AMéRIQUE "latine": LE JEU DE BILLARD DE L'IMPéRIALISME YANKEE

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mis à jour le : 22 Août, 2019

Tout au long du XXeme siècle, les états Unis devenus grande puissance industrielle et militaire, ont proclamé que le reste du continent d'Amerique et ses peuples était son pré- carré:il leur était du d'en exploiter les richesses, agricoles ou minières, d'en diriger les lois et les gouvernements, corrompus ou dictatoriaux, quitte à les réimposer à leurs peuples par une intervention militaire: Marines et canonnières étaient là pour ça. Quand les citoyens élisaient un patriote honnête comme Allende au Chili, il suffisait à la CIA d'organiser avec l'aide des opposants locaux le chaos social, et un quelconque Pinochet rétablissait l'Ordre impérial et la religion du marché, sur quelques milliers de cadavres....

Une île cependant avait réussi des 1960 à conquérir les armes à la main le droit de choisir son destin: Cuba, avec Fidel Castro et ses Barbudos, son peuple courageux et le soutien d'une lointaine URSS, a réussi à expulser truands et affairistes états-uniens et leurs soutiens locaux, et à proclamer une société socialiste, égalitaire et patriote, malgré les USA. Elle l'a payé de 50 ans de blocus économique et politique, de multiples tentatives de subversion et d'invasion, d'autant plus graves que l'URSS s'effondrait en 1990.

Mais Le peuple Cubain résista, en souffrant, car heureusement le monde changeait peu à peu, et d'abord cette Amérique dite" Latine", parce qu'on y parlait espagnol, portugais ou francais, a côté des langues indigènes. à partir de la fin du siècle, un vent impétueux de contestation progressiste emporta la plupart des peuples d'Amerique, alors même que ceux d'Europe s'enfonçaient dans une véritable contre-revolution conservatrice. Ce vent nouveau fit éclore des gouvernements désireux d'indépendance nationale, d'arracher aux capitalistes étrangers les richesses de la Nation, d'en faire profiter la majorité paysanne et ouvrière, les pauvres et les " Indiens " jusque là méprisés. Chavez au Venezuela, Morales en Bolivie, Lula au Brésil, et même Cristina Kirchner en Argentine, nationalisaient les ressources, et employaient enfin les bénéfices des puits de pétrole et des mines à vaincre la misère, la maladie et l'analphabétisme, à la grande fureur des politiciens et milliardaires de Washington, de Caracas, et de Rio.

Le mouvement peut sembler aux naïfs parmi nous irrésistible, certains crûrent même y déceler le début d'un " socialisme du XXIeme siècle ", les prémices d'une " nouvelle Internationale des Peuples ": c'était négliger un peu vite que ce mouvement était disparate, mélange de révolutionnaires authentiques, et de Nationalistes et Réformistes enclins aux compromis, et qu'un opposition locale persistait, influente dans la bourgeoisie et les médias; c'était surtout oublier que l'impérialisme US était toujours aussi fort et actif, quitte à adapter ses méthodes en fonction du rapport de forces, et que la marche de l'histoire n'est jamais unidirectionnelle, qu'elle peut connaître des retours en arrière.

L'offensive des stratèges du " Monde Libre "( comme le nomment les partisans du capitalisme ) contre l'ébullition progressiste américaine au XXIeme siècle, reposa sur le constat que les états trublions, rétifs à la" religion du Marché",tiraient l'essentiel de leurs ressources de leur production de sources d'énergie ( pétrole ou gaz ) ou minerais, dont le rapport permettait de couvrir les importations nécessaires au quotidien: faiblesse insigne, héritée de siècles de sous-développement et de domination étrangère. Il suffisait donc aux états-uniens, qui contrôlent les fluctuations des cours mondiaux du pétrole et du gaz avec leurs compères Saoudiens, de provoquer délibérément l'effondrement, diminuant ainsi d'une bonne moitié en quelques mois les ressources du Venezuela. La population y fut ainsi réduite à une inflation galopante, aux pénuries des produits les plus quotidiens, et aux diatribes vengeresses de l'opposition libérale, subitement déguisée en défenseur des déshérités. Le résultat fut celui attendu dans les bureaux de Washington et les salons de Caracas: le 6 novembre 2015, les elections qui avaient jusque là donne quitus à Chavez et son successeur Maduro ont envoyé au Parlement 70 pour cent de députés de Droite. Cet échec, dont on ne peut encore peser toutes les conséquences, n'était pas un éclair dans un ciel américain sans nuages: Peu auparavant, une majorité " libérale " a vaincu dans les urnes Cristina Kirchner, et le Brésil est agité de manifestations dirigées par la Droite.

L'effondrement espéré par Washington de l'expérience socialiste au Venezuela a des objectifs continentaux, ceux de l'Imperialisme américain, qui renouvelé en Amerque la vieille théorie des dominos. théorie revendiquée par les stratèges militaires et économiques de l'Occident, et des EtatsUnis : l'ennemi principal, irréductible depuis 50 ans, le régime socialiste Cubain, asphyxie par la disparition de l'aide de ses alliés, vénézuéliens et autres, n'aura plus comme solution que s'en remettre au bon vouloir du " Grand Ami " Yankee, et à se convertir au grand marché capitaliste mondial. Ce projet ne relève d'aucune obsession complotiste, il a été souvent affirmé par les responsables de la CIA, comme d'ailleurs celui états-unien de " remodeler le Moyen-Orient" pour mieux le contrôler, au détriment des états nationaux trop rétifs,Iran,Irak, Syrie. Les opposants " libéraux " cubains ne s'y trompent pas. Certains, comme Yoani Sanchez, blogueuse qu'adorent nos médias occidentaux, ont frétille de joie à l'issue des elections de Caracas: " Le Venezuela voit déjà la sortie et il emporte avec lui une île qui n'ose pas encore arrêter les coups d' un gouvernement violent, claquer la porte et commencer une nouvelle vie. " ( 14 y médio, La Havane, 7/12/2015).

Le repérage des objectifs de l'Imperialisme ne signifie en aucun cas qu'ils vont réussir, les peuples d'Amerique en décideront. Ils le feront y compris en corrigeants d'éventuelles erreurs, qui ne relève de personne d'autre que d'eux mêmes: nous serions mal venus de nous poser en donneurs de leçon, alors que nous nous révélons pour l'instant incapables de revivifier la mouvance progressiste française, et de limiter l'expansion de l'extrême-droite xénophobe. Notre seul impératif est de réaffirmer notre solidarité avec les révolutionnaires d'Amerique, et nous le ferons efficacement en luttant dans notre pays contre le capitalisme, et l'impérialisme occidental qui inspirent nos dirigeants.

Francis Arzalier

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