Grève
historique le 7 septembre dernier en Inde
AC
12 mars: 100 000 manifestants dans les rues de New Delhi. 8
avril, 2,5 millions impliquées dans des actions de protestation dans
tout le pays. Cette journée du 7 septembre marque clairement un bond
quantitatif et qualitatif dans la construction de la riposte à la politique
de saignée des couches laborieuses et de casse du secteur public menée
par le Parti du Congrès en Inde. Le point marquant de cette treizième
grève générale depuis 1991 reste la construction d'un large
mouvement unitaire, avec un appel à la grève lancé pour
la première fois par les huit principales centrales syndicales.
Le rôle moteur de cette journée de grève reste dévolu
aux deux syndicats liés organiquement aux Partis communistes: l'AITUC
(All India Trade Union Congress – 2,5 millions de membres) lié
au PC d'Inde et le CITU (Centre des syndicats indiens – 3,2 millions de
membres) lié au PC d'Inde Marxiste.
Revendications immédiates et alternative à
la politique du capital menée par le Parti du Congrès
Les syndicats ont porté la colère des travailleurs
indiens contre l'inflation dramatique des prix des produits de première
nécessité, la hausse du chômage, la répression des
droits syndicaux et sociaux à l'entreprise. Et ils ont pointé
du doigt les politiques néo-libérales menées depuis plusieurs
décennies tantôt par la droite traditionnelle (BJP) que par le
Parti du Congrès actuellement au pouvoir.
Les syndicats ont axée leurs propositions sur des revendications immédiates
permettant de contrarier les conséquences désastreuses de ces
mesures pour la population: contrôle des prix, système de distribution
de biens de première nécessité, affirmation d'un secteur
public fort, relance de l'investissement public, défense des droits syndicaux
et sociaux, aides sociales pour les chômeurs et les travailleurs pauvres.
Mais derrière toutes ces mesures immédiates est
porté également un projet alternatif pour la société,
mettant en avant l'appropriation sociale des moyens de production et une la
défense et l'élargissement des droits des travailleurs.
Des « Etats rouges » à la capitale économique
du pays: l'Inde complètement paralysée
Dans le cadre de cette grève historique, c'est dans
les Etats contrôlés par les Partis communistes que la mobilisation
a été la plus massive: Kerala, Bengale occidental et Tripura.
Les administrations et les concentrations industrielles ont été
presque intégralement fermées pendant que des manifestations énormes
étaient organisées par les syndicats et partis communistes et
progressistes. Mais si l'ampleur de la journée de grève dans les
« Etats rouges » prouve le rôle essentiel joué par
les partis communistes dans cette mobilisation, celle-ci ne s'est pas réduite
aux bastions communistes. D'autres régions, certes sous forte influence
communiste, ont également connu une paralysie presque totale: l'Assam
et le Manipur (Bengale oriental), le Punjab et l'Haryana (Cahcemire), le Jharkhand
et l'Orissa (Bengale occidental). Dans tous ces Etats, la paralysie du trafic
a été totale suite à la grève des travailleurs routiers.
De Calcutta, où le trafic aérien a été
totalement paralysé, et les usines et administrations fermées,
à Mumbai où la grève des taxéis et des pousse-pousse ainsi
que la grève des employés municipaux a fortement perturbé
le fonctionnement de la capitale commerciale du pays, les centres économiques
du pays ont fonctionné au ralenti ce 7 septembre.
Des mines aux banques toutes les branches touchées,
le secteur public à l'avant-garde du mouvement
L'analyse secteur par secteur de la grève démontre
qu'aucune branche d'activité n'a échappé à la mobilisation.
C'est le secteur public qui a été le fer de lance de la mobilisation
avec 10 millions d'employés du public impliqués, comprenant une
forte cohorte d'enseignants. A ceux-là s'ajoutent 2 millions de fonctionnaires
de l'administration centrale avec des chiffres record dans le secteur de la
Défense (taux de grévistes à 80%).
La mobilisation a été particulièrement exceptionnelle dans
les secteurs stratégiques que sont la poste, les transports, les télécommunications
(70% de grévistes) et l'électricité. Par ailleurs, 2 millions
de travailleurs des banques et des assurances y ont participé aussi.
Dans l'industrie, les mineurs ont encore une fois répondu présent
à l'appel des syndicats communistes en particulier: 600 000 mineurs de
charbon (80% des effectifs) étaient en grève et les mineurs des
autres minerais ont suivi très fortement leurs camarades.
Dans les autres secteurs industriels, docks et sidérurgie
notamment, la grève a été massivement suivie dans les bastions
du mouvement ouvrier et un peu plus inégale ailleurs. A noter les grèves
symboliquement fortes qui ont bloqué presque intégralement les
ZES (Zones économiques spéciales) de Visakhapatnam et au Bengale
Occidental.
Les agriculteurs ont également pris part aux actions,
petits exploitants et salariés agricoles animant notamment le blocage
des routes.
La liste des secteurs impliqués serait longue: des travailleurs
du batîment aux médecins, des pêcheurs aux éducateurs,
rares sont les branches ayant connu une telle mobilisation dans les dernières
années.
A quoi sert un Parti communiste? Animer les luttes et leur
donner une direction
Ce mouvement historique apporte une réponse éclairante
à la question, à quoi sert un Parti communiste? En Inde, les partis
communistes parviennent avec une ligne idéologique ferme, une organisation
enracinée dans la société, une articulation des luttes
sociales avec la présence dans les institutions, à jouer un rôle
moteur dans le mouvement social. Ils continuent à influencer des centaines
de millions de travailleurs, notamment à travers leurs syndicats organiques.
Affirmant leur identité, mais loin de tout sectarisme,
ils construisent la mobilisation et l'unité la plus large contre la politique
du patronat indien et international. Dans la lutte avant tout.
Source : solidarite internationale pcf
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