 

Le maire de Londres, Ken Livingston, a considéré que l’interventionnisme de l’Occident était à l’origine des attaques terroristes. Cette déclaration vient à un moment où le gouvernement britannique adopte une panoplie de mesures afin de faire face au terrorisme.

Le maire de Londres, Ken Livingstone, a estimé hier que l’interventionnisme depuis de longues années de l’Occident au Proche-Orient pouvait expliquer les attentats comme ceux qui ont frappé sa ville le 7 juillet. « Je n’ai aucune sympathie pour les attentats-suicide », a déclaré le maire travailliste interrogé sur la BBC. Mais, a-t-il fait valoir, ils ne seraient probablement pas arrivés si l’Occident avait laissé les pays arabes libres de prendre leurs décisions après la Première Guerre mondiale. « Je pense que nous avons eu 80 ans d’intervention occidentale dans des pays majoritairement arabes à cause du besoin de pétrole de l’Occident », a-t-il déclaré.

Le « deux poids, deux mesures » des Occidentaux au Proche-Orient a mis en colère de nombreux jeunes musulmans, a-t-il ajouté, évoquant la « plaie ouverte » du conflit israélo-palestinien. « Je ne dénonce pas seulement les kamikazes. Je dénonce les gouvernements qui massacrent aveuglément au nom de leur politique étrangère », a-t-il ajouté, évoquant notamment « les bombardements du gouvernement israélien ».

« Dans les années 1980, les Américains ont recruté et formé Oussama Ben Laden, lui ont appris comment tuer et faire des bombes (...) pour faire sortir les Russes d’Afghanistan », a-t-il encore déclaré. Mais Ben Laden a échappé des mains de ses créateurs.

M. Livingstone, connu pour son franc-parler, a également estimé que la Grande-Bretagne aurait compté beaucoup de kamikazes si les Britanniques étaient « sous occupation étrangère » et si on leur refusait « le droit de vote », et « souvent le droit de travailler » depuis « trois générations ».

 

INFO, INTOX ET DIVAGATIONS

Aujourd’hui, la presse est libre de dire… n’importe quoi

par Abdulillah Al Rawi (*)

 

Izzat Al Douri, futur Président de la République ! - Selon Al Khabar (22/3/05), des proches de l'ex ministre irakien de la défense ont confirmé que l'administration américaine avait  ordonné à Iyad Alaoui, l'ex premier ministre irakien, de laisser Izzat Al Douri tranquille. Suite à un accord avec le ministre israélien Shalom, l’ex vice président du Conseil de commandement de la Révolution Izzat Ibrahim pourrait devenir Président de la République, voire Roi d’Irak… Tout le monde sait pourtant  que les Américains le recherchent en tant que chef de la résistance et que sa tête est mise à prix.

 

Talabani, agent du Mossad – Toujours selon Al Khabar (22/3/05) Massoud Barzani aurait accusé en public son rival Jalal Talabani d’être un voleur, un conspirateur et un agent des services de renseignements israéliens. Pour se venger de ces insultes, Talabani aurait autorisé la Turquie à occuper Kirkouk et à administrer le nord de l’Irak que dirige Barzani…

 

Ramadan se suicide dans sa cellule – Selon Ashahed Almustaqel (29/3/05), le vice président de la République Taha Yassin Ramadan se serait suicidé dans sa cellule le 17 mars dernier en raison de la dégradation de son état de santé.

 

Les faux dollars envahissent le marché irakien – Selon Arraqib (1/3/05), le marché irakien est envahi par des devises étrangères falsifiées, notamment des euro et des dollars américains. Les faux billets de 100 dollars sont appelés "israéliens" en raison de la qualité de leur impression.

 

(*) Abdulillah Al Rawi est Docteur en droit et ancien journaliste irakien.

BREVES

 

Bombarder La Mecque - Tom Tancredo, député républicain du Colorado, a proposé dans plusieurs interventions dans les médias, de bombarder des lieux saints de l’islam pour répondre aux attaques terroristes. « Si une attaque terroriste se produit et si nous pouvons prouver qu’elle a été perpétrée par des fondamentalistes musulmans, des “islamo-fascistes” comme je crois que l’on devrait vraiment les appeler, alors on pourrait menacer de lancer des représailles contre leurs lieux saints ».  Il a affirmé sur une radio que des bombardements américains pourraient « faire disparaître leurs lieux saints ». Interrogé pour savoir s’il parlait « de bombarder La Mecque », il a répondu : « Ouais». L'Orient - Le Jour (22/7/ 05)

 

Novlangue - Israël accuse le bureau de l’AFP à Tel Aviv d’être à l’origine du concept d’ «assassinats ciblés » pour désigner les meurtres de responsables de la résistance palestinienne. Sharon, en bon lecteur de George Orwell (1984), voudrait éliminer du langage toute expression jugée subversive ou critique, et contraindre les médias à parler de « préventions ciblées » ou d’ « éliminations ciblées ».

 

Mur de la honte à Tell Afar  L’armée US construit un mur de béton autour de Tell Afar, ville de l’Irak à majorité turkmène, située au nord non loin de la frontière syrienne pour empêcher la résistance d’y pénétrer et contrôler la population. Soixante quatre kilomètres ont déjà été construits.

http://www.crisispictures.org/?p=97 (avec photos prises à Tell Afar)

 

Retrait américain - Le général Barry McCaffrey, enseignant à l’école militaire de West Point, a estimé devant le Congrès que la capacité de la résistance en Irak atteindrait son paroxysme dans six mois, et qu'un début de retrait américain serait inévitable dans un an.

http://www.linternaute.com/actualite/depeche/91/73964/irak_talabani_recuse_tout_dialogue_avec_ceux_qui_portent_des_armes.shtml

 

Attentats de Londres (1) - Selon le journal allemand Bild Am Sonntag le siège du Mossad à Londres aurait été averti de l’imminence des attentats six minutes avant la première explosion… L’Associated Press qui avait affirmé que Scotland Yard avait prévenu l’ambassade d’Israël d’une possible attaque terroriste quelques minutes avant les explosions s’est rétractée… Le très sérieux Cabinet d’analyse stratégique Stratfor affirme – lui – que ce n’est pas Israël qui a été informé « quelques minutes » avant la première explosion, mais au contraire le gouvernement israélien qui a prévenu les Anglais de l’imminence d’une attaque terroriste « quelques jours », plus tôt. Comprenne qui pourra ! Une chose est certaine : Benjamin Netanyahu, actuel ministre des Finances israéliens, qui devait participer à une conférence économique à ce moment là, est resté dans sa chambre d’hôtel qui jouxtait une des stations de métro visées…

http://www.a7fr.com/news.php?id=59265

http://fairuse.1accesshost.com/news2/stratfor-london.html

http://www.antiwar.com/justin/?articleid=6585

 

Attentats de Londres (2) -  Les terroristes londoniens du 7 juillet avaient pris : l’un un billet de train aller-retour, les deux autres payé leur place de parking en avance. On se pose aussi la question de savoir pourquoi ils ont rempli leurs sacs à dos de flacons de parfum haut de gamme, alors que les bouteilles d’alcool à 90° sont en vente libre et bien moins onéreuses.

 

« Tirer pour tuer ! »  - John Stevens, ancien chef de la police londonienne, a révélé dans le journal News of the World qu’il avait envoyé des policiers en formation en Israël. Massoud Shadjareh, président de la Commission islamique des droits de l’homme, basée à Londres, s’est déclaré inquiet de ce que des officiers de police soient entraînés à la lutte anti-terroriste dans un Etat pratiquant officiellement l’apartheid et l’assassinat ciblé. Pour lui, le meurtre du jeune brésilien Jean-Charles de Menezes par la police britannique (5 balles dans la tête alors qu’il était ceinturé) est la conséquence de cette décision.

http://english.aljazeera.net/NR/exeres/9CCA0652-0AF1-46C7-A197-A9B484098EBA.htm

 

 

Conférence Internationale de soutien à la Résistance irakienne

Construisons un soutien international à la résistance irakienne

Rimini (Italie), -  1er et  2 Octobre 2005

Contact : ospsolidaridad@urbs.org

 

La résistance irakienne et la France

Interview de Gilles Munier par le site Internet « Que faire ? »

http://que-faire.info/Principal/Interview%20AFI.htm#haut

REVUE DE PRESSE

 

IRAK : LE MYTHE DU « PROGRES »

Nous nous abritons derrière un faux mythe de progrès

 

par Robert Fisk  (The Independent  -  23/6/05)

Ainsi donc, nous nous apprêtons à soutenir ce fameux mythe. Alors qu’on découvre des corps décapités le long du Tigre, que morgues et mortuaires se remplissent, que le nombre d’Américains tués dépasse de loin les 1.700 – et, rappelons-le, que des dizaines de milliers d'Irakiens ont eux aussi perdu la vie –, l’Europe et le reste du monde s’obstinent à soutenir le projet américain.

 

Le sommet de Bruxelles a été – et, naturellement, je cite notre grand ami, monsieur Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies – « un signe manifeste de ce que la communauté internationale est bien décidée à se dévouer [pour les Irakiens] dans la voie difficile qui les attend ».

 

« Difficile » : Voilà bien un mot que vous pouvez répéter. Combien de combattants suicides ne se sont-ils déjà pas sacrifiés, à l’heure qu’il est, contre les Américains et leurs mercenaires, contre la nouvelle armée irakienne et les nouvelles forces de police irakiennes et leurs recrues ? On cite le chiffre d’environ 420. A l’époque de la guerre du Hezbollah contre l’occupation israélienne du Liban, un poseur de bombe suicide par mois était considéré comme un phénomène.

 

Durant l’Intifada palestinienne, un par semaine constituait une surprise. Mais, en Irak, nous atteignons le chiffre de sept par jour. Le poseur suicide du Wal-Mart soulève les questions les plus inquiétantes quant à notre capacité à écraser l’insurrection.

 

Condoleezza Rice déclare qu’elle désire davantage d’ambassadeurs arabes à Bagdad. Tu parles ! Quand le roi Abdullah de Jordanie promet d’envoyer son homme en Irak « dès que la situation sera plus sûre », vous savez tout de suite que les Arabes ont compris la situation d’une façon qui n’est pas celle des Américains. Qui désire se faire appeler « feu l’ambassadeur » ? Qui désire mettre sa tête sur le billot à Bagdad ?

 

La réalité – défiant l’imagination des Américains et celle de leurs alliés se nourrissant d’illusions, et tragique pour les Irakiens mêmes –, c’est que l’Irak est un infernal désastre. Visitez n’importe quelle ambassade de l’Irak en Europe, adressez-vous à n’importe quel Irakien à Bagdad – à moins qu’il ne vive dans la sécurité douteuse de la « zone verte » entourée de palissades – et vous entendrez ce que ces gens ont à dire sur la violence, et force vous sera d’admettre que nous avons échoué.

 

Nous sommes censés devenir, comme l’ont prétendu hier les créateurs de mythes de Bruxelles, « un partenaire à part entière dans la naissance d’un nouvel Irak », afin de prouver que « le peuple de l’Irak a plein d’amis ». Eh oui ! En effet. Sauf que la plupart des ces « amis » n’osent se rendre en Irak (à l’instar du putatif ambassadeur de Jordanie) par crainte de se faire décapiter.

 

Les journalistes américains qui, aujourd’hui, y vont de commentaires optimistes sur la guerre – ou sur «l’insurrection », comme nous nous obstinons encore à l’appeler –, voyagent soit en compagnie des forces américaines en Irak, soit pratiquent une forme de « journalisme hôtelier » à partir de leurs chambres d’hôtel étroitement gardées à Bagdad, se servant de leurs GSM pour s’adresser au peuple irakien vivant dans sa grande prison ou à ses mentors étrangers. Quelques journalistes américains s’aventurent encore à l’extérieur – puissent-ils emporter les récompenses qu’ils méritent (et de préférence pas au paradis) – mais la voix qui parle aujourd’hui de l’Irak, c’est celle de la très officielle administration et les commentaires sont rédigés par des hommes et des femmes qui espèrent avec ferveur ne devoir jamais mettre les pieds en Irak.

 

Les représentants de plus de 80 pays pressent le Premier ministre élu Ibrahim al-Jaafari de s’adresser aux sunnites – les mêmes sunnites qui anéantissent des vies américaines et irakiennes partout dans le pays et dans des proportions choquantes –, mais la ligne officielle, exprimée de façon si servile hier soir par la BBC, était que les « hautes instances diplomatiques » (« hautes instances », voilà une expression que j’aime !) avaient « mis tout leur poids derrière les efforts américains pour créer un Irak démocratique». Ici, seul le mot « efforts » suggère la vérité.

 

La réalité, c’est que l’Irak est moins sûr que jamais, qu’aucun étranger n’ose parcourir ses routes principales, que rares sont ceux qui osent s’aventurer dans les rues de Bagdad. Et on vient nous dire que les choses vont mieux. Et nous nous obstinons à croire ces mensonges. Et nous nous obstinons à nous berlurer dans l’univers hollywoodien du Pentagone, de la Maison-Blanche, de Downing Street et, plus récemment, des Nations unies.

 

Si tous ces dignitaires, ces politicards bouffis de suffisance, ces diplomates qui n’ont d’importance que celle qu’ils se donnent étaient si sûrs que l’affaire irakienne se termine bien, pourquoi diable ne se sont-ils pas rencontrés à Bagdad, au lieu de le faire à Bruxelles ? Mais, bien sûr, nous connaissons tous la réponse.

 

Traduction : J-M Flémal

BREVES

Kurdistan - Selon Dindar Zeebari, chargé des relations entre le Kurdistan irakien et les Nations unies, l’ONU utilisera désormais la langue kurde - avec l’arabe et l’anglais - dans ses échanges avec la Région autonome. (Ad-Dustour – 14/7/05).

 

Résistance - Les experts militaires américains constatent avec inquiétude les progrès enregistrés par la résistance irakienne dans la fabrication et l’emploi des explosifs. Juste après l’agression, les explosifs placés au bord des routes étaient déclenchés à l’aide de fils fixés à des batteries. Le déclenchement  a ensuite été télécommandé par signaux radio. Le Pentagone ayant équipé les troupes US de brouilleurs, la résistance a trouvé rapidement la parade. Le signal est désormais continu : s’il s’arrête ou est bloqué, la bombe éclate. Les Américains cherchent remplacer le signal par un autre identique émis parallèlement, mais celui des Irakiens est chiffré, et le code n’est jamais le même. Toute la question est pour les militaires de déclencher le dispositif de mise à feu avant que le convoi militaire passe. (Newsweek- 27/6/05).

 

 

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