« Le peuple guadeloupéen a droit à l’autodétermination » (UGTG)
après 44 jours de grève et de manifestations,
les travailleurs guadeloupéens ont gagné une première bataille
!
Le LKP [1]
a signé, avec le représentant de l'Etat français et une
partie du patronat, un protocole de suspension de conflit appelant à
une reprise de l'activité. Ce protocole, très détaillé,
contient 165 articles classés par thème : salaires, logement,
transport, alimentation. Il prévoit des mesures d'améliorations
de la vie quotidienne et des investissements dans les infrastructures.
L'UGTG [2], première centrale syndicale de l'île, a tenu son XIIème congrès au cours duquel les participants ont adopté la résolution suivante :
EXISTE-T-IL UN PEUPLE GUADELOUPEEN ?
A cette question, la Constitution française répond
NON considérant que nous ne sommes, nous fils, filles d’esclaves
et autres venus de divers continents, qu' une population composante du
peuple français, intégrant ainsi ses dernières colonies
dans le giron français ; en un mot, le rouge, vert, jaune, composante
du bleu, blanc, rouge.
Et pourtant, nous Guadeloupéens, nous avons une histoire, une langue,
une terre, des croyances, des pratiques sociales et culturelles... Autant d’indicateurs
qui font de nous un peuple.
A cette question, la réponse de l’Etat français ne peut
être différente car la société guadeloupéenne
est construite sur des rapports de domination coloniale suivant un ordre "naturel"
établi depuis des siècles : au sommet de l’échelle,
les Blancs et en bas les Nègres.
Département, région mono départementale, département
français d’Amérique, région ultra périphérique,
département d’outre-mer, région ultra marine, autant de
termes pour tenter de cacher une criante réalité : la Guadeloupe
n’est autre qu' une colonie de la France, un pays occupé par
l’Etat français.
Et une colonie ne vit, ne survit que pour servir la métropole, sa métropole.
Et une colonie départementalisée, régionalisée,
orientée, programmée (…) ne s’adapte pas car le pouvoir
colonial basé sur la discrimination, la domination, l’oppression
et le racisme ne s’humanise pas.
(…) Quelles productions privilégier ? Quelle éducation
dispenser à nos enfants ? Qui doit répondre à ces questions
sinon nous-mêmes ?
L’objectif de l’Etat français et de ces valets aux ordres
est d’assurer la libre circulation des biens et des marchandises de l’Europe
en Guadeloupe et dans toute la Caraïbe.
(…) Il s’agit aussi, surtout, de véhiculer l’idéologie
européenne en perpétuant l’idée que sans la culture
française nous ne sommes que des sous-hommes, des moins que rien.
(…) Dans une telle situation, que devons-nous faire ? Laisser faire et
disparaître ou lutter pour le droit du peuple guadeloupéen à
disposer de lui-même, un droit inaliénable, constamment réaffirmé
et perpétuellement nié et invalidé par les différentes
politiques françaises et européennes par le biais de lois d’adaptation
et de réadaptation, d’orientation ou de programmation, avec la
complicité mafieuse des élus politiques ?
(...) Ce n’est ni par fatalité, ni par malédiction
que nous Guadeloupéens sommes avec les Martiniquais et les Guyanais des
peuples colonisés et dominés mais la conséquence de stratégies
impérialistes (…).
Le peuple guadeloupéen a droit à l’autodétermination.
Le droit de la nation guadeloupéenne à la pleine souveraineté
et à l’indépendance nationale est indéniable.
Les intérêts de la classe ouvrière, des producteurs et des
créateurs guadeloupéens ne seront préservés que
par leur engagement dans la lutte pour la libération nationale de notre
pays.
L’UGTG est et demeure une organisation de classe et de
masse convaincue de la nécessité de transformer les rapports sociaux
aux fins d’une société plus juste, assurant à chaque
homme son droit au travail, à la santé, à l’éducation,
à la culture, à la vie.
Plus que jamais, nous revendiquons notre appartenance à l’option
patriotique et inscrivons notre style, nos méthodes, nos principes, valeurs
et conceptions dans la perspective d’affirmer l’identité
guadeloupéenne.
XIIème congrès de l'UGTG, 2-3-4-5 Avril 2008
[1] Lyannaj Kont Pwofitasyon
("Ensemble contre les profiteurs").
[2] Union générale des travailleurs
guadeloupéens, fondée en 1973.