Au fil des jours et des lectures n°64

13 Mai 2010

Soutien à Arundhati Roy



Le 29 Mars le magazine indien Outlook publiait le récit de la visite de la célèbre écrivaine dans les zones libérées de la guérilla conduite par le Parti Communiste Indien Maoïste.

Ce récit qui donne à comprendre les raisons de la lutte armée a eu un très large écho national et international et constitue une critique radicale de la politique de guerre totale lancée contre la guérilla par le gouvernement indien sous le nom d'opération «  GREEN HUNT » en anglais « chasse verte », mais en réalité gigantesque chasse à l'homme menée avec les techniques les plus sophistiquées de la guerre contre un peuple et visant non pas à régler les problèmes politiques posés par la guérilla mais à exterminer jusqu'au dernier ceux qui les posent.

Le récit d'Arundhati Roy a constitué un véritable camouflet pour La propagande gouvernementale visant à présenter les maoïstes comme des terroristes sauvages.

La riposte officielle n'a pas tardé puisque le 7 mai le ministère de l'Intérieur indien, dirigé par un ancien avocat des grandes compagnies minières et métallurgiques indiennes, a publié un communiqué (voir ci- après) visant à criminaliser tous ceux qui, comme Arundhati Roy, expliqueraient les raisons de la guérilla

Ils risquent désormais 10 ans de prison pour leurs écrits !

L'Inde se range ainsi au nombre des « démocraties sanguinaires » aux côtés des Etats-Unis (Irak-Afghanistan) d'Israël (Palestine) de la Colombie et du Honduras.



Une pétition internationale de soutien à Arundhati Roy a été lancée récemment et COMAGUER a décidé de mettre en circulation sa version française.

Cette pétition est accessible sur le blog

http://comaguer.over-blog.com

Nous vous recommandons, avant de la signer et pour le faire en toute connaissance de cause, de lire le récit intégral en version française de la visite d'Arundhati à la guérilla sur le site du Secours Rouge de Belgique

http://www.secoursrouge.org

Ce texte fait parti d'un dossier très complet sur Arundhati Roy ses analyses et ses engagements politiques.



7 mai 2010

Inde : Nouvelle mesure gouvernementale répressive

Le gouvernement a annoncé ce jeudi, dans un avertissement vis à vis des groupes de la société civile que toute personne qui parlera au profit des guérilleros maoïstes sera traduite en justice et passible de dix ans de prison. Cette action, qui se déroulera en vertu de la section 39 du Unlawful Activities Prevention Act vise essentiellement les groupes qui élèvent la voix en faveur des extrémistes de gauche. Selon la déclaration du Ministère de l'Intérieur :

« Toute personne qui commet le délit de soutenir une telle organisation terroriste (comme le CPI-maoïste) avec entre autre l'intention d'encourager l'activité de ces organisations terroristes sera passible d'un emprisonnement d'une durée n'excédant pas dix ans ou d'une amende, ou des deux ».

Le Ministère de l'Intérieur a affirmé que le gouvernement avait remarqué que certains dirigeants maoïstes prennent contact directement avec certaines ONG et des intellectuels pour propager leur idéologie et pour 'les persuader de prendre des mesures et de soutenir l'idéologie du CPI-maoïste'. La déclaration du Ministère averti également : 'Le grand public est informé pour être extrêmement vigilant sur la propagande du CPI-maoïste et pour ne pas devenir involontairement une victime de cette propagande'. Le parti de gauche ainsi que ses organisations de front ont été désignés comme organisations terroristes par le gouvernement, qui affirme que le seul objectif du CPI-maoïste est de renverser l'Etat indien. Le document conclu en ces termes : 'il continue à tuer des civils innocents, y compris des tribaux, de sang-froid et détruit les infrastructures cruciales telles que les routes, les caniveaux, les écoles afin d'empêcher le développement d'atteindre ces régions sous-développées'.

De leur côté, les membres des groupes de la société civile ont répliqué vertement face à cette déclaration du Ministère de l'Intérieur. Un professeur de l'Université de Delhi a affirmé que c'était une violation nette des droits démocratiques des individus et des groupes, dont beaucoup ont des points de vue semblables à ceux des maoïstes, bien qu'ils n'aient aucun lien avec eux. Il dit également qu'il y a une claire possibilité d'abus de pouvoir sachant que les visions des gens qui sont contre la politique du gouvernement pourront être interprétées comme de la propagande maoïste. Le secrétaire générale de la People's Unions for Civil Liberties a rappelé que d'avoir des opinions politiques et une idéologie politique ne sont pas des crimes, même si c'est une idéologie maoïste. D'autres éminentes personnalités se sont également exprimées, dénonçant la violation de la liberté d'expression, le manque de clarté du gouvernement ainsi que la fameuse Unlawful Activites Prevention Act, qui est la porte ouverte à toutes les dérives.

Sommaire