Le Parti de
gauche allemand : une impasse
Jutta DITFURTH
La Frankfurter Allgemeine Zeitung, dont nul n’ignore
que c’est ma lecture de chevet, regrettait récemment la disparition
d’une « scène intellectuelle d’inspiration de gauche
», qui lui manquait « surtout maintenant», «à
un moment où la critique sociale serait dans son élément
... pas un seul chuchotement révolutionnaire à la ronde. Le rouge
fait le mort (Rot stellt sich tot) »(1).
La bourgeoisie a des problèmes d'identité. Elle a besoin de contradicteurs,
pour que les lignes de front soient claires.
Mais il y a la Linkspartei, un parti de gauche, non ? «
Maintenant nous allons faire une autre redistribution, qui sera plus juste",
a déclaré Gregor Gysi la nuit dernière sur la ZDF ( "TV-
Dreikampf", 10.9.2009 [2ème chaîne de télévision
publique, NdT]).
Ah oui ? Voyons donc de quoi le Parti de la gauche est capable,
là où il est associé au gouvernement, par exemple à
Berlin, où SPD et Linkspartei gouvernent ensemble depuis 2002.
Le gouvernement SPD/Linkspartei a supprimé les aides
pour les sans-abri et les personnes handicapées (2002), a aboli l’indemnité
pour les aveugles (2005), a supprimé les tickets sociaux pour les transports
publics (2004) pour les réintroduire plus tard, à cause des protestations
violentes, à un prix trois fois plus élevé. Berlin a été
un pionnier dans l'abolition de la gratuité du matériel scolaire
(2003), a augmenté les tarifs des crèches (2003), baissé
le budget de la jeunesse de 400 millions (2001) à 230 millions d'euros
(2005) et créé 24.000 emplois à 1 Euro (de l’heure),
ce qui a permis d’éliminer des emplois bien rémunérés
aux tarifs des conventions collectives.
Beaucoup de personnes qui, auparavant, avaient été
licenciées de leurs emplois à durée indéterminée
en crèche par exemple, se sont retrouvées au même poste,
cette fois-ci pour 1 € de l’heure.
Le Parti de gauche est coresponsable de la privatisation de
sociétés municipales de logement. En 2004, la Gemeinnützige
Siedlungs- und Wohnungsbaugesellschaft (GSW) a été vendue à
un consortium de sociétés internationales de gestion de fonds,
Whitehall (Goldman Sachs) et Cerberus, pour 405 millions d'euros. Le Sénat
SPD/Linkspartei a vendu 1700 appartements de la Wohnungsbaugesellschaft Berlin-Mitte
(WBM) à l'investisseur Puma Brandebourg Limited, qui a spéculé
ouvertement sur la hausse des loyers (2).
Rien qu' avec la vente de plus de 4500 appartements entre début
2007 et l'automne 2008, les sociétés immobilières berlinoises
ont été en mesure de réaliser un chiffre d'affaires d'environ
272 millions d'euros (3).
Simultanément, les subventions aux associations d’aide
aux locataires ont été réduiets ou supprimées. Ce
serait quand même assez embêtant que des locataires mieux informés
se défendent. La conséquence de la vente des logements appartenant
au Land de Berlin [qui est une ville-région, NdT] ont été
des augmentations de loyer et donc l’évacuation de locataires socialement
vulnérables.
Sur les 209.000 logements municipaux privatisés à
Berlin de puis 1995, plus de 57%, environ 120.000, l’ont été
entre 2002 et 2005, alors que le Parti de gauche était au pouvoir (4).
Jamais depuis 1945, la santé publique de Berlin n’a
été autant démolie que sous le règne SPD/Linkspartei
au Sénat. De nombreux hôpitaux sont désormais privatisés.
Le nouveau propriétaire est l’entreprise Vivantes, qui porte un
ajout à consonance alternative à son nom : "Réseau
pour la santé." Ce «réseau» n’est autre
qu' un Konzern (grande entreprise), dans la gueule duquel presque tous
les secteurs de soins aux patients hospitalisés et gestion du troisième
âge sont jetés morceau par morceau.
De 2003 à 2004 39 millions d'euros pu être économisés
dans le secteur de la santé de Berlin, en grande partie, parce que 13.000
salariés ont du renoncer à leurs primes de Noël et de congés
payés, sous la menace de licenciement, du Sénat de "gauche"
et des patrons de Vivantes. Depuis que l'entreprise a été créée,
près de 4.000 emplois à plein temps et environ 1.000 places de
formation ont été supprimés. Les travailleurs sont soumis
à un chantage: la faillite ou la baisse des salaire. Le cabinet de consultants
McKinsey a empoché des honoraires de 2,7 millions d'euros. Les licenciements
et la réduction drastique du personnel font des cliniques Vivantes un
objet très attractif pour les investisseurs.
Les soins médicaux aux patients des caisses-maladie
au niveau des capacités scientifiques et techniques actuelles ne sont
plus garantis. La pénurie de personnel et le stress du personnel hospitalier
mettent la vie des patients en danger. Il n’est pas recommandé
d’être livré à une clinique Vivantes dans une ambulance
Vivantes avec un soupçon d'accident vasculaire cérébral.
C’est de gauche, ça ? Il n'y a pas de parti de
gauche pour lequel on puisse voter.
Source : www.jutta-ditfurth.de
et http://blog.prinz.de/wahl09/2009/09/11/%c2%bbsackgasse-linkspartei%c2%ab/-
»Sackgasse Linkspartei«
Traduction Fausto Giudice membre de Tlaxécala, le réseau
de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre
de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité
et d’en mentionner l’auteur, le traducteur et la source. http://www.tlaxécala.es/pp.asp?reference=8656&lg=fr
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