LE CANDIDAT DE L'IMPéRIALISME AUX éTATS UNIS D'AMERIQUE

mis à jour le : 22 Août, 2019

envoyer à un ami  recommander à un ami

Chaque fois que tous les quatre ans revient à Washington l'échéance électorale, on peut faire à Paris ou Limoges le même constat: les hommes et femmes qui contrôlent nos "informations" télévisées par la grâce du capital privé ou de l'état PS tiennent la France pour une province un peu attardée des Etats-Unis d'Amérique. Durant des mois, nous sommes abreuvés du fonctionnement des primaires démocrates et républicaines jusque dans le moindre état du Far-West, puis des dits et non-dits de chacun des candidats, de leurs foucades, leur santé...Un façon de nous dévoiler les vertus d'un grand cirque politicien présenté comme un idéal de démocratie, alors même qu'il ne passionne qu'un électeur sur deux aux USA. Une façon aussi d'inculquer à l'opinion française que le choix de cet homme ou cette femme va déterminer notre avenir à tous...

Il est vrai que grâce à nos politiciens, de Sarkozy à Hollande en passant par les actionnaires du CAC 40, la dissolution de la nation française dans le grand bain culturel d'outre-Atlantique est déjà bien avancé, du modèle pseudo-monarchique à la xénophobie communautaire, du sabir anglophone internet au déclin des solidarités de classe. Rien de nouveau, ce rouleau compresseur mondialiste né du capitalisme actuel a déjà atteint des sommets périodiques. Lors de l'élection d'Obama à la tête des Etats-Unis, en 2008,la grande presse de "gauche" française se répandait en illusions dithyrambiques: " cet homme peut changer le monde" (l'Express); il est "le vrai génie de l'Amérique" (Nouvel Obs); " l'Amérique entame sa rédemption" (Marianne); "l'avenir change de camp" (Libération).

Ce florilège bêtifiant faisait force de loi, nous fûmes alors peu nombreux à dire que l'impérialisme étatsunien existerait toujours, malgré la couleur de peau du préposé à la Maison Blanche, ce que l'avenir démontra amplement, du Moyen-Orient à l'Ukraine, en passant par Cuba et Guantanamo, où croupissent encore aujourd'hui des prisonniers sans jugement.

2016 a amené nos "informateurs" à psalmodier une autre antienne américaine, ersatz renouvelé d'une " démocratie" qui se moque du peuple. On nous sert tous les soirs a l'heure du repas le combat acharné de deux aspirants-présidents , Trump, le fort en gueule milliardaire, suffisant et xénophobe, et Hillary Clinton, la professionnelle du pouvoir, tailleur sélect et sourire figé. Le premier multiplie les propos provoquants, nourris de racisme anti-Musulman ou anti-Latino, de mépris machiste et anti-intellectuel: Il sait que ce discours draine des millions de " Petits Blancs " malmenés par un capitalisme qu'ils ne comprennent pas, comme en 1933 celui des Nazis recrutait les chomeurs allemands dans la SA. Hillary, elle, peine a faire oublier qu'elle est l'incarnation de cette bourgeoisie huppée qui prétend gouverner le monde, et néglige les multiples poches de pauvreté qui parsèment les USA. Le scénario électoral est organisé pour permettre l'élection de celle qu'ont choisie les vrais patrons de l' " establishment " économique et politique. Et la bonne volonté réformatrice de tous ceux qui ont espéré en Bernie Sanders, qui allait ( horreur! ) jusqu'à se dire socialiste n'y changera rien. La candidate démocrate et son bilan n'ont rien pour enthousiasmer les quartiers populeux de Chicago ou Los Angeles. Mais qui voudrait risquer de confier le titre de maître putatif du monde a un Dupont-Lajoie vociférant et ignare?

Les soutiens de Sanders iront pour la plupart voter pour Hillary. C'est dire a quel niveau de falsification est parvenu le système politique étatsunien, que Jefferson inventa au dix-huitième siècle comme un succédané de la monarchie britannique, et que les télévisions françaises s'obstinent à nous présenter comme un exemple de démocratie à imiter. Ils n'ont aucun mal à souligner les turpitudes de Trump: c'est pour eux la meilleure façon de valoriser Hillary Clinton, en omettant soigneusement de rappeler son bilan, en tant que responsable de la diplomatie des USA, et son programme national et international aujourdhui. Car si son concurrent est un dangereux démagogue, Hillary présidente ne sera en rien la panacée que nous suggèrent avec servilité les maîtres des médias.

D'abord parce qu'elle sera la dirigeante, désignée par ses sponsors du capitalisme des états Unis d'Amérique, l'Impérialisme majeur, le " gendarme du monde ": le budget US en matière militaire et d'espionnage représente à lui seul près de 50 pour cent des dépenses mondiales, avec 583 milliard de dollars. Cela lui permet d'essaimer des troupes et des bases sur quatre continents, et de nourrir des foyers de guerre à l'est de l'Europe, au Moyen Orient, en Afrique, en Asie et même en Amérique. A titre de comparaison, faut il rappeler que la France, et c'est fort regrettable, de faire la guerre au Maghreb, et en Irak, d'armer l'Arabie Saoudite qui envahit le Yémen, et d'entretenir l'arme nucléaire, a un budget militaire de 32 milliards d'euros, 10 fois moins que les USA! Par ailleurs, Hillary Clinton ne cache pas aujourdhui encore rejoindre les " faucons " de Washington, qui se fixent toujours comme objectif la disparition au Moyen Orient de l'état national syrien après celui d'Irak, et l'élimination dans la région de l'influence russe, y compris s'il le faut par les bombes et les tueries au sol.

La présidente Hillary Clinton sera t'elle la " declencheuse " de la IIIeme Guerre mondiale nucléaire, dont une partie de " l'Establishment " étatsunien continue de rêver? Ce risque n'est pas sûr, l'action résolue des peuples peut l'empêcher, comme ce fut le cas à plusieurs reprises au XXeme siècle. Mais c'est possible, bien réel, et cela doit suffire à nous alarmer, et à agir pour que la France sorte de l'OTAN et de sa servilité atlantiste.

Francis ARzalier

L'analyse précédente a été rédigée plusieurs semaines avant le vote, alors que Hillary Clinton était donnée gagnante par tous les sondages. Nous n'avons rien à y changer, sa défaite est d'abord le reflet du mécontentement social contre la politique intérieure et internationale de l'Establishment. Certes,Trump est un démagogue, et ses promesses de campagne protectionnistes et non-interventionnistes n'engagent que ses électeurs, et guère lui-même devenu Président. Car il reste une réalité du capitalisme mondialisé, dont celui des états Unis sont le leader: L'Impérialisme existe toujours, et va persister à vouloir diriger le monde depuis Washington, avec autant de risques pour la paix et la liberté des peuples.

Francis Arzalier le 9 novembre 2016

Accueil  Stratégie  sommaire