Mon collègue revient de Chine et...
Pascal Brula
Il s’avère que je travaille dans le domaine de
l’environnement et qu' un de mes collègues a eu la chance
de pouvoir aller en Chine pour la 3ème fois en quelques années,
dans le cadre d’échanges interuniversitaires. Il faut savoir que
ce collègue, électeur fidèle du PS, gobe généralement
toutes les conneries véhiculées par les médias et notamment
sur le Tibet. Au retour de son récent voyage professionnel, il a eu des
propos étonnants venant de sa part. Certes, il s’agit d’un
scientifique pour qui les faits sont les faits. Et bien, il nous a déclaré
ne plus écouter tous les ragots qui traînent sur la Chine, car
pour lui la situation est complètement différente de ce qu' on
avait pu lui raconter, notamment dans notre domaine professionnel, l’environnement.
Pour lui, certes, la Chine est un pays très contrasté, entre un
arrière-pays très en retard et une partie extrêmement développée
; mais, tenez-vous bien, il nous a affirmé qu' en environnement,
les Chinois étaient en avance sur notre pays, la France : oui, vous avez
bien lu.
Les normes environnementales sont plus strictes que les nôtres.
Aussi bizarre que cela puisse paraître venant de sa part (partisan de
l’économie de “marché”, c’est-à-dire
capitaliste), il nous a affirmé que cela venait du fait que la Chine
avait une production “planifiée” (comme quoi, cela n’a
pas que du mauvais) et que lorsqu' une décision était prise,
elle était appliquée à la lettre. Il nous a aussi soutenu
que, compte tenu de ce qu' il avait appris, les chinois dans le domaine
de l’environnement seraient bientôt capables de nous en apprendre,
à nous, les “donneurs de leçons”… Que l’on
songe qu' ils ont été capables de construire entièrement
une ville sur des critères environnementaux. Alors, bien sûr, on
fustige le fait que le gouvernement chinois n’ait pas ratifié les
accords de Kyoto. Mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt
et l’on oublie facilement que les Etats-Unis également, alors que
leur consommation énergétique par habitant est sans commune mesure
avec celle des chinois.
Deux autres sujets sur lesquels mon collègue m’a
également étonné : l’égalité entre
les hommes et les femmes et l’ascenseur social. Pour lui, il n’y
aurait aucune discrimination entre les hommes et les femmes dans la partie développée
du pays : la France, incroyablement sous-développée dans ce domaine,
lui faisant honte. Deuxièmement, il a pu constater que de jeunes professionnels
se trouvant à des postes très importants étaient issus
de milieux extrêmement pauvres. Il existe donc dans ce pays un formidable
brassage qui n’existe plus, ou très peu, chez nous.
Et je conclurais en disant que, d’ après
ce qu' il a vu de la vie des chinois, les rapports humains peuvent être
parfois assez extraordinaires. Etant un passionné de musique, et notamment
d’instrument un peu particuliers (notamment médiévaux),
il a eu de formidables échanges avec des gens dans la rue. En effet,
dans les squares, dans la rue, des musiciens, des chanteurs de toutes sortes
s’expriment. En France, ils ont généralement une sébile,
mais là-bas, ils le font pour le plaisir, rien que pour le plaisir. Il
a donc eu le loisir de jouer de la musique avec des inconnus. Il lui a semblé
qu' il régnait une joie de vivre qui contrastait avec tout ce que
l’on peut raconter ici ou la. Il ne s’agit pas de tomber dans une
vision béate de la réalité fort complexe de la Chine (la
lutte des classes est bien active…), mais ces infos me confortent dans
la suspicion que j’ai déjà acquise concernant la manipulation
des médias au service du capitalisme.
transmis par www.michelcollon.info
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