AMéRIQUE "latine": LE JEU DE BILLARD DE L'IMPéRIALISME YANKEE
Tout au long du XXeme siècle, les états Unis devenus
grande puissance industrielle et militaire, ont proclamé que le
reste du continent d'Amerique et ses peuples était son pré- carré:il
leur était du d'en exploiter les richesses, agricoles ou minières,
d'en diriger les lois et les gouvernements, corrompus ou dictatoriaux,
quitte à les réimposer à leurs peuples par une intervention militaire:
Marines et canonnières étaient là pour ça. Quand les citoyens élisaient
un patriote honnête comme Allende au Chili, il suffisait à la CIA
d'organiser avec l'aide des opposants locaux le chaos social, et
un quelconque Pinochet rétablissait l'Ordre impérial et la religion
du marché, sur quelques milliers de cadavres....
Une île cependant avait réussi des 1960 à conquérir
les armes à la main le droit de choisir son destin: Cuba, avec Fidel
Castro et ses Barbudos, son peuple courageux et le soutien d'une
lointaine URSS, a réussi à expulser truands et affairistes états-uniens
et leurs soutiens locaux, et à proclamer une société socialiste,
égalitaire et patriote, malgré les USA. Elle l'a payé de 50 ans
de blocus économique et politique, de multiples tentatives de subversion
et d'invasion, d'autant plus graves que l'URSS s'effondrait en 1990.
Mais Le peuple Cubain résista, en souffrant, car
heureusement le monde changeait peu à peu, et d'abord cette Amérique
dite" Latine", parce qu'on y parlait espagnol, portugais ou francais,
a côté des langues indigènes. à partir de la fin du siècle, un vent
impétueux de contestation progressiste emporta la plupart des peuples
d'Amerique, alors même que ceux d'Europe s'enfonçaient dans une
véritable contre-revolution conservatrice. Ce vent nouveau fit éclore
des gouvernements désireux d'indépendance nationale, d'arracher
aux capitalistes étrangers les richesses de la Nation, d'en faire
profiter la majorité paysanne et ouvrière, les pauvres et les "
Indiens " jusque là méprisés. Chavez au Venezuela, Morales en Bolivie,
Lula au Brésil, et même Cristina Kirchner en Argentine, nationalisaient
les ressources, et employaient enfin les bénéfices des puits de
pétrole et des mines à vaincre la misère, la maladie et l'analphabétisme,
à la grande fureur des politiciens et milliardaires de Washington,
de Caracas, et de Rio.
Le mouvement peut sembler aux naïfs parmi nous
irrésistible, certains crûrent même y déceler le début d'un " socialisme
du XXIeme siècle ", les prémices d'une " nouvelle Internationale
des Peuples ": c'était négliger un peu vite que ce mouvement était
disparate, mélange de révolutionnaires authentiques, et de Nationalistes
et Réformistes enclins aux compromis, et qu'un opposition locale
persistait, influente dans la bourgeoisie et les médias; c'était
surtout oublier que l'impérialisme US était toujours aussi fort
et actif, quitte à adapter ses méthodes en fonction du rapport de
forces, et que la marche de l'histoire n'est jamais unidirectionnelle,
qu'elle peut connaître des retours en arrière.
L'offensive des stratèges du " Monde Libre "( comme
le nomment les partisans du capitalisme ) contre l'ébullition progressiste
américaine au XXIeme siècle, reposa sur le constat que les états
trublions, rétifs à la" religion du Marché",tiraient l'essentiel
de leurs ressources de leur production de sources d'énergie ( pétrole
ou gaz ) ou minerais, dont le rapport permettait de couvrir les
importations nécessaires au quotidien: faiblesse insigne, héritée
de siècles de sous-développement et de domination étrangère. Il
suffisait donc aux états-uniens, qui contrôlent les fluctuations
des cours mondiaux du pétrole et du gaz avec leurs compères Saoudiens,
de provoquer délibérément l'effondrement, diminuant ainsi d'une
bonne moitié en quelques mois les ressources du Venezuela. La population
y fut ainsi réduite à une inflation galopante, aux pénuries des
produits les plus quotidiens, et aux diatribes vengeresses de l'opposition
libérale, subitement déguisée en défenseur des déshérités. Le résultat
fut celui attendu dans les bureaux de Washington et les salons de
Caracas: le 6 novembre 2015, les elections qui avaient jusque là
donne quitus à Chavez et son successeur Maduro ont envoyé au Parlement
70 pour cent de députés de Droite. Cet échec, dont on ne peut encore
peser toutes les conséquences, n'était pas un éclair dans un ciel
américain sans nuages: Peu auparavant, une majorité " libérale "
a vaincu dans les urnes Cristina Kirchner, et le Brésil est agité
de manifestations dirigées par la Droite.
L'effondrement espéré par Washington de l'expérience
socialiste au Venezuela a des objectifs continentaux, ceux de l'Imperialisme
américain, qui renouvelé en Amerque la vieille théorie des dominos.
théorie revendiquée par les stratèges militaires et économiques
de l'Occident, et des EtatsUnis : l'ennemi principal, irréductible
depuis 50 ans, le régime socialiste Cubain, asphyxie par la disparition
de l'aide de ses alliés, vénézuéliens et autres, n'aura plus comme
solution que s'en remettre au bon vouloir du " Grand Ami " Yankee,
et à se convertir au grand marché capitaliste mondial. Ce projet
ne relève d'aucune obsession complotiste, il a été souvent affirmé
par les responsables de la CIA, comme d'ailleurs celui états-unien
de " remodeler le Moyen-Orient" pour mieux le contrôler, au détriment
des états nationaux trop rétifs,Iran,Irak, Syrie. Les opposants
" libéraux " cubains ne s'y trompent pas. Certains, comme Yoani
Sanchez, blogueuse qu'adorent nos médias occidentaux, ont frétille
de joie à l'issue des elections de Caracas: " Le Venezuela voit
déjà la sortie et il emporte avec lui une île qui n'ose pas encore
arrêter les coups d' un gouvernement violent, claquer la porte et
commencer une nouvelle vie. " ( 14 y médio, La Havane, 7/12/2015).
Le repérage des objectifs de l'Imperialisme ne
signifie en aucun cas qu'ils vont réussir, les peuples d'Amerique
en décideront. Ils le feront y compris en corrigeants d'éventuelles
erreurs, qui ne relève de personne d'autre que d'eux mêmes: nous
serions mal venus de nous poser en donneurs de leçon, alors que
nous nous révélons pour l'instant incapables de revivifier la mouvance
progressiste française, et de limiter l'expansion de l'extrême-droite
xénophobe. Notre seul impératif est de réaffirmer notre solidarité
avec les révolutionnaires d'Amerique, et nous le ferons efficacement
en luttant dans notre pays contre le capitalisme, et l'impérialisme
occidental qui inspirent nos dirigeants.
Francis Arzalier
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