Missiles nucléaires « humanitaires » dans les ports géorgiens
MANLIO DINUCCI
Dimanche dernier (24 août 2008) est arrivé
dans le port géorgien de Batoumi le contre-torpilleur lance-missiles
« McFaul », le premier des navires de guerre étasuniens
officiellement destiné au transport d’ « aides
humanitaires », dans une opération dirigée par le Commandement
des forces navales étasuniennes en Europe, basé à Naples.
Pendant que le navire déchargeait des kits hygiéniques, bouteilles
d’eau minérale et autres denrées « données
par l’Usaid », le capitaine John Moore, commandant de la Task
Force Us assurait : « Nous sommes ici en mission humanitaire ».
Le New York Times indique (24 août) que, de cette façon, Moore
« amenuisait la signification d’un torpilleur qui apporte des
aides ». Le McFaul – rappelle le journal- est doté d’un
« système radar très sophistiqué »
et de divers armements, dont « des missiles de croisière Tomahawk
qui peuvent transporter des missiles conventionnels ou nucléaires, même
si la marine, pour des raisons de sécurité, ne précise
pas si les navires transportent des armes nucléaires ». Sous
peu, avec d’autres navires de guerre eux aussi en « mission
humanitaires » arrivera en Mer Noire, venant de Gaeta, le Mount Whitney,
navire amiral de la 6ème flotte, doté du système de communication
et surveillance le plus sophistiqué du monde .
Entre-temps, quatre navires de guerre sont entrés en
Mer Noire le 21 août, navires appartenant aux Usa, Allemagne, Pologne
et Espagne, pour une manœuvre de l’Otan dont la durée est
prévue sur trois semaines. Le groupe naval, a déclaré le
vice commandant de la Composante maritime alliée, effectue « une
visite de routine en Mer Noire, déjà programmée, pour interagir
avec la Roumanie et la Bulgarie, nos partenaires Otan ». Il précise
cependant que le groupe naval constitue « une noyau fondamental de
la Force de riposte de l’Otan (Nrf) ». Quand elle est utilisée,
la Nrf dont les unités sont fournies par rotation par les pays de l’Otan,
est directement mise aux ordres du « commandant suprême allié
en Europe » (toujours un général étasunien).
Avec cette manœuvre, l’Otan est donc en train de se préparer
à un éventuel envoi de la Nrf dans la région du Caucase,
tandis qu' arrivent en Mer Noire des navires de guerre étasuniens,
dont le navire amiral de la 6ème flotte. C’est un défi ouvert
qui est lancé à la Russie, non pas en paroles mais par des faits,
juste au moment où la marine russe est en train de faire rentrer dans
ses bases de Sébastopol, en Crimée, les unités qui avaient
été utilisées dans le conflit géorgien.
On annonce en même temps une autre manœuvre militaire en Géorgie,
après « Immediate Response 2008 », à laquelle
avaient participé des troupes étasuniennes, géorgiennes,
ukrainiennes, azéris et arméniennes, juste avant l’attaque
contre l’Ossétie du Sud par la Géorgie. La nouvelle manœuvre,
appelée Georgian Express 2008, emploiera des forces spéciales
britanniques, qui instruiront les géorgiens sur les opérations
dans les zones aériennes urbaines. Les militaire britanniques, tout comme
ceux des Usa dans la précédente manœuvre, seront déployés
dans la base de Vaziani, à moins de 100 Kms de la frontière russe.
Il est clair que les Usa et l’Otan entendent reconstruire au plus vite
le potentiel militaire géorgien, sorti assez mal en point du conflit
avec l’armée russe. Pour preuve, les visites effectuées
au ministère de la défense géorgien du général
Bantz J. Craddock, chef du Commandement européen des forces Us, et par
Robert Simmons, représentant spécial pour le Caucase et l’Asie
centrale du secrétariat général de l’Otan.
Mais ce n’est pas les seul objectif. A travers la brèche ouverte
par la crise géorgienne, les Usa et l’Otan essaient de conquérir
des positions encore plus à l’est, en faisant pression sur la Russie
pour l’évincer de l’Asie centrale ex-soviétique :
zone d’immense importance, que ce soit pour ses réserves énergétiques
de la Caspienne comme pour sa position géostratégique par
rapport à la Russie, la Chien et l’ Inde. Est ainsi créé
sur un front déplacé vers l’est, une confrontation qui n’est
pas moins dangereuse que celle de la guerre froide.
Edition de mardi 26 août 2008 de il manifesto http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/26-Agosto-2008/art38.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio