UN SAAKACHVILI PEUT METTRE LE FEU A LA PLAINE

Claude Beaulieu 16 août 2008

Union des peuples du monde contre la menace américaine qui grandit !

Nombreux sont les commentateurs politiques qui considèrent que Mikhaïl Saakachvili, s’il est bien responsable du carnage provoqué en Ossétie du Sud par l’intervention militaire et les bombardements géorgiens qu' il a déclenchés, n’en est pas le principal initiateur.

Dans Libération, Bernard Guetta par exemple a estimé que : « Mikhaïl Saakachvili n’est pas le seul coupable. Ses responsabilités sont immenses. Il s’est lancé à la reconquête de l’Ossétie sécessionniste sans penser le coup d’ après, sur un coup de dés, sans être certain que l’Occident l’appuierait face à l’inéluctable réaction russe. Il a créé une crise internationale de première ampleur et mené son peuple à une défaite assurée, mais la profondeur même de cette aberration dit qu' elle ne peut pas relever de sa seule erreur ».

Saakachvili n’est qu' un agent américain installé à la tête de l’Etat géorgien par les services étasuniens, comme d’autres dirigeants actuels dans d’autres ex- pays de l’Union Soviétique. Il est impensable qu' il ait pu se lancer dans cette aventure belliqueuse de sa propre initiative et sans y avoir été incité. Coïncidence : Condoleeza Rice était précisément à Tbilissi les 8 et 9 juillet 2008, où elle devait préparer « le coup du 8 Août et rencontrer très officiellement la marionnette ossète, Dimitri Sanakojew, chef du « gouvernement ossète en exil …

Des manœuvres militaires américano-géorgiennes auxquelles participaient, outre les nombreux « instructeurs » présents en permanence, 1000 autres soldats US venus d’Italie et d’Allemagne, ont été terminées en Géorgie la veille de la provocation militaire menée par les mercenaires des Américains contre l’Ossétie. Manifestement tout était planifié, y compris, assez probablement, la déconfiture inéluctable de ce supplétif des Américains qu' est Saakhachvili. Celui-ci semble avoir été manipulé par les néo-conservateurs étasuniens afin de relancer leur stratégie de guerres préventives.

Depuis l’effondrement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie (1er juillet 1991), l’impérialisme américain et l’OTAN n’ont jamais cessé de mener une stratégie anti-russe d’encerclement. Ainsi, en mars 1999 l’OTAN a intégré la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, puis la Roumanie en 2004. après avoir financé et organisé aux portes de la Russie les pseudo révolutions « oranges » en Ukraine et en Géorgie, les dirigeants étasuniens y ont installé, avec l’aide des euros-atlantistes, des gouvernements fantoches qui, eux aussi, demandent d’intégrer l’OTAN, ce qui ne correspond ni à l’intérêt de leurs peuples, ni à celui de la paix dans le monde.

Les attentats du 11 septembre 2001 sur lesquels la lumière reste à faire, ont aussi servi de prétexte à la sortie des USA du traité ABM de 1972, conclu entre Nixon et Brejnev et qui empêchait les bellicistes américains de poursuivre leur militarisation de l’espace. Annoncé le 13 décembre 2001, ce retrait du traité ABM a immédiatement permis à G.W. Bush de relancer la « guerre des étoiles » et la constitution unilatérale, pour le moment, d’un bouclier antimissile destiné à renforcer la domination militaire américaine. L’un des objectifs de la crise déclenchée par les va-t-en-guerre étasuniens semble avoir été de profiter de celle-ci pour accélérer la signature d’un accord sur le déploiement d’éléments de ce système américain antimissile sur le territoire polonais. « L’Amérique a tout simplement réalisé son plan », a déclaré à l’agence RIA Novosti un analyste politique russe.

L’intervention militaire géorgienne est aussi une affaire de pétrole. Elle offrait aussi, pensaient les atlantistes, l’objectif stratégique de sécuriser l’oléoduc BTC (pour Bakou-Tbilissi-Ceyhan) qui conduit du pétrole depuis l’Azerbaïdjan jusqu' à la Turquie via la Géorgie – 260 km dans ce pays sur un total de 1776 km. A noter que 20% du pétrole consommé par Israël provient de cet oléoduc dont il est partenaire.

Les dirigeants étasuniens ont fait de la Géorgie, depuis des années, l’un des postes avancés de leur stratégie d’agression et de guerre. Quelles sont leurs intentions actuelles ? Concernant la signification de l’encouragement des USA et de l’OTAN à l’agression de l’Ossétie du Sud par la Géorgie, la question posée par Michel Chossudovski est pertinente : « Est-ce une provocation délibérée destinée à déclencher la réponse militaire des Russes, pour les aspirer dans une confrontation militaire élargie avec la Géorgie (et les forces alliées), qui pourrait dégénérer en guerre » ?

Certains considèrent en effet que les Etats-Unis sont déjà dans un processus conduisant à une troisième guerre mondiale. Mais la pire des hypothèses n’est pas encore certaine. La donne géopolitique a changé et les Etats-Unis, encerclés par la réprobation hostile des peuples du monde dont ils sont l’ennemi commun, ne sont plus certains de vaincre ni d’avoir les moyens de réaliser leur ambition (c’est-à-dire pérenniser leur domination mondiale), même s’ils peuvent toujours détruire la planète.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a déclaré jeudi 14 août lors d’une conférence de presse qu' « il ne voulait pas de retour à l’époque de la "guerre froide", bien que les relations américano-russes puissent être affectées négativement pour les années à venir »… En réalité, les dirigeants étasuniens n’ont jamais cessé leur « guerre froide » contre la Russie, qu' ils ont plutôt eu tendance à réchauffer comme l’a montré la triste histoire du sous-marin russe Koursk.

Depuis plus d’un siècle, les impérialistes américains développent leur stratégie de domination mondiale. Durant la seconde guerre mondiale par exemple, ils ont entrepris la constitution en France d’une cinquième colonne, euro-atlantiste avant l’heure, qui monopolise le pouvoir d’Etat depuis la Libération ( les seuls gouvernements favorables à l’indépendance nationale et à la souveraineté populaire auront été ceux du Général de Gaulle -avec ou sans ministres communistes-).

Les déclarations actuelles de certains dirigeants étasuniens sur leur non-intervention militaire dans le Caucase n’ont aucune crédibilité et n’engagent que ceux qui les prennent au sérieux. Les Etats-Unis se sont installés dans une logique de guerre, dans un engrenage que seul un vaste front anti-impérialiste des peuples du monde et des nations libres pourra mettre en échec.

Il sera, de ce point de vue, intéressant d’observer, au sujet de la crise caucasienne, quelles seront les réactions éventuelles de solidarité envers la Russie de l’Organisation de Coopération de Shanghai, restée silencieuse jusqu' ici et objet de manigances étasuniennes Son sommet annuel est prévu pour le 28 août. La République populaire de Chine n’ignore pas qu' elle est également directement concernée par la volonté américaine d’encerclement et de conflits militaires.

L’Union européenne supranationale est germano-américaine. Pour l’essentiel elle est vassale des Etats-Unis. Dans une certaine mesure cependant, elle vit des contradictions inter-impérialistes. Les intérêts de l’Allemagne, qui construit méthodiquement son hégémonie nationaliste sur l’Europe, ne coïncident pas toujours avec ceux des Américains. Ainsi, en avril 2008, l’Allemagne, suivie par la France, a amené le sommet de l’OTAN à repousser jusqu' en décembre l’examen du projet d’intégration de la Géorgie et de l’Ukraine. L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder a déclaré le 16 août à Berlin que les hostilités qui ont éclaté dans le Caucase ont été provoquées par « l’invasion géorgienne de l’Ossétie du Sud ».

Sarkozy l’Américain, au nom de la France vassalisée, a déjà fait savoir qu' il soutiendrait les dirigeants américains en cas d’attaque contre l’Iran. Il ne fait guère de doute que si les USA s’engagent plus avant dans le processus qu' ils ont entrepris et qui mène à un affrontement militaire avec la Russie, ils pourront compter sur les militaires de l’armée française en tant que supplétifs et comme chair à canon. Les Français savent que les dirigeants du Parti Socialiste sont tout aussi atlantistes que ceux de l’UMP. Rétablir la souveraineté populaire du peuple français contre le renoncement national et républicain de l’UMPS est à l’ordre du jour.

Il est ainsi devenu extrêmement urgent que le peuple de France construise une alternative politique nouvelle autour de la République, du peuple-nation, du progrès social et de la lutte anti-impérialiste pour la paix mondiale.

C’est dans cet objectif que le Comité Valmy a contribué à la création, le 21 juin dernier, de l’Arc Républicain de Progrès.

De façon urgente, l’intérêt supérieur de la France exige de :

• Rétablir son indépendance nationale

• Reconquérir la maîtrise de sa politique intérieure et extérieure

• Sortir de la logique UMPS de vassalisation

• Quitter l’OTAN et l’Europe supranationale.

source http://www.comite-valmy.org/spip.php?article75

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