Mémoire de guerre et manipulation
Les personnages et les événements
sont transformés par la mémoire en mythes, réalités
déformées, mises au service d'une idéologie
ou d'une politique. La semaine de commémoration du 6 juin
1944 en Normandie, retransmise par les télévisions
françaises, en était un exemple parfait,et même
caricatural. Les organisateurs, le Président Hollande, et
les journalistes quasi-unanimes, ont peaufiné le mythe à
qui mieux mieux. Notre monarque, en mal de popularité, à
fait très fort pour sa part: le débarquement anglo-saxon
du 6 juin aurait libéré la France, l'Europe, voire
le monde. Peu importe pour ce conte de fées les réalités
historiques, qu'il est bon de rappeler:
I Depuis l'été 1941, l'URSS soutenait
SEULE le choc de l'invasion allemande. Elle avait déjà
en 3 ans perdu plus de 20 millions d'hommes. Durant ces années,
les dirigeants Soviétiques n'ont cessé de demander à
leurs alliés anglo-saxons l'ouverture d'un " Second
Front " à l'Ouest: 170 divisions allemandes étaient
face à l'Armée Rouge, et aux partisans soviétiques
(Russes, Ukrainiens, Caucasiens, etc ), soit environ 80 pour cent
des forces au service du Nazisme.
Les dirigeants occidentaux avaient jusque-là refuse un débarquement
à l'ouest du continent, et s'étaient contentés
de le faire en Afrique du Nord Petainiste. C'est seulement après
la défaite allemande à Stalingrad qu'ils ont décidé
l'opération de Normandie: on sait depuis que certains chefs occidentaux
redoutaient de voir l'Armée soviétique arriver jusqu'à
Berlin, seule : risque majeur pour l' après-guerre, selon
Churchill et le général Eisenhower.
Il serait anormal de sous-estimer le courage des
soldats États-uniens, Britanniques, Canadiens ou Australiens,
qui ont débarqué le 6 juin en Normandie, au prix de
lourdes pertes; car les bombardements préalables n'avaient
pas réussi à détruire les défenses allemandes,
mais seulement à écraser les villes autour de Caen,
en y faisant des milliers de victimes civiles.
L'historien honnête doit réduire
le Front Ouest-allemand à ses proportions réelles
dans l'ensemble du conflit mondial: Les USA ont perdu durant la
2 ème Guerre mondiale environ 300 000 soldats, dont une partie dans
la guerre du Pacifique contre le Japon. Faut- il rappeler que 30
millions de citoyens soviétiques y ont perdu la vie, et que
80 pour cent des morts allemands sur tous les fronts sont tombes
sur celui de l'est ?
Le discours du Président Hollande lors
de la commémoration à été très
loin dans le sens du détournement des faits historiques:
par exemple en mettant en avant le Commando Kieffer, un groupe de
militaires français engages dans l'armée britannique,
alors qu'il n'a pas cité une fois le Général
de Gaulle et les" Français Libres ",qui furent
exclus du débarquement du 6 juin par les chefs anglo-saxons
Il a tu aussi le rôle primordial de la Résistance française,
qui a permis l'avancée des GIs vers Paris en s'opposant à
la venue de renforts allemands depuis le Sud-Ouest français.
Mais le pire à été la conclusion
du spectacle présente à la foule des invites, qui
concluait en faisant de l'Union Européenne la conséquence
directe de la libération de 1944-1945 ! Robert Schuman,
le père de la " petite Europe " anticommuniste et
antisoviétique, que Jacques Duclos nommait " le Boche ",et
dont De Gaulle dénonçait le pro-germanisme, à
du en frétiller de surprise dans son cercueil. Obama,grand
prêtre de l'impérialisme états-unien, a dégusté
tout du long ces flagorneries à son égard en souriant
et mâchouillant son chewing-gum !
Ce reniement des plus belles pages de la Libération
de la France n'est pas le premier. En septembre 2013, le Président
Hollande, toujours en quête d'applaudissements, est allé
discourir à Bastia, ou étaient célèbres
les 70 ans de la Libération de la Corse des occupants italiens
et allemands, à l'issue d'une insurrection populaire déclenchée
par les dirigeants communistes du " Front National " résistant, sans l'assentiment des Alliés ni de De Gaulle. Le Préfet,
organisateur au nom de la Présidence, avait prévu
que le seul orateur après François Hollande, soit
un général ( ! ) " au nom des combattants de
1943 " ! ! Il a fallu que les associations de Résistants
menacent d'être absentes de la cérémonie dans
de telles conditions, pour que soit convié à s'exprimer
le dernier survivant du groupe dirigeant de l'insurrection antifasciste
de l'été 1943. Greco dément, notre monarque
impopulaire de 2014 n'aime pas les soulèvements populaires,
qu'ils soient armés ou pacifiques. Les seuls insurgés qui
vaillent à ses yeux seraient ils ceux, pro- occidentaux et
pro- nazis qui ont imposé par la force leurs vues à
Kiev? Ceux de nos lecteurs qui penseraient que ce billet coléreux
mériterait d'être étayé, se reporteront
à l'analyse
détaillée de l'historienne Annie Lacroix-Riz,
disponible sur le site du Collectif Polex ( " le débarquement
du 6 juin 1944, du mythe d'aujourd'hui à la réalité
historique " ).
Une remarque s'impose: la transformation en vérité
révélée de telles distorsions de l'histoire,
ne peut se faire qu'avec la collaboration assidue des médias
audio-visuels. Orwell le disait il y a 60 ans: inutile pour les
pouvoirs capitalistes de donner de quotidiennes directives aux journalistes
charges de formater l'opinion; il suffit de bien les choisir....
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