Dans la guerre du Caucase, il y a aussi Israël
MANLIO DINUCCI
« Israël doit être fier de ses
militaires, qui ont entraîné les soldats géorgiens »
a déclaré le ministre géorgien de
la réintégration (… ! NdT), Temur Yakobshvikli, à
la radio de l’armée israélienne. En rapportant cette déclaration,
le quotidien israélien Haaretz (11 août) spécifie que l’entraînement
a été fourni par « un
groupe privé israélien embauché par la Géorgie ».
Ce même journal, dans un autre article, rapporte
le témoignage d’un vétéran des forces armées
israéliennes, un certain L., qui, il y a un an, a reçu une proposition
alléchante (« y compris en termes d’argent »)
de la part de ceux qui avaient été ses commandants. Quand il a
quitté l’armée, il a été « embauché
par la société Global Cst, qui appartient au général
Israël Ziv, et par Defense Shield, propriété du général
Gal Hirsh ». Il s’agit de compagnies
militaires privées à qui le gouvernement israélien confie
certaines opérations particulières. Global Cst n’opère
pas seulement en Géorgie, mais dans plusieurs autres pays parmi lesquels
la Colombie. Tout comme Defense Shield, créée par Gal Hirsh, qui,
après avoir commandé les forces israéliennes dans la guerre
d’agression au Liban en 2006, a été critiqué pour
sa conduite inefficiente de la guerre et, à cause de cela, a démissionné
de l’armée. Son expérience n’est cependant pas perdue :
il a créé sa propre compagnie militaire, dans laquelle il embauche
des experts qui ont déjà été sous ses ordres.
L’armée géorgienne a donc été entraînée
non seulement par les Etats-Unis, par le biais surtout du « Georgia
Train and Equip Programme » (voir il
manifesto du 10 août) mais aussi par Israël à travers des
compagnies militaires « privées ».
Selon le témoignage de L. rapporté par Haaretz, les instructeurs
israéliens ont entraîné des troupes géorgiennes « dans
des bases situées dans tout le pays »,
sous la supervision de Israël Ziv et Gal Hirsh, qui assistaient aux manœuvres.
En plus des Usa, c’est Israël qui a fourni à la Géorgie
des armes pour une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars :
parmi ces armes, des avions sans pilotes, de la dernière génération.
Grâce à l’aide israélienne, s’est vanté
le ministre Yakobshvili, « un petit
groupe de soldats géorgiens a réussi à mettre en déroute
toute une division russe ». Le rapport
fait à Haaretz par l’instructeur L. est cependant moins optimiste :
« Les bases militaires où nous
avons entraîné les soldats sont perdues »
à la suite de l’offensive russe. Des centaines d’Israéliens
ont prudemment été évacués hors de Géorgie
par un pont aérien (ils en feront un film sur la liberté, la démocratie
etc. … NdT)
L’imprudente déclaration du ministre Yakobshvili montre que le
conflit géorgien est plus compliqué qu' il n’apparaît.
Il confirme, en même temps, le rôle croissant joué dans les
guerres actuelles par les compagnies militaires privées. Le général
(maintenant en repos) Gal Hirsh ne dort pourtant pas tranquille : après
celui du Liban, se profile aussi l’échec de l’opération
en Géorgie. Mais tant qu' il y a de la guerre, il y a de l’espoir.
Edition de dimanche 17 août 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Qutidiano-archivio/17-agosto-2008/art41.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio