Convaincre, jour après jour...

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mis à jour le : 22 Août, 2019

Nous avons hérité des écrivains des " Lumières " du XVIII ème siècle et des révolutionnaires des XIXème et XXème siècles les idéaux qui sont les nôtres encore aujourd'hui, l'égalité entre les hommes et les peuples, la fin des tutelles étouffantes des Dieux, des Prêtres et des Rois, les Souverainetés des Peuples et des Nations, le bonheur des Hommes en objectif au lieu des Privilèges des Nantis, etc. En ce sens, nous sommes tous les fils de Montesquieu, Rousseau,et Diderot, et ceux de Robespierre, Marx, Lénine, et Castro: des militants de tous pays, même s'il ne nous déplaît pas d'y compter des Français. Plus que d'avoir dirigé des états, ce qui n'était pas rien, ils eurent pour mérite essentiel d'avoir convaincu autour d'eux, car ce sont les "masses" et leurs idées qui font l'histoire, pas les leaders qui les incarnent.
Grâce à eux, les XIXème et XXème siècles furent parsemés de Révolutions, dont les acteurs essentiels étaient souvent les ouvriers d'industrie, en quête de mieux-être et de libération individuelle et collective.
La France eut ainsi ses temps successifs de rupture, 1848, 1871, les usines occupées de 1936, la Résistance antinazie, et , enfin, la Grève de Mai 68: Chacun de ces épisodes enrichit la Nation française de progrès sociaux, de libertés nouvelles, issues grâce au mouvement ouvrier des rêves des "Lumières "et des révolutionnaires d'autrefois.
Mais cette période heureuse de l'histoire a pris fin au cours du dernier quart du siècle XX: le capital mondialisé en structures financières anonymes au delà des frontières a progressivement déstructuré les grandes entreprises industrielles de " vieux pays développés " comme la France, non seulement pour accroître ses profits, mais aussi pour détruire le terreau nourricier du
mouvement ouvrier organisé. Notre pays passa ainsi au chômage massif et à la précarité sociale, au désespoir xénophobe dans un contexte de luttes sociales souvent contraintes à la défensive et a l'impuissance. D'autant qu'elles étaient profondément démoralisées par l'échec manifeste et l'effondrement des expériences socialistes en URSS, et la conversion pathétique de la majorité des partis communistes au catéchisme libéral ou réformiste mou.
La France ( et le monde avec nous ) vit depuis 30 ou 40 ans une contre-révolution multiforme, qui se traduit un peu partout par des reculs, retours aux vieilles formules sociales et politiques, plus d'inégalités, plus de monarchies, moins de démocratie, plus de haines ethniques et religieuses, la destruction des états et des services publics, etc. Mais ces faits ne sont que la conséquence de la contre-révolution dans les têtes: discrédit de " la politique ", xénophobie en réponse au mal-vivre, individualisme et désir de puissance au détriment des autres, recours à l'irrationnel et au religieux, etc.
Contrairement à ce que ressassent nos communiquants rétribués, les avancées technologiques n'améliorent pas le sort des hommes et des peuples, mais sont l'outil le plus efficace de cette contre-révolution des esprits: des médias manipulant l'information avec une redoutable efficacité,et
emprise croissante, notamment sur la jeunesse, de " réseaux internet ",
baptises " sociaux ", alors qu'ils sont au service du capitalisme mondialisé a direction états-unienne : ils démantèlement les lois et protections nationales
au profit de la jungle privée ( voir faux taxéis, vente de drogues et d'armes par e- mail, etc ),ils répandent les haines tribales et les fanatismes " religieux " face à des opinions tétanisées ( voir le rôle qu'ils ont joué pour déclencher la subversion armée au service de l'impérialisme occidental, en Syrie, Irak, Ukraine, etc ). Ce tsunami contre-révolutionnaire peut entraîner le découragement, le compromis opportuniste, chez ceux qui devraient le combattre. On peut le comprendre, sans l'excuser...
Il reste que la résistance et la riposte sont possibles, et peuvent gagner: les expériences socialistes d'Amérique le prouvent, à Cuba, en Bolivie, Venezuela, etc, avec leur lot d'insuffisances et d'erreurs, mais aussi leurs succès. Tout devient possible, à condition de ne pas perdre de vue l'objectif:
Analyser lucidement les ruptures nécessaires avec la logique mortifère du Marché capitaliste, et convaincre, jour après jour, tous ceux qui vivent de leur travail ou aimeraient bien pouvoir le faire, de cette mutation nécessaire:
Elle ne pourra se produire qu' après une révolution dans les têtes. Les incantations militantes, même très pertinentes, sont sans influence sur le le déroulement de l'histoire. Elles n'arrivent à la transformer que quand elles sont portées par des millions d'esprits: nous en sommes encore loin, mais cette " révolution culturelle " est notre honneur de militants.

Francis Arzalier

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