Les têtes de l'extrême-droite allemande, Horst Mahler (l’un des anciens avocats de la Rote Armee Fraktion, qui s’est plus tard rendu à l’extrême-droite ; actuellement traduit devant la justice à Berlin pour propos justifiant l’holocauste et plusieurs propos antisémites publics) et Ursula Haverbeck (fille du chef-propagandiste nazi W.G. Haverbeck en Amérique Latine de 40 à 45, qui fonda le Collegium Hmanum en 1963) sont les figures de proue d'une scène nouvelle, créant des structures internationales avec les descendants nazis et d'autres apologistes du national-socialisme ; ils invitent parfois des apologistes d’extrême-droite d’Australie, du Canada ou de France (Robert Faurisson). La propagation massive du négationnisme est censée faire redresser le supposé "peuple des seigneurs" en le débarrassant de son passé refoulé depuis les premiers jours de la RFA. Le journal et d’autres publication du Collegum Humanum ont déjà alerté les groupes antifascistes de la région. Les exécuteurs de l’institut ont récemment lancé une campagne de brochures (appelées Der Freie Berater, Le Libre Conseiller) à Bielefeld, ville la plus grande aux alentours de Vlotho, dans lesquels ils ont taxée de « traîtres du peuple allemand » ceux qui « ne reconnaissent pas son histoire et son statut de droit ». Cette dernière référence au droit constitutionnel consiste en la propagation de l’image que seul un Etat nazi pourrait être le légitime héritier du régime nazi. Ce bobard est construit sur la juridiction de la Cour constitutionnelle de la RFA : la RFA est de fait explicitement considérée non seulement héritière du Reich, mais aussi identique en partie avec le Reich (sentence des années 1970 toujours valable) ; identique en partie seulement, car la Cour constitutionnelle visait, conforme à la doctrine Hallstein, à assimiler la RDA un jour dans sa zone de vigueur, ce qui est devenu réalité en 1990. La Cour constitutionnelle donne ainsi encore un rempart aux neo-nazis autour de Mahler et Haverbeck, qui se présentent en légitimes représentants du pouvoir public.
Dans le centre négationniste de Vlotho (Rhénanie-du-Nord-Westphalie),
Collegium Humanum, dont Haverbeck est la vice-présidente, ils colportent
des publications, des tracts avec des théories de conspiration antisémite
et se cachent derrière une façade d'écologistes (l'institut
Collegium Humanum fut fondé en 1963 par un ensemble hétéroclite
de fascistes, joignant l'écologisme au darwinisme-social, et verts).
Pendant la plus importante traduction de Haverbeck devant la justice (2004),
des scènes incroyables se déroulaient dans les couloirs du tribunal
(que 30 personnes ont pu accéder à la salle de sentence) : des
manifestants pro-Haverbeck ont montré de grands placards avec des citations
de nazis, tel Göring (« Propagandalüge Gaskammern », bobard
de propagande, chambres à gaz). Le personnel de justice et les forces
de l’ordre n’ont pas dissout cette association illicite munies d’affiches
nazies, mais ils leur ont ouvert la salle adjacente de la salle de sentance
pour qu' ils puissent s’asseoir ; ainsi ils ont tenu des propos de
soutien en faveur de Haverbeck.
En 2004, Haverbeck, ayant encore répété sa foi en la "justice
hitlérienne par la volonté de Dieu" devant la juge, ne fut punie
par le tribunal de Bad Oeynhausen (proche de Vlotho) qu'à une amende
de 3.800 euros, alors que le § 130 II Code Pénal allemand (Volksverhetzung,
Propos publics incendiaires) prévoit jusqu'à 5 ans de prison
pour des cas d’appréciation publique d’« actes commis
sous le régime du national-socialisme » ou pour une personne qui
diminue la portée de ou dénie ces actes. La dernière vague
de séminaires dans le Collegium Humanum de Vlotho, nid du négationnisme
et l’intelligentsia de l’extrême-droite allemande, eut lieu
en février 2006 et ne fut pas surveillée par la police –
les autorités publiques on raté une opportunité pour démontrer
le caractère hautement incendiaire du contenu des séminaires de
Ursula Haverbeck, fille d’un nazi de l’élite du NSDAP, et
compagnie. Les appels propagandistes de ces fanatiques nazis sur tracts et brochures,
tel « L’Empire Allemand est vivant et nous sommes tous des ressortissants
du Reich ! », sont d’autant plus périlleux qu' on est
dans une situation de crise ou beaucoup de personnes en chômage se laissent
influencer par ces bobards.
Le manque de résistance (hormis ces quelques manifs locaux des antifascistes
devant l’institut même) face à cette idéologie du
Reich, colportant de plus en plus de théories antisémites de conspirations
(qui ne sont guère enregistré par les autorités publiques
vu leur dimension croissante dans des journaux et sur internet) devrait inquiéter
l’Europe. Des sondages ont récemment montré que 13% des
Allemands ont une attitude antisémite. Lorsque Martin Walser a reçu
le prix de Paix des Librairies allemandes, il a estimé que l’holocauste
serait « fonctionnalisé pour des buts des temps présents
» et que les Allemands subiraient cette supposée « Moralkeule
» oppression morale ; seul Ignatz Bubis n’a pas applaudi ce propos
de Walser et l’a critiqué de « geistige Brandstiftung »,
« incendie volontaire intellectuelle » - l’affaire Hohmann
(antisémite dans le CDU) et l’entrée du NPD dans les Conseils
régionaux de Brandebourg et de Saxéè montrent que Bubis avait raison et
que le refoulement de l’holocauste et de ces origines (ce qui produit
des projections telles l’identification erronée de Hitler avec
Milosevic par Fischer/Schröder ou la supposée découverte
de « camps de concentration » par le ministre de la Défense,
Scharping) par les élites allemandes ne fait que renforcer les mouvements
néo-nazis.
Tobias Baumann