Les pays de l'Est européen, du « socialisme réel » d'autrefois, avec ses ombres et ses lumières, au capitalisme d'aujourd'hui, et ses risques de guerre
COMPTE-RENDU DU DEBAT

mis à jour le : 22 Août, 2019

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Ce débat public a été organisé par le Collectif communiste Polex le samedi 26 Novembre 2016 après midi à l’espace Maymana de Saint Ouen.

Il avait pour thème : Les pays de l'Est européen, du « socialisme réel » d'autrefois, avec ses ombres et ses lumières, au capitalisme d'aujourd'hui, et ses risques de guerre. Les interventions introductives de 10 à 15 minutes étaient suivies par des questions du public.

Se sont succédés en première partie avec Bruno Drweski, comme modérateur
Magdalena Kobierska, sociologue des sociétés de « l'Est »
Piotr Ikonowicz : un militant polonais hier et aujourd’hui
Pierre Thorez, géographe, les pays issus de l'ex-URSS

en deuxième partie avec Pierre Lenormand, comme modérateur
Charles Hoareau (ANC), syndicaliste : syndicats est-européens, hier et aujourd'hui
Francis Arzalier (Polex) : Communistes français et « Pays de l'Est »
Bruno Drweski : Que nous enseigne « l'Est européen »

Ces différentes interventions seront publiées à réception sur le site du collectif Polex. Dans cette attente voici quelques réflexions sur l'esprit des débats. Ils ont fait ressortir beaucoup d'interrogations et une grande modestie chez les participants dans l’interprétation et l'analyse des faits historiques et des événements plus récents qui se sont déroulés dans l’Est de l’Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ont été évoqué les hésitations du pouvoir stalinien dans l'exportation d'un modèle dans les territoires occupés par l'armée rouge pour finalement l'imposer dans les années 49-50 à l'ensemble de ce qui va s' appeler le bloc de l'Est.
Une économie intégrée se forme peu à peu (le COMECON), laissant parfois se développer à l'intérieur des  expériences « plus libérales et autorisées » comme en Hongrie. Ces systèmes tiennent grâce aux succès remportés par les partisans (pas forcement tous des communistes) contre l’occupant nazi. Comme à l'Ouest un désir de changement sociétal plus social et égalitaire (besoin de gauche) apparaît parmi les masses populaires. Un immense travail de reconstruction a été accompli avec le passage, pour beaucoup d'individus, d'une société agraire arriérée à une vie urbanisée avec l'éducation, la culture et la santé...

Malgré ces avancées, les succès apparents de l’économie libérale de l'ouest accroissent des désirs consuméristes... les communications et l'information commencent à se mondialiser. Les planifications rigides de l’après-guerre ne peuvent pas suivre un capitalisme occidental souple et dopé par l'aide américaine. Ce développement à l'ouest, tant économique que culturel, devient de plus en plus hégémonique sur le plan idéologique. Les situations se complexifient encore dans les années 80 avec les grandes grèves ouvrières organisés en Pologne par le syndicat Solidarnosc.
Pourtant, à l'époque, personne ne remet en cause la propriété collective des biens de production mais nous assistons à une marche vers l'illusion d'une « démocratie ouvrière » qui s’affranchirait de toute contingence économique. La suite, nous la connaissons...

C'est la trahison des leaders ouvriers sous l'influence notamment de l’église puis les grandes privatisations des années 90 organisées par un économiste, membre du parti, formé à … Chicago ! Ces événements, concomitants, avec le grand retournement de l’élite Gorbatchevienne, vont contribuer à former sous Eltsine la nouvelle classe des oligarques qui liquidera l’expérience du « socialisme réel » à l'Est de l'Europe...
Avec la chute du mur nous basculons dans un capitalisme débridé et sans complexe avec la conquête de l'Est européen par les multinationales à la recherche de nouveaux marchés. La grande régression sociale s’amplifie avec l'effondrement de toute les structures de protection des travailleurs.

Cependant, depuis une dizaine d'années nous assistons à un nouveau balancement des républiques qui constituaient l'URSS entre la soumission totale à l'occident et le retour vers une coopération avec la Russie (Arménie, Kazakhstan...) mais des fractures attisées par l'occident peuvent aller jusqu'à la guerre comme en Georgie et en Ukraine... Il a été évoqué comment les mots et le vocabulaire sont piégés : communisme, socialisme, social démocratie, droite extrême, gauche, social démocratie, n'ont plus pour les larges masses leur sens premier. Nous avons, dans la Pologne actuelle, une extrême-droite nationaliste qui se retrouve à prendre des mesures « anti-pauvreté » contre le néolibéralisme amené par des sociaux-démocrates issus de l'ancien parti ouvrier. Elle rétablit par exemple un semblant de salaire minimum mais un capitalisme sauvage s’exerce sans plus aucun garde-fou ni contre-pouvoir syndical et l'immigration à l'ouest devient l'échappatoire pour la jeunesse.
Partout il reste à reconstruire un mouvement révolutionnaire crédible qui retrouverait la confiance de larges couches de la population. La terrible régression sociale qui a touché l’Europe de l'Est n'est pas que la malédiction des ex-pays soviétiques ; des pays de l'ouest, comme la France, peuvent se retrouver rapidement ,si nous n'y prenons pas garde, dans des situations comparables. Telle peut être la conclusion rapide de ce riche après midi de débats.

Jean-francois Loubiere

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