A PROPOS DE LA CHINE

On peut s' interroger sur ce qui se passe en Chine, mais il faut examiner la situation d' une manière aussi objective que possible. D' abord bien vérifier les sources d' information, les media occidentaux mènent une campagne de dénigrement contre la Chine populaire, en ne ciblant que les aspects négatifs, en les déformant ou en les exagérant. Les questions à prendre en compte dépassent de beaucoup le problème de la Chine, il est celui de la construction du socialisme dans un pays sous-développé dans un environnement totalement capitaliste. Lors de la victoire de la révolution en 1949, Mao Zedong n' avait pas défini la nouvelle Chine comme un Etat socialiste, mais comme un Etat de démocratie populaire antiféodal et anti-impérialiste, se situant dans le cadre de la révolution mondiale prolétarienne et du camp socialiste. A partir de là, il y a toujours eu en Chine la « lutte entre deux lignes » entre ceux voulant de façon volontariste sauter par-dessus les étapes et parvenir très vite au socialisme et au communisme, et ceux voulant tenir compte d' une façon plus réaliste des possibilités réelles dans un contexte donné. La Chine populaire a fait l' expérience de trois tentatives gauchistes (collectivisation agraire hâtive dans les années 50, « grand bond en avant » 1958-59, « grande révolution culturelle prolétarienne » 1966-68) dont les résultats désastreux ont amené par réaction les dirigeants chinois à adopter la ligne actuelle d' ouverture sur l' économie mondiale (capitaliste) pour élever rapidement le niveau des forces productives, condition sine qua non de l' édification en perspective d' une société socialiste. Option encore renforcée par la disparition de l' URSS et du camp socialiste. Dans ce contexte, les dirigeants chinois se trouvent face à des problèmes considérables à résoudre. Notamment l' afflux dans les villes d' une masse de paysans pauvres est un phénomène indépendant du système politique qui se produit d' une façon générale dans tous les pays sous-développés.

Le problème est posé : qui l' emportera du capitalisme ou du socialisme ? mais on ne peut pas parler présentement d' une « restauration du capitalisme » en Chine. L' Etat socialiste continue à disposer des moyens nécessaires à un contrôle macro-économique de l' ensemble du développement économique, même si celui-ci est principalement fondé au stade actuel sur l' existence d' un secteur capitaliste en pleine croissance fonctionnant dans le cadre du marché mondial. En témoigne notamment la capacité de la Chine à avoir résisté (contrairement au Japon) aux effets de la crise partie d' Extrême-Orient en 1997-98 grâce à l' intervention du secteur stratégique de l' Etat, à la maîtrise du système monétaire, au contrôle des investissements, etc. Les dirigeants chinois ont certainement conscience des conséquences sociales et des dérives politiques qui peuvent momentanément résulter de l' application de leur ligne actuelle, des limites éventuelles à lui donner, des mesures sociales à prendre pour résorber à terme les aspects négatifs qui en résultent. Par ailleurs, une multitude d' évènements au plan international montre que l' existence de la Chine populaire favorise objectivement la résistance des peuples à l' impérialisme. Tout en étant très attentifs à tout ce qui se passe en Chine, nous devons nous déclarer dans le même camp et nous tenir prêts à la défendre contre toute attaque de l' impérialisme.

René Lefort

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