Certes, on n’en est pas encore, à la Haye, au traitement des prisonniers
comme c’est le cas à Abou Graéb ou à Guantanamo, mais le TPI ne
s’embarrasse pas des exigences du Droit tel que le passage des
siécles a fini par le définir dans les démocraties occidentales. On
s’y référe à un droit particulier et on adopte des procédures
spéciales qui “arrangent“ l’accusation (par exemple
l’audition de témoins à charge masqués afin que l’accusé
ne puisse savoir qui dépose contre lui).
Le TPI se dit tribunal international, ce qu' il n’est pas.
Il n’est international que par la nationalité des juges. Il ne
peut s’exprimer au nom des peuples, mais seulement dans l’intérêt
des pays de l’OTAN, agresseurs armés de la Serbie. Il est l’instrument
de la justice des plus forts, militairement. En effet, il a été créé
en mai 1993, par une décision du Conseil de sécurité de l’ONU,
à l’initiative des Etats-Unis et bien avant que se fussent déroulés
la plupart des événements à propos desquels il entend faire œuvre
de justice. C’était une arme de guerre destinée, avec les apparences
de la justice, à affaiblir la future victime de l’agression. A
l’origine, le TPI fut financé par des fonds privés, puis par les
pays de l’OTAN, les Etats-Unis à leur tête.
Le TPI fait donc partie du dispositif général mis sur pied pour balkaniser
les Balkans.
Bien avant la disparition du maréchal Tito, Bonn préparait la dislocation
de la Yougoslavie – et souhaitait celle de la Tchécoslovaquie
– témoins gênants des défaites de l’Allemagne. Et ne fallait-il
pas punir les Serbes pour avoir à deux reprises résisté aux arméees allemandes
? Quant aux Etats-Unis, à partir de 1994, ils ont vu, dans une intervention
militaire, l’occasion de mettre en évidence les carences des alliés
européens, la nécessité, pour ces derniers, de recourir à l’OTAN
et aussi la faiblesse de Moscou, à l’époque, empétré dans son
passage de l’économie planifiée à l’économie de marché.
De surcroét, en créant une Fédération croato-musulmane et un nouvel
Etat à dominante islamique en Europe, en se rangeant aux cétés des Albanais
et des Kosovars musulmans, Washington se concilierait les bonnes gréce
des pétroliers arabes et compenserait le soutien fourni sans reléche
à l’Etat d’Israël.
Aussi, à peine l’encre du traité de Maastricht était-elle séchée,
qu' en décembre 1991 le ministre des Affaires étrangeres allemand,
M. H. D. Genscher, contraignait-il ses partenaires à reconnaître l’indépendance
de la Slovénie et de la Croatie, réunissant les conditions de la guerre
civile, l’Allemagne armant les républiques sécessionnistes.
Ces dispositions prises, restait à monter une vaste campagne de désinformation
afin de rallier l’opinion à l’opération projetée. L’Occident
y excelle. Il a démontré sa compétence en la matière aussi en Irak :
armes de destruction massive, liens avec Al Qaeda, uranium du Niger...
autant de mensonges, légitimant le saccage du pays. En ce qui concerne
les Balkans ce furent successivement, les camps de dûtention, les viols
massifs, le nettoyage ethnique, les attentats au mortier etc. en faisant
silence sur le fait que c’étaient les Serbes qui étaient chassés
des terres de Slovénie, de Croatie, de Bosnie et du Kosovo sur lesquelles
ils avaient vécu durant des siécles. Ils n’ont pas été les auteurs
de la “purification ethnique” mais les victimes (il a fallu
que ce soit un ministre français qui donne le coup de pied de l’éne
– au propre et au figuré – le Quai d’Orsay déclarant
que cette épuration “Milosevic l’avait voulue, planifiée
avec dûtermination”). Le politiquement conforme n’a pas
à s’embarrasser de la vérité.
Les militaires alliés commandant en Yougoslavie avaient honnètement
dit la vérité. Ils furent priés de se taire ou déplacés. Le général
Michael Rose avait démontré, son radar Cimberline à l’appui, que
les tirs meurtriers ne pouvaient provenir du camp serbe, à Sarajevo
– comme on le proclamait – mais des positions occupées par
les musulmans, lesquels réclamaient, et obtenaient, que l’on sanctionne
les Serbes. Petite lueur de vérité dans un océan de ténèbres mensongères.
La mort de Milosevic fournit aux médias l’occasion de se montrer
“politiquement conformes” en écrivant l’Histoire telle
qu' elle convient au pouvoir. Ce n’est pas un excés de nationalisme
que l’on peut reprocher à l’ex-président défunt mais d’avoir
cru qu' il pouvait s’accommoder des exigences de la politique
germano-américaine dans les Balkans. C’est cette politique qui
dicte ses devoirs à ce soi-disant tribunal international. Et c’est
cette politique qui aurait dé être jugée.
Pierre- Marie GALLOIS.
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Le soi-disant Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie – ou TPI – s’il ne dit pas le Droit, s’est attribué tous les droits. Non seulement il désigne lui-méme les futurs accusés, non seulement il intrigue pour qu' ils lui soient livrés, non seulement il les torture moralement, et même physiquement, durant de nombreuses années – prés de cinq ans pour Slobodan Milosevic – mais s’il ne réussit pas à instruire l’affaire en cours conformément aux souhaits de ses commanditaires, il provoque l’exécution de la sentence qu' il cherchait à justifier. Dans les geéles de La Haye on en est au quatriéme Décès.