La police française brutalise des opposants turcs de gauche
Le lundi 9 juin à 6h du matin, une association
socioculturelle anatolienne et plusieurs domiciles privés ont été
perquisitionnés par la police française dans le cadre d’une
opération dite « antiterroriste » visant les milieux
de la gauche turque. Deux jours après les faits, on ignore toujours le
nombre exact de personnes interpellées. La presse officielle turque
parle de 12 arrestations tandis que leurs proches en comptent onze. Ce flou
à lui seul suffit pour s’inquiéter du sort des personnes
arrêtées et de leurs familles.
D’autant que celles-ci font état de violences démesurées
et injustifiées de la part des forces de l’ordre.
A Blois, par exemple, des policiers encagoulés et munis de fusils-mitrailleurs
ont fait irruption à 6h du matin, au domicile d’un jeune homme
dénommé Nezif Eski feignant d’ignorer la grossesse de son
épouse et les conséquences d’une telle opération
sur sa santé et celle de son bébé. En banlieue parisienne,
les policiers ont brisé la porte du domicile de Erdogan Cakir, pointé
leurs armes sur sa femme et ses trois enfants, les ont forcé à
se coucher à plat ventre, avant d'emmener le père manu militari.
Daimi Aktepe n’a guère bénéficié d’un
traitement plus humain et ce, alors qu' il venait de perdre prématurément
l’une de ses filles jumelles, Canan, morte d’une épilepsie
infantile. Et lorsque leurs familles se sont rendues à la préfecture
de police pour s’enquérir de la situation de leurs proches arrêtés,
on leur a sèchement répondu : « Ne nous appelez pas
pendant 4 jours. »
Par ailleurs, une association culturelle anatolienne située dans le XXe
arrondissement a elle aussi été prise d’assaut par la police
puis mise sous scellés. A force d’être confrontés
à des « vastes opérations antiterroristes »
qui accouchent d’une souris, la vigilance est de mise face à
de telles alertes surtout lorsque les individus concernés sont des dissidents
au régime dictatorial d’Ankara.
Nous vivons deux beaux exemples de « fausse alerte »
en Belgique.
L'arrestation d’anciens membres des CCC et de certains proches est médiatisée
à grand fracas, tentant de susciter une psychose au terrorisme. Dans
l'histoire sans fin du « procès DHKP-C », le parquet
fédéral s'acharne sur des militants politiques dont le seul «
crime » est d’avoir traduit un communiqué du DHKP-C, organisation
marxiste turque. après avoir été incarcérés
puis acquittés, le parquet fédéral demande la cassation
de cet acquittement au nom d’une interprétation large de la loi
anti-terroriste.
Nous tenons donc à vivement condamner ces arrestations survenues en France
ainsi que l’atteinte flagrante à la liberté d’expression
et d’association suscitée par la fermeture d’une association
socioculturelle fréquentée par des Turcs, des Kurdes, des Arabes,
des Lazes, des Circassiens et des Arméniens progressistes originaires
d’Anatolie.
Le 11 juin 2008 Comité pour la
liberté d’expression et d’association (CLEA)
www.leclea.be
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