Assemblée nationale « extraordinaire » du
PCF, La Défense, les 8 et 9 décembre 2007
Premières analyses par la délégation
de la section du PCF Paris 15 :
La direction n’est pas arrivée à étouffer ce qui
s’est exprimé massivement dans le Parti, dans les assemblée
: le refus de la disparition du PCF. Mais elle s’est donnée tous
les moyens pour le minimiser à cette assemblée dont l’organisation
a été imaginée à cet effet.
Le débat général a duré moins de trois heures samedi.
Sur 350 camarades inscrits pour parler, le plus souvent mandatés par
leur section, seuls 44 ont eu le droit à la parole suivant une sélection
à la discrétion de la tribune. Sur ces 44, une vingtaine de membres
du CN…Des débats de diversions, même s’ils pouvaient
porter sur des sujets certes importants, ont occupé les camarades en
soirée. L’organisation en « ruches », c'est-à-dire
en petits comités, traduit une conception bien connue de la démocratie
: « cause toujours ».
Malgré cela, la volonté très largement majoritaire dans
le Parti de préserver l’outil politique que représente le
PCF s’est exprimée nettement dans le débat général
comme dans les mini-discussions.
La direction avait édulcoré son projet de texte par rapport à
l’analyse et l’ordre du jour initialement fixés au CN de
juin par MG. Buffet puis à celui d’octobre. Plus question dans
le texte de déclin « inéluctable », de boulet de «
l’histoire du communisme », d’option visant à se débarrasser
du nom PCF, à faire « émerger un nouveau parti ».
Plus question de mettre à l’ordre du jour explicitement le «
dépassement du Parti communiste voire de la forme parti ».
Donc au résultat un texte vague, sans relief apparent.
Ce « mandat » est resté opposé aux nécessités
que nous avions pointées dans assemblée de section : - faire le
bilan de la stratégie de la direction dans la dernière période
et depuis le début de la Mutation, - engager la rupture avec cette stratégie,
après notamment le 1,9% de Buffet candidate antilibérale, motif
de la convocation de l’assemblée... La direction a visiblement
cherché à anesthésier les communistes après cet
échec flagrant pour continuer dans la mauvaise voie.
Son objectif de liquidation n’a pas changé. C’est apparu
de façon manifeste à l’assemblée au moins à
deux occasions. Porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles est convaincu de la
nécessité de la disparition. Il l’a dit au Monde. C’est
lui qui a fait le rapport d’introduction. Sourd comme quelqu' un
qui ne veut pas entendre, il a consciencieusement rabaissé l’expression
des communistes à celui d’un attachement, sentimental, au PCF.
Il est revenu lourdement sur le « poids de l’histoire », a
esquivé tout autocritique… pour aboutir à la nécessité
de ces « expérimentations nouvelles » qui ne sont autres
que la poursuite de l’effacement du Parti et du reniements de ses positions.
après avoir laissé passer l’orage, la direction n’a
pas pu s’empêcher de repartir à la charge dimanche. Pourtant
dans la nuit de samedi à dimanche lors de la réunion, à
laquelle l’un d’entre nous participait, censée intégrer
les résultats des premières discussions, le besoin de marquer
dans le texte la nécessité de l’existence du parti avait
été soulignée par une majorité des « délégués
des ruches ».
Représentant la commission du mandat, l’autre porte-parole Patrice
Bessac rapportait dimanche matin. Il a sorti de sa capuche une nouvelle formule
toute différente de ce qui avait été décidée
par la réunion de la nuit, suscitant un beau tollé chez les délégués.
De nouveau, la direction a tenté de se faire octroyer dans le texte un
blanc-seing pour poursuivre ses «expérimentations », dans
la suite, comme nous l’avons dénoncé, des « collectifs
anti-libéraux », de la destruction des cellules du Parti, de la
« gauche plurielle »…Bessac a précisément tenté
de réintroduire la phrase éliminée la veille : «
Il ne s’agir d’exclure aucune hypothèse concernant le Parti
ou sa stratégie…. Il s’agit de permettre le réflexion
et l’expérimentation sur la façon dont ces rassemblements
peuvent s’élargir, s’approfondir et construire ainsi durablement
… ». Les délégués ont bien compris qu' il
s’agissait de continuer à aller vers une nouvelle organisation
politique, coalition ou recomposition à l’allemande ou l’italienne.
Buffet a dû finalement désavouer Bessac en faisant voter la suppression
de la deuxième partie de la phrase. On est donc revenu, dans le brouhaha
et la confusion, au texte passe-partout qui laisse « ouvert tous les possibles
», surtout ce que les communistes ne veulent pas et ce dont le monde du
travail et le pays n’ont pas besoin. Dans le plus grand désordre,
le texte a été officiellement adopté à 72% contre
18 et 10 d’abstention.
L’inconsistance du texte, la volonté de montrer une unité
ont certainement motivé beaucoup. Pour notre part, nous avons voté
contre parce que l’unité des communistes, le regain de confiance
des communistes et d’efficacité de leur organisation dans les luttes
ne pourront pas se faire sur ces bases et avec ce mandat à cette direction.
Plusieurs intervenants ont souligné ce problème majeur: le maintien
en place d’ici le congrès de 2008, de la même direction !
Des mêmes qui sont responsables de l’échec, qui ne veulent
pas l’assumer devant les communistes et dont certains des principaux d’entre
eux proclament qu' ils veulent continuer dans la même voie meurtrière,
envers et contre les communistes. Des mêmes qui sont incapables et/ou
ne veulent pas animer la riposte, en toute indépendance du PS, sur des
positions fermes de lutte face à la politique de Sarkozy.
Pour autant, cette assemblée « extraordinaire
» n’a pas servi à rien.
A plusieurs dizaines de milliers, les communistes ont fait la démonstration
depuis plusieurs mois qu' ils refusent la perspective de disparition de
leur parti et qu' ils ont pris conscience de la stratégie qui y
conduit. L’appel « Pas d’avenir sans PCF » dont notre
section a fait partie des initiateurs, y a contribué. Des dizaines d’organisations
du Parti, dont la nôtre, ont aussi pris conscience de la nécessité
de faire vivre le PCF, outil historique irremplaçable au service des
travailleurs dans la lutte des classes : avec, sans ou contre sa direction.
Anthony CREZEGUT, Emmanuel DANG TRAN
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