A propos d' une déclaration du département international de la CGT au sujet de condamnations de militants d’ONG en Chine

mis à jour le : 22 Août, 2019

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Je viens de prendre connaissance de la déclaration du département international de la CGT au sujet de condamnations de militants d’ONG en Chine. Elle est fidèle aux prises de position précédentes ! Tout particulièrement sur les manifestations “pro démocratie” et autre “Mouvement des parapluies “à Hong Kong en 2014, animés par des ONG grassement payés par les USA en particulier à travers le NED c’est à dire le “National Endowment for Democracy” institution créé par Ronald Reagan en 1983 “pour servir de substitut” à la CIA.

Fidèle aux théories de Gene Sharp, le NED est un instrument au service de la stratégie américaine des “révolutions de couleurs” dont un des plus récent avatar a été les évènements en Ukraine qui ont permis un coup d’état qui a installé au pouvoir l’ultra libéralisme avec le soutien de néo Nazis sous la houlette de l’ambassade des USA . Il n’y a aucune raison valable à cette prise de position sauf le suivisme du département international de la CGT vis à vis de la CES et de la CSI, ces deux organisations hystériquement anti communiste et anti chinoise.

Une nouvelle fois c’est là une question d’indépendance qui se pose. La CGT ne serait elle plus capable de s’exprimer par elle même sur l’Europe ou l’International, à partir de l’expérience qui est la sienne? Si l’on s’en tient à cette nouvelle déclaration on ne saura rien d’autre que des noms qui sont cités. On ne sait rien de l’organisation à laquelle ces « militants » appartiennent. On apprend qu’ils ont été condamnés à des peines avec sursis, lourdes peines dit la déclaration, les militants de Goodyear et d’Air France apprécieront.

On sait également que l’organisation concernée n’est pas un syndicat mais une ONG dont on ne sait pas le nom ni ce qu’elle représente. Le mouvement syndical chinois qui n’a pas d’affiliation internationale représente plus de 100 millions d’adhérents. On peut donc difficilement contesté cette réalité à moins de vouloir prétendre mais au nom de qui et de quoi que le syndicalisme en Chine serait non représentatif.

Puisqu’il s’agit d’une ONG il est intéressant de se reporter au bilan des aides financières que celles-ci reçoivent en toute Independence de la part des institutions américaines. Ainsi par exemple vis a vis de ces ONG chinoises a vocation sociale et syndicale, le NED a versé officiellement plus de 3,5 millions de $ pour l’exercice 2015. Pour connaitre la liste des heureux bénéficiaires de la générosité de l’oncle Sam il suffit de se reporter au site du NED pour découvrir l’ampleur des financements de projets qui mettent directement en cause la souveraineté de la Chine, son indépendance et le libre choix de ses citoyens comme de ses travailleurs.

Comme on peut l’imaginer il s’agit là de la partie immergé de l’iceberg, celle officiellement reconnu par les Etats Unis. Le NED est financé directement par l’administration US et d’importantes sociétés transnationales comme Goldman and Sachs, Boeing, Google, Chevron, Coca Cola, Microsoft,etc, A travers le département d’état ses fonds sont gérés par les deux partis républicain et démocrate, et le syndicat AFL CIO a travers sa fondation l’ACILS, pilier de la CSI, . On compte dans le conseil d’administration du NED plusieurs représentants des courants ultra conservateurs américains comme l’ancienne secrétaire d’état de Georges Bush : Condolezza Rice ou Franck Carlucci ancien patron de la CIA. Henry Kissinger, Paul Wolfowitz, Zbignew Brzezinski qui ont joué un role determinant dans la destabilisation de nombreux états, les changements de regime, les ingerences à travers le monde ont appartenu au conseil d’administration du NED. Cette institution constitue une des armes privilégiés pour la mise en oeuvre de leurs entreprises de déstabilisation.

Voila en quelle compagnie se retrouve la CSI et la CES, ce qui en soit n’est pas une découverte quand l’on sait que cette dernière est financée a hauteur de 75% de son budget par les institutions de l’Union Européenne. On attend encore de la part de ces deux organisations, un quelconque soutien aux militants de la CGT qui sont les victimes de la répression, sans parler de ceux visés par la multiplication d’actions en justice et des menaces de peines de prison ferme sous la pression du gouvernement et du patronat.

Qu’il se pose des problèmes sociaux en Chine, ce pays continent de plus 1,4 milliard d’habitants, comment pourrait il en être autrement?

Le problème c’est que la CGT devrait en débattre avec les interessé c’est à dire les syndicats chinois, mais dans ce cas comme dans d’autres elle ne le fera pas parce qu’elle préfère s’en tenir a ce que la CSI ou la CES lui recommande de faire.

Plutôt que d’avoir maintenu avec les syndicats de Chine des programmes de coopération et de travail comme cela était le cas jusqu’a la fin des années 90, le département international de la CGT a fait le choix de renoncer a cette relation pourtant si riche qui permettrait pourtant de disposer d’informations pertinentes sur la situation concrète.

Enfin, il faut souligner que cette déclaration de la CGT sur la Chine est en contradiction avec l’histoire prestigieuse des relations que celle-ci entretenait depuis presqu’un siècle avec le mouvement ouvrier chinois. Faut il rappeler qu’entre autre Chou En Lai, et Teng Xiaoping furent des militants de la CGT.

Les raisons de ces renoncements en sont simples: d’une part les obligations strictes qui découlent des affiliations internationales a la CES ou a la CSI ne permettent pas la libre expression, pas plus celle de la CGT que d’autres organisations. Comme l’a montré le 51e congres confédéral cette situation pénalise grandement l’action indépendante de la CGT et est de plus en plus contesté dans ses rangs. D’autre part il s’agit là d’une incontestable ignorance des réalités du syndicalisme international et des défis auxquels celui ci est confronté. La CGT devrait trouver les moyens d’en tirer les conséquences.

Cela souligne une fois encore qu’en abandonnant la bataille en faveur d’un renouveau du syndicalisme international au nom d’un prétendue syndicalisme rassemblé au plan européen et mondial, la CGT à pris le risque de s’installer dans un positionnement qui ne peut nuire qu’a sa crédibilité et son identité.

Jean-Pierre Page

Le communiqué de la CGT

La CGT condamne le lourd verdict contre les militants ouvriers chinois
Arrêtés le 3 décembre 2015 et emprisonnés depuis le 5 décembre 2015, Zeng Feiyang, Zhu Xiaomei et Tang Huanxing, militants ouvriers actifs d’ONG du travail dans la Province du Guangdong, dans le sud de la Chine, ont été condamnés lourdement, le 26 septembre 2016, dans le cadre d’un procès éclair.
Zeng Feiyang, directeur d’un Centre d’aide ouvrier, est condamné à 3 ans avec sursis et 4 de mise à l’épreuve, Zhu Xiaomei et Tang Huanxing à 18 mois avec sursis et 2 ans de mise à l’épreuve – une mise à l’épreuve qui limitera largement leurs activités professionnelles.
Fin 2015, ils avaient été interpellés avec une quinzaine d’autres militants et dirigeants d’ONG du travail qui ont depuis lors été libérés avec ou sans condamnation. Pendant des mois, ils ont été privés de tout contact avec leur famille et leurs avocats. Meng Han, également militant dans une ONG du travail, arrêté le même jour, attend toujours son procès.
Zeng Feiyang, Zhu Xiaomei et Tang Huanxing ont été condamnés pour « trouble à l’ordre social » c’est-à-dire pour avoir soutenu et aidé les ouvriers chinois à faire entendre leur voix et à défendre leurs droits.
La CGT rappelle que la Chine n’a toujours pas ratifié les conventions 87 et 98 de l’OIT.
La CGT est très préoccupée par ces condamnations dans un contexte de criminalisation de l’action syndicale dans de nombreux pays du monde. Elle renouvelle sa solidarité aux ONG du travail et aux travailleurs chinois.
Montreuil, le 28 septembre 2016  Accueil  Dossier  sommaire