Il y a volontiers "oubli" ou
incrédulité du public lorsqu'on évoque les entreprises génocidaires nazies en
territoires soviétiques occupés, du moins lorsque, outre les Juifs victimes
d'un génocide dont on connaît les développements ultérieurs, on mentionne aussi
les Slaves, les prisonniers soviétiques. Ces victimes-là de l'extermination NE
SONT PRESQUE JAMAIS MENTIONNEES DANS LES MEDIAS. Comment caractériser cet
"oubli", si ce n'est un "négationnisme" implicite ou, pire,
une intériorisation du racisme nazi concernant les "UNTERMENSCHEN"
slaves ? Nous dira-t-on encore qu'il s'agit de l'"incompétence" des
journalistes, de leur "manque de moyens" ?
3. PLAN
EST et génocide nazi. L'ouvrage
4. Connaissez-vous Khatyn ?
5. Connaissez-vous Rawa Ruska ?
"Une lutte raciale sans pitié"
Les Finnois veulent la région de Léningrad.
Le führer veut raser Léningrad pour le donner ensuite aux Finnois.
Le führer a décidé de raser la ville de
Petersbourg (…) On envisage de cerner la ville de près et de la raser
complètement par pillonnage continu par canons de tous calibres et
bombardements ininterrompus (…) Nous ne sommes pas intéressés à conserver même
partiellement la population"
Pour Léningrad, Moscou, Kiev et autres
villes : "avant de les occuper on doit les détruire par le feu de
l'artillerie et de l'aviation, afin d'obliger la population à fuir"
Le titre de l'ouvrage d'un jeune historien
berlinois, Christian Gerlach, affiche immédiatement l'angle sous lequel il
veut étudier la politique de guerre nazie. Les premiers mois de la guerre
contre l'URSS ont constitué, dit-il, le point de départ d'un assassinat de
masse de proportions encore jamais vues: "Si
le régime nazi avait connu en mai 1941 une fin brutale, il aurait surtout
laissé le souvenir affreux de l'assassinat de 70000 malades et handicapés
du fait de la prétendue "euthanasie", de celui de dizaines de milliers
de Polonais juifs et non juifs et de plusieurs milliers de détenus des camps
de concentration dans le Reich. A la fin de l'année 1941, le chiffre des victimes
de la politique allemande de violence avait augmenté de plus de trois millions
d'individus (sans compter les tués de l'Armée Rouge) - ce chiffre comprenant
environ 900000 Juifs, dont les neuf-dixièmes tués dans les territoires soviétiques
occupés, et près de deux millions de prisonniers de guerre soviétiques. C'est
seulement dans le courant de 1942 que la population juive d'Europe devint
le groupe le plus nombreux des victimes de la politique allemande d'extermination".
Un des facteurs fondamentaux de cette
politique est constitué par l'effondrement des illusions nazies que la guerre à
l'est serait brève. A l'automne 1941, d'énormes problèmes militaires, de
ravitaillement alimentaire et de transports ont conduit les nazis à prendre des
mesures drastiques, en particulier en ce qui concerne les ressources
alimentaires. Pour nourrir les Allemands dans le
Reich, il fallait réquisitionner et importer la production des pays
vaincus et occupés. Pour la Wehrmacht
occupante, il fallait trouver sur place l'essentiel de ce qui lui était
nécessaire, évitant ainsi de bloquer des moyens de transport. Affamer les
populations civiles devait naturellement en être le premier résultat, pris en
compte par les responsables nazis sans grandes réticences pour les uns, et
comme un résultat positif pour beaucoup. Pourtant, dans une large mesure, et
tout au moins dans les régions agricoles les plus fertiles, le marché noir vint
contrecarrer en partie ces plans homicides.
Les nazis, comptant sur une victoire
éclair, avaient apparemment dès le départ l'intention d'éliminer une bonne part
des prisonniers qu'ils feraient. On connaît l'ordre d'élimination immédiate et
sans jugement des "commissaires" soviétiques et des responsables
communistes. Mais au-delà, des instructions précisaient qu'il ne fallait pas
dresser de listes nominatives des prisonniers dans les camps de transit, mais
enregistrer seulement ceux qui parviendraient jusqu'aux Stalag. Par ailleurs, c'est un nombre immense
de prisonniers de l'Armée Rouge qui tomba aux mains de la Wehrmacht dès les
premières semaines de
En effet, le IIIème Reich n'avait pas
encore atteint le stade où un des facteurs dominants de l'économie de guerre
était le besoin de main-d'oeuvre. Dans les territoires occupés, la question ne
se posait pas encore. En Allemagne même, le manque de bras commença à se faire
sentir dès l'été
Or en 1941, ce sont au total 3 350 000 Soviétiques qui furent faits prisonniers
entre juin et octobre. Beaucoup étaient affaiblis par des marches forcées, la
maladie et
A ces données sur l'immense massacre des prisonniers
de guerre soviétiques, qu'il n'est possible ici que de résumer brièvement,
Christian Gerlach ajoute une réflexion d'importance fondamentale. Selon lui
"le passage à des programmes considérables
d'assassinats de masse a pris son essor dans les territoires soviétiques occupés.
Avec les camps de prisonniers de guerre soviétiques, cette pratique s'est
étendue à l'automne 1941 au-delà de ces régions, particulièrement dans le
Reich et le Gouvernement général. Les informations sur le fait que dans les
territoires soviétiques occupés les Juifs étaient assassinés en grand nombre
se répandirent par l'intermédiaire de permissionnaires, de blessés et par
d'autres voies encore. Certes d'autres avaient déjà, de façon plus ou moins
indépendante, envisagé des moyens pour supprimer rapidement une partie de
la population juive, par exemple dans [une région de la Pologne occupée]
le Warthegau. Pourtant, apprendre l'ampleur jamais vue des assassinats à l'Est
agit en quelque sorte comme un catalyseur pour des plans nouveaux, de plus
grande portée, contre les Juifs, et leur concrétisation et leur mise en œuvre
dans d'autres régions de l'Europe occupée par les Allemands. A la fin de
Le livre de Christian Gerlach n'est pas consacré uniquement au sort des prisonniers
de guerre soviétiques. Il traite également, dans deux autres parties distinctes,
de la Conférence de Wannsee et du sort des Juifs d'Allemagne, ainsi que de
la décision fondamentale d'Hitler de faire assassiner tous les Juifs d'Europe.
Pour lui, cette décision date exactement du mois de décembre1941, bien qu'il
n'y ait (où qu'on n' en ait encore trouvé) aucune trace écrite, à part une
note dans le carnet d'Himmler. Cette affirmation de Gerlach est controversée,
et une partie de la dernière section de l'ouvrage porte trace des oppositions
d'autres historiens à sa thèse. En fait, dans l'état actuel des choses, ce
qui importe réellement est l'ampleur du génocide, et entre autres, ce que
démontre Gerlach, l'accélération en 1942 de l'extermination des Juifs. En
effet, plus de la moitié des Juifs assassinés le furent entre mars1942 et
mars1943. Les camps d'extermination (Auschwitz, Belzec, Sobibor, Treblinka,
entre autres) furent mis en service dans la première moitié de 1942.
On ne parvient toujours pas, il est vrai, à
comprendre comment des avertissements comme ceux de l'industriel allemand
Eduard Schulte, transmis en Suisse, apparus dans la presse américaine fin 1942,
ont pu rester lettre morte. Il donnait des détails sur un plan du Secrétaire
d'Etat nazi à l'alimentation et l'agriculture, Backe, expliquant que, pour
celui-ci, "pour des raisons
économiques, la situation alimentaire difficile pouvait être améliorée par
l'extermination d'environ 4millions de personnes qu'il serait sans cela
nécessaire de nourrir…"(texte d'une note provenant de la
légation américaine à Berne du 22 octobre 1942, actuellement aux Archives
Nationales US.)
La situation alimentaire de l'Allemagne
devenait certes difficile. Pourtant, Backe restait optimiste, affirmant en
mai 1942 devant Hitler et le responsable du "Gouvernement général",
Frank, que bien d'autres peuples crèveraient de faim avant que ce soit le tour
de l'Allemagne. De fait, en affament les populations, en exterminant des
millions d'hommes et de femmes, les nazis parvinrent à maintenir le niveau
alimentaire dans le Reich jusqu'en 1944-45 à un niveau acceptable, s'assurant
ainsi contre un possible mécontentement de la population et conservant par là
même son soutien. Il n'est pas question, bien entendu, de présenter les
préoccupations de ravitaillement comme la cause des massacres de prisonniers
soviétiques, comme des populations juives d'Europe. C'est pourtant,
semble-t-il, un facteur qui a pesé dans la balance !
Jean-Luc Bellanger
Christian Gerlach : Krieg, Ernährung,
Völkermord -Forschungen zur deutschen Vernichtungspolitik im Zweiten Weltkrieg
(Guerre, alimentation, génocide — Recherches concernant la politique allemande
d'extermination de
Il y a soixante ans, le 12 juin 1942, Himmler rendait public le " Plan général Est ". Ce projet gigantesque prévoyait la déportation en Sibérie de 30 millions de Slaves et la colonisation, par 5 millions d’Allemands " de souche " des territoires occupés de Pologne, d’Union soviétique, de Bohême-Moravie ainsi que de la Ruthénie (actuelle Transcarpatie, en Ukraine). Les dirigeants nazis – notamment le maréchal Göring, dès le 23 mai 1941- avaient d’ailleurs prévu " la mort par la faim " de 20 à 30 millions de Soviétiques, soit des peuples slaves considérés comme " untermenschen ". Les juifs étaient tout spécialement visés. De fait, l’invasion de l’URSS avait commencé le 22 juin 1941 et, six mois plus tard, fin 1941, 2 millions de prisonniers soviétiques avaient été exterminés, ainsi que 900.000 juifs, sans parler des soldats de l’armée rouge tués au combat
Les populations biélorusse, ukrainienne et russe allaient suivre, à la faveur
de la répression des mouvements de partisans (résistants) – et des centaines de
villages furent brûlés avec leurs habitants. Les mobiles et les "
justifications " de ces massacres n’étaient pas de l’ordre de la "
folie " criminelle ou du racisme exclusivement. Ils étaient multiples –
économiques, politiques, racistes- ils évoluèrent rapidement en fonction
du déroulement de
Tel est le contexte des débuts du judéocide- autrement dit la destruction des
juifs en tant que juifs- mis en œuvre dès l’opération " Barbarossa "
(invasion de l’URSS) avant même que la conférence de Wannsee ne décide, en
janvier 1942, de la " solution finale de la question juive ", soit
la liquidation envisagée de 11 millions de juifs. (Finalement, 5 à 6
millions seront mis à mort).
Explorer ce contexte encore mal connu, c’est ce qu’ont fait de jeunes
historiens allemands à la faveur de l’ouverture des archives allemandes,
polonaises et soviétiques ouvertes après la chute du mur en 1989.
Leurs ouvrages étant ignorés dans le monde francophone,
Les idées fascistes et nazies, nées à la veille et dans le courant de la
première guerre mondiale, le racisme et l’antisémitisme d’Adolf Hitler, son
obsession du " judéobolchévisme ", évidents dès le début des années
vingt et largement partagés en Europe par l’extrême-droite et une partie de la
droite conservatrice, les projets hitlériens de conquête et de colonisation à
l’Est impliquant la dislocation de l’URSS, l’engagement progressif dans les
pratiques de l’extermination sont suffisamment connus pour ne plus devoir
souffrir discussion. L’intérêt exceptionnel des travaux allemands que révèle
Le fait, par exemple, que des millions de Russes, Biélorusses et
Ukrainiens (et d’autres ressortissants soviétiques !) ont été exterminés en tant
qu’ " untermenschen ", dont 3,5 millions de prisonniers de guerre
soviétiques, les 600.000 victimes du blocus de Léningrad (St Petersbourg) une
ville dont les nazis envisageaient la disparition, sans oublier les millions de
partisans et de villageois massacrés pour leur implication réelle ou supposée
dans
On observera, au passage, l’importance de la chronologie : l’invasion de
l’URSS, entamée le 22 juin 1941, s’accompagne de nombreux pogromes " de
juifs et de communistes ", dûment planifiés, et perpétrés par les
einzatsgruppen allemands avec le concours parfois " spontané " des
groupes nationalistes locaux (notamment baltes et ouest-ukrainiens). Des
massacres de dizaines milliers de juifs ont lieu en septembre, notamment à Baby
Yar (Kiev). A la même époque le Zyklon B est utilisé pour la première fois pour
gazer 900 prisonniers soviétiques, en novembre-décembre des unités mobiles de
gazage se répandent (y compris en Serbie) et des chambres à gaz fixes sont
installées en Pologne, où le premier gazage de juifs a lieu le 8 décembre à
Chelmno, l’endroit même où sont gazés 5000 tsyganes à
En revanche, le judéocide s’accélère avec la liquidation des ghettos juifs et
l’extrême rentabilisation des chambres à gaz.
Des complicités au sein des élites allemandes aux collaborations policières et
populaires dans de nombreux pays d’Europe , des plus " civilisés "
aux plus " arriérés ", le génocide aura été , plutôt que le délire
d’un homme ou d’une seule nation, l’œuvre collective et combinée de forces
diversément intéressées à l’accomplissement du crime et cependant
disposées à le pousser jusqu’aux pires extrémités.
Explicitant sa démarche,
Editions Complexe,
2002, 288pp
mais d'où saurions-nous qu'existe ce Khatyn
là ?
Le nom du village ’Oradour-sur-Glane’ se
trouve dans toutes les encyclopédies. Le monde entier connaît le nom de ce
petit village du sud-ouest de la France, où le 10 juin 1944 les nazis
massacrèrent toute la population du village. La Biélorussie, quant à elle, a
connu des milliers de cas semblables. Le village de Khatyn n’existe plus. A cet
emplacement se trouvait jadis un petit village biélorusse de 161 habitants
massacrés en mars 1943...
Le Mémorial de Khatyn se trouve à
Le Mémorial de Khatyn
5.
Connaissez-vous Rawa Ruska ?
Le
Rapport de la commission d'enquête soviétique envoyée en
septembre 1944 dans le district de Rawa-Ruska
Ce rapport, qui nous a été communiqué à la suite d'une mission en Pologne, a
été remis à l'Union Nationale de "Ceux de Rawa-Ruska" par le
Professeur Pilichowski, Directeur de
------------------------------------------------------------------------
La première page du rapport proprement dit mentionne la date de l'enquête (du
24 au 30 septembre 1944), et la composition de la commission d'enquête (un
président, une secrétaire et trois membres), avec la participation d'un
commandant, d'un instituteur, de deux curés de l'église catholique-romaine, du
substitut au procureur de la région de Lwow, l'adjoint du président de la
commission régionale des députés du Soviet suprême, du représentant de la
commission extraordinaire d'Etat.
Quarante-deux témoins oculaires des atrocités hitlériennes perpétrées dans le
district et la ville de Rawa-Ruska ont été interrogés.
Au cours de l'enquête, il a été découvert des grandes "tombes
collectives", aux abords de Rawa-Ruska, dans lesquelles il a été dénombré
environ 37 000 cadavres d'hommes, de femmes ou d'enfants, torturés, fusillés,
etc...
Le rapport décrit l'extermination de militaires soviétiques, les atrocités
commises dans le ghetto juif, avant l'envoi à "l'usine de mort" de
Belzec (
Quant au camp de prisonniers, il y est mentionné que ses installations, son
régime, ses conditions étaient calculés pour exterminer systématiquement les
prisonniers.
Un témoin a relaté qu'ayant travaillé au camp des prisonniers de guerre
soviétiques du mois de décembre 1941 au mois d'avril 1942, il y avait eu,
durant cette période, 15 000 exterminations par la faim, le froid, les
fusillades,... des prisonniers mangeaient de la chair humaine...
La commission a établi qu'on y entretenait les maladies épidémiques dont 50
hommes au moins mouraient chaque jour, qu'on y établissait un régime de
conditions inhumaines, par les massacres, la faim et le froid. Sur les 18 000
prisonniers de guerre qui se trouvaient au camp, seuls 180 hommes, atteints du
typhus, furent dirigés sur le camp de Lwow, quant aux autres, ils furent
exterminés au camp de Rawa-Ruska.
Ce rapport arrive à sa conclusion par :
" après l'extermination de tous ceux qui se trouvaient au camp de
prisonniers de guerre, dans ces mêmes bâtiments, écuries, au mois d'avril 1942,
on plaça des prisonniers de guerre français qu'on amena au nombre de 20 000
hommes environ. Les prisonniers de guerre français se trouvaient également dans
de mauvaises conditions et mouraient souvent de faim et de froid. En fait foi
le cimetière de Wolkowice où de nombreux prisonniers de guerre ont été inhumés.
"Les envahisseurs fascistes allemands obligeaient les prisonniers de
guerre français à un travail au-dessus de leurs forces, les faisaient mourir de
faim, les tenaient dans des bâtiments, écuries, non chauffés et les punissaient
pour la moindre infraction au règlement du camp.
Avant de citer le nom des coupables ayant sévi à Rawa-Ruska, le rapport signale
que la commission a établi l'extermination de 41 500 personnes dans le district
de Rawa-Ruska durant l'occupation.
|
La guerre à l'Est ne doit pas, pour Hitler, se limiter à la destruction
de l'Armée rouge et la conquête de territoires. Il s'agit aussi de mener une
croisade contre les grands fléaux des temps modernes que sont le bolchévisme et
le judaïsme. Cette guerre, le Führer l'a juré, sera une guerre
d'anéantissement. Les armées du Reich devront se mettre au service de
l'idéologie nationale-socialiste en vue de la destruction de l'adversaire.
Cette radicalisation de la guerre est marquée par l'entrée en action de groupes
mobiles de tuerie, les Einsatzgruppen, chargées de "nettoyer" les
arrières de l'armée allemande, avec la coopération de cette dernière. Ces
unités spéciales relevant de l'Office Central de la Sécurité du Reich (RSHA),
la haute direction SS de Heydrich et Himmler massacreront les Commissaires
politiques soviétiques, ainsi que les membres de l'intelligentsia orientale, et
surtout les juifs. Mais ce programme d'extermination sera mené dans des
conditions chaotiques, chaque groupe de tueurs interprétant à sa manière les
directives, il est vrai assez vagues, émises par les dirigeants nazis. Il
faudra attendre le mois d'août pour qu'un semblant de cohésion intervienne dans
les exécutions, les Einsatzgruppen recevant la confirmation de la nécessité
d'éliminer, outre les juifs de sexe masculin, les femmes et les enfants.
Ces exécutions vont aboutir à la mort de plus d'un million de victimes juives,
avec la bénédiction de certains hauts-responsables de
A bien des égards, les Einsatzgruppen vont constituer le franchissement d'un
seuil de violence encore jamais atteint contre les juifs. Les nazis seront dès
lors engagés dans un processus d'extermination qui aboutira à la mise au point
des camps de la mort.
Les Einsatzgruppen font leur
apparition en Tchécoslovaquie et en Pologne en 1939. Ils suivent les arrières
de l'armée allemande et massacrent, pillent, torturent les membres de l'intelligentsia
locale afin d'empêcher un redressement futur des pays occupés. "Qui se
souvient du massacre des Arméniens ?" fera remarquer Hitler après avoir
donné ses directives à Heydrich et Himmler ?
A l'issue de l'effondrement de la France, de l'occupation de l'Europe de
l'Ouest, le Führer a enfin les mains libres (ou presque - l'Angleterre résiste
encore) pour accomplir son vieux rêve : conquérir la Russie pour y constituer
un Lebensraum, l'espace vital de la plus grande Allemagne. Le 18 décembre 1940,
il appose sa siganture au bas de la directive 21, le plan Barbarossa,
l'invasion de l'URSS.
L'invasion de la Russie ne sera pas une guerre classique. Le 30 mars 1941,
Hitler, dans son discours prononcé devant plus de 200 officiers de haut rang,
explique que la guerre qui est sur le point de se déclencher doit être comprise
comme l'affrontement entre "deux conceptions du monde opposées",
"la conception nationale-socialiste et la conception
judéo-bolchévique". Ordre a été donné de procéder à la liquidation des
Commissaires politiques de l'Armée rouge, qui risquent de poursuivre leur
propagande dans les camps de prisonniers, ainsi que de l'intelligentsia
"judéo-bolchévique." Quant aux actes délictueux commis par les
soldats de la Wehrmacht à l'égard des civils ennemis, ils ne seront pas
obligatoirement passibles de sanctions, même s'ils constituent un crime
militaire. Les chefs militaires ont reçu pour instruction d'être cléments à
l'égard de ces soldats. Ils ne seront traduits en Conseil de Guerre que "si
le maintien de la discipline ou la sécurité des forces armées nécessitent cette
mesure" (ordre du 23 juillet 1941). Les massacres planifiés, les excès
autorisés, oui, l'enfer va se déchâiner à l'Est.
Comment mettre en œuvre ce programme ? Dès le début du mois de mars, l'armée et
les SS s'engagent dans des négociations qui visent une espèce de "partage
des tâches" : le 13 mars, les "missions spéciales en vue de la
préparation d'une administration politique dans la zone de combat de l'armée
" sont confiées à Himmler, qui " agira en toute indépendance et sous
sa propre responsabilité". Le 26, le général Wagner, représentant de la
Wehrmacht, et Heydrich, conviennent que "les Sonderkommandos sont
autorisés, dans le cadre de leur mission et sous leur propre responsabilité, à
prendre des mesures exécutives contre la population civile". L'armée
fournira l'infrastructure (locaux, essence, ravitaillement, moyens de
communications). Si besoin est, il sera procédé à des échanges d'informations
entre les forces militaires et les Einsatzgruppen, mais leurs sphères de
compétence restera exclusive. Les kommandos spéciaux resteront sous la tutelle
de Heydrich. En mai, le général Wagner et le chef du contre-espionnage nazi
Walter Schellenberg parviennent à un accord définitif qui reprend ce qui a été
déjà dit, mais qui permet en outre aux unités spéciales d'opérer sur les
arrières des corps d'armées, c'est-à-dire sur le front lui-même. Avantage non
négligeable : les SS pourront avancer le plus loin possible en vue de capturer un
maximum d'ennemis politiques. Et de juifs. Le tout avec le soutien plein et
entier de l'armée. Heydrich l'a rêvé, Wagner l'a signé.
Quatre Einsatzgruppen sont créés et
chacun devra agir sur une zone délimitée :
Einsatzgruppe A
Einsatzgruppe B
Einsatzgruppe C
Einsatzgruppe D
> Prendre connaissance de la composition
exacte de ces groupes.
Chaque Einsatzgruppe est composé d'environ un millier d'hommes (au total, les
quatre groupes alignent 3.000 personnes).
Voici par exemple la composition de l'Einsatzgruppe A (990 hommes) : 340 Waffen
SS, 172 chauffeurs, 18 employés de l'administration, 35 membres du SD
(Sicherheitsdienst : Services de Sécurité de la SS), 41 membres de la police
criminelle, 89 de la Gestapo, 87 de la police auxiliaire, 133 de
l'Ordnungspolizei (Police d'Ordre, ou Orpo), 13 auxiliaires féminins, 51
interprètes, 3 télétypistes, 8 opérateurs radio.
Les dirigeants des Einsatzgruppen sont pour certains des juristes (Ohlendorf
est Docteur en Jurisprudence, Nosske a travaillé pour un tribunal avant
d'entrer au Ministère de l'Intérieur, Nebe est le chef de
Ces tueurs, quelle est l'étendue de
leur mission ? On a longtemps pensé qu'ils ont reçu l'ordre d'exterminer les
juifs soviétiques peu avant le déclenchement de
Toujours est-il que des briefings préparatoires ont lieu à Berlin et à Pretzsch
(lieu de constitution des groupes) en juin 1941. Le 17 juin, notamment,
Heydrich insiste sur la nécessité de prendre des mesures préventives contre des
"ennemis potentiels" : commissaires politiques, partisans, juifs.
Certains commandants SS, comme Rudolf Lange (Einsatzkommando 2) , ont
interprété ces ordres de manière large et ont estimé que les ordres
d'exécutions concernaient la population juive dans son ensemble. D'autres,
comme Erwin Schulz, de l'Einsatzkommando 5, n'ont pas été de cet avis, mais ont
fini par l'admettre en juillet-août.
Ainsi les ordres donnés sont ils assez vagues et donnent toute latitude
d'action aux membres des unités spéciales. Mais en l'état actuel de la
documentation, il est impossible de se faire une idée exacte des instructions
données par Heydrich.
Le 22 juin 1941, Barbarossa se déclenche. La Wehrmacht pulvérise l'Armée Rouge
et commence sa foudroyante avance qui la mènera aux portes de Leningrad, de
Moscou et du Caucase. Les Einsatzgruppen SS suivent immédiatement les armées
allemandes et se mettent au travail. Il s'agit de faire vite, avec des
effectifs somme toute limités : Heydrich a insisté pour qu'un maximum d'ennemis
politiques soient saisis, ce qui implique d'être en permanence sur les talons
de la Wehrmacht.
Au départ, les SS exécutent prioritairement les membres de l'intelligentsia
soviétique (fonctionnaires, commissaires politiques, intellectuels) ainsi que
les partisans et la population masculine juive. Des pogroms sont même organisés
en Lituanie et en Lettonie, avec moins de succès en Ukraine et ailleurs. Le 03
juillet, 1.160 juifs de sexe masculin sont exécutés à Luzk, mais de la propre
initiative du commandant du Einsatzkommando, en vue d'asseoir son autorité sur
Le 16 juillet 1941, Hitler déclare qu'il est heureux que Staline ait lancé la
guerre de partisans, car "cela nous donne l'occasion d'exterminer tous
ceux qui nous sont hostiles. Naturellement, ce vaste pays doit être pacifié au
plus tôt ; ce que nous ferons au plus vite en tirant sur quiconque osera ne
serait-ce que nous regarder de travers". Le lendemain, Heydrich ordonne à
ses tueurs de saisir à même les camps de prisonniers les personnes qui
correspondent aux critères de l'extermination.
Les Einsatzgruppen doivent faire vite tout en suivant l'armée. De sorte que des
zones entières de juifs restent épargnées provisoirement (les SS y créent des
ghettos, des conseils juifs, prennent des mesures discriminatoires comme le
port de l'étoile jaune) tandis que d'autres font l'objet de massacres. En
juillet, Himmler envoie quelques milliers de SS de plus dans les zones de la
Russie occupée et soumises à l'autorité des Reichskommissäre et des Chefs de la
Police et des SS ; soit 11.000 hommes qui seront chargées du nettoyage de ces
régions. En outre, une douzaine de bataillons de l'Ordnungspolizei, la Police
d'Ordre, autrement dit près de 5.500 policiers SS, sont confiés à l'autorité de
ces derniers. Les SS peuvent aussi compter sur un certain nombre d'auxiliaires,
majoritairement des Lituaniens et des Lettons, ainsi que quelques Ukrainiens,
pour organiser les pogroms ou participer aux fusillades.
Au même moment, les exécutions se poursuivent. Au mois de juillet,
l'Einsatzkommando 3 de Jäger a déjà exécuté 4.239 juifs dont 135 femmes. Les
fusillades se font à un rythme effréné. Ce déchaînement de violence finit par
s'étendre à tous les juifs en août, y compris les femmes et les enfants. La
tâche des Einsatzgruppen va s'élargir en vue de l'accomplissement d'un
véritable génocide.
Le chapitre le plus sombre de l'entreprise
"Ems-Chemie"
Le 26 septembre, une majorité des électeurs
suisses suivait les consignes de l'UDC et rejetait deux projets de loi
concernant la simplification de la naturalisation d'étrangers de deuxième et
troisième génération. Plutôt que d'analyser ce comportement, nous préférons
revenir sur l'origine de la fortune de l'entreprise Ems-Chemie de Christophe
Blocher, leader de l'UDC. L'article ci- après est paru en 2002 sur
OnlineReports, un magazine internet, peu avant l'élection du député Blocher au
gouvernement fédéral.
Depuis 5 ans, le député UDC Christoph Blocher se bat contre toute excuse ou
compensation de la Suisse pour son rôle durant le nazisme. Mais on apprend
aujourd'hui, grâce aux recherches de OnlineReports, que c'est précisément
l'entreprise Ems-Chemie de Blocher – ex Holzverzuckerungs AG (HOVAG) – qui a
largement profité après la seconde guerre mondiale du savoir-faire d'un homme,
Johann Giesen, qui était directeur à Auschwitz à l'époque nazie.
Selon un ancien employé d'Ems-Chimie, Johann Giesen se comportait "comme un général" dans
l'entreprise. Un autre employé le décrit comme un homme "très éduqué, cultivé et très comme il
faut". En tous cas, tous les interlocuteurs sont unanimes:
baroudeur ou capitaine d'industrie respectable, le chimiste allemand a joué,
après la guerre, un rôle central à Ems-Chemie en tant que directeur de
recherche.
Giesen,
directeur à Auschwitz
Johann Giesen était venu en Suisse avec Werner Oswald,
fondateur d'Ems-Chimie et père spirituel de Blocher, et l'avait aidé à
transformer l'usine de carburants à usage militaire d'Ems en une entreprise
chimique moderne. Son expérience auprès d'IG Farben l'avait beaucoup aidé dans
cette tâche. Pendant la guerre, sa fonction la plus importante était la
planification et le contrôle des nouvelles chaînes de production d'Auschwitz où
IG Farben construisait une nouvelle et gigantesque entreprise de chimie. Dans
ce lieu d'extermination, le plus grand de ceux construits par les Nazis,
l'entreprise marchait sur les cadavres durant les travaux: plus de 30.000
prisonniers du camp de concentration trouvèrent la mort sur ce chantier.
Directeur de l'usine IG Farben Leuna, en Allemagne de l'Est, Giesen visita
souvent Auschwitz dans les années 1941-1944 et assista à de nombreuses réunions
de chantier sur place. Il était expert de la production du méthanol qui était
utilisé par l'armée allemande pour la fabrication de carburant pour les avions
et comme produit de base des explosifs. Les chimistes et ingénieurs de Leuna
étaient responsables de cette unité dans la nouvelle usine.
Höss,
commandant d'Auschwitz, invité à la fête
Pendant l'été 1942, Johann Giesen s'engagea fortement pour la
mise en route accélérée de la production de méthanol à Auschwitz en demandant
aux autorités nazies une augmentation en matériel de construction et en
main-d'œuvre. Voici un extrait du compte-rendu de la réunion de chantier du 24
août 1942: "Selon le vœu du Dr Giesen,
il faut voir s'il est possible qu'Auschwitz puisse produire du méthanol dès le
milieu de l'an prochain avec une unité, et deux mois plus tard avec une seconde
unité. Si ceci est possible, une très fort soutien des plus hautes instances
serait assuré". Mi-octobre 1943, le premier wagon de méthanol
quittait Auschwitz. C'était pour IG Farben une occasion pour organiser une fête
à laquelle fut convié le commandant du camp de concentration d'Auschwitz Rudolf
Höss. Au même moment, à quelques kilomètres de là, dans le camp de
concentration de Auschwitz-Birkenau, la machine à exterminer des Nazis
fonctionnait à plein régime. Jusqu'à l'évacuation du camp en janvier 1945, au
moins 1,1 million de personnes – juives, pour la plupart – y ont été exécutées.
Lors de ses visites à Auschwitz, Johann Giesen ne pouvait pas ne pas sentir lui
aussi l'odeur sucrée de la fumée des crématoires qui couvrait toute la région
de Birkenau. Il le déclara même après la guerre au procès de Nuremberg,
lorsqu'il fut interrogé par un tribunal militaire américain, lors du procès
d'IG Farben. Mais Giesen certifia qu'il n'avait jamais rien su des activités
criminelles des Nazis: "Je n'ai jamais
entendu parler d'extermination ou de tels forfaits commis sur des prisonniers
du camp de concentration d'Auschwitz, que ce soit directement ou par les
témoignages d'autres personnes". Giesen avait toutes les
raisons de jouer les ignorants: depuis 1944, il était responsable du chantier
et du fonctionnement de l'ensemble de la production de carburants à Auschwitz.
Il était entre autre responsable de l'embauche des prisonniers du camp de
concentration pour le chantier d'IG Farben.
L'entreprise de méthanol construite par Giesen était très importante pour l'économie
de guerre: pendant sa retraite après le tournant de la guerre, l'armée
allemande avait un besoin urgent de carburant et de munitions. En 1944, IG
Farben produisit à Auschwitz environ 29.000 tonnes de méthanol, environ 15% de
la production totale allemande. Le succès de Giesen fut récompensé: en
septembre 1944, il reçut la proposition de diriger toute la production de
méthanol dans l'organisation nazie d'économie de guerre. Il déclara qu'il était
"évidemment prêt" à
assumer cette charge. Il continua sa carrière sous le Troisième Reich, même
lorsque la fin d'Hitler n'était plus qu'une question de temps.
Giesen réussit sans problème sa reconversion après la
capitulation allemande en
Oswald était à la recherche du savoir-faire technique nécessaire pour
moderniser son entreprise de production aux Grisons. Giesen procura non
seulement les connaissances en chimie pour la production de plastiques mais
aussi une série de grands spécialistes d'IG Farben Leuna. Il n'informa pas de
ces transactions les autorités d'occupation britanniques.
Fin 1949, les Britanniques eurent vent des contacts de Giesen avec
Le savoir-faire
nazi sauve Ems-Chemie
La coopération avec Giesen fut fructueuse pour l'entreprise
d'Oswald. La production de carburants était devenue superflue et non rentable
après
Sur ses activités au sein d'IG Farben, l'entreprise de Blocher n'a à ce jour
pas soufflé mot.
Lukas Straumann, Florian Schmaltz*
* Lukas Straumann est historien et journaliste free-lance à Berne. Il est
co-auteur du rapport Bergier "Les
entreprises suisses de la chimie dans le Troisième Reich".
Florian Schmaltz est historien à Berlin et auteur de diverses publications sur
IG Farben. Il travaille aujourd'hui à l'institut Maxé Planck à un projet de
recherches sur
IG Farben à
Auschwitz
La construction d'une usine chimique, dont le coût est estimé
à 776 millions de marks de l'époque, en plein cœur d'Auchwitz symbolise jusqu'à
nos jours la participation active de l'économie allemande aux crimes nazis.
Pour construire sa gigantesque usine destinée à produire du combustible, le caoutchouc
synthétique "Buna" et des gaz toxiques, l'entreprise IG Farben a
collaboré étroitement avec les SS. IG Farben a été la première entreprise
allemande à employer des détenus comme force de travail. Pour loger ses
"employés", le trust avait financé la construction d'un camp de
concentration sur son terrain: le camp de Monowitz (Auschwitz III).
La famine chronique, les conditions de travail extrêmement dures et le manque
total de soins médicaux faisaient de la vie à Monowitz un véritable enfer. Plus
de 30.000 détenus ont payé de leur vie leur exploitation par IG Farben. Leur
durée de survie moyenne n'excédait pas quelques mois, voire quelques semaines.
Sur ordre d'IG Farben, les SS triaient régulièrement les prisonniers pour
écarter ceux dont le rendement n'était pas suffisant, ce qui était synonyme
d'une mort certaine. Ils étaient alors amenés à Auschwitz Birkenau et éliminés
dans les chambres à gaz.
Lorsque l'armée rouge libère Auschwitz en janvier 1945, la construction de
l'usine d'IG Farben n'est toujours pas terminée. En effet, seul le méthanol
connut une production importante dans cette usine; le chimiste Johann Giesen,
qui devait devenir directeur de recherche à Ems, était le responsable de ce
département.
A la fin de la guerre, le tribunal de Nuremberg demanda des comptes à la
direction générale d'IG Farben concernant les crimes de guerre et les crimes
contre l'humanité. L'un des chefs d'accusation principaux concernait la
responsabilité de l'entreprise dans la mort des détenus du camp de concentration,
lors de la construction de l'usine d'Auschwitz.
Le 30 juillet 1948, plusieurs directeurs d'IG Farben, dont Heinrich Bütefisch,
supérieur direct de Giesen, furent condamnés à plusieurs années de réclusion.
LS et FS
Christophe Blocher, le propriétaire
de Ems-Chemie, est rarement si avare de paroles. Interrogé sur la carrière à
Auschwitz de l'ex-directeur de recherche à Ems, le Dr Johann Giesen, Blocher ne
se laisse arracher que cette réponse lapidaire: "Le Dr Giesen a travaillé à Ems avant mon temps, dans le secteur
chimie des polymères qui fabriquait la matière première pour des fils de
synthèse et les fils eux-mêmes. Je suis entré à l'Usine d'Ems en 1969 en tant
qu'employé à mi-temps. C'est pourquoi je ne suis pas en mesure de vous
répondre".
Par ailleurs, Blocher rétorque que tous les faits reprochés à Giesen
lui sont inconnus. Blocher a manifesté substantiellement plus de penchant pour
l'histoire lors du débat en mars 1997 sur les biens juifs en déshérence et sur
les relations commerciales entre la Suisse et l'Allemagne Nazie. A cette
époque, il avait déclaré devant le Parlement: "Je
me réjouis que les politiques trouvent enfin nécessaire de discuter sur le
passé". Il s'agirait "d'une
époque si exceptionnelle" qu'il serait difficile "de ne pas s'en préoccuper en permanence".
Blocher a également laissé entendre qu'en tant qu'industriel, il
s'intéresserait à l'histoire de l'économie. On cherche pourtant en vain chez
Blocher le moindre début de commencement de préoccupation auto-critique
concernant l'histoire de sa propre entreprise.
Dans son discours "La Suisse pendant la deuxième guerre mondiale – une
clarification", Blocher vitupérait contre "le soi-disant travail sur
l'histoire", contre ces "prétentieux,
hypocrites et autres moralistes", il entendait par là les
intellectuels critiques et "les
organisations juives qui nous réclament de l'argent". Il s'est
opposé au "Fonds Holocauste" en faveur des victimes des persécutions
nazies.
Pendant la campagne électorale pour le Conseil National de 1999, la publication
d'une lettre de remerciement de Blocher pour l'envoi de la publication
révisionniste "Du déclin de
Christoph Blocher refuse de reconnaître toute dette de la Suisse pour son rôle
durant le nazisme, et donc toute indemnisation financière, ce qui explique son
opposition à la Fondation de Solidarité créée en 1997 par l'ex-président de la
Suisse, Arnold Koller.
Lukas Strauman
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